Simples entretiens sur le Tentateur 

Par Mr Samuel Dickey Gordon

SIMPLES ENTRETIENS SUR LE TENTATEUR

INTRODUCTION

Ces simples entretiens sur le Tentateur sont, au fond, des entretiens sur la vie de l'Esprit. De ce fait, la place prédominante y est réservée au Seigneur Jésus, le Vainqueur ; au Calvaire, lieu de la Victoire ; à l'Obéissance, chemin de la Victoire ; à l'étude de la Bible, à la Prière, les armes de la Victoire ; et au Courage - foi dans le combat - esprit de la Victoire.

Ce sont d'humbles entretiens, d'une grande simplicité, qui vont droit au but. Les répétitions qui s'y trouvent sont voulues. Elles sont le propre de la conversation. Ces discours furent prononcés devant des foules à qui le tourbillon du monde faisait perdre l'équilibre de la vie spirituelle. Pour répondre au désir du plus grand nombre, ils ont été transcris tels quels ou à peu près, dans le dessein d'aider et d'encourager ceux qui luttent et de les conduire plus rapidement et plus sûrement à la victoire.
Nous en avons toutefois supprimé plusieurs. L'esprit français n'aime guère, en effet, les répétitions. Nous avons gardé celles qui apportaient avec elles quelques idées nouvelles. (N. du traducteur)

Ils ne sont ni pour le savant ni pour le critique, à moins que ceux-ci ne consentent à s'abaisser jusqu'à leurs frères qui, sur le chemin de la vie, cherchent humblement à être éclairés. Si, par la grâce du Maître, ces entretiens pouvaient relever ceux qui sombrent dans la lutte, et leur permettre dorénavant de combattre mieux armés, de chanter plus joyeusement, de suivre Jésus plus fidèlement ; s'ils orientaient, ne serait-ce qu'un petit nombre de vies, vers plus de pureté, plus de compréhension, plus de consécration dans le service, plus de vigilance, plus d'esprit de prière, ils auraient accompli l'œuvre pour laquelle ils ont été écrits, à la gloire de notre souverain Maître et Sauveur, Jésus-Christ.

 
I. LA TENTATION

Elle emprunte les chemins de Dieu

Nous connaissons tous la tentation. Tout homme qui respire est tenté. Ce corps, dans lequel il habite, lui est une cause de tentation. Ce cerveau même, avec lequel il pense, peut lui dresser des embûches. C'est une tentation pour un tempérament sociable que d'accorder trop d'importance aux humains, ses frères. C'est une tentation que l'ambition, même légitime, de jouer un rôle dans la vie, de lutter avec ses propres moyens et - dans un bon sentiment - de remporter des victoires personnelles.

Car la tentation ne s'égare pas. Elle suit les voies naturelles de la vie. Satan chemine sur les sentiers de Dieu. Il n'en crée jamais de particuliers. Il se sert de ceux que Dieu a tracés. Rien n'est mauvais en soi. Mais tout peut devenir condamnable. Le péché réside dans le mauvais motif d'une action ou dans le mauvais mobile qui l'inspire. Il se trouve dans tout excès, dans toute exagération.

La parole est un don de Dieu. Mais le désir de tremper par elle et de faire usage de sa langue pour dire ce qui n'est pas vrai vient du malin. L'action d'ouvrir un tiroir, d'y plonger la main pour en sortir de l'argent peut être bonne ou mauvaise. Tout dépend de la main qui pénètre dans ce tiroir et du mobile qui la meut.

Cet acte peut devenir la manifestation de ces deux extrêmes : le bien ou le mal.

Si ce tiroir et son contenu sont à moi, et que dans un esprit de prière je me saisisse de l'argent pour le faire servir à répandre Évangile dans les pays païens, l'acte est non seulement bon, mais louable. Car les païens ont besoin de l'Évangile et l'argent donné peut ainsi, par la grâce du Saint-Esprit, être transformé en moyen d'amener une âme au salut. Si, au contraire, ni le tiroir, ni l'argent ne sont à moi, l'acte est alors condamnable et par la justice des hommes et par la justice de Dieu. C'est tout à la fois crime et péché.

Si le tiroir est à moi ainsi que l'argent qu'il contient (autant qu'il m'est possible de le déclarer) et que je m'en serve pour satisfaire mes goûts de luxe, je commets un péché et non un crime. C'est le péché d'égoïsme. Il n'en est pas de plus grave ni de plus commun. C'est un détournement, pour des jouissances personnelles, de biens que Dieu m'avait confiés pour être employés à la divulgation de son Évangile parmi ceux qui ne le connaissent pas encore. Car c'est ici la seule préoccupation qui devrait nous guider dans la gestion de nos biens. J'ai donc commis exactement un abus de confiance.

Il en va de même dans tous les actes de la vie. Le motif ou l'intention les rendent bons ou mauvais. Le même acte peut être saint ou diaboliquement égoïste.

Satan hardiment ou sournoisement s'approprie tout pour son usage et pour accomplir ses desseins. Ses longs doigts s'emparent de tout ; ils ne respectent rien. Il détourne de leur but véritable pour servir à ses fins les occupations les plus pures, les passe-temps les plus innocents. C'est parce que nous sommes qu'elles où le péché règne, où les choses sont ce sont, que nous sommes tentés et que nous serons toujours tentés, jusqu'à notre dernier souffle. Le démon le sait. Sans se lasser, usant de ruse et de perfidie, il tend ses pièges.

Comment marcher à la rencontre de la tentation

Il est navrant de constater avec quelle facilité certains succombent à la tentation sans lui offrir la moindre résistance. Mollement couchés sur le sol, ils s'endorment et se laissent piétiner - comment dirai-je ? - comme un chien ! et j'ajoute : comme un chien mort, car quel est le chien vivant qui le tolérerait ? Un homme, c'est tout différent !

D'autres jouent avec la tentation. Leur conscience, bien que rouillée par le manque d'exercice, n'est pas morte. Ils feignent un semblant de résistance et satisfaits d'avoir ainsi calmé les reproches intérieurs, ils se couchent et se laissent aussi fouler aux pieds.

D'autres encore luttent contre la tentation. Ils la pressentent et lui résistent. " Veillez et priez ", c'est leur mot d'ordre. Veiller, c'est la part de l'homme; prier, c'est la part de Dieu. Le veilleur, dans sa tour, est fidèle au poste ; il a découvert que Satan et ses aides ne sommeillent jamais. Aussi raffermit-il sa volonté, assouplit-il ses genoux pour la lutte. Il se dit : même si je bronche, je tiendrai jusqu'au bout, face à l'ennemi, les armes à la main. La lame de mon épée se romprait-elle, que je frapperais du fourreau. Je ne reculerai pas d'un pouce. Tel est l'esprit qui l'anime.

Dans une importante aciérie, un Ecossais d'une force herculéenne était réputé, parmi ses camarades, pour son coup de marteau. Presque tous les ouvriers de sa partie étaient de grands buveurs, et lui ne faisait pas exception à la règle. Un changement survint. Il se convertit. Désormais, lorsque ses camarades le pressaient de boire, il refusait. " Plus jamais je ne toucherai à la boisson, leur disait-il, d'un ton calme et décidé, car il est écrit qu'aucun buveur n'héritera la vie éternelle. " 

Ils le narguaient et lui disaient : " Tu verras quand la grosse chaleur sera revenue ! Nous t'attendons au mois de juillet ... et nous verrons, quand ton palais sera desséché comme une sablonnière, si tu résisteras longtemps. "

Les grosses chaleurs survinrent. Le lourd marteau frappait avec la même ardeur et du même mouvement lent et cadencé. La sueur inondait le corps de l'homme et pourtant la tentation ne semblait avoir aucune prise sur lui - elle avait fuit.

Le surveillant de l'usine, étonné du changement survenu chez cet ouvrier, le questionna :

" Vous buviez beaucoup autrefois. Cela ne vous manque-t-il pas ?

Oh si ! répondit l'homme.

Alors, comment pouvez-vous résister ?

Eh bien, voilà, je procède ainsi. Quelle heure est-il en ce moment ? - dix heures ?

Exactement.

 
Nous sommes le 20 du mois. De sept heures à huit heures, j'ai demandé au Seigneur de m'aider. Il a exaucé ma prière et j'ai mis un point contre le 20 du calendrier. De huit à neuf, Il m'a de nouveau gardé de la tentation et j'ai ajouté un autre point. De 9 à 10, il en a été de même. Et en faisant ce point, je Lui rends grâce". Et chaque fois, je prie. " O Seigneur, aide-moi, aide-moi à repousser la tentation pendant l'heure qui vient. "

Voilà dans quel esprit il faut combattre. Quelle que soit la tentation, ce n'est que par une lutte acharnée et incessante qu'on lui résiste avec succès.

 
Du point faible de la tentation

J'aimerais maintenant attirer votre attention de façon toute particulière sur ceci : la tentation n'a aucune puissance par elle-même. Il lui faut l'aide de l'homme qui est tenté. Rien n'est plus faible, plus ridiculement faible, qu'une tentation. Elle ne peut rien faire, absolument rien, sans le consentement de l'homme tenté. Elle peut séduire, elle peut chanter des airs ensorceleurs, elle peut créer une atmosphère irrespirable autour de nous, mais elle ne peut s'infiltrer dans la vie d'un homme sans qu'il y ait consenti. Tant qu'elle n'a pas pénétré à l'intérieur, son impuissance est comparable à celle d'un petit enfant.

La vie d'un homme ne s'ouvre que par un seul bouton de porte. Ce bouton se trouve à l'intérieur. Et c'est avec le plus grand respect que nous ajouterons : Dieu ne rentrera pas sans notre joyeux consentement. Dieu ne forcera jamais notre porte. Il ne rentre que sur notre libre permission. Et remarquez-le bien, Satan ne peut pas entrer non plus sans la volonté consentante de l'homme. Que celui qui est tenté souligne à gros traits cette affirmation afin qu'elle ressorte clairement et nettement. Ensuite, il pourra souligner à nouveau et de manière plus évidente encore cette autre affirmation dans le livre de son expérience : il faut être deux pour qu'une tentation ait chance de succès et il est l'un de ces deux. Sans notre autorisation, la tentation est infailliblement condamnée à l'insuccès, elle devra se retirer, totalement défaite, et démoralisée.

Un jeune homme de dix-sept ans narrait l'une de ses expériences à un ami plus âgé. C'était l'apprenti d'un menuisier. Celui-ci l'avait envoyé prendre les mesures d’un nouveau comptoir chez un cafetier. Le froid était vif et son paletot bien mince. Il arriva claquant des dents. Le cabaretier lui prépara un grog chaud qu'il lui présenta.

" Tiens, dit-il, avale-moi ça et ton tremblement ne tardera pas à cesser. Bois vite, c'est moi qui te le paie. " - " C'était vraiment un bon mouvement de sa part. Il était loin de penser à mal ", ajouta le garçon, en racontant l'histoire. " Cette considération rendait mon refus moins facile et le geste de repousser la boisson plus pénible. "

" La lutte a dû être fameuse ! dit l'ami. Ce cafetier aurait pu vous induire en tentation et vous faire faire le premier pas sur le chemin de la ruine !

- Oh ! répondit franchement le jeune homme, je préférais celle-ci à une autre. Car après tout, il faut l'accord de deux volontés pour qu'une tentation l'emporte. Ni temps froid ni cafetier ne peuvent me pousser à boire. La tentation dont j'ai peur est celle qui me trouvera désarmé par le désir ardent que j'aurai de lui céder. Et si j'avais absorbé ce breuvage, je ne m'en serais certes pas pris au cafetier ! Pour qu'une tentation ait quelque chance de succès, il faut être deux parties consentantes. "

Par elle-même la tentation est donc totalement impuissante. L'homme qui cède est naturellement vaincu dès le début. Toute chance de victoire s'éloigne sans que le moindre combat digne de ce nom ait été esquissé. Si un homme s'amuse avec la tentation, ce qui est souvent le cas, s'il badine et plaisante avec elle, s'il joue avec le feu en y jetant des fétus de paille sèche, comme tant le font, lui aussi, à son tour, se brûle. Sa défaite est certaine. Il donne toutes les chances de la victoire à son assaillant sans même lui avoir opposé une lutte honorable. Que l'homme accepte le combat, qu'il ait vraiment pris la décision de lutter, et il gagnera. Car un tel homme se saisira de toutes les possibilités de secours à sa portée. Or, il en est Un qui est là tout proche, qui tonnait tout ce qui concerne la tentation, les tentations de toutes sortes, qui a Lui-même été tenté et qui est toujours prêt à donner son appui.

Un homme peut se sentir faible et la tentation lui paraîtra bien subtile et bien forte. Elle peut fondre sur lui avec la violence d'une tempête balayant la vallée. Ou bien, elle peut s'avancer sournoisement avec la ruse du serpent glissant à travers les hautes herbes pour mordre au moment où l'on s'y attend le moins. Mais cet homme dit : " Je veux rester dans le bon chemin. Je veux être bon, foncièrement bon. Mon désir est d'être pur, oui, pur, envers et contre tous ". Et le voilà qui concentre toutes les facultés de sa volonté, qui s'appuie de toute la force de son âme sur l'Aide qui demeure à ses côtés, et il lutte. Celui-là, triomphe. Toute tentation ainsi traitée et combattue est déjà refoulée.

Comment remporter la victoire
 
Voulez-vous faire cette remarque et la faire de façon à en être profondément pénétré : il doit y avoir deux facteurs de victoire du côté du gagnant du combat. Sa volonté opiniâtre et, à ses côtés, l'Homme qui fut tenté en toutes choses, tout comme nous, mais qui n'a jamais failli et qui ne faillira jamais. Mettez bien ceci en relief : l'un ne peut se passer de l'autre.

Il faut une détermination inébranlable de ne pas céder. Avec le plus profond respect, nous disons que le Seigneur Jésus seul, sans notre volonté, ne peut suffire. Il agit par la volonté de l'homme. Il oeuvre avec nous. Ce n'est qu'avec notre collaboration qu'il peut travailler. Il fortifie la volonté. Cette volonté peut être faible. Elle peut n'être plus qu'un reste de volonté, décimée, brisée, amoindrie par notre faiblesse à l'égard du péché. Mais qu'il vous en souvienne : si petite qu'elle soit, elle n'est jamais quantité négligeable. Tant qu'il y a manifestation de vie, il y a pouvoir de choisir. Toute faible qu'elle soit, cette volonté a capacité d'option. Et notre Seigneur Jésus, le Vainqueur de la tentation, l'aidera à agir et à bien agir quelle que soit la difficulté. Et quand le choix est fait, Jésus aide.

Il accordera une nouvelle vie et de nouvelles forces au moment même où la résolution sera prise. C'est ainsi que petit à petit, lentement peut-être, mais immanquablement, ces forces nouvelles pénètreront la volonté. C'est donc avec notre choix de résister au mal et de faire le bien, que notre victorieux Ami insuffle des forces nouvelles et donne l'inestimable avantage de sa Victoire et de sa Présence. Mais notre volonté seule n'est pas suffisante. Que ceci soit absolument compris. Un homme peut avoir le front bombé, le poing redoutable, une mâchoire proéminente ; en d'autres termes posséder tous les signes extérieurs d'une volonté forte et indomptable ; malgré la sûreté avec laquelle il pourra marcher seul, il trébuchera et sera précipité à terre. Il s'y traînera lamentablement et portera visiblement les signes de sa chute jusqu'à la fin de sa vie.

Il se peut que la chute tarde à venir et que de ce fait, il se fasse des illusions qui accroîtront sa confiance en lui-même ; infailliblement, la chute sera le lot de celui qui va seul. " Aller seul " c'est fatalement tomber avant d'avoir touché le but. Et plus la chute sera retardée, plus grave et plus douloureuse elle sera quand elle surviendra. Il faut de la volonté mais il faut davantage. Il faut aussi un Sauveur, un Ami, un Appui. Non pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre. Une volonté et un Sauveur. Une volonté rendue forte et soutenue par un Sauveur. Un Sauveur tenté en tous points, qui peut donc sympathiser. Vainqueur en toute chose, il peut aider avec efficacité. Et c'est Celui-là même qui agit à travers notre volonté.

Si nous refusions à ce merveilleux Vainqueur du Désert et du Calvaire l'aide qu'Il nous offre, il y aurait dans nos vies un Waterloo. Les Français ne parlent jamais de leur Waterloo. Ils feignent ne pas entendre quand la conversation tombe sur ce sujet. Waterloo a été omis sur le fameux monument de Napoléon à Paris. Il y eut certainement un " blanc " fort commode dans la mémoire du sculpteur. La bataille la plus décisive fut oubliée.

Si vous ne permettez à ce Sauveur qui fut humain et divin tout à la fois, de se tenir à vos côtés et de vous aider, il y aura un Waterloo dans votre vie.

Toute tentation peut être changée en victoire. C'est un signal pour faire flotter le drapeau de notre Vainqueur. C'est une occasion nouvelle de faire savoir au Tentateur qu'il est défait. C'est le moment d'entonner un chant de triomphe. Écoutez, écoutez bien : Une volonté est au-dedans de nous et un Ami la soutient. Une victoire est à venir dont le drapeau est déjà hissé. Que des chants d'allégresse retentissent !

 " Reste ferme dans ta foi, ô mon cœur Une couronne est pour qui persévère. Quand déferlent les vagues en fureur, Reste ferme dans ta foi, lutte et espère I
**
Reste ferme ! Les larmes tariront.

L'espoir, vainqueur, naîtra de ta poussière ; Les sombres jours d'orage finiront.

La Croix triomphera au ciel du Père.
**
Tiens ferme, mon coeur, jusqu'à la fin, tiens bon ! " (1)

(1) Schmolke.


II. LE TENTATEUR

Récit de sa carrière

La note qui donne le ton

 
Là où est la tentation, là aussi est le Tentateur. Elle le démasque. A quelque moment qu'elle vienne, si vous voulez bien vous donner la peine de chercher un instant, vous le découvrirez immanquablement. La tentation peut provenir de la méchanceté du coeur, donc de l'intérieur. C'est fréquent. Mais elle n'en contient pas moins un élément extérieur et cet élément tient presque sûrement quelqu'un de caché en lui. Il se peut encore que la tentation jaillisse d'un désir intérieur et d'une circonstance extérieure. Mais quelle qu'en soit l'origine, que ce soit de l'intérieur, de l'extérieur ou des deux combinés, la tentation vient toujours du Tentateur. L'ardeur de l'envie qui vient du dedans et les sollicitations du dehors ne sont que des manœuvres pour cacher son approche. Il se sert de tout ce qui lui tombe sous la main, de tout ce qui est le plus à sa portée et le plus propre à ses fins.

Ce nom même de " Tentateur " fait tout de suite ressortir ses traits caractéristiques essentiels. Il laisse entendre que quelque chose ne va pas. Sommes-nous poussés à faire le mal ? C'est que, plus ou moins visible à nos yeux, quelqu'un nous excite.

Mais ne l'oubliez pas : un Autre aussi est présent. Si le mal fait penser au bien, le bien fait penser à Celui qui est tout près, qui désire ardemment que nous fassions le bien et qui s'empresse à nous y aider. C'est Celui qui nous a créés à son image. Il ne s'arrêtera devant aucune difficulté pour nous soutenir dans la lutte contre le mal.

Je voudrais maintenant vous entretenir un instant du Tentateur qui, sournoisement, se cache derrière la tentation. Il est frappant de constater que Celui qui donne le vrai ton à un entretien sur le Tentateur est Celui-là même qui lui est opposé. Le nom de Jésus est comme la note qui donne le ton en musique. Car ce nom de Jésus signifie le " Vainqueur ", littéralement : Jéhovah-Vainqueur. C'est un mot qui passa en entier de l'ancienne langue hébraïque au grec ou araméen du temps de notre Seigneur. De là, il se répandit dans toutes les langues où nous le retrouvons aujourd'hui. Un cri, comme un cri de victoire, résonne dans ce nom même.

Et " Vainqueur " implique l'idée de victoire. Et la victoire, celle de bataille, de lutte. Il faut que le combat ait été acharné pour justifier l'emploi d'un mot aussi fort que " vainqueur " pour désigner le héros de la lutte. Et ces deux mots " bataille " et " victoire " impliquent un ennemi. Plus encore, un ennemi qui a combattu et qui a été défait.

Et ce grand nom de " Jésus " éveille dans l'esprit le souvenir d'un lieu, d'un événement, d'une expérience : le Calvaire. C'est lui qui ressort avec éclat de la vie terrestre du Seigneur Jésus. Ce lieu fut le témoin de la bataille rangée, du long combat qui commença dès la crèche, pour continuer à Nazareth et se poursuivre pendant un ministère de trois ans et demi.

Là, le Tentateur joua tous ses atouts et déploya toutes ses forces. Là, notre Sauveur, par son sacrifice, fit éclater la justice de son Père, révéla le grand amour qui se trouvait dans son coeur et vainquit à jamais le Méchant, nous libérant de toutes les prétentions qu'il avait sur nous. Ce sont là les deux notes à faire résonner quand on parle du Tentateur. Le nom même du Seigneur Jésus rappelle celui qu'Il a vaincu, et le Calvaire, le lieu, le temps et le fait béni de la défaite du Tentateur.

 
De notre ignorance en ce qui concerne ses desseins
 
Ces simples entretiens sur le Tentateur doivent être entièrement d'ordre pratique. Il nous faut savoir discerner notre ennemi pour être en mesure de lui résister. Je n'ai nullement l'intention de me livrer à la spéculation. Je voudrais seulement apporter quelques claires révélations puisées dans le vieux Livre de Dieu. Avec cette lumière nous pourrons mieux résister à la tentation et mener une vie victorieuse et pure.

Saint Paul, en parlant de Satan à la génération de chrétiens qui était la sienne, disait : " Nous n'ignorons pas ses desseins " (2 Corinthiens : 2 / 11)

Cette connaissance provenait certainement de l'enseignement fidèle de l'apôtre et de l'acceptation pure et simple des vérités du vieux Livre. On ne peut en dire autant d'un nombre considérable de gens qui, aujourd'hui, se réclament du titre de chrétiens.

Ces desseins paraissent être plus souvent ignorés que connus.


En conséquence, la prière perd de son efficacité. La foi confiante qui met à l'épreuve les promesses de Dieu est très rare et considérée comme extraordinaire.

Les vies chrétiennes sont enchevêtrées avec quantité d'éléments qui, dans la plupart des cas, servent aux plans de Satan. Les chrétiens ne s'en rendent pas toujours compte. Et nos esprits sont farcis d'idées si vagues, si imprécises en ce qui concerne le Malin, que nos activités et nos intercessions en sont considérablement entravées.

Il est étonnant de constater combien d'enfants de Dieu dans l'Église d'aujourd'hui (et c'est là un de ses traits caractéristiques) se vantent de ne pas croire à l'existence personnelle de Satan. Douter de son existence, c'est faire preuve d'un grand esprit. Y croire, au contraire, ainsi qu'à sa puissance, c'est ajouter foi à des enfantillages démodés. Nombreux sont ceux qui professent cette manière de voir, plus nombreux encore sont ceux qui la partagent sans oser l'exprimer.

A cet égard, un changement radical s'est produit dans l'espace, disons, d'une centaine d'années. Satan, en effet, au XVIII° siècle, prenait trop d'importance dans les préoccupations des croyants. On l'accusait de certains événements qui pouvaient fort bien être attribués à des causes ou à des raisons naturelles. Par contre, on négligeait de se souvenir de son Vainqueur.

Aujourd'hui, nous tombons dans l'autre extrême. Il est fréquent de rencontrer des gens qui émettent des doutes sur l'existence même de Satan. Et ceux qui connaissent ses traits caractéristiques peuvent aisément découvrir dans ces négations les traces de sa maligne influence. Le doute qui plane sur son action est une preuve de son existence. Il est si rusé qu'il cherche à égarer les hommes en les faisant douter de lui, ce qui lui permet de resserrer son étreinte.

Il est intéressant de noter que ce doute n'existe qu'en terre chrétienne. Ce n'est que dans les pays où la défaite de Satan ainsi que le nom de son Vainqueur sont connus que la réalité de son existence est mise en doute. Par cela même, et sans hésitation, nous pouvons facilement suivre la trace de sa « queue de serpent ». Là où sa défaite et son irrémédiable faiblesse sont connues, il voudrait qu'une incertitude planât sur lui et par cette incertitude, immobiliser les armes de notre résistance. Il est bien évident que s'il était mieux connu, il serait plus franchement haï. Par là, je veux dire qu'il serait détesté, combattu et qu'on lui résisterait d'une manière plus efficace. Bientôt, il serait condamné à une nouvelle défaite, au nom de son Vainqueur.

Cet état d'esprit contraste étonnamment avec celui des pays païens où semblable doute n'existe pas, exprimé ou non. Là, Satan est craint et même servilement adoré, à cause de sa puissance.

 
Trois preuves différentes
 
Je voudrais maintenant brosser devant vos yeux, une rapide ébauche de la carrière de Satan. Et, ce faisant, je m'abstiendrai de faire allusion à aucune légende spéculative ni à aucun mythe dont on se sert habituellement. Nous nous efforcerons simplement de recueillir les données de la Parole de Dieu.

Avant de prendre le Livre en mains, nous vous ferons remarquer qu'il existe trois manières distinctes de prouver la personnalité de Satan. En premier lieu, par la Bible. C'est vers elle que nous nous tournerons constamment dans ces entretiens. Pour ceux qui sont prêts à accepter le simple enseignement des Écritures, il n'y a aucune nécessité de chercher ailleurs. Elles démontrent clairement l'existence de sa personne, de sa grande activité et de sa puissance.

Mais pour ceux qui ne se contentent pas de cet argument, il est encore deux autres preuves, de source différente. Pour le chercheur sincère, chacune est, en elle-même, parfaitement concluante.

Voici une preuve philosophique : « Peut-il exister une puissance intelligente et organisée qui ne suppose derrière elle aucune Personne ? Le problème se pose devant la Raison. Il peut certes exister des forces naturelles qui n'émanent directement d'aucune Personne, mais une puissance qui agit avec ordre et méthode au point que l'on peut, à la longue, en discerner les lois, ne suppose-t-elle pas derrière elle, les caractères d'une individualité consciente ? Or, il est certain qu'une puissance de mal agit dans le monde. Partout on en tombe d'accord. Et cette présence d'une puissance mauvaise soutient clairement la thèse de la personnalité d'un être malin activement au travail derrière la scène.

Il y a encore une troisième preuve à donner, tout à fait distincte des deux premières et tout aussi concluante. C'est celle qui procède de l'expérience, ou : l'évidence par l'expérience. Qu'un homme ayant eu l'habitude de céder à la tentation essaie de rompre avec le péché auquel il s'est laissé entraîner ; il s'apercevra immédiatement que c'est une véritable bataille qu'il devra livrer. Il aura conscience d'une force réelle multipliant des assauts d'une terrifiante brutalité. Cet homme-là n'en aura pas le moindre doute. Cette puissance se déchaînera sur lui avec un acharnement inouï, avec une astucieuse subtilité. Elle se cramponnera à lui avec ténacité et persistance.

Des milliers d'hommes sont aujourd'hui au fort de cette bataille. Tant qu'un homme cède au mal, il n'a pas de lutte à soutenir. Mais lorsqu'il cherche à s'en écarter, c'est alors que la bataille commence. Et alors même qu'il aurait mis toute sa confiance en Celui dont le Nom est au-dessus de tout autre nom et qu'il aurait remporté la victoire par ce Nom, ainsi qu'il le peut s'il le veut, ce n'en sera pas moins une victoire obtenue par une lutte intense, les dents serrées, les poings crispés, le front humide et par la prière incessante. Cet homme ne sera plus désormais tourmenté par le problème à résoudre de la personnalité intelligente, pénétrante et persistante du Malin. Cette assurance lui deviendra de plus en plus certaine, au fur et à mesure que la lutte contre le mal et ses compromis durera. Et cela, même s'il possède la certitude bénie qu'un plus grand que lui est au-dedans de lui. La victoire ne peut être remportée qu'en luttant.

Et maintenant dans l'ensemble de ces entretiens, nous nous appuierons presque entièrement sur la preuve biblique considérant qu'elle est suffisamment concluante et tout à fait satisfaisante.

 
Du point de vue biblique
 
Nous allons maintenant nous tourner vers le Livre de Dieu. C'est dans le Nouveau Testament que nous trouverons les lumières les plus vives en ce qui concerne Satan et ce sont elles qui nous fourniront la meilleure explication de ce qui est dit dans l'Ancien Testament. Grâce à cette clarté que le Nouveau Testament jette sur l'Ancien, les enseignements de ce dernier deviendront lumineux.

Le dernier des livres, l'Apocalypse de saint Jean, contient l'enseignement le plus direct et le plus explicite sur Satan. Là, il est dit nettement que le serpent d'Eden, c'est Satan lui-même (Apocalypse : 12 / 9). Un être était à l'oeuvre derrière le serpent d'Eden possédant tous les traits caractéristiques que l'on attribue à ce reptile redouté.

Les Évangiles racontent la plus grande activité satanique et démoniaque qui soit enregistrée dans l'Histoire. Satan et tout un monde d'esprits malins à son service y sont considérés comme des êtres réels possédant une puissance effective. Le Seigneur Jésus croyait en eux puisqu'Il a donné sur eux un enseignement cohérent. Les expériences qu'Il fit au Désert et probablement auparavant à Nazareth, plus tard certainement pendant plus de trois années, au cours de son ministère, font admettre sans difficulté que Jésus croyait à Satan et à ses anges et que son chemin fut marqué pas à pas par des luttes soutenues avec la sereine assurance de la victoire.

Son enseignement sur Satan est clair et précis. Satan est l'ennemi juré de Dieu et de tout ce qui est bon. Il est le " Prince de ce monde ". Il est le généralissime d'une guerre offensive contre tout ce qui est divin. Tout le sens de notre destinée est de se défendre contre lui. Et il est vaincu. Tous ceux qui lui résisteront et le combattront peuvent avoir la certitude de la Victoire.

Les lettres de saint Paul comme les autres épîtres sont pleines de ces vérités. Ces hommes qui vécurent dans le plus étroit contact avec le Seigneur, qui accomplirent un travail colossal, qui luttèrent avec tant d'énergie au nom et par la puissance de leur Maître, ces géants des premiers temps à la foi inébranlable, au service inlassable et à la souffrance héroïque, ces hommes ne laissent percer aucun hésitation, aucune incertitude sur la réalité de l'existence de Satan. Leurs luttes contre lui ont été trop intenses pour être imaginaires. Le corps à corps a été trop serré pour que l'ombre d'un doute plane sur leur pensée.

Et ils ont connu la victoire aussi. Une victoire constante et incontestable. Elle fortifia leur conviction que celui qu'ils combattaient existait vraiment. Dans le problème qui nous occupe, le meilleur remède contre le doute est de lutter et de lutter avec acharnement ; de résister et de résister opiniâtrement, tout en se reposant sur la volonté et la Victoire de Jésus.

Or, ai-je dit, ces enseignements du Nouveau Testament, par leur simplicité et leur clarté, inondent de lumière les passages de l'Ancien Testament sur le sujet qui nous préoccupe. Retournez en Eden après avoir quitté les pages plus récentes de l'Apocalypse ; retournez à Job ; au chapitre 21 de 1 Chroniques, au Psaume : 109 et au troisième chapitre du livre de Zacharie et vous comprendrez alors qui est cette personnalité qui cherche à semer partout la mort avec une haine aussi implacable. Le Nouveau Testament nous rend plus aptes à déceler la trace du serpent. Et une fois que nos yeux sont exercés à le reconnaître, nous le dépistons avec une netteté extraordinaire à travers les vieilles pages du Livre et dans toutes les pages de la vie quotidienne ordinaire.
 
 



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