Les Livres de la Bible
Par Mr le Pasteur Albert Leblond

LE LIVRE D’ESTHER


Le Livre d’Esther est un précieux document d’information sur la vie du peuple pendant sa captivité.

Sans doute, les livres de Daniel et Ézéchiel nous font connaître certains aspects de cette histoire.

Mais ils nous présentent des juifs plutôt que les Juifs dans leur ensemble.

Ici, l’attention se porte sans doute, avant tout sur Esther et Mardochée, mais elle se porte aussi sur le peuple.

La délivrance miraculeuse qui est rapportée dans ses pages et celle de tout le peuple, et c’est le peuple tout entier qui est appelé, de génération en génération, à célébrer le souvenir de cette intervention providentielle.

Le livre a donc une réelle valeur, au point de vue historique.

Il nous fait connaître l’un des événements les plus remarquables de la vie des Juifs, et nous donne l’explication de cette fête des purimes (des sorts) qui, depuis l’exil, a été célébrée avec enthousiasme  et l’est encore à ce jour.

Esther, nous documente abondamment sur le sort du peuple élu resté en exil après le premier retour sous Zorobabel et Josué en 536 avant Jésus-Christ.

C’est également un texte précieux d’information sur l’empire Persan et l’étiquette observée à la Cour de ses rois.

PLACE DANS LE CANON BIBLIQUE
 
Le livre d’Esther, dans notre Ancien Testament clôt la série dite « historique » dont il est le 12ème livre.

Il suit Néhémie et précède Job, premier des livres poétiques.

Dans le Canon hébraïque, il appartient aux Psaumes, plus exactement aux « cinq Rouleaux », lus aux jours de la fête (en hébreux, Méguilloth, deuxième partie des Psaumes)

Le récit d’Esther était lu à la fête des purimes célébrée le 14 et 15 ème jour du  douzième mois (Adar : 9 / 21622° ; Esther la Juive et Ruth la Moabite sont les deux seules femmes qui aient donné leur nom à un livre de la Bible.

DATE ET RECIT
 
Chronologiquement, il est à placer dans l’intervalle des cinquante-sept ans qui séparent les chapitres 6 et 7 d’Esdras, soit entre 515 et 458 avant Jésus-Christ.

Le règne  de Xerxès, pendant lequel se déroule l’histoire d’Esther, s’étend de 486 – 465 avant Jésus-Christ.
 
Le plus long verset de la Bible : Esther : 8 / 9

Le plus long verset du Nouveau Testament : Apocalypse : 20 / 4

AUTEUR DATE ET COMPOSITION

Rien dans le texte ou dans la tradition ne nous permet de répondre à la question :

Qui a rédigé ce livre ?

Esdras

 
Le fait est qu'il existe une ressemblance de style entre cet ouvrage et ceux d'Esdras et de Néhémie et des Chroniques

Quel qu’il soit, l’auteur se distingue par

a) Un patriotisme ardent à l’égard du peuple Juif.

b) Une connaissance exacte des coutumes et usage à la Cour des Rois de Perse

c) De remarquables aptitudes littéraires

d) L’usage, à côté de l’hébreu, du Chaldéen et de quelques mots persans.

 
Composition

Il nous semble devoir rejeter une date tardive.

En effet, le palais du Célèbre Xerxès (l’Assuérus ici mentionné) fût brûlé aux jours d’Artaxerxès.

Or, dans le livre d’Esther, la description de ce palais est parfaitement conforme à la réalité mise à jour par les fouilles récentes ; nous en concluons que l’auteur a du vivre avant sa disparition.

Cet auteur devait être très familier des coutumes des Perses et avoir accès à des documents Persans.

D’après Esther : 10 / 2, lorsque l’ouvrage fut rédigé, toute l’histoire de Xerxès devait être déjà consignée dans les Chroniques nationales (Xerxès est mort en 465 avant Jésus-Christ)

Cette remarque, jointe au fait que l’empire Persan fut détruit par Alexandre le Grand en 332 avant Jésus-Christ, nous laisse, pour la composition du Livre, la latitude d’environ un siècle après le déroulement des événements relatés.

Assuérus, monarque de l’empire perse était le successeur de Cyrus, le fondateur de l’empire.

MOT CLE

Providence

VERSET CLE

 
Esther : 4 / 14 : « … Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d’autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez.

Et qui sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ?

SIGNIFICATION DE QUELQUES NOM PROPRES

Vasthi : « La meilleure ou la plus belle »
 
Mardochée : « Adorateur de Méradac »

Hadassa : « Myrte, nom juif d’Esther »

Esther : « Etoile : nom persan  (Epouse de Xerxès, Assuérus)

Haman : En sanscrit, nom de la planète Mercure. Grand Vizir.

Zévesh : Probablement dérivé d’un mot signifiant « or »

Mention répétée du chiffre 7, souvent utilisé en Perse.

PLAN DU LIVRE

1° Danger menaçant les Juifs de l’exil (Esther : 1 / 1 à 5 / 14)

a) Élévation d’Esther, l’orpheline exilée (Esther : 1 / 1 à 2 / 23)

b) Choix d’Esther, l’épouse juive (Esther : 2 / 1-23)

 c) Élévation d’Haman, l’ennemi implacable (Esther : 3 / 1 à 5 / 14)

2° Délivrance accordées aux Juifs de l’exil (Esther : 6 / à 9 / 32

a) Élévation de Mardochée, le libérateur (Esther : 6 / -14)

b) Délivrance des Juifs (Esther : 7 / 7, 9, 16) (Punition d’Haman. Voir Psaume : 8 / 17b)

c) Institution de la fête des Purimes (Esther : 9 / 17-32)

Epilogue

Éloge de Mardochée : 10 / 1-3


MESSAGE DU LIVRE

Absence du nom de Dieu


 
Le nom du roi perse apparaît non moins de 187 fois dans ces 10 chapitres, tandis que celui du Dieu de l’alliance pas une seule fois.

Il y a là une intention du Saint-Esprit.

Quelle est la leçon à tirer de ce livre Canonique dépouillé du nom suprême ?

Ne serait-ce pas que le Dieu d’Israël, Sauveur, est un Dieu qui se cache ? (Ésaïe : 45 / 15)

La présence invisible de Dieu dans l’histoire d’Esther dit le Dr Bullinger est peut être marquée dans le texte original par 4 acrostiches du Tétragramme sacré : YHVH (Yahveh, Jéhovah, l’Eternel)

Ces acrostiches apparaissent aux points  critiques du récit, fait qui ne semble pas être un hasard et qui, pieux que tout autre chose, démontre la réalité de la providence.

Dans le texte hébreu, l’acrostiche est deux fois formé par la première lettre de quatre mots consécutifs : à lire à l’envers, comme ont lit l’hébreu (traduction française des mots hébreux contenant l’acrostiche : « Toutes les femmes rendront honneur … » (Esther : 1 / 20) et à l’endroit (« Que le Roi vienne aujourd’hui avec Haman … » (Esther : 5 / 4) ; deux fois l’acrostiche est formé par la dernière lettre de quatre mots consécutifs : à lire de nouveau à l’envers (« Mais tout cela n’est d’aucun prix pour moi…) (Esther : 5 / 13) puis à l’endroit (« Sa perte était arrêtée ») (Esther : 7 / 7)

Dieu est : Il existe, bien qu’invisible. Personne ne lui échappe.

Dieu agit : Il prend soin, protège, intervient, punit.

Dieu cherche la coopération de l’homme pour accomplir ses plans : Il avait besoin d’Esther pour délivrer son peuple.

D’après Esther : 4 / 13-14, Dieu aurait pu se passer d’elle.

Ainsi Dieu est bien là, mais il dérobe sa face aux regards des siens.

Qu’est-ce que la Providence ?
 
On peut livre le livre d’Esther sans être conscient de la Présence de Dieu.

La valeur de ces pages découle de la révélation de la Providence (Livre appelé : Le roman de la Providence)

« PROVIDENCE » vient du latin « Providentia », de « pro = avant, et de « videre » = voir, et signifie donc littéralement : « PRÉVISION »

Dans  ce sens « PROVIDENCE » ne peut jamais s’appliquer à un homme, mais à Dieu seul !

La providence est donc : « L’ACTION MYSTERIEUSE » ET CACHÉE, DANS L’HISTOIRE DES PEUPLES ET DES INDIVIDUS, DU DIEU OMNISCIENT ET OMNIPRÉSENT ».

Comment s’expliquer le contraste frappant entre le début du Livre d’Esther : Toute puissance d’Haman à la cour d’Assuérus, sa haine mortelle contre Mardochée et le décret irrévocable d’extermination des Juifs, et la fin du récit ou la désolation des Juifs fait place à la jubilation, où Mardochée occupe le poste d’honneur dans la maison même d’Haman ?

La réponse est à chercher dans l’action providentielle de Dieu, de ce Dieu qui, dans l’ombre, monte la garde pour protéger les siens.

Pourquoi Dieu n’est-il visible ici que par son action providentielle ?
 
Moïse déjà a reçu de Dieu le « parce que » à ce « pourquoi »

Sur le seuil du pays promis, Dieu annonça à son serviteur que le peuple élu allait l’abandonner pour se prostituer à des dieux étrangers.

Alors, déclare l’Eternel « … Je les abandonnerai et je leur cacherai ma face … » (Deutéronome : 31 / 7, 18 ; Deutéronome : 32 / 20)

Plus tard les prophètes ont confirmé ce verdict : Ésaïe : 59 / 2 ; Ézéchiel précise : 39 / 23 – Ainsi la portion du peuple élu qui n’est retourné à Jérusalem avec Zorobabel et Josué, après l’édit de Cyrus est toujours encore sous le châtiment, lequel, en réalité est une mesure d’amour.

En effet, si Dieu ne voilait sa face aux pêcheurs, Il les consumerait dans sa Sainteté.

Ésaïe : 45 / 15 = Il n’est pas le Dieu qui se désintéresse et tourne définitivement le dos à son enfant récalcitrant.

Il agit en sa faveur, mais d’une manière invisible à l’œil de la chair, visible seulement à l’œil de la foi = de manière providentielle !

Détails : (Esther : 1 / 2) ; Beauté (Esther : 2) ; Oubli ((Esther : 2 / 19,23) ; le sort (Esther : 3 / 7,12) ; Monarque capricieux (Esther : 5 / 2).

Esther attend (Esther : 5 / 6,8 ; Esther : 6 / 1 ; Esther : 6 / 3 ; Esther : 6 / 6) (Lamentations de Jérémie : 3 / 37,38) (Romains : 8 / 28)

ESTHER

La femme envoyée par Dieu pour un temps de crise (Esther : 4 / 14,16)

Devenue orpheline de père et de mère, fut élevée par son cousin Mardochée … de la tribu de Benjamin.

Caractéristique

* Beauté (Esther : 2 / 7)

* Renoncement à soi-même, héroïsme (Esther : 4 / 16)

* Tact (Esther : 5 / 8) (Sagesse)

* Courage (Esther : 7 / 6)

* Patriotisme (Esther : 8 / 3, 6)

* Foi : sublime parole (Esther : 4 / 16) (Voir Daniel : 3 / 17, 18)

* Obéissance et soumission à Mardochée (Esther : 2 / 20)

Héros de l’Ancien Testament qui ont vécu à la cour d’un roi païen

Joseph et Moïse à la cour égyptienne

Daniel à la cour des rois de Babylone

Néhémie à la cour du roi de Perse : Artaxerxès 1er Longuemain

 
Dans toutes circonstances sans exception : Rien ne se passa en dehors de la Providence de Dieu.

Tous, Vasti, Assuérus, Haman, comme Mardochée et Esther …

Tous les événements, le banquet royal, la publication des décrets, le caractère et l’attitude de chacun : La haine vengeresse de Haman, comme le courage et la foi d’Esther, tout se meut dans l’atmosphère de cette providence (Voir Lamentations de Jérémie : 3 / 37,38)

Pensons à notre propre vie : croyons que Dieu dirige et en dirigera les moindres détails, faisant tout concourir à sa gloire et pour notre bonheur (Romains : 8 / 28)


APPLICATION PRATIQUE DES ENSEIGNEMENTS DU LIVRE

L’histoire du livre d’Esther est une exhortation à :

 
* Ne pas vivre comme si Dieu n’existait pas : nous ne pourrons jamais échapper à sa présence, ni se soustraire à sa justice.

* Ne pas douter et ne pas craindre : Dieu agit en faveur de ses enfants ; Il est tout-puissant pour les délivrer.

*Ne pas faire sa propre volonté : Dieu a un plan pour chacune de nos vies.
 
 



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