DEUXIEME EPITRE DE PIERRE
Ce testament spirituel est bien à la mesure de son auteur : spontané, personnel, pratique, il exhorte, il avertit plus qu’il n’enseigne.
Certaines violences d’expression nous rappelleraient qu’en vieillissant, Pierre est resté l’apôtre au caractère contrasté expressif.
En dépit de la brièveté de son Épître, il va pourtant à l’essentiel.
S’il évoque certains souvenirs personnels (2 Pierre : 1 / 13, 18) c’est pour étayer les ultimes recommandations qu’il se sent pressé de faire.
Car, comme tout vrai disciple, c’est en avant qu’il regarde.
C’est de l’Église qu’il se préoccupe et du témoignage qu’elle aura à rendre.
En ce qui le concerne, il est délivré de toute préoccupation.
Par contre, l’avenir terrestre de ses « biens aimés », jusqu’à leur « entrée dans le Royaume éternel » est au centre de sa vision.
Pensant à eux, et aux difficultés qu’ils vont traverser, il leur trace, avant son départ, un chemin de fidélité.
AUTEUR
Cette Épître porte, à plus d’un égard, la marque de l’Apôtre Pierre (2 Pierre : 1 / 1)
Tout d’abord l’auteur se donne nettement comme étant « Simon Pierre, Serviteur et Apôtre de Jésus-Christ »
Il évoque en termes saisissants et nouveaux ses souvenirs de la Transfiguration, alors qu’il était « avec le Seigneur sur la Sainte montagne, ayant vu sa majesté, dit-il, de nos propres yeux, quand la gloire magnifique lui fit entendre une voix qui disait : Celui qui est mon Fils bien-aimé »
Il prévoit sa mort prochaine, ce crucifiement tragique qu’il devait subir à Rome (2 Pierre : 1 / 14)
Peut-on supposer qu’un auteur qui se montre si sévère à l’égard des faux docteurs et des fables habilement conçues (2 Pierre : 1 / 16 ; 2 Pierre : 2 / 1) puisse n’être lui-même qu’un faussaire ?
DATE
Quatre éléments peuvent aider à fixer sinon l’année exacte, du moins la période dans laquelle cette Épître fut rédigée :
Pierre cite sa première lettre (2 Pierre : 3 / 1)
Il parle ouvertement de sa mort prochaine (2 Pierre : 1 / 14)
Dans l’énumération des évènements annonciateurs, du jugement, il cite les catastrophes qui ont marqué l’histoire de son peuple.
Il est impensable, s’il écrivait après l’an 70, qu’il n’ait pas fait mention comme signe probant de ce jugement de la destruction de Jérusalem.
Enfin Paul semble encore en vie (2 Pierre : 3 / 15)
Autrement dit cette date peut être située dans les années 66 à 69 au plus tard.
LIEU DE COMPOSITION
Aucun détail du texte ne permet de le fixer.
Tout au plus le rappel de sa première lettre pourrait-il nous laisser entendre qu’il écrit cette seconde Épître du même endroit.
Le fait qu’il ne soit plus question de Sylvain comme rédacteur expliquerait peut-être les différences de style entre la 1ère et la 2ème Épître.
DESTINATAIRES
A lire le 1er verset du 1er chapitre on souscrit volontiers à la remarque disant que cette Épître « ne s’adresse pas à une communauté particulière, mais à l’Église en général »
Aucun argument décisif ne permettant de conclure que Pierre ne soit pas l’auteur de cette Épître, il n’y a pas lieu de penser qu’elle ait d’autres destinataires que les « élus… dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bythynie »
Cependant le Saint-Esprit savait qu’en mettant en garde ces Églises-là, c’est l’Église de tous les temps qui en serait édifiée.
TEXTE CENTRAL
« Quels ne devez-vous pas être par la sainteté de la conduite et de la piété attendant et hâtant l’avènement du jour de Dieu » (2 Pierre : 3 / 11-12)
THEME GENERAL
Dans sa première lettre, il les préparait à affronter souffrances et persécutions venues des ennemis du dehors, les païens hostiles à l’Évangile.
Dans cette seconde Épître, il s’en prend aux ennemis du dedans, plus redoutables encore.
Faux docteurs, faux prophètes, sectes pernicieuses, serviteurs cupides, moqueurs et impies sont impitoyablement décrits et dénoncés.
L’Apôtre n’a qu’un seul souci : « Que ses biens aimés viennent à déchoir et comme le dirait Paul « après avoir commencé par l’Esprit finissent par la chair » (Galates : 3 / 3) pour leur propre ruine.
L’Épître est un puissant réquisitoire contre toute hérésie dans la doctrine et le comportement des hommes (2 Pierre : 2 / 1-3 ; 2 Pierre : 3 / 9 ; 2 Timothée : 3)
Mais il s’y trouve aussi d’autres sujets importants : l’insistance de Pierre pour que « L’APPEL et L’ÉLECTION » des chrétiens soient prouvés par la vie pratique (2 Pierre : 1 / 4-14)
Son souvenir personnel de la transfiguration de Christ (2 Pierre : 1 / 15-18)
« Son enseignement concernant l’authenticité et l’inspiration de la prophétie » (2 Pierre : 1 / 19-21)
L’avènement du Seigneur (2 Pierre : 3 / 4, 13)
L’exhortation à persévérer dans la vie chrétienne (2 Pierre : 3 / 14-17)
PLAN DE L’EPITRE
1. Signature de l’auteur, adresse, salutations
(2 Pierre : 1 / 1-2)
2. Le chemin du royaume
(2 Pierre : 1 / 3-21)
a. Les grandes vertus chrétiennes (2 Pierre : 1 / 3-14)
b. Le souvenir de la transfiguration (2 Pierre : 1 / 15-18)
c. Témoignage à la véracité des Écrits prophétiques (2 Pierre : 1 / 19-21)
3. La voie de la vérité calomniée par les faux docteurs
(2 Pierre : 2 / 1-22)
a. Leurs actions et leur condamnation (2 Pierre : 2 / 1-3)
b. Confirmées par l’enseignement de l’histoire passée (2 Pierre : 2 / 4-10)
c. Leurs caractéristiques (2 Pierre : 2 / 11-22)
4. La seconde venue du Roi et le jour du Seigneur
(2 Pierre : 3 / 1-18a)
a. Annoncés par les prophètes et les apôtres (2 Pierre : 3 / 1-2)
b. Niés par les moqueurs (2 Pierre : 3 / 3-7)
c. Expliqués aux fidèles (2 Pierre : 3 / 8-10)
d. Hâtés et préparés par leur témoignage (2 Pierre : 3 / 11-13)
e. Promis à ceux qui croissent dans la grâce et la connaissance du Seigneur (2 Pierre : 3 / 14-18a)
5. Doxologie finale
(2 Pierre : 3 / 18b)
MESSAGES
Il faut reconnaître la parenté évidente de la deuxième lettre avec la première, avec peut-être, un ton plus tranchant, des traits plus accentués, des précisions plus vives encore, comme on peut les attendre d’un vieillard qui tient à crier la vérité avant son départ, afin que chacun puisse s’en souvenir (2 Pierre : 1 / 15)
Les 2 pages de l’Epître nous fournissent 7 tableaux d’un relief saisissant
1. Tableau : L’entrée dans le royaume
(2 Pierre : 1 / 3-11)
La grâce de Dieu n’agit pas automatiquement, il faut que l’homme y mette du sien.
Le salut n’exclut pas la responsabilité, c’est pourquoi Pierre adresse aux lecteurs 2 appels :
Tout d’abord le chrétien doit gravir l’échelle de la vertu (2 Pierre : 1 / 5-8)
puis le second appel (2 Pierre : 1 / 10-11)
2. Tableau : L’inspiration des Ecritures
(2 Pierre : 1 / 19-21)
En 3 versets d’une étonnante concision, Pierre définit sa théorie de l’inspiration.
L’Écriture est une parole prophétique qui ne provient pas de la volonté ou de la sagesse humaine.
« C’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu »
3. Tableau : Les faux docteurs
(2 Pierre : 2 / 1-3)
Quand on fait l’histoire de l’Église, il ne faut jamais perdre de vue les mises en garde des apôtres, il y aura des faux docteurs et des sectes pernicieuses (1 Timothée : 4 / 1 ; 2 Thessaloniciens : 2 / 7)
4. Tableau : Le châtiment des impies
(2 Pierre : 2 / 4-10)
Terrible énumération : les anges déchus précipités dans l’abîme et entraînés dans les ténèbres, le déluge, Sodome et Gomorrhe et les injustes de tous les temps réservés pour être punis au jour du jugement.
5. Tableau : Le malheur des rétrogrades
(2 Pierre : 2 / 12-22)
Ces gens là sont des fontaines sans eau, des nuées que chasse un tourbillon : l’obscurité des ténèbres leur est réservée (2 Pierre : 2 / 17)
6. Tableau : Le retour du Seigneur
(2 Pierre : 3 / 1-18)
En dépit des moqueurs de leurs railleries, le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de sa promesse
7. Tableau : Appel à la sainteté
(2 Pierre 3 / 11-18)
« Puisque toutes ces choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de la conduite et par la piété » attendant et hâtant l’avènement du jour de Dieu
Notons en terminant, ce fait saisissant : la 2ème lettre de Pierre renferme le tableau prophétique de la fin des temps (2 Pierre : 3 / 5-10)
On ne saurait prophétiser en termes plus précis les tragiques effets de la bombe atomique (2 Pierre : 3 / 9)
Dans les Ecritures la volonté de Dieu nous est présentée sous trois aspects
1. La volonté de Dieu, expression de la Souveraineté qui s’accomplira nécessairement (Ésaïe : 46 / 9-11 ; Daniel : 4 / 17, 35 ; Hébreux : 2 / 4 ; Apocalypse : 17 / 17)
2. La volonté de Dieu, expression de sa Loi morale faisant appel à une adhésion volontaire (Marc : 3 / 35 ; Éphésiens : 6 / 6 ; Hébreux : 13 / 21)
3. La volonté de Dieu, expression de son amour, traduisant les désirs de Son cœur (Ézéchiel : 33 / 11 ; Matthieu : 23 / 37 ; 2 Pierre : 3 / 9)