Le pardon des offenses

Par Mr le Pasteur Wasso Ferret



Le pardon des offenses


Luc : 11 / 1-4

« Jésus priait un jour en un certain lieu. Lorsqu’il eut achevé un de ses disciples lui dit : « Seigneur, enseigne-nous à prier. »

Matthieu : 6 / 5-15

Je vous invite, chers amis (es), à lire dans votre Bible cette prière.

Tous les croyants évangéliques depuis les temps apostoliques se retrouvent dans cette célèbre prière par laquelle ils confessent leur foi en Dieu. Beaucoup de gens pensent qu’il faut réciter cette prière autant que possible pour recevoir une bénédiction. Mais il est regrettable de constater que bien des croyants sincères pensent qu’il suffit  de la réciter inlassablement pour être bénis, comme si cette prière détenait un pouvoir magique.

C’est dommage que la recommandation du Seigneur Jésus n’ait pas été prise en compte à ce sujet.

Le Seigneur Jésus ne nous a pas donné des mots à réciter invariablement et indéfiniment, mais une leçon à suivre pour marquer une orientation d’idées, et des repères à nos demandes.

Parmi toutes les précieuses leçons que cette prière contient, je voudrais m’entretenir avec vous, de celle qui concerne le pardon des offenses.

Nos péchés personnels

Bien que né de nouveau, il arrive parfois qu’un croyant pèche d’une façon ou d’une autre, soit par des pensées, des regards, des intentions, des obsessions, des colères, des jalousies et bien d’autres choses encore. Jésus a dit : « Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées,…et c’est ce qui souille l’homme ! » Matthieu : 15 / 19-20

Il n’y a pas de chrétien qui à un moment ou un autre n’ait commis un péché quelconque pendant sa vie chrétienne, mais fort heureusement, il est rassurant pour chacun de nous de lire dans la première épitre de Jean : 1 / 9 une promesse qui nous apporte la garantie que nous pouvons trouver aux pieds du Maître le pardon de nos péchés : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous. Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier. » Et le verset : 7 : « le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. »

Beaucoup de péchés nous sont personnels et n’engagent que nous-mêmes devant le Seigneur, mais d’autres péchés nous engagent directement envers notre prochain.

En ce qui concerne les péchés personnels, il est navrant de constater souvent que certaines personnes qui se sont engagées dans la foi avec une expérience spirituelle authentique, reviennent progressivement à des anciennes habitudes telles que l’abus de l’alcool, l’amour de l’argent, l’orgueil de la vie et bien d’autres passions mondaines tout aussi dégradantes et incompatibles avec une vie chrétienne normale.

Ces chrétiens-là ont déjà pris le chemin des rétrogrades, et le Psaume : 1 illustre bien les étapes de cette dérive spirituelle : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. »

Ces croyants-là vivent dans un état de péché, t ils ont besoin non seulement de pardon, mais aussi d’une délivrance s’ils veulent retrouver leur équilibre spirituel et la communion avec le Seigneur.

La Parole de Dieu invite tous les croyants à vivre une vie dans la dignité et la sainteté.

« Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance. Mais, puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite. » 1 Pierre : 1 / 15

« Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable ; et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. » 1 Pierre : 5 / 6-9

Les promesses du pardon demeurent une assurance pour tous ceux qui se repentent et qui souhaitent changer de vie, en effet :

« Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde. » Proverbes : 28 / 13

Alors il nous faut sans cesse examiner « ce qui est agréable au Seigneur » Éphésiens : 5 / 10

Bien que participer à la communion du pain et du vin, est l’un de ces moments particuliers pendant lesquels le croyant s’examine personnellement devant Dieu, la perfection n’est pas exigée pour s’approcher de la table du Seigneur, puisque St Paul recommande aux croyants de se vérifier : « Que chacun s’éprouve (ou bien s’examine) soi-même. » 1 Corinthiens : 11 / 27-30

Il est cependant indispensable que chaque chrétien et chrétienne ait une vie conforme à tout ce que l’Évangile enseigne. Car chacun se doit de vivre dans l’honneur et la crainte du Seigneur étant continuellement tendu vers la sanctification, afin de rendre à Dieu un culte avec piété et avec crainte. 2 Corinthiens : 7 / 1

Les péchés envers le prochain

Si un péché engage un chrétien dans un conflit envers un frère, le fautif doit rechercher la paix avec sa victime par une démarche de réconciliation. Cela implique souvent une réparation. Lorsqu’elle est encore possible bien sûr, et ensuite demander pardon au Seigneur. Si les responsabilités sont partagées, chacun doit rechercher la paix avec l’autre et c’est normal.

« Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis viens présenter ton offrande. Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui. » Matthieu : 6 / 23-25

Manquer à cette démarche, c’est aussi s’exposer à être livré au juge qui peut te mettre en prison. Tu devras alors malgré toi, tout régler envers ton prochain et dans le déshonneur.

Jésus ne parlerait-il pas ici au sens littéral au sujet des emprunteurs qui demandent et qui ne rendent pas ce qu’ils doivent ? Ne spiritualisons-nous pas un peu trop vite certaines leçons bibliques ?

« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »

Cette leçon du Seigneur pose pour beaucoup de croyants un problème de compréhension lorsqu’ils la lisent dans leur Bible. Jésus aurait-il placé devant chaque croyant un barème de référence suivant lequel il peut nous pardonner ou bien ne pas nous pardonner du tout ?

Le Seigneur exigerait-il des chrétiens d’être capables de pardonner selon la mesure divine dont lui seul est capable de pardonner ?

Notre pardon humain n’est pas toujours la perfection en accord avec le modèle divin. Les cicatrises d’un cœur blessé sont parfois tenaces, et il faut toute la grâce de Dieu à ceux qui ont été des victimes, pour en guérir. Mais ceux qui arrivent à pardonner selon la volonté de Dieu, trouvent aussi leur propre guérison spirituelle.

Jésus sait aussi qu’un cœur rempli de rancune et de haine, et ruminant de la vengeance ne peut pas être heureux.

Dieu analyse toujours la qualité spirituelle des sentiments qui nous animent lorsque nous pardonnons aux autres. Il sait si nous pardonnons du bout des lèvres et du bout du cœur puisqu’il sonde nos cœurs, et il évalue avec exactitude le degré de notre sincérité. Un pardon pour la forme et sans sincérité consisterait à tricher avec Dieu et avec les autres, et cela culpabiliserait la conscience tôt ou tard, et enlèverait la paix du cœur, le sommeil, l’appétit, et ferait aussi obstacle aux prières.

Je crois que c’est à partir de cette sincérité dans l’amour que nous exprimons dans le pardon, que Dieu consent à nous pardonner, ou bien alors il se pourrait qu’il décide d’attendre que nous changions d’attitude avant de nous pardonner. Mais dans le cas où l’échelle de référence divine nous échapperait, risquerions-nous de voir le pardon de nos péchés de chrétiens être remis en question pour cela ?

Notre salut même pourrait-il être remis en cause lorsque notre pardon n’est pas parfait ? Puisque Jésus dit : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. » Matthieu : 6 / 14-15

L’amour de Dieu qui est capable de pardonner les pires trahisons dans la vie du croyant, dépasse toutes nos imperfections. Il n’est pas prisonnier ni dépendant de nos limites humaines, tout simplement parce que : « Dieu est amour. » 1 Jean : 3 / 8

D’autres textes sont également incontournables :

« L’Éternel est miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en bonté ; il ne conteste pas sans cesse, il ne garde pas sa colère à toujours ; il ne nous traite pas selon nos péchés, il ne nous punit pas selon nos iniquités. Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent ; autant l’orient est éloigné de l’occident, autant il éloigne de nous nos transgressions. Comme un père a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent. Car il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière. » Psaume : 103 / 8-14

Tout croyant qui se repent d’une faute personnelle pour laquelle il demande pardon au Seigneur, doit aussi être capable de pardonner aux autres de tout son cœur.

Plusieurs versions du Nouveau Testament emploient le passé : nous avons remis (ce qui exprime l’attitude spirituelle d’un esprit de pardon permanent dans le cœur d’un chrétien).

Saint Luc dit : « car nous-mêmes aussi nous remettons » Luc  11 / 1-4, ce qui exprime la même disposition de continuité dans l’esprit du pardon. Les deux sens ne se contredisent pas. C’est pourquoi, le conditionnel au pardon de nos péchés (COMME) peut être compris de la manière suivante :

« Puisque nous aussi avons déjà pardonné aux autres » ou encore : « Puisque nous aussi nous pardonnons aux autres. »

Bien que notre pardon puisse être empreint de grande générosité, il ne pourra pourtant jamais se comparer à la perfection du pardon divin. « Comme » n’exprime pas uniquement cette générosité, il met aussi l’accent sur une disposition du cœur qui est toujours prêt à pardonner les injures et les injustices subies. Cette disposition dans le cœur d’un enfant de Dieu, devient une réplique de la façon selon laquelle Dieu pardonne.

En lisant les textes suivants : Matthieu : 7 / 12 ; Romains : 13 / 10 ; Jacques : 2 / 8, la leçon principale du Seigneur Jésus nous apparaît comme étant la perfection de l’amour et du pardon qu’il a enseigné par la loi royale. Par conséquent, un chrétien ne peut pas conserver dans son cœur une quelconque rancune, ni ruminer de la haine et encore moins de la vengeance, ce qui ruinerait sa vie spirituelle puisque la grâce ne laisse aucune place à la loi du Talion. Cette loi mosaïque était celle qui réglait les litiges sur le barème de la réparation, et codifiait en quelque sorte la vengeance légale entre les Juifs de l’Ancien Testament.

« Mais la loi du Talion est désormais périmée : sous le régie de la Grâce, elle a été abolie par le Seigneur. » Matthieu : 5 / 38-48

Si la rancune produit l’amertume, au contraire, l’amour du prochain conduit à la réconciliation, la réconciliation produit la joie et restaure la communion avec le Seigneur ainsi que la communion fraternelle.

Pour éviter de tomber dans des pièges qui nous mettraient en litiges avec des frères, et parfois même avec des gens en dehors de l’Église, chacun est exhorté à rester vigilant sur sa conduite avec le prochain, parce qu’il n’est pas toujours évident de rattraper les dégâts qu’un conflit aura causés, même si la grâce est capable d’éponger nos fautes. Jésus a enseigné dans les Béatitudes, un des secrets du bonheur évangélique : « Heureux les doux, car ils hériteront la terre ! Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !

Combien de fois devons-nous pardonner aux autres ?

L’apôtre Simon Pierre posa un jour cette question à Jésus : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » Matthieu : 18 / 21-22

C’est-à-dire : TOUJOURS, et de tout son cœur. C’est de cette manière que le croyant sera dans la perfection de l’amour comme le Père.

En conclusion, l’Évangile demandera toujours aux croyants de confesser leurs péchés personnels au Seigneur et de les abandonner, mais il met aussi l’accent sur le sentiment de haine incompatible  avec la vie chrétienne et qui a besoin d’une délivrance. En effet, une faute envers un frère n’est pas toujours motivée par la rancune, mais peut aussi se produire sur un moment d’énervement accidentel. La réconciliation sera dans ce cas facile, alors qu’un cœur qui rumine haine et vengeance ne peut pas être heureux puisque Jésus à dit :

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Matthieu : 19 / 19

 

Méditation du Pasteur Wasso Ferret

"Mission Évangélique Tzigane : Vie et Lumière"



 
 



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