Un jeûne pratiqué avec un cœur pur et des mobiles droits est une clé qui ouvre les portes fermées, là où d’autres clés n’ont pas réussi (moyens de la chair, du monde, prière seule)
C’est une fenêtre ouverte sur un nouvel horizon, une arme spirituelle puissante pour renverser des forteresses.
POURQUOI JEÛNER ?
Dans bien des églises le jeûne est aujourd’hui, au 20ème siècle, quelque chose de démodé. Pour la plupart des chrétiens, la pensée que quelqu’un devrait jeûner paraît bizarre et étrange. Ils mettent le jeûne en rapport avec les coutumes du Moyen-âge. Des leaders politiques comme Gandhi l’ont utilisé comme une arme de la résistance passive. D’autres, pour faire passer leur droit, ou en signe de protestation, font la grève de la faim.
Certains pensent que le jeûne, en tant qu’exercice spirituel, se limite à quelques chrétiens qui paraissent un peu extrémistes ou fanatiques. Il y en a d’autres qui font des réserves concernant le côté pratique. Pour eux, jeûner et mourir de faim sont des expressions synonymes. Et ils craignent que cela n’ait des suites dangereuses.
Puisque « Jamais personne n’a haï sa propre chair, mais qu’il la nourrit et en prend soin » (Éphésiens : 5 / 29), ils sont presque instinctivement contre le jeûne. « Soyez prudents », disent-ils, « Vous pouvez nuir sérieusement à votre santé ! Dans une vie aussi trépidante, vous ne pouvez pas vous permettre de vous affaiblir physiquement ! ! ! »
Mais pourquoi de telles attitudes au sujet d’un usage qui est si évident dans la Bible ?
Il y a une réponse à cela.
Le jeûne était une des caractéristiques dominantes des temps apostoliques. Mais au Moyen-âge, il a pris les formes d’un ascétisme extrême qui a exercé une influence très répandue. Puis après, la balance a penché de l’autre côté : les gens se sont opposés à tout ce qui ressemblait à de l’ascétisme « Ensemble de pratique d’abstinence avec mortifications, vie austère, ce qui correspond au salut par les œuvres »
Le résultat, c’est que bien des chrétiens ont hérité une fausse opinion du jeûne, ils n’ont pas recouvré l’équilibre spirituel du Nouveau Testament. On a été déformé par tous ces travers des siècles passés.
« Le Carême : il remonte au 4ème siècle. Le salut par les œuvres est affirmé par le Carême. Suivant le Larousse du 20ème siècle : « Les lois civiles ont prêté main forte pour l’application du Carême par un décret du Parlement de 1595, ordonnant la peine capitale contre les bouchers qui vendraient de la viande pendant le Carême »
Le Carême n’a pas de fondement biblique, c’est une œuvre morte. Encore de nos jours, le Carême est pour l’Église de caractère divin, lié à la liturgie solennelle de la Passion et de la mort du Seigneur. Pie XII l’a confirmé le 16 Novembre 1955 par son décret « Maxima Rédemtionis »
La Bible nous apprend beaucoup sur l’importance du jeûne par différents exemples. Parmi les grands saints de la Bible, on peut compter Moïse, l’homme de la loi ; David, le roi ; Élie, le prophète et Daniel, le voyant. Dans le Nouveau Testament, nous avons l’exemple du Seigneur et celui des apôtres. Le jeûne avait clairement sa place dans la vie de l’église primitive.
C’est un usage biblique qui ne se limitait pas à des hommes, car nous trouvons dans l’ancien comme dans le nouveau testament, le nom de Anne dans les rangs des hommes et des femmes de prière qui jeûnaient.
Quelques-uns des grands hommes de Dieu dans l’histoire de l’Église ont confirmé l’importance du jeûne. Parmi eux on trouve Jonathan Edwards, Knox, John Wesley, David Brainerd, Charles Finney, William Bramwell, etc … Derrière ces noms se cachent des prédicateurs de réveil, des missionnaires, des évangélistes. La serait longue pour mentionner ceux que Dieu prépare et utilise par la prière et par le jeûne. Leurs œuvres ne peuvent rester cachées.
Mais c’est seulement quand les livres seront ouverts dans le ciel que sera manifesté le nombre de ces saints inconnus, qui n’ont jamais eu de biographie, mais qui ont invoqué en jeûnant le Seigneur, ce Dieu qui voit dans le secret. Puissions-nous nous trouver parmi eux !
Dans l’église primitive, le jeûne était un canal de la puissance divine. Mais avec le temps, parce que l’accent n’a plus été mis sur le spirituel, le monde a fleuri dans l’église, et la puissance et les dons de l’Esprit ont disparu. Et quand on perd la puissance intérieure, on ne peut s’attacher qu’à des choses extérieures. C’est ainsi qu’on a de plus en plus souligné l’acte extérieur du jeûne. Mais ce n’est que l’Esprit, à l’intérieur du croyant, qui peut donner au jeûne sa véritable valeur. Ainsi, le jeûne est devenu la caractéristique de la piété et de la spiritualité extérieure. Ce fut le cas du pharisien dans le temple, qui s’en est glorifié : « Je jeûne deux fois la semaine » (Luc : 18 / 12)
Jésus a dit à ses disciples : « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent » (Matthieu : 6 / 16)
Paul parle de ceux qui ont l’apparence de la piété, mais qui renient ce qui en fait la force (2 Timothée : 3 / 5)
LE JEÛNE NORMAL
« Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim » (Matthieu : 4 / 2)
Quand le sens littéral d’une déclaration biblique ne nous plaît pas, on est tenté de la spiritualiser et de ce fait, on la dépouille de son efficacité. Quand la vérité est obscurcie, elle est pratiquement plus applicable. On a émoussé son tranchant, elle ne peut plus pénétrer. C’est ce que l’église d’aujourd’hui a tendance à faire avec l’enseignement biblique du jeûne.
On nous dit que jeûner n’est pas seulement renoncer à la nourriture, il y a beaucoup de choses qui peuvent nuire à notre communion avec Dieu. En général, il est également vrai que nous devons renoncer à nous-mêmes. Mais cela ne change rien au fait que « Jeûner » signifie avant tout « Ne pas manger »
Nous allons voir que dans les temps bibliques, il existait trois formes principales de jeûne ; mais pour chacune, il est question d’une abstinence littérale. Même s’il arrive que le jeûne peut comprendre d’autres formes de renoncement, cela ne change en rien sa signification fondamentale.
La première forme, la plus connue, nous l’appellerons « Le jeûne normal »
Ce dont il est question ici, cela ressort clairement de la première mention du jeûne dans le Nouveau Testament. Jésus a jeûné, après quoi il eut faim. Le jeûne normal, c’est renoncer à toute nourriture sous forme solide ou liquide, sans toutefois renoncer à l’eau. Il semble ressortir des détails mentionnés, que c’est de cette façon que notre Seigneur a jeûné.
Il nous est dit dans (Luc : 4 / 2), qu’il ne mangea rien durant ces jours-là, et non pas qu’il ne but rien. Si Jésus n’avait pas bu, cela serait certainement mentionné, comme c’est le cas pour le jeûne absolu que nous traiterons plus loin. Après cela, il est écrit : il eut faim, et non pas : il eut soif. Satan l’a tenté dans le domaine de la nourriture, et non dans celui de la soif, bien que d’avoir soif soit plus mauvais que d’avoir faim.
Tout cela nous laisse supposer que ce jeûne était un renoncement à la nourriture, mais pas à l’eau. Le corps humain ne pourrait d’ailleurs pas vivre quarante jours sans eau, à moins d’être entretenu d’une manière surnaturelle.
Il n’y a pas de raison d’admettre que le jeûne inclus le renoncement au sommeil. Dieu peut nous appeler à le faire pour un temps très court, par exemple ; sacrifier le sommeil d’une nuit. Paul parle des « veilles » à la différence des « jeûnes » (2 Corinthiens : 6 / 5 ; 2 Corinthiens : 11 / 27)
Si se passer de sommeil était important pour le jeûne, un jeûne prolongé ne serait jamais possible, à moins qu’il ne se produise là encore quelque chose de surnaturel. Le corps a besoin de sommeil encore plus que d’eau, et succomberait tôt ou tard, et le jeûne devrait être interrompu.
Dans (1 Corinthiens : 7 / 3-5), nous voyons que le véritable jeûne implique aussi pour les époux le renoncement aux relations conjugales. Mais cela doit se faire d’un commun accord. La pensée du jeûne existe dans ce passage où il est question d’un temps de prière particulier et intensif (cf : Exode : 19 / 15 ; Joël : 2 / 15-16)
(Romains : 12 / 1-2) veut que tout notre être soit consacré à Dieu, le corps compris.
Dans le jeûne normal, il s’agit de renoncer à toute forme de nourriture à l’exception de l’eau. La tentation de manger est là : (Matthieu : 4 / 2-3)
Mais le Seigneur nous aide à résister.
LE JEÛNE ABSOLU
« Il resta trois jours sans voir, et il ne mangea, ni ne but » (Actes : 9 / 9)
La Bible nous donne quelques exemples de ce que nous appelons « le jeûne absolu », c’est à dire le renoncement au manger et au boire. Normalement, cela ne durait pas plus de trois jours, parce qu’au delà, cela serait nuisible au corps.
Le corps peut rester longtemps sans nourriture, mais sans eau, il ne peut tenir que très peu de temps.
« Esdras se retira de devant la maison de Dieu, et il alla dans la chambre de Jochanan, fils d’Éliaschib ; quant il y fut entré, il ne mangea point de pain et il ne but point d’eau, parce qu’il était la désolation à cause du péché des fils de la captivité » (Esdras : 10 / 6)
La peine et la consternation ont saisi Esdras quand il a vu le compromis honteux dans lequel vivait le peuple d’Israël, entraîné par les sacrificateurs et les Lévites. Il a déchiré son vêtement et son manteau, s’est arraché les cheveux de la tête et les poils de la barbe, et il s’est assis désolé (Esdras : 9 / 3)
La crainte de Dieu l’a conduit au jeûne où il ne mangea point de pain et ne but point d’eau.
La reine Esther a donné la directive suivante à Mardochée : « Va, rassemblé tous les Juifs qui se trouvent à Suse, et jeûnez pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours, ni la nuit, ni le jour. Moi aussi, je jeûnerai de même avec mes servantes, puis j’entrerai chez le roi, malgré la loi ; et si je dois périr, je périrai » (Esther : 4 / 16)
Une très grande crise menaçait de destruction tout le peuple Juif.
Même Esther comme reine ne pouvait s’attendre à être épargnée. C’est pourquoi, elle a proclamé ce jeûne absolu, car des situations désespérées réclament des mesures radicales.
Le roi de Ninive en fit de même à la prédication de Jonas : « Les gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits. La chose parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac, et s’assit sur la cendre. Et il fit faire dans Ninive cette publication, par ordre du roi et de ses grands : Que les hommes et les bêtes, les bœufs et les brebis, ne goûtent de rien, ne paissent point, et ne boivent point d’eau » (Jonas : 3 / 5-7)
Saul de Tarse est arrivé à Damas, aveuglé par la rencontre avec le Christ réssuscité, et « pendant trois jours, il ne mangea ni ne but »
Cette rencontre l’a complètement bouleversé. Dieu préparera son cœur pendant ces trois jours. C’est pendant ces jours qu’il a vu Ananias en vision. (Actes : 9 / 12)
Il y a dans la Bible des exemples de jeûne absolus, qui dans leur genre, étaient des jeûnes surnaturels, parce qu’ils duraient très longtemps.
Par deux fois, Moïse s’est tenu respectivement 40 jours et 40 nuits dans la présence de Dieu, sans manger et sans boire : « Lorsque je fus monté sur la montagne, pour prendre les tables de pierre, les tables de l’alliance que l’Éternel a traitée avec vous, je demeurai sur la montagne quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau » … « Je me prosternai devant l’Éternel, comme auparavant, quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau… » (Deutéronome : 9 / 9-18 ; Exode : 34 / 28)
Il est monté une première fois vers Dieu pour recevoir les dix commandements. La deuxième fois, il est monté directement après avoir découvert que le peuple de Dieu avait adoré le veau d’or, ayant ainsi rompu la loi de Dieu, avant même de l’avoir officiellement reçue. Ces deux temps de jeûne ont été effectivement observé sans intervalle, et, réunis, ils forment certainement le plus long jeûne dans la Bible, à savoir quatre vingt jours sans manger ni boire.
Il semble aussi qu’Élie a parcouru le chemin jusqu’au mont Horeb pendant un jeûne absolu. Si tel est le cas, il s’agirait d’un jeûne surnaturel. Par deux fois, l’ange lui a dit de manger et de boire : « Il se leva, mangea et but, et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu à Horeb » (1 Rois : 19 / 8)
Ce verset nous donne à entendre qu’Élie n’a plus pris de nourriture pendant tout son voyage à travers le désert brûlant. Cela représente un jeûne absolu, qui est aussi surnaturel que le temps de jeûne de Moïse. Nous trouvons d’ailleurs un parallèle significatif entre ces deux représentants de l’ancienne alliance : Moïse fut le donateur de la loi et Élie le restaurateur de la loi (Malachie : 4 / 4-6 ; Marc : 9 / 12)
La vie des deux hommes s’est terminée surnaturellement ; de même, leur apparition avec Christ sur la montagne fut aussi surnaturelle (Marc : 9 / 4)
Nous pouvons conclure en disant que le jeûne absolu est une mesure exceptionnelle dans une situation exceptionnelle, une détresse spirituelle ; il est particulièrement approprié dans des cas de fortes possessions démoniaques. Si on veut jeûner plus de trois jours, il faut absolument être sûr que c’est conduit par Dieu.
LE JEÛNE PARTIEL
« En ce temps-là, moi, Daniel, je fus trois semaines dans le deuil. Je ne mangeai aucun mets délicat, il n’entra ni viande ni vin dans ma bouche, et je ne m’oignis point jusqu’à ce que les trois semaines fussent accomplies » (Daniel : 10 / 2-3)
Dans notre passage, l’accent est mis sur la restriction de nourriture, non sur la totale abstention. Daniel reçoit une révélation concernant l’avenir de son peuple. Il décrit comment il a cherché le Seigneur. Il ne nous est pas dit pourquoi Daniel n’a pas jeûné normalement comme nous le voyons dans (Daniel : 9 / 3)
Les affaires du royaume ou d’autres circonstances ne le lui permettaient peut-être pas, ou c’était peut-être tout simplement Dieu qui l’a conduit de cette manière. En tout cas, c’est une bénédiction que de réduire sa nourriture en des temps particuliers pour chercher Dieu. Pour Daniel, il en résulta une grande victoire spirituelle sur les puissances des ténèbres, ainsi qu’une vision de l’ange de l’Éternel.
Ce que nous voyons chez Élie lors de sa préparation spirituelle est comparable au jeûne partiel. Au torrent de Kérith, les corbeaux lui apportèrent du pain et de la viande matin et soir, et il buvait l’eau du torrent. Plus tard, dans la maison de la veuve de Sarepta, il vivait de simples gâteaux de farine et d’huile ( 1 Rois : 17 )
Le renoncement à soi-même est indispensable pour un homme de Dieu qui doit être équipé de la puissance d’en-haut. Étant donné qu’il y avait une grande famine dans le pays, il était convenable que la nourriture du serviteur de Dieu soit très simple. Pour aider ceux qui sont dans le besoin, il faut nous identifier à eux et nous tenir là où ils se tiennent. Dieu bénit toujours le renoncement à soi-même pour la cause des autres.Dans le Nouveau Testament, nous avons l’exemple de Jean-Baptiste. Les Évangiles nous disent qu’il se tenait à la plus simple nourriture qui consistait en sauterelles et miel sauvage. (Matthieu : 3 / 4)
Une méthode du jeûne partiel consiste à ne vivre exclusivement que d’une seule sorte d’aliments pendant toute la période du jeûne. Pendant un certain temps, John Wesley n’a mangé que du pain sec. Il s’agissait d’un cas en rapport avec une possession démoniaque. Une autre méthode consiste à s’abstenir d’un certain repas chaque jour pendant la durée du jeûne : par exemple : sacrifier le repas de midi pour passer cette heure avec Dieu. Mais il faut veiller que le manque de nourriture ne soit pas rattrapé aux autres repas !
Le jeûne partiel est très utile, principalement quand les circonstances rendent impossible ou pénible un jeûne normal. Il se prête particulièrement aux personnes âgées ou à celles qui sont de faible constitution et qui ne pourraient pas tenir un jeûne normal. Il peut aussi servir de tremplin pour le jeûne normal pour ceux qui n’ont encore jamais jeûné.