Témoignages d'hommes utilisés par Dieu pour l'avancement de son règne :

David Wilkerson, Billy Graham, Douglas Scott, Hudson Taylor, Georges Muller, Charles Spurgeon, Charles Finney, John Wesley, Dwight Moody, Smith Wigglesworth, David Linvingstone, George Fox 

Témoignage de David Wilkerson

 David Wilkerson est l'une des rares voix prophétiques encore en vie aujourd'hui. Ses messages sont puissants, décapants, sans compromission, et c'est pourquoi beaucoup aujourd'hui ne l'aiment pas et l'accusent d'être un "prophète de malheur". Parmi le corps des prophètes de renommée mondiale, il fut l'un des seuls à avoir reçu de la part du Seigneur un avertissement clair concernant la tragédie des Tours Jumelles de New York, plusieurs mois avant qu'elle ne se produise. L'Eglise devrait prendre au sérieux ses avertissements sur la dépression économique qui vient ainsi que sur les catastrophes mondiales que l'on pressent déjà venir. Leonard Ravenhill déclarait à son propos : "On me pose souvent la question suivante: David Wilkerson est-il un prophète? Eh bien, pas selon la classification de l'Ancien Testament, mais il en est sûrement un dans le cadre du Nouveau Testament. Je soutiens que Dieu l'a établi comme sentinelle sur notre nation (les Etats-Unis). [David] voit l'Eglise de Jésus-Christ blessée, violée et pillée; il sonne la trompette de Dieu pour nous faire voir le péché et l'incrédulité qui ont provoqué cette situation.(...) Un jour, je l'ai vu entrer dans mon bureau en chancelant; ses lèvres tremblaient et les larmes remplissaient ses yeux pendant qu'il me disait: 'Len, c'est à peine si j'ose mettre sur papier et publier le message que le Seigneur m'a donné'. Il l'a fait quand même, et je dois dire que j'en suis extrêmement heureux." Avec ses cheveux grisonnants, David Wilkerson est un homme de Dieu désespéremment brisé par la condition de l'Eglise. Le message qu'il nous livre ces dernières années est celui d'un appel à la sainteté et à la prière d'agonie en faveur d'un monde mourant. Ceux qui recherchent réellement le Seigneur reconnaîtront dans ce serviteur la voix de Dieu, du Père pleurant sur un monde en flammes et sur Son Eglise dévastée par la désolation. Aurons-nous des oreilles et un coeur pour entendre les pleurs de Jésus et Lui dire, à notre tour : "Seigneur Jésus, fais de moi un homme, une femme qui pleure" ?

David Wilkerson est le pasteur qui a fondé l'église Times Square Church. Il est l'auteur de plus de trente livres qui sont source d'inspiration. Il est peut-être le mieux connu pour les premiers temps de son ministère consacrés à de jeunes drogués et des membres de gangs de Manhattan, Bronx et Brooklyn, tel que le relate 'La Croix et le Poignard ". La Croix et le Poignard a été diffusé à plus de quinze millions d'exemplaires en trente-cinq langues depuis 1963 et en 1969 un film de cinéma du même titre est sorti. Teenager Challenge, le ministère que David Wilkerson a initié, continue à atteindre les jeunes désespérément dérangés dans le monde entier à travers plus de deux cents centres qui sont maintenant autonomes et financièrement indépendants. Son programme de restauration des drogués, fondé sur des bases bibliques, a été reconnu comme l'une des actions les plus efficaces parmi celles du même type.

Comment tout cela a commencé

Par David Wilkerson

"Toute cette étrange aventure débuta une nuit alors que j'étais assis dans mon bureau lisant le magazine Life. Je tournai simplement une page et à première vue rien ne semblait m'intéresser. La page montrait un dessin au stylo d'un procès ayant lieu à New York, à plus de 500 kilomètres de ma maison en Pennsylvanie rurale. Je n'avais jamais été à New York et je n'avais jamais voulu y aller, sauf peut-être pour voir la Statue de la Liberté. Je commençai à tourner à la page suivante. Mais alors que je le faisais, quelque chose attira mon regard. C'était les yeux d'un visage qui figurait sur le dessin - un garçon. C' était l'un des sept garçons jugés pour meurtre. Je rapprochai le magazine de mes yeux afin de mieux voir. L'artiste avait dépeint un air de confusion, de haine et de désespoir dans les traits du jeune garçon. Soudainement, je commençai à pleurer. "Qu'est-ce qui m'arrive ?" me demandai-je, chassant précipitamment une larme. Ensuite, je regardai l'image plus attentivement. Les garçons étaient tous des adolescents. C'étaient les membres d'un gang surnommé les Dragons.

Au-dessous de l'image il y avait le récit qui racontait comment ils avaient été à High bridge Park à New York lorsqu'ils attaquèrent et tuèrent brutalement une victime de polio de quinze ans nommée Michel Farmer. L'histoire me révolta. Elle fit littéralement tourner mon estomac. Dans notre petite ville de montagne, de telles choses sembleraient avec bienveillance incroyables. Pourtant, je fus ahuri par la pensée suivante qui surgit dans mon esprit. Elle vint sur moi en coup de vent, comme d'un autre endroit: "Va à New York pour aider ces garçons." La pensée me fit sursauter. "Je serais un imbécile si je le faisais" raisonnai-je. "Je ne connais rien des gosses comme eux. Et je ne veux rien en savoir." C'était inutile. L'idée ne partait pas. Je devais aller à New York. Et je devais le faire immédiatement, tandis que le procès était toujours en cours."

Le 28 février 1958, après ce qu'il croyait être la direction divine de Dieu, le pasteur David Wilkerson s'aventura dans une salle de tribunal de New York. Le pasteur d'une petite assemblée de la Pennsylvanie rurale voulut rencontrer les sept adolescents accusés qui étaient jugés pour le meurtre de Michel Farmer. Mais le juge présidant la séance jeta brusquement le pasteur hors de la cour, lui refusant l'accès aux garçons. Des années plus tard, cependant, le pasteur Wilkerson rencontrerait les jeunes hommes dans la prison. Ce jour-là, il fut refusé à David Wilkerson l'occasion de partager avec ces garçons le message brûlant de l'amour de Dieu et Sa puissance de changer des vies. Mais le pasteur continua à retourner à New York pour partager la Bonne Nouvelle avec d'autres jeunes.

Teen Challenge et Campagnes d'Evangélisation pour la Jeunesse

Dans les mois qui suivirent sa première visite à New York, le pasteur Wilkerson continua à effectuer des voyages dans la ville. Il passa des jours entiers à prier tandis qu'il marchait dans les rues, partageant l'amour de Dieu avec quiconque l'écoutait. Il organisa des rassemblements pour la jeunesse dans des auditoriums et des théâtres, accueillant des membres de gang, des drogués et des alcooliques qui venaient pour entendre un message d'espoir.

En 1959, il démissionna de son pastorat en Pennsylvanie et vint s'installer avec sa famille à New York, où il fonda le ministère de Teen Challenge (connu initialement sous le nom de Teenage Evangelism). Depuis lors, Teen Challenge touche, dans le monde entier par ses 490 centres, des adolescents et des adultes vivant sous l'addiction d'habitudes contrôlant leurs vies. Le programme de réhabilitation des drogués pratiqué par le ministère et fondé sur des bases bibliques, fut reconnu comme l'une des actions les plus efficaces de son espèce.

Une étude effectuée par l'Institut National d'Abus de Drogue du gouvernement américain établit un taux de guérison à Teen Challenge de 86 pour cent. Beaucoup de participants au programme dont d'anciens drogués, des alcooliques, des membres de gang, des prostituées et autres - furent non seulement réhabilités, mais servent aujourd'hui le Seigneur en tant que ministres ou missionnaires. Le succès phénoménal de Teen Challenge produisit une avalanche d'invitations de la part des églises à travers tout le pays, qui cherchèrent à avoir le pasteur Wilkerson comme orateur aux réunions de jeunesse. Les demandes affluèrent de la part de dirigeants civiques, de fonctionnaires dans des établissements scolaires, de célébrités nationales, de ministres de l'Evangile, de présentateurs d'émissions de télévision et de nouveaux médias de toutes sortes. C'est ainsi que commencèrent les Campagnes d'Evangélisation pour la Jeunesse de David Wilkerson en 1967, un ministère d'évangélisation qui a pour objectif d'atteindre directement les membres les plus indigents de la population, leur offrant de l'aide tant pour le corps que pour l'âme. Il sentit aussi le besoin d'atteindre les adolescents qu'il appelait "goodniks" - les enfants de familles aisées qui s'agitent à force de s'ennuyer - pour les empêcher d'être attirés dans une vie d'esclavage exercé par la drogue, l'alcool, la violence ou l'anarchie.

La Croix et le Poignard

L'histoire des premières années du ministère du pasteur Wilkerson à New York est racontée dans "La Croix et le Poignard". Le livre, qui fut publié en 1963, est devenu un succès et a été distribué à plus de 15 millions d'exemplaires dans plus de 30 langues. En 1969, un film de cinéma du même titre fut produit, mettant en scène Pat Boone dans le rôle de David Wilkerson et Erik Estrada dans le rôle de Nicky Cruz, l'adolescent membre de gang dont la vie avait été radicalement transformée par Christ. Le film relatait de nouveau l'histoire inoubliable des actes de la charité pleine de tendresse et de l'amour éternel de Dieu pour les adolescents de New York, à travers le ministère du pasteur Wilkerson. Aujourd'hui, le livre continue à être un classique à succès et le film est encore regardé par des milliers de gens dans le monde entier. La conversion de Nicky Cruz fut le résultat des prières ardentes de David Wilkerson. Nicky raconte ainsi son expérience de la conversion :

"L'amour est la clé. C'est facile à dire, mais je crois que ces mots auront le même effet sur des cœurs solitaires qu'ils ont eu sur le mien. Oui, j'avais besoin de quelqu'un qui m'aimerait tel que j'étais, un jeune voyou dans les rues de New York. Non, il m'était impossible d'aimer quiconque avant de me sentir aimé moi-même et en sécurité. Si l'on m'avait vraiment aimé et accepté tel quel, il y a bien des chances que je ne me serais pas senti si seul. Belles suppositions que tout ceci pour les milliers de personnes solitaires qui ne voient aucun espoir d'amour dans leurs vies.

Par exemple, les jeunes dans les gangs de New York de douze à dix-huit ans proviennent en général de parents alcooliques, de prostituées, ou de gens très pauvres qui ne voulaient pas d'eux en premier lieu. Ils sont entrés dans le monde sans avoir été désirés. Très jeunes ils se sont sentis réprouvés pour des raisons qu'ils ne pouvaient comprendre, et les cicatrices du rejet dont ils furent victimes s'approfondirent avec chaque année qui passait. Qui peut aimer ces inadaptés? Qui veut les aimer?

Il n'existe dans le monde entier qu'une seule perspective d'espoir pour ces gens. Passons maintenant à un point de vue plus large. Peu 'importe le degré d'amour ou de rejet que nous connaissions, la condition la plus solitaire que l'humanité connaisse est celle qui consiste à être privé de Dieu. Oui, l'amour est bien la clé. L'amour de Jésus Christ, dont je ne savais rien, était mon seul espoir. Mais, pour que cet espoir devienne réalité, il a fallu qu'il y ait de l'amour dans le cœur d'un être humain, qui est entré dans mon univers obscurci pour traduire ce message en termes que je puisse comprendre.

Cela s'est produit ainsi…

"Nicky, Jésus t'aime."

Trois fois, j'avais entendu cette déclaration de mauvaise augure, émanant d'un homme que nous surnommions tous "le pasteur maigrichon". Je connaissais son véritable nom. La première fois que je l'avais aperçu à l'école située juste en face de mon appartement, il s'était dirigé droit vers moi, en présence d'une multitude constituée par des membres de gangs; il avait tendu la main en disant: "Nicky, je m'appelle David Wilkerson. Je suis un pasteur de Pennsylvanie".

Je m'étais contenté de le regarder d'un air fixe et de dire: "Allez au diable, pasteur".

Sans se laisser démonter, cette petite mauviette chétive avait continué: "Je suis venu te parler de Jésus, Nicky. Il t'aime vraiment".

J'eus la sensation d'un animal piégé sur le point d'être mis en cage. Derrière moi, il y avait la foule. Devant moi, il y avait le visage souriant de cet homme maigrichon qui parlait d'amour. Personne ne m'aimait. Personne ne m'avait jamais aimé. Alors que je me tenais là, debout, mes souvenirs remontèrent dans le passé pour s'arrêter aux jours lointains, où j'avais entendu ma mère me dire: "Je ne t'aime pas, Nicky". Je pensais : "Si ma propre mère ne m'aime pas, alors personne ne m'aime, ou ne m'aimera jamais."

"Approche-toi de moi, pasteur, et je te tue," m'étais-je écrié en 'reculant pour retrouver la protection de la foule. J'avais peur et je ne savais pas quoi faire.

Ma seconde rencontre avec lui eut lieu le même jour; peu après la première. Effrayé, je me précipitai à travers la foule, j'empoignai ma petite amie Lydia, et m'éloignai de l'école dans la rue St Edward. Une fois en sécurité dans le sous-sol, où les Maus-Maus passaient leur temps, je mis le tourne-disques à plein volume, et me mis à danser avec Lydia. Pourquoi ne parvenais-je pas à couvrir le son de ces trois petits mots stupides: "Jésus t'aime"?

Bientôt, je me rendis compte qu'il y avait quelqu'un à la porte. En levant les yeux, j'aperçus le même pasteur maigrichon à l'entrée. Dans ce sous-sol crasseux, sa présence en chemise blanche, costume et cravate impeccables, paraissait vraiment déplacée.

"Où est Nicky?" demanda-t-il à un des garçons.

En faisant un signe de tête dans ma direction, Israël, mon meilleur ami s'empressa de quitter la pièce. Wilkerson la traversa comme si elle lui appartenait. Le visage éclairé d'un grand sourire, il avança encore la main dans ma direction et dit: "Nicky, je voulais simplement te serrer la main…"

Sans lui laisser le temps de finir, je le frappai durement au visage. Puis, je lui crachai dessus.

"Nicky, on a aussi craché sur Jésus", poursuivit avec obstination cette personne.

"Sortez d'ici !", hurlai-je, et je le poussai vers la porte.

Avant de partir, il dit : "Nicky, je veux simplement te dire encore que Jésus t'aime."

"Sortez d'ici, imbécile de prêtre. Vous ne savez pas de quoi vous parlez." Je hurlais à pleins poumons.

"Je vous donne vingt-quatre heures pour déguerpir des lieux, ou sinon je vous tuerai !"

En se dirigeant vers la porte, tout en souriant, il répéta avec calme: "Souviens-toi, Nicky, Jésus t'aime."

Ce cinglé ne savait-il pas que je pouvais vraiment le tuer? Je le regardai s'éloigner sur le trottoir. Il n'est pas près de m'effrayer, pensai-je. Personne n'est près de m'effrayer. Mais tout ce que je parvenais à entendre dans mon esprit, c'était la voix de ce pasteur maigrichon qui répétait sans cesse: "Nicky, Jésus t'aime"

Ma troisième rencontre avec lui eut lieu le lendemain matin de bonne heure. Toute la nuit, je m'étais tourné et retourné dans mon lit en regardant le plafond. J'avais fumé cigarette sur cigarette. Je n'arrivais pas à me reposer. Je ne pouvais dormir. Je fis tout pour faire taire cette voix, mais ces mots me résonnèrent dans la tête pendant toute la nuit. "Nicky, Jésus t'aime. Jésus t'aime". Enfin, j'allumai la lumière et consultai ma montre: 5 heures du matin. Inutile de continuer à essayer de m'endormir. Je me levai, m'habillai, ramassai mes cigarettes, descendis les trois étages, et ouvris la porte d'entrée du bâtiment.

Le ciel commençait à se colorer de gris. De loin, je percevais les bruits de la grande ville, qui s'éveillait en baillant et s'étirait. Je m'assis sur les marches, et me pris la tête entre les mains. "Jésus t'aime… Jésus t'aime… Jésus t'aime."

Une voiture s'arrêta et une portière claqua en se fermant. Lorsque ma tête lasse se releva, et que mes yeux fatigués se concentrèrent, le même pasteur maigrichon se tenait devant moi.

Il plaça la main sur mon épaule, et sans se départir de son sourire, il me dit: "Salut, Nicky!

Tu te souviens de ce que je t'ai dit hier soir? Je voulais venir te dire une fois encore, en passant, que Jésus t'aime".

J'en avais assez. Je me relevai d'un bond et essayai de lui donner un coup de poing. Il recula hors de ma portée; je lui jetai un regard flamboyant de colère, comme un animal prêt à bondir. Wilkerson me regarda droit dans les yeux et me dit: "Tu pourrais me tuer, Nicky. Tu pourrais facilement me couper en mille morceaux et les étaler dans la rue, mais chaque morceau crierait encore que Jésus t'aime".

Privé de tout moyen de défense, je le regardai fixement.

"Tu as peur, n'est-ce pas, Nicky? Tu en as assez de ton péché, et tu es solitaire." Il parlait tranquillement, mais avec grande force et conviction. "Jésus t'aime quand même", ajouta-t-il.

Comment savait-il que j'étais solitaire? C'est tout juste si je le savais. Quand il parlait de péché, je ne savais pas à quoi il faisait allusion et j'avais peur d'admettre ma crainte. Mais comment savait-il que j'étais solitaire? Le gang était toujours avec moi. J'avais toutes les filles que je pouvais désirer. Les gens avaient peur de moi. Lorsqu'ils me voyaient arriver, ils descendaient sur la chaussée pour m'éviter. J'avais été le chef du gang. Comment était-il possible à quiconque de penser que j'étais solitaire? Et cependant, je l'étais. Et à présent ce pasteur le savait.

"Vous vous figurez que vous allez me changer aussi facilement que ça?" fis-je, en faisant claquer mes doigts. Ignorant ma remarque insolente, il poursuivit comme s'il n'y avait eu aucune interruption. "Nicky, tu n'as pas beaucoup dormi la nuit passée, n'est-ce pas?"

Abasourdi, je me demandai comment il savait cela. "A dire vrai, tu sais, je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière moi non plus, poursuivit Wilkerson. Je suis resté éveillé la plus grande partie de la nuit à prier pour toi. Et je veux te répéter, Nicky, que quelqu'un s'intéresse vraiment à toi. C'est Jésus. Il s'arrêta quelques instants, puis ajouta avec un air de conviction et un ton d'autorité. Le jour est proche, Nicky, où l'Esprit de Dieu va te prendre en main, et où tu vas cesser de t'enfuir pour accourir vers lui."

Au fond de mon cœur, je savais qu'il disait la vérité. Je savais aussi que je me battrais jusqu'au bout. Je ne pouvais pas m'en empêcher. J'avais été un bagarreur pendant trop longtemps pour abandonner la partie si rapidement.

Sans dire un mot, je me levai, lui tournai le dos, pénétrai dans le bâtiment encombré d'ordures, et refermai la porte derrière moi. Après avoir gravi l'escalier conduisant à ma chambre et y être entré, je m'assis sur mon lit et regardai par la fenêtre.

"La vie a-t-elle vraiment une autre signification que tout ceci? Est-ce que quelque chose, ou quelqu'un, est capable de noyer cette solitude insupportable?" Je cherchai plus avant en moi, mais aucune réponse ne se faisait jour. Vue de l'extérieur, la vie continuait comme avant, mais je savais que tout avait changé et que mon existence ne serait plus jamais la même.

Deux semaines passèrent, sans que je revoie Wilkerson, mais ses paroles perçantes continuaient à essayer d'entrouvrir mon cœur fermé. Je me mis à me douter qu'Israël, mon meilleur ami dans le gang, voyait en secret ce pasteur détesté. Il ne cessait de me rabattre les oreilles à son propos. Toutes les fois que je voyais Israël, il disait quelque chose à propos de Dieu.

Vers le milieu de cet été torride, Israël vint m'annoncer une grande réunion que Wilkerson organisait à l'arène St Nicholas. En fait, Wilkerson en avait parlé à Israël, et il avait personnellement invité les Maus-Maus à s'y rendre. Il allait envoyer un car pour nous amener, et nous réserverait une section spéciale aux premiers rangs. Israël et moi venions en tête du défilé, et tout le monde se retournait pour voir quelle était la cause de cette perturbation. Nous étions "sur scène" et nous en profitions au maximum.

Le chahut éclata bientôt sans retenue au sein de cette foule. L'arène était presque pleine et, en regardant autour de moi, je vis partout des membres appartenant à des gangs rivaux. Une bataille rangée était possible. Une chose était certaine, je ferais de mon mieux pour la favoriser.

Lorsque l'on se mit à jouer de l'orgue, plusieurs des gars et des filles qui se trouvaient dans les premiers rangs grimpèrent d'un bond sur la scène et commencèrent à se donner en spectacle: les filles en roulant des hanches à qui mieux mieux au rythme de la musique, et les garçons en dansant le boogie-woogie autour d'elles. Des applaudissements déchaînés, des sifflements et des cris d'approbation remplirent le lieu. La situation devenait incontrôlable.

A cet instant précis, une fille se dirigea vers le centre de la scène, et se tint derrière un microphone en attendant que le bruit s'atténue. Il s'amplifia au contraire. La fille se mit à chanter malgré tout, en dépit du fait qu'il était impossible de l'entendre. Elle termina sa chanson et quitta nerveusement la scène.

Alors Wilkerson apparut et s'avança vers le micro. Une accalmie momentanée, due à l'attente, s'abattit sur la foule, et il en profita vite pour commencer à parler: "Aujourd'hui, je vais demander à mes amis, les Maus-Maus, de recueillir l'offrande."

Je ne pouvais en croire mes oreilles. Il était décidé à nous faire confiance, à nous, tout en connaissant notre mauvaise réputation en matière d'argent! Le public se mit à rire tout haut et à applaudir. Cela allait être la plus grosse blague de toutes.

Me relevant d'un bond, je fis signe à certains des types du gang. "Allons-y", leur intimai-je d'un geste. Six d'entre nous montèrent les escaliers pour aller s'aligner en face du devant de la scène. Une grande boîte en carton ayant contenu de la glace nous fut distribuée à chacun, tandis que Wilkerson nous recommandait de nous tenir devant l'estrade pendant que les gens s'avançaient pour donner leur offrande.

"Lorsque ça sera fini, faites le tour derrière ce rideau" nous dit-il en nous le montrant du doigt, "et avancez vers la scène. Je vous y attendrai pour que vous m'apportiez l'offrande." .

Mon premier mouvement fut de prendre l'argent et de disparaître derrière ces rideaux. Ce serait de l'argent facilement gagné et en outre, tout le monde s'y attendait Cependant, un sentiment étrange commençait à me saisir au fur et à mesure que les gens, en défilé ininterrompu, remontaient l'allée centrale et les bas côtés pour venir déposer leur offrande, de l'argent qu'ils n'étaient pas obligés à donner dans les cartons. Je ne me souvenais pas que l'on m'ait déjà fait confiance pour quoi que ce soit, pas même lorsque j'étais petit. Quelqu'un avait confiance en moi maintenant, et cette confiance allumait une étincelle en moi. Au fur et à mesure que l'étincelle se faisait plus chaude, elle touchait mon cœur, et pour la première fois depuis des années, je me sentis bonne conscience. Ce sentiment était agréable.

Ce fut bien mieux lorsque je m'avançai vers la scène pour tendre l'argent à Wilkerson. "Merci, Nicky, je savais que je pouvais compter sur toi." Wilkerson sourit en me prenant le carton des mains. Le fait de choisir le bien plutôt que le mal semblait comporter sa propre récompense.

J'étais étonné.

Wilkerson se mit à prêcher. Au début je ne pouvais pas entendre ce qu'il disait. J'étais trop occupé par la sensation de chaleur intérieure qui semblait s'étendre à tout mon être, et pendant un certain temps la nouveauté de cette expérience absorba complètement mon attention.

Soudain, cependant, je commençai à entendre. Lorsque Wilkerson m'avait tout d'abord dit que Jésus m'aimait, je ne savais pas vraiment qui était Jésus. Maintenant, il racontait l'histoire de Jésus-Christ. C'était la première fois de ma vie que j'entendais cette histoire, d'où Il venait, ce qu'Il avait fait, la guérison des malades, comment Il avait redonné la vue aux aveugles, nourri les multitudes, comment on L'avait rejeté, comment Ses ennemis avaient payé quelqu'un pour le poursuivre, comment on L'avait crucifié. J'étais captivé! Je me mis à revivre la vie de Jésus, peu conscient de la présence de qui que ce soit dans cet auditorium, hormis Jésus et moi! Comme je haïssais ces crapules qui l'avaient trahi et tué! Je voulais me battre pour Jésus-Christ, tuer ses bourreaux.

Pour la première fois, je pris pleinement conscience du fait que moi, je méritais la mort, mais que Lui méritait la vie. Il n'était que pureté, honnêteté, vérité, et moi, j'étais un menteur, un bon à rien, un rejeté, un moins que rien. Le Saint-Esprit commença quelque chose en moi, toute l'atmosphère était chargée d'une puissance qui me fut insupportable.

Puis j'entendis une voix qui semblait venir d'un autre monde dire que les Maus-Maus étaient prêts à se battre. "Pas de panique, dis-je, d'un ton bourru. Personne ne va se battre maintenant". Après un moment, j'eus l'impression que quelqu'un d'autre à l'intérieur de moi ajoutait: "Cet homme a raison. Ça m'échappe, mais nous allons écouter". Tout le monde se rassit.

Je regardai tout autour de moi, et la gloire du Seigneur semblait avoir subjugué toute l'atmosphère. St Nicholas était une grande salle que l'on utilisait principalement pour les matchs de catch et de boxe, mais, à présent, on aurait dit que Dieu avait pénétré avec tous Ses anges et avait exercé Son autorité dans ce lieu, en chassant toutes les forces mauvaises qui y résidaient. On voyait des chrétiens commencer à s'unir, des têtes se pencher dans la prière, et des mains se tendre vers d'autres mains. Comme l'action du Saint-Esprit se faisait manifeste, on se mit à prier pour David Wilkerson, qui cherchait ses mots.

"Il est ici, Il est ici," disait-il. Et chaque personne présente dans cette immense arène le savait. Il venait tout juste de parler de l'amour que Dieu avait manifesté en envoyant son Fils mourir pour nous. "Nous nous plaignons pour le moindre petit tort que l'on nous cause, déclara-t-il avec force. Pensez à Jésus. Il ne fit jamais le moindre mal à personne, cependant Il reçut une couronne d'épines sur la tête et porta sur le dos une lourde croix. Il aurait pu appeler dix mille anges à Sa rescousse s'Il l'avait voulu. La seule fois où Il a ouvert la bouche après avoir été cloué sur cette croix, cela fut pour pardonner à un voleur qui se trouvait à Ses côtés et qui méritait la mort. Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le Paradis, a-t-Il dit à ce voleur coupable. Jésus était meurtri dans Son corps, cependant, en mourant, ce fut de nous qu'Il s'inquiéta."

Une force d'une puissance inconnue agissait en moi, et je semblais entraîné malgré moi par un courant auquel je ne parvenais pas à résister. Je ne pouvais contrôler mes émotions, mes actions, mes pensées, ni même mes paroles. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui se passait en moi.

Puis, j'entendis Wilkerson parler de la repentance. A cet instant-là, je vis à nouveau toute ma vie défiler devant mes yeux. Je me sentais presque détaché des scènes qui se projetaient devant moi, et cependant je savais que ce n'était pas le cas. Je fermai les yeux en voyant les mensonges que j'avais dits, la souffrance que j'avais infligée à d'autres personnes, les vols que j'avais commis, les luttes sanglantes, les agressions à coups de couteau, les filles, la luxure, les coucheries, la haine que j'avais ressentie pour mes parents. Mes parents!

"Comme cette vie humaine est dure lorsqu'on n'a pas de but pour vivre," pensai-je. A ce moment, j'essayai de comprendre pourquoi ma mère m'avait détruit par sa haine. Puis soudain je compris que durant tout ce temps je m'étais trompé, que le portrait que j'avais fait d'elle devant tout le monde était faux, et cela me laissa bouche bée.

J'entendais tout autour de moi les gens pleurer, et Israël, qui se trouvait à côté de moi, se mouchait bruyamment. Quelque chose de vraiment mystérieux se produisait. Wilkerson dit avec un nouveau ton d'autorité dans la voix: "Que ceux qui veulent recevoir Jésus-Christ pour être changés se lèvent et s'avancent."

Sur le champ, Israël se leva d'un bond, en annonçant: "Les gars, je m'avance. Qui est-ce qui vient avec moi?" Vingt-cinq ou trente Maus-Maus répondirent à cet appel. .

"Viens donc, Nicky," m'implora-t-il, comme je restais assis.

D'un geste de tête négatif, je fis non. Israël continua à insister, et finalement je me levai et descendis l'allée centrale en compagnie des autres.

Lorsque nous sommes arrivés devant, les larmes ruisselaient sur le visage d'Israël, alors qu'il disait à Wilkerson: "Je veux que vous priiez pour moi. Je veux recevoir Christ dans ma vie". Wilkerson congédia l'assemblée et nous emmena au sous-sol pour prier avec nous.

Tandis que Wilkerson priait pour tout le groupe, je l'observais les yeux ouverts. Je pouvais ressentir sa sincérité, sa compassion et sa tendresse. Il était clair qu'il aimait vraiment Jésus-Christ, et que l'amour de Jésus parvenait jusqu'à nous. Ce type n'avait rien d'un charlatan.

"Nicky, je prie pour toi jour et nuit depuis quinze jours, me dit enfin Wilkerson. Permets-moi de prier avec toi. Jésus désire t'aider, ôter ta solitude, vivre en toi, te rendre fort, t'amener à t'aimer et même à aimer tes ennemis." .Ces paroles furent trop fortes pour moi. J'avais envie de pleurer, mais je me mordis les lèvres afin que la souffrance m'empêche de répondre. Je me tournai délibérément avec l'intention de partir, mais, à ce moment précis, le Saint-Esprit s'empara complètement de moi.

Quinze ou seize de ces types, des durs à cuire, des vicieux, que je n'avais jamais vus dans un moment de faiblesse, tombaient à genoux et pleuraient. Je jetai un coup d'œil à Carlos, ce bagarreur sanguinaire, insensible, vicieux, qui n'avait jamais ressenti de compassion pour personne et voilà qu'il pleurait et appelait:

"Jésus, Jésus, Jésus." Puis je jetai un bref coup d'œil à Israël, qui semblait noyé dans ses propres larmes. Je dis à mon meilleur ami: "Qu'est-ce qui ne va pas?

"Je viens de donner ma vie à Jésus, Nicky, et je ne me sens plus seul, dit Israël, le visage rayonnant. Je me sens si bien, Nicky."

Je commençai à me sentir envieux. "Je ne me sens plus seul" , avait dit Israël. Ma propre solitude se mit à me peser lourdement, et une force formidable s'empara de moi. D'un seul coup, je tombai à genoux et me mis à pleurer. Je n'avais pas pleuré depuis l'âge de huit ans, mais à présent, le barrage se rompit, les vannes s'ouvrirent, et ce fut littéralement une averse de larmes qui me coula sur les joues. Mon cœur se sentait puni par tout un fardeau de culpabilité, et je me sentais honteux, embarrassé, accablé. Je me couvris le visage afin que personne ne me voie pleurer, mais les larmes roulèrent entre mes doigts, me lavant à la fois le visage et les mains. J'avais si mal à la poitrine que je pouvais à peine respirer. Je me sentais indigne. En sanglotant, je sentis tout mon univers s'effondrer, mais en même temps je me rendis compte que quelqu'un le reconstruisait à neuf, le restaurait. C'était comme si l'on m'avait transporté dans la salle d'opération, étendu sur le billard et endormi; Jésus avait pratiqué une incision et m'avait ouvert la poitrine, Il avait ôté mon cœur ancien pour le remplacer par un cœur nouveau.

La paix la plus merveilleuse que j'aie jamais connue remplit ce cœur nouveau, et bien que la journée fût lourde et chaude, de l'eau glacée semblait se déverser sur moi, et je me sentis rafraîchi. Mon esprit fut guéri. Instantanément, tous les souvenirs de mon passé furent purifiés, et j'eus l'impression que je venais tout juste de sortir du sein de ma mère et de renaître. Je m'écriai tout haut: "Je ne sais pas qui tu es, Jésus-Christ. Tu dis que tu m'aimes. Est-ce que tu m'aimes? Est-ce que tu m'aimes vraiment? Oh, Dieu, je ne crois même pas à l'amour. Je ne sais pas ce qu'est l'amour. Est-ce que tu es amour? Mon esprit est si embrouillé, mais je sais que tu es vraiment ici. Je ne sais quoi faire ni quoi dire. Tout ce que je peux te dire, c'est, est-ce que tu veux bien, s'il te plaît, m'aider, me pardonner, oh, pardonne-moi."

Puis, je sentis qu'Il me disait en mon for intérieur: "Oui, Nicky, je t'aime." Dans ce lieu même, lI me remplit d'un pardon et d'un amour que je n'avais jamais connus. Je me sentis si bien que je me mis à rire et à pleurer tout à la fois. Certains des gars coururent vers moi pour m'embrasser.

Je m'avançai enfin vers le pasteur, l'étreignis, et lui dis que je savais que Jésus m'aimait parce que je pouvais sentir Sa présence dans mon cœur.

"Oh, Nicky!, s'exclama David. C'est le paradis, c'est le royaume de Dieu. Tu ne vas plus jamais cheminer seul, tu ne vas plus jamais souffrir dans ton coin. Dieu est ton Père céleste, et Il sera avec toi dans tous les orages que tu traverseras, dans tous les doutes, toutes les craintes, tous les sentiments d'insécurité que tu connaîtras, Il sera là dans toutes les circonstances".

Avant que je ne quitte l'arène Saint Nicholas ce soir-là, qui remonte à tant d'années, David Wilkerson me donna une Bible, une grosse Bible qui semblait peser 10 kilos. Lorsque je sortis dans la rue, j'étais une personne toute nouvelle, avec Jésus dans mon cœur et une grosse Bible noire dans les bras."

Le chandelier à sept branches

La conversion de Billy Graham

fr

Mon ambition était de devenir champion de base-ball. A 16 ans, après une partie de base-ball, un ami m'invita à aller entendre un prédicateur qui était un champion. Cela m'intéressa comme tout ce qui touchait au pugilat ou à la lutte. Je manquai la classe et allai à l'église. A mon grand étonnement, c'était une vaste campagne d'évangélisation , avec au moins 5000 auditeurs. Je m'assis au fond de la salle. J'avais toujours cru que la religion était pour les faiblards. C'était bon pour les vieillards et les jeunes filles, mais un mâle ayant du sang dans les veines avait autre chose à faire que d'aller à l'église

J'avais devant moi un homme d'une haute stature, presque un géant. Il commença à prêcher comme jamais je n'avais entendu le faire. Au milieu du message, il me montra du doigt (du moins je le crus) et il dit : Jeune homme, tu es un pécheur. Je me cachai derrière le vaste dos de l'auditeur assis devant moi. Je ne suis pas plus mauvais qu'un autre, pensai-je alors. Je suis même membre d'une église, quoique j'y aille rarement. Mais le prédicateur citait la Parole de Dieu : Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. Il n'y a pas de justes, pas même un seul (Romains : 3 / 23 et 3 / 10). Pour la première fois de ma vie, je compris que j'étais un pécheur, en route pour l'enfer et que j'avais besoin d'un Sauveur. Quand l'évangéliste demanda à ceux qui voulaient venir au Christ de s'avancer, je me précipitai dehors et courus chez moi.

Je n'oublierai jamais la lutte qui suivit. Toute la nuit, je résistai. Le lendemain, je retournai à la réunion. Cette fois, je me mis devant. Quand le prédicateur se leva, il semblait me regarder en souriant. Il dit, avec des accents d'une infinie tendresse : Dieu a prouvé son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous (Romains : 5 / 8). Je pensai: "Cette parole est pour moi ! Je suis un pécheur, Dieu m'aime."

Quand le prédicateur demanda à ses auditeurs de s'avancer afin de se déclarer pour Jésus, je fus un des premiers. Je serrai la main du prédicateur (Mordecai Ham) et donnai mon coeur au Seigneur. La joie, la paix, la certitude du salut remplirent immédiatement mon coeur. Mes péchés, si nombreux, étaient effacés. Je rencontrai pour la première fois la Personne qui devint le Héros de ma vie.

J'avais cherché la source de la joie et du bonheur, je la trouvai en Christ. J'avais désiré ardemment la satisfaction de mes plus purs désirs ! Jésus me satisfit pleinement...

Christ est le Héros, la gloire de mon coeur. Il fait au delà de tout ce que nous demandons et pensons.

Le chandelier à sept branches

Témoignage de Douglas Scott

Mr Douglas Scott 
En rendant ce témoignage, mon désir est de glorifier mon Sauveur et de le remercier de la manière dont il a posé sa main bénie sur moi, avant et après ma conversion.

Dès ma tendre enfance, j'assistais au culte où j'avais été baptisé par aspersion comme enfant, mais lorsqu'à un moment on introduisit des cérémonies que ma mère ne pouvait pas comprendre, elle décida d'aller là où elle pouvait comprendre afin de profiter du culte.

C'est ainsi que je me suis trouvé dans une école du dimanche où j'appris l'histoire Sainte et chaque année, dans les examens portant sur les Saintes Écritures, que je possédais dans ma mémoire, je réussissais à gagner un prix.

Dans cette école du Dimanche, personne ne s'est donné la peine de me montrer où je devais commencer la vie chrétienne, personne ne m a conduit à la croix du Sauveur. Un peu plus tard, j'ai quitté l'Ecole du Dimanche pour fréquenter "la Fraternité", et là j'ai entendu les orateurs les plus brillants, mais personne d'entre eux ne m'a donné la clé de la connaissance de Jésus-Christ.

Après ceci la guerre est venue et vers la fin je me suis trouvé en "Kaki " avec un équipement moral excellent mais sans pouvoir le garder, et il va sans dire que je suivis le chemin que suivent tous les soldats, le chemin du péché, parce que je ne pouvais pas résister à la tentation.

Après la guerre, je cherchais la lumière dans une autre Église, mais il n'y en avait point. On prêchait aux gens comme si tout le monde était chrétien, et par conséquent on n'expliquait pas le chemin du salut. J'étais encore dans les ténèbres sur la question capitale : le salut de mon âme. Le monde était maintenant complètement entré dans mon cœur Je travaillais dans un bureau pendant la journée, et le soir, je jouais du violon, soit pour le bal, soit pour le cinéma et je remplissais ce qui restait de ma vie, avec le football et la course à pied.

Satan rendait mon chemin très facile et tout ce que j'entreprenais réussissait, surtout la course à pied. Chaque semaine je rapportais un prix chez moi. Le dieu de ce monde a voulu m'aveugler afin que je ne visse pas la réalité de l'éternité, de manière qu'étant atteint d'un empoisonnement du sang et du tétanos je pensais que c'était la fin. Mais même à ce moment je ne pensais pas à l'éternité.

La soirée que je pensais être la dernière, je l'ai passée en m'amusant avec quelques amis, toute la nuit avec la pensée qu'au moins je jouirais de ceci : ma dernière nuit sur la terre.

Dieu fut bon envers moi. Je recouvrai la santé. Il commença à me prendre en main; gloire à son Saint nom ! Il m'appela en trois occasions différentes, et à la troisième je me donnai à lui, esprit, âme et corps. J'ai trouvé en lui ce que le monde ne pouvait pas me donner : la satisfaction complète.

La première fois, j'attendais une jeune femme, quand un jeune homme s'approcha de moi et me fit cette question : "Êtes-vous sauvé?" Je lui expliquais toutes les choses que je faisais dans la religion, mais pas celles que je faisais dans le monde. Il me laissa un prospectus et j'entendis la voix de Dieu retentir à sa question.

Ensuite, il vint dans notre ville, une mission à laquelle toutes les Églises prirent part, et le dernier soir je me trouvais à la réunion. Il n'y avait pas d'appel direct à la conversion, autrement j'aurais répondu, car le Saint-Esprit commençait à me travailler. D'abord, ceux qui étaient sauvés se levèrent en réponse au désir du prédicateur. Les uns se levèrent tout de suite, les autres ne savaient pas s'ils devaient se lever ou rester assis; finalement ils se levèrent aussi. Je vous laisse juger s'ils étaient sauvés ou pas.

Pour moi je restais assis ainsi qu'une personne à ma droite. La réunion se termina sans que personne vînt me parler de mon âme. J'avais cependant soif de Dieu, et Dieu me conduisit merveilleusement, gloire à son nom!

Un jour, je me trouvais dans une rue de Londres, quand la mélodie d'un chant parvint à mes oreilles. Je m'approchais et je trouvais plusieurs jeunes gens qui prêchaient la Parole de la Vérité. Un de ces jeunes gens s'appelait Mr. BERHOLZ (il a été président des Assemblées de Dieu en Pologne), il prêchait sur la croix et sur les souffrances de Christ. Son message, quoique dit dans un anglais très imparfait, fit ce que plusieurs prédications en bon anglais n'avaient jamais fait. Et c'est ainsi que je fus amené aux pieds de Jésus.

Je me livrais complètement à celui qui était mort au calvaire et les rues de Londres me paraissaient comme pavées d'or quand je rentrais à mon bureau.

Alors Dieu commença à faire une oeuvre de sanctification dans ma vie. Le Saint-Esprit me montra ce qui devait changer. J'avais plusieurs engagements pour aller jouer du violon en divers lieux, mais celui que j'avais pris envers Jésus me suffisait. Mon violon comprit que son Maître était devenu une nouvelle créature en Jésus-Christ et qu'il ne devait plus jouer de ces mélodies profanes.

Je quittais aussi la course à pied, mais je continuais à jouer au football le samedi et pas le dimanche. Mais Dieu me voulait entièrement. Dans sa grâce, Dieu me donna trois avertissements. Deux fois j'eus des accidents à un genou; or je n'en avais jamais eu auparavant au cours de plusieurs années pendant lesquelles je pratiquais le football. Finalement, pendant que je jouais, un voleur prit tout ce qu'il y avait dans mes poches, mon argent et même une montre en or que j'avais gagnée sur la piste. Je décidais de quitter pour toujours le football.

Définitivement sauvé je cherchais un "bercail" spirituel, car je ne désirais pas retourner au " vieux vin" du formalisme. Je priais Dieu continuellement, lui demandant de me conduire dans un foyer vraiment spirituel. Chaque dimanche, je sortais pour le trouver et finalement le Seigneur me conduisit dans une rue où il y avait quatre Églises : l'Armée du Salut, les Frères dits "ouverts" (là dedans j'aurais reçu assez pour faire une belle mort, mais j'avais besoin de quelque chose de plus ; quelque chose avec quoi je pourrai vivre à la Gloire de Dieu et entrer dans son service). Il y avait aussi une Église Spirite et une autre sans étiquette, mais avec du "vin nouveau" au-dedans.

Quand j'entendis chanter ce fut assez pour moi. C'était le même chant que j'avais entendu à Whitecross, le chant dit sous l'onction de l'Esprit. Ce qui me décida à appartenir à cette Église ce fut la manière chrétienne dont on me reçut. Dans nos Assemblées nous devons veiller à bien accueillir nos visiteurs, car cette première prise de contact est d'une grande importance. Dans plusieurs endroits, on les laisse trouver une place, un cantique, sans leur réserver une chaleureuse réception. Cette première réunion à laquelle j'assistai était un service de Sainte Cène. J'entendis parler en langue avec interprétation, mais cela ne me troubla pas du tout. J'étais seulement curieux d'en connaître davantage sur cette manifestation. J'avais trouvé un lieu de repos spirituel et le dimanche suivant, je me suis mis tout à fait au premier rang pour entendre ces langues nouvelles.

J'assistai le mercredi à la réunion consacrée aux jeunes. Ce qui me remplit d'admiration, ce fut d'entendre ces jeunes gens expliquer les Écritures d'une façon magistrale.

Pendant que je fréquentais ces réunions, j'entendis parler plusieurs fois d'une puissance qu'on devait recevoir. Plus tard - le Seigneur en soit béni - je fut revêtu de cette puissance. C'était le baptême dans le Saint-Esprit.

Georges JEFFREYS vint pour une mission dans notre Assemblée et je m'approchai pour être guéri. Quand il m'imposa les mains au nom de Jésus, je sentis la puissance de Dieu qui traversa tout mon être.

Le frère Georges JEFFREYS demanda si je cherchais le Saint-Esprit. Sur ma réponse affirmative, il pria pour moi. Dieu exauça sa prière. Un dimanche matin, pendant que je méditais sur cette parole : "Au-dessous sont les bras de l'Eternel!", e me sentis élevé dans l'infini de Dieu. Sa puissance traversa à nouveau tout mon être me baptisant dans le Saint-Esprit. Je magnifiai Dieu en des langues nouvelles. Les paroles humaines ne peuvent exprimer cette bénédiction. Dieu me montra ce que cette puissance était pour son service et il me conduisit à Whitecross street, à l'endroit où il m'avait sauvé, pour que je témoigne de son amour et de sa grâce.

Là, pendant deux ans, une demi-heure chaque jour, il me fut donné de prêcher la croix de Jésus et nombreux sont ceux qui ont trouvé le salut pendant ces jours bénis.

Les réunions en plein air le dimanche et le samedi furent mon École Biblique, surtout quand il fallait répondre aux questions que posaient souvent les athées et les libres penseurs. Au cours d'une distribution de traités, de maison en maison, j'arrivai à comprendre la nature humaine et son besoin de l'Evangile. Mais ce ne fut que lorsque, sous une tente, nous commençâmes à prêcher la Guérison Divine aussi bien que le Salut, que nous trouvâmes le chemin des cœurs. Nous avons vu que parfois, lorsqu'un malade incurable est guéri par Jésus, toute sa famille acceptait l'Evangile du salut.

Ce fut avec une sainte crainte, que selon le commandement de Jésus (Marc 16-18) pour la première fois, nous posâmes nos mains sur une sœur afin qu'elle soit guérie. A la réunion suivante elle témoigna avoir reçu du Seigneur une guérison complète. Dès lors nous trouvâmes facile d'imposer les mains aux malades.

Je suis arrivé à connaître la Parole de Dieu en posant des questions à tous les pasteurs avec lesquels j'étais en contact et c est ainsi que le pasteur WHITTLE fut vraiment entre les mains de Dieu l'instrument d'une grande bénédiction pour mon âme.

Nous fondâmes l'Assemblée de LAINDON et là nous travaillâmes fidèlement pendant deux ans avant de la laisser entre les mains de Mr. COLEMAN.

Je ne veux pas oublier de raconter comment, étant fiancé à une femme mondaine, Dieu me parla et me montra la triste fin de Salomon. Il me fit comprendre qu'il fallait rompre mes fiançailles et le suivre complètement.

Je rencontrai là de grandes difficultés, étant mal compris même par les chrétiens, mais plus tard Dieu m'a donné une compagne qui m'a aidé dans les luttes spirituelles que j'ai eu à soutenir dans mon ministère.

Avant de terminer, laissez-moi vous raconter comment Dieu m'a conduit pour travailler pour lui en France.

Le missionnaire BURTON de la Mission évangélique du Congo, me conseilla d'aller au Havre pour me perfectionner dans la connaissance de la langue française. Là Mlle BIOLLEY, me fit promettre de revenir au Havre avant d'aller en mission. Nous ne savions exactement que faire, mais avec foi nous remîmes tout entre les mains de notre Père céleste, ayant l'assurance qu'il nous conduirait selon ses promesses. Nous connûmes bientôt que c'était la volonté de Dieu. Cependant comme Gédéon nous demandâmes un signe surnaturel au Seigneur.

Un vendredi soir, à son Collège, Dieu me donna un message en langue arabe qui fut compris par une personne comprenant cette langue. Le président de la réunion l'interpréta et l'interprétation fut reconnue exacte par la personne en question.

Cela nous montre que la "glossolalie" si méprisée par certains dans notre temps est semblable aux langues que les apôtres parlèrent le jour de la Pentecôte.

Pour nous, le message fut plus que tout cela. Ce fut une confirmation divine de notre appel, une réponse directe à notre prière. Alléluia!

Dieu nous dit : "Je t'ai montré le premier pas, je te conduirai pas a pas, car avec ton Seigneur, c'est un pas à la fois".

Depuis ce moment, il nous conduit un pas à la fois. Nous ne demandons pas à voir au loin. Un pas à la fois c'est assez, pourvu que Dieu nous conduise.

Seigneur, bénis ce témoignage pour tous ceux qui sont appelés à ton service

QUE DIEU EN SOIT BENI !

Le chandelier à sept branches

 Témoignage d'Hudson Taylor

 
 Dans l’année 1854, un bateau naviguant en mer fut arrêté au voisinage de la Nouvelle Guinée. Voyant la détresse qui se lisait sur le visage du capitaine alors qu’il scrutait attentivement la mer, un jeune Anglais lui demanda la raison de son inquiétude. Voici ce qui fut sa réponse : "Un courant à quatre nœuds nous entraîne rapidement vers quelques récifs submergés là-bas. Notre destin semble être scellé." Sur les rivages de l'île, les cannibales couraient ici et là et allumaient des feux dans une grande jubilation. Puis, le capitaine parla de nouveau : "Nous avons fait tout ce qui peut être fait." "Non," répondit le jeune homme, "il y a une chose que nous n'avons pas faite. Quatre d'entre nous à bord sont chrétiens. Laissez chacun d'entre nous se retirer dans sa cabine, afin que, dans l’unité de la prière, il demande au Seigneur de nous donner une brise immédiatement." Il en fut convenu et fait ainsi. Après quelques minutes d'intercession fervente, le jeune homme retourna sur le pont confiant dans le fait que sa requête lui avait été accordée. En trouvant le premier officier, un homme impie, en service, il lui demanda de déployer la grande voile. "A quoi bon cela servirait-il?" demanda-t-il. Le jeune homme lui dit que lui et trois autres avaient demandé à Dieu d'envoyer un vent, que celui-ci allait venir sur le champ et qu'il n'y avait pas une minute à perdre, puisqu’ils étaient également près des récifs. Avec un regard de mépris, l'officier répondit avec un juron : "Idiotie! C’est impossible de prier pour que le vent se lève." Remarquant quelques instants plus tard que
la plus haute voile commençait à trembler, il dit : "C'est seulement une patte de chat - une simple bouffée de vent." "Ne faîtes pas attention à ce que vous pensez," cria le jeune homme. "Déployez la grande voile rapidement."

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour se mettre à l’ouvrage. En entendant le lourd pas des hommes sur le pont, le capitaine jeta un coup d’œil de sa cabine et vit que la brise était en effet venue. En quelques minutes, ils s’éloignèrent des dangereux récifs, à la grande déception des cannibales indigènes qui étaient sur la plage.

En écrivant sur ces choses et sur des expériences semblables, le jeune homme dit : "Ainsi Dieu m'encourageait, jusqu'à notre débarquement sur les rivages de Chine, à Lui apporter chaque besoin spécifique dans la prière et à m'attendre à ce qu'Il honore le nom du Seigneur Jésus et accorde Son aide toutes les fois où une situation d'urgence l’exige."

Ainsi, il nous a été présenté un homme remarquable, J. Hudson Taylor, et le texte de Jean 14:13, qui était tissé sur le tissu de sa vie et sur la texture de ses accomplissements extraordinaires: "Et tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai afin que le Père soit glorifié dans le Fils." 

LA FONTAINE QUI PURIFIE DU PÉCHÉ

James Hudson Taylor naquit à Barnsley, en Angleterre, le 21 mai 1832. Il eut le privilège d’être né dans une maison véritablement pieuse. Le ciel l’entourait durant son enfance. Il le voyait dans la foi de son père et dans les prières de sa mère. Bien même avant sa naissance, ses parents l'avaient consacré à Dieu et avaient prié pour qu’il devînt missionnaire en Chine, quoique cette information lui eût été cachée longtemps après il avait atteint ce pays.

Malgré le pieux exemple et l'enseignement de ses parents, Hudson devint un jeune homme sceptique et mondain. Il commença à penser que, pour cette raison ou pour une autre, il ne pouvait pas être sauvé et que la seule chose qu’il pût faire, c’était de se remplir de ce monde-ci, puisqu’il n'y avait aucun espoir pour lui dans l’autre.

La conversion de Hudson Taylor, comme toutes les autres choses dans sa vie, est un monument dressé en l’honneur de la puissance de la prière. Quand il eut environ dix-sept ans, il se rendit un après-midi à la bibliothèque de son père à la recherche d'un livre avec lequel il pourrait passer le temps. Finalement il prit un tract évangélique qui lui semblait intéressant, se disant à lui-même  : "Il y aura une histoire au début et un sermon à la fin. Je lirai la première chose et sauterai la deuxième."

Il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer au même moment dans le cœur de sa mère, qui était sortie faire une visite à 100 ou 120 kilomètres de là. Ce même après-midi, elle alla dans sa chambre soupirant intensément après la conversion de son fils, ferma la porte à clé et se résolut à ne pas quitter l'endroit jusqu'à ce que ses prières fussent exaucées. Heure après heure, elle continua à supplier, jusqu'à ce qu’à force elle se relevât avec l’heureuse assurance que l'objet de ses prières avait déjà été accompli.

Pendant ce temps, au cours de sa lecture du tract, Hudson s'était heurté contre l'expression : "l’œuvre achevée de Christ." En se remémorant ces mots : "Tout est achevé", il souleva la question : "Qu'est-ce qui a été achevé ?" Il répondit immédiatement: "Une expiation et une satisfaction pleines et parfaites pour le péché. La dette a été payée par le Substitut. Christ est mort pour nos péchés et pas pour les nôtres seulement, mais aussi pour les péchés du monde entier." Vint ensuite la pensée : "Si l’œuvre a été entièrement achevée et la dette entièrement payée, qu'est-ce qu’il me reste à faire?" Vint alors la réalisation bénie qu'il n'y avait rien au monde à faire, sinon plier les genoux dans la prière, et dans la foi accepter le salut acquis par Christ. "Ainsi", dit Hudson, "tandis que ma chère mère louait Dieu sur ses genoux dans sa chambre, je Le louais dans le vieil entrepôt où j'étais parti seul pour lire à mon loisir ce petit livre."

Plusieurs jours plus tard, il raconta à sa sœur sa joie de fraîche date en Christ et réussit à obtenir d’elle la promesse qu’elle n’en parlerait à personne. Quand la mère retourna à la maison une quinzaine de jours plus tard, il la rencontra à la porte et lui dit qu'il avait des bonnes nouvelles à lui annoncer. Ecrivant de nombreuses années plus tard, Hudson Taylor dit : "Je peux presque sentir les bras de cette chère mère autour de mon cou, alors qu’elle me pressait sur sa poitrine et dit : 'Je sais, mon garçon. Je me suis réjouie pendant une quinzaine de jours des heureuses nouvelles que tu allais me dire.' 'Amelia a rompu sa promesse ?' demandai-je surpris ? 'Elle m’a dit qu'elle ne le dirait à personne.' Ma chère mère m'assura que ce n’était d'aucune source humaine qu'elle avait appris les nouvelles et continua en racontant l'incident mentionné ci-dessus."

Tandis que la mère, bien loin de lui, priait dans la foi pour qu’il pût ce même jour entrer dans l'expérience du salut, il goûta en réalité à sa félicité, ayant compris qu'il ne lui restait rien à faire sinon se saisir de l’œuvre accomplie du Calvaire, par la foi croyant, dans la prière recevant. La mère et le fils lançaient de la même façon leur ancre dans la promesse de Jean 14:13: "Tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils." Ce texte lui était précieux, parce que ce dernier avait mené tout d'abord son âme polluée, et ensuite sa personne même, jusqu’à la fontaine purifiante du Calvaire. 

L'AUTEL DE LA CONSÉCRATION

Au bout de quelques mois, le jeune Taylor commença à sentir un grand sentiment d’insatisfaction vis-à-vis de son état spirituel. Son "premier amour" et son ardeur pour les âmes étaient devenus froids et il n'avait pas la victoire sur le péché. Il ne doutait pas de sa conversion, mais il était convaincu, par sa connaissance des Saintes Ecritures et par la vie de certains chrétiens remarquables, qu'une expérience plus profonde de la bénédiction divine pourrait être sa part. Il ne pouvait se satisfaire de rien de moins que du meilleur, le meilleur de Dieu. Comment pourrait-il l'obtenir ? Il pensa au texte qui était apparu flamboyant tout au long de son sentier à chaque heure de besoin et de grande décision : "Tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai." Il croyait que le salut ressemble "au miel du rocher" - au miel à cause de sa douceur, au rocher à cause de sa force. Par la prière, il était entré dans la douceur du salut. Par la prière, il cherchait maintenant la force du salut. Animé par des aspirations profondes, il se retira un après-midi afin d’être seul avec Dieu.

Je me souviens bien " dit-il, " comment j'ai répandu mon âme devant Dieu. Confessant à maintes reprises mon amour plein de reconnaissance à Son égard, Lui qui avait tout fait pour moi,... je L'ai prié de me donner une quelconque œuvre à accomplir pour Lui comme une conséquence de mon amour et de ma gratitude... Je me souviens bien, alors que je me suis moi-même placé, -ma vie, tout de moi- sur l'autel, de la solennité profonde qui est venue sur mon âme avec l'assurance que mon offrande avait été acceptée... Une conscience profonde que je ne m’appartenais pas a pris possession de moi. " Ayant fait l’acte de la grande reddition, il était prêt à entendre la voix de son Seigneur prononcer les mots : "Qui ira pour Moi en Chine ? " Et lui de répondre : "J’irai, envoie-moi." Immédiatement, il commença à se préparer à la vigoureuse vie de pionnier. Il effectua plus d'exercices en plein air et échangea son lit de plumes contre un dur matelas. Régulièrement, chaque semaine, il distribua des tracts et tint des réunions dans des maisons de campagne. À l'aide d’un exemplaire de l'Évangile de Luc en dialecte mandarin, il commença à étudier la langue chinoise.

Un jour, il rendit visite au ministre de l’Eglise Congrégationnelle et lui demanda s’il pouvait lui emprunter son exemplaire du livre " La Chine " de Medhurst, lui expliquant que Dieu l'avait appelé à Le servir comme missionnaire dans ce pays. "Et comment comptez-vous aller là-bas?" demanda le ministre. Taylor répondit qu'il ne savait pas mais selon toute probabilité, il irait de l’avant comme le firent les Douze et les Soixante-dix, comptant uniquement sur Celui qui l’envoyait et qui pourvoirait à tous ses besoins. Plaçant sa main sur l'épaule du garçon, le ministre répondit  : "Oh, mon garçon, lorsque tu grandiras, tu deviendras plus sage que cela. Une telle idée marcherait à l’époque où Christ Lui-même était sur la terre, mais pas de nos jours."

Puisque tout de lui était sur l’autel, Taylor pouvait dire : "Dieu et Dieu seul est mon espoir et je n'ai besoin de personne d’autre." 

LE TEXTE LUI APPRIT À TOUCHER L’HOMME, PAR DIEU,

PAR LA PRIÈRE SEULE

Le jeune Taylor commença à étudier la médecine ainsi que le grec, l’hébreu et le latin. Il avait compris, néanmoins, que la préparation la plus importante de toutes devait avoir lieu dans le domaine de sa propre âme. En Chine, il allait devoir dépendre tout à fait de son Seigneur pour toutes choses - sa protection, la provision à ses besoins. Par crainte de subir plus tard un échec malheureux, il décida de mettre à l’épreuve à fond la promesse du Sauveur : "Tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai." Il résolut d'apprendre, comme il le dit, "avant de quitter l'Angleterre, de toucher l'homme, par Dieu, par la prière seule."

Il fit la tentative dans une situation spécifique touchant à son salaire. Son employeur avait demandé à Hudson de lui rappeler chaque fois le moment où son salaire lui était dû, ce qu'il décida de ne pas faire selon la tradition habituelle. Au lieu de cela, il abandonna complètement tout dans les mains du Seigneur. Alors qu'il continuait à prier sérieusement sur cette question, le temps du paiement d’un quart de son salaire arriva. En contrôlant ses comptes un samedi soir, il vit qu’il se trouvait dans la situation de posséder seulement une pièce de monnaie restante – une pièce d’une demi-couronne. A dix heures environ, dans la nuit du dimanche à lundi, alors qu’il effectuait un travail d’évangélisation dans diverses pensions, un homme pauvre lui demanda d'aller prier avec sa femme qui se mourait. Il fut conduit à descendre dans une cour et à monter un affreux escalier, pour pénétrer dans une pièce misérable. Quelle vue pathétique se présentait là devant lui ! Quatre ou cinq enfants se tenaient debout autour de lui, leurs joues et leurs tempes creuses retraçaient incontestablement l'histoire de leur lente famine; et sur une misérable palette, était couchée une mère au regard affligé avec un enfant en bas âge gémissant à ses côtés. "Oh", pensa Taylor, "si j'avais deux shillings et six pence, au lieu d’une demi-couronne, combien ils seraient heureux de recevoir 1 shilling et six pence." Il était prêt à leur donner une partie de ce qu'il avait, mais pas la pièce de monnaie entière. Il chercha à les consoler en disant que malgré l'affliction qu’ils vivaient dans leur situation, il y avait un Père plein de bonté et d'amour qui les observait depuis le Ciel. Mais quelque chose en lui s’écria: "Hypocrite que tu es! Tu parles à ces gens non convertis d'un Père plein de bonté et d'amour dans le Ciel et tu n’es pas prêt toi-même à Lui faire confiance sans la demi-couronne."

Il se sentait maintenant très malheureux. Si sa pièce de monnaie avait été seulement changée, il donnerait volontiers un florin et garderait seulement les six pence restants. Mais il n’était pas encore prêt à avoir confiance en Dieu seul, sans les six pence. Incapable de continuer la conversation, il dit à l'homme : "Vous m'avez demandé de venir prier avec votre femme. Prions." Il s’agenouilla, mais à peine avait-il dit : "Notre Père," qu'il entendit une voix prononcer ces paroles : "Oses-tu railler Dieu ? Oses-tu t’agenouiller et l'appeler Père avec cette demi-couronne dans ta poche ?" La prière terminée, il se leva.

"J'ai mis la main dans ma poche," dit-il, "et lentement, faisant sortir la demi-couronne, l'ai donnée à l'homme, lui disant que cela pourrait sembler une affaire facile pour moi que de les soulager, parce qu’il voyait que j'étais relativement aisé, mais qu’en me séparant de cette pièce de monnaie je lui donnais tout ce que j’avais; mais la chose même que j'avais essayé de leur dire était en effet vraie - Dieu est vraiment un Père et l’on peut avoir confiance en Lui. Et quelle joie m’était-elle revenue comme de grosses vagues indondant mon cœur! Non seulement la vie de la pauvre femme fut sauvée, mais ma vie aussi avait été sauvée." Il était convaincu que l'argent ainsi donné au nom de Christ était un prêt que Dieu rembourserait.

Il rentra chez lui le cœur heureux, et avant de se coucher, il demanda au Seigneur que son prêt ne fût pas trop long ou sinon il n'aurait rien à manger le jour d’après. Tôt le lendemain matin, il entendit le facteur frapper à la porte. Il ne recevait presque jamais de lettres le lundi matin, d’où son étonnement de voir entrer la propriétaire avec une lettre à la main. En ouvrant l'enveloppe, il trouva une feuille de papier blanc et un demi-souverain. "Loué soit le Seigneur!" s’exclama-t-il. "Quatre cent pour cent pour un investissement de douze heures!" Il apprit séance tenante que la banque du Ciel est toujours sûre et paye de bons dividendes.

Sa foi dans la puissance de la prière fut énormément affermie, mais au bout de deux semaines, son argent fut dépensé et son employeur ne s'était toujours pas rappelé qu’il devait lui payer son salaire. Il consacra beaucoup de temps à lutter avec Dieu dans la prière. Samedi soir, sa propriétaire allait s’attendre à être payée. A environ cinq heures, cet après-midi là, le docteur Hardey vint le trouver et lui dit : "À propos, Taylor, est-ce que je ne vous dois pas votre salaire de nouveau  ?" Informé qu’il lui devait son salaire et que ce dernier était en retard de paiement, le docteur exprima le regret de ce qu’il n'y avait pas pensé plus tôt, car, dit-il, "cet après-midi à peine j'ai envoyé tout l'argent que j'avais à la banque. Autrement, je vous aurais payé immédiatement."

Profondément déçu, quoique se gardant soigneusement de le faire savoir à son employeur, Taylor se rendit dans un endroit calme et déversa son cœur devant le Seigneur. A environ dix heures, le soir même, le docteur Hardey apparut, riant chaleureusement. "Une chose étrange m’est arrivée à l’heure même," lança-t-il. "Un de mes patients les plus riches s'est senti obligé de venir chez moi à dix heures la nuit pour payer sa facture, au lieu d'envoyer un chèque selon son habitude. Très étrange!" Après avoir crédité le paiement dans le grand livre, le docteur était sur le point de partir, quand soudainement il tendit au jeune Taylor plusieurs des billets de banque en lui disant : "A propos, vous pourriez aussi prendre ces billets comme paiement de votre salaire." "De nouveau il ne me restait plus," conclut Taylor en rapportant cet incident, "mes sentiments n’ayant pas été découverts, qu’à retourner à ma petite chambre pour louer le Seigneur avec un cœur joyeux de ce qu'après tout il était possible que j’aille en Chine."

Ces derniers mots - "après tout il était possible que j’aille en Chine" - révélait l'obsession dévorante au fond de son être. Après des études de médecine plus poussées à Londres, il accepta la nomination en tant que missionnaire sous la tutelle de la Société d’Evangélisation de la Chine et embarqua le 19 septembre 1853. Après un voyage tumultueux et après que le bateau à deux occasions fut à quelques pas de la destruction, il atteignit Shanghai sans encombres le 1er mars 1854.

Enfin en Chine! Il n'était pas là pour se refaire une santé ni pour une partie de plaisir, mais comme ambassadeur de Christ. Il se plongea dans l'étude de la langue, dans laquelle il avait fait un certain progrès en Angleterre et sur le bateau. Maintenant qu'il était très intimement en prise avec l'idolâtrie et la superstition, il était presque écrasé par l'énormité de l'entreprise à laquelle il s'était engagé. Durant de nombreux de mois, il parla et prêcha sans observer un seul signe de résultats. Que devait-il faire pour obtenir le succès dans ses efforts ? De nouveau, Jean 14:13 vint à son secours. 

LE SECRET DE LA PREOCCUPATION

DE LA CONQUÊTE REUSSIE DES ÂMES 

Taylor aspirait à la compassion de cœur qui donne lieu à la conquête réussie et fervente des âmes, et les paroles de Jésus : " Demandez tout ce que vous voudrez en Mon nom " spécifient clairement que la prière est le moyen désigné par Dieu de parvenir à une fin spirituelle. L'ordre Divin est illustré dans le Psaume 126, versets 4-6 : (1) Supplier pour obtenir la bénédiction, (2) Semer dans les larmes, (3) Moissonner dans la joie. Autrement dit, les points concernant la prière qui sont en jeu sont "pleurer ", et " pleurer " dans la " moisson ".

Alors qu’il voyageait en bateau un jour, Taylor entra en conversation avec un Chinois qui avait une fois visité l'Angleterre, où il se rendit sous le nom de Peter. L'homme écouta attentivement la présentation que fit le missionnaire de l’amour salvateur du Christ, et fut même touché jusqu’aux larmes, mais il refusa d’accepter sur le champ l’offre du salut. Un peu plus tard, de toute évidence dans un accès de grand découragement, Peter sauta dans la mer et s’enfonça. Dans un suspense agonisant, Taylor rechercha de l’assistance dans les parages et aperçut tout près un barque de pêcheurs avec un filet pourvu de crochets.

"Venez!" cria Taylor aux pêcheurs. "Lancez le filet à cet endroit. Un homme est tombé ici et est en train de se noyer!"

"Ce n'est pas commode," fut la réponse insensible.

"Ne parlez pas de commodité!" cria le missionnaire. "Un homme se noie."

"Nous sommes occupés à pêcher et ne pouvons pas venir," répondirent-ils.

Quand Taylor insista vivement pour qu’ils vinssent immédiatement en leur proposant de les payer, ils exigèrent de savoir combien. Son offre de cinq dollars fut repousée. Il dit alors: "S’il vous plaît, venez vite et je vous donnerai tout l'argent que j'ai - environ quatorze dollars." Finalement, le bateau fut amené et les crochets jetés dans la mer. Il fallut moins d'une minute pour remonter le corps mais tous les efforts de réanimation échouèrent. La vie était éteinte.

Pour Taylor Hudson, cet incident était profondément triste en lui-même et pathétique dans sa signification comme parabole. Est-ce que ces pêcheurs n'étaient pas coupables de la mort du Chinois, dans la mesure où ils avaient l’opportunité et le moyen de le sauver, mais avaient refusé de les utiliser ? Plus que certainement ils étaient coupables. "Et pourtant, "dit Taylor,"interrompons-nous un instant avant de prononcer un jugement contre eux, de peur d’un jugement plus grand que celui donné dans la réponse de Nathan : 'Tu es cet homme.' Est-ce que c'est une chose si mauvaise que de négliger de sauver le corps? Combien plus douleureuse est la punition dont est ainsi digne celui qui laisse l'âme immortelle périr. Le Seigneur Jésus m’ordonne, vous ordonne: 'Allez par tout le monde et prêchez l'Evangile à toute la création.' Lui dirons-nous : 'Non, ce n'est pas commode?’ Lui dirons-nous que nous sommes occupés à la pêche ou à d'autres affaires et ne pouvons pas y aller ? Il est inutile que nous chantions comme nous faisons souvent  : ‘Des bourrasques, des bourrasques enroulent l'histoire.’ Les vents ne porteront jamais l'histoire mais ils peuvent nous porter. Oh, prions et gémissons de douleur pour le salut des millions d’âmes non évangélisés de la Chine. " Hudson Taylor croyait que les coeurs froids des chrétiens ne pourraient être réchauffés pour se transformer en une flamme qui se soucie d’un monde perdu pour lequel Christ est mort, que par la prière fervente.

Après plusieurs années de labeurs infatigables, le serviteur de Dieu se trouva assailli par une période de déceptions diverses et de sévères tristesses. Un certain nombre d’ouvriers furent frappés d'incapacité par une mauvaise santé, tandis que d'autres moururent; quelques uns des indigènes convertis avaient fini dans le péché et l'idolâtrie; et les ressources financières étaient à un niveau très bas. Au lieu de regarder aux circonstances, cependant, il pensa à Dieu comme La Grande Circonstance et s’écria à Lui pour obtenir la bénédiction dans la moisson des âmes. Il écrivit à un collègue ouvrier: "Continuez à prier! Continuez à travailler! Ne soyez pas effrayés par le dur labeur ou par la croix. Ils payeront bien."

Et c’est ce qu’ils firent, au temps de Dieu et selon Ses voies. Depuis les marches du temple principal de Cheng-hsien, il prêcha longtemps et avec ferveur à une foule qui s'était réunie; et, lorsque, de pure fatigue, il ne put plus se faire entendre, il monta plus haut sur la colline pour y déverser son coeur dans l'intercession pour les multitudes de Chine, vivant, mourant sans Dieu et sans espoir. Quelques nuits plus tard, il se trouva lui-même entouré par une compagnie de pieux croyants, qui durant de longues années, brillèrent comme des lumières dans un monde de ténèbres. Un des convertis était Monsieur Nying, un fier érudit confucianiste, qui devint un témoin chrétien de grande ardeur et armé de puissance. Un autre était Lao Kuen, transformé d’homme terrorisant la ville en un doux et ardent évangéliste de Christ. Un autre était le gardien d'une maison de jeu et d'une maison de mauvaise réputation. A sa conversion, il bannit les tables de jeu, vida sa maison des mauvais personnages et transforma sa plus grande pièce en chapelle. De plus, il la fit nettoyer et purifier avant de l'offrir, gratuitement, comme lieu d’adoration. Croyant dans la foi, recevant dans la prière, Taylor avait compté sur Christ pour les âmes. Il se réjouit de ces miracles de la grâce, croyant avec confiance qu'ils étaient les premiers fruits d'une grande moisson dans cette région de Chine. Il avait demandé et la réponse était en partie venue, "afin le Père soit glorifié dans le Fils." 

LA PRÉSENCE QUI SOUTIENT ET QUI PROTEGE SANS JAMAIS FAILLIR

De toutes les bénédictions Divines, Hudson Taylor aspirait le plus à la présence fidèle et constante de Son Seigneur. Rien d'autre ne lui importait réellement, car en Sa présence se trouvaient la protection adéquate, la l’abondance de la force et la plénitude de la joie. Et il était convaincu que cette bénédiction, comme toutes les autres, était incluse dans le " tout ce que vous demanderez " du Sauveur et obtenue sous la même condition - "demandez". Jean 14:13 précisait clairement que c’était par la prière qu’il devait entrer dans la Présence. Cette Présence l'avait-t-elle jamais laissé tomber ? Nous allons le voir.

Le 20 janvier 1858, Hudson Taylor épousa Maria Dyer, une missionnaire habitant Ningpo. Durant l’été 1867, leur petite Gracie, de huit ans, l'idole de leurs coeurs, tomba malade d'une façon critique. Quelques jours plus tôt, Gracie avait vu un homme fabriquant une idole.

"Oh, papa," s'était-elle exclamé avec sérieux, "il ne connaît pas Jésus sinon il ne ferait jamais cela! Ne vas-tu pas le lui dire?" C’est ce qu’il fit, la petite fille suivant l’affaire avec un ardent intérêt. Plus tard, elle pria le plus ardemment pour le fabricant d'idoles et pour tous les Chinois fabriquant et adorant des idoles.

Juste une semaine plus tard, Gracie mourait. Leur perte était accablante et le tentateur chuchotait : "Votre Dieu vous a abandonnés." Mais le père écrivit quelques semaines plus tard : "Notre chère petite Gracie! Comme sa douce voix nous manque... et le miroitement de ces yeux brillants. Mais Celui qui a dit : 'Je ne vous abandonnerai jamais' est avec nous ... rien ne peut jamais se substituer à la Présence de Christ."

"Je ne vous abandonnerai jamais" disait la promesse.

"Rien ne peut se substituer à la Présence de Christ" déclara le missionnaire au milieu des larmes.

Le notoire bombardement de Canton par les Anglais en 1837 produisit une crise des plus sérieuses pour les missionnaires. Quand les nouvelles terribles du bombardement atteignit les Cantonais à Ningo [c'est-à-dire Ningpo], leur colère ne connut aucune limite et ils complotèrent immédiatement de faire mourir tous les étrangers de la ville. Sachant qu'un certain nombre d'étrangers se réunissaient chaque dimanche soir pour le culte dans une certaine maison, les comploteurs s’arrangèrent pour entourer la place une nuit pour tous les assassiner. En entendant parler du complot et du fait qu'entre cinquante et soixante Portugais avait déjà été tués, les missionnaires se réunirent pour chercher la présence protectrice du Très-Haut et se cacher sous l'ombre de Ses ailes.

En même temps, ils priaient que le Seigneur fût à l’œuvre. Un fonctionnaire inconnu vint à leur secours et empêcha l'attaque. "Ainsi de nouveau," dit Taylor, "nous avons été conduits à démontrer que 'suffisant est Son bras seul et sûre notre défense.' "

La Présence Protectrice entendit leur supplication et ne les abandonna pas à l’heure de leur besoin désespéré. Le 7 juillet 1870, Madame Taylor donna naissance à son sixième enfant - un fils qui vécut seulement une semaine. Sévèrement affaiblie par le choléra, la mère était dans une condition critique. Elle avait seulement trente-trois ans. Pendant douze ans, elle avait été la lumière et la joie de la vie de son mari et l'amour mutuel profond qui avait lié leurs coeurs ensemble rendait impensable la pensée de la séparation. Néanmoins, la lumière de sa vie s’évanouit devant ses yeux et il resta seul à nourrir son amer chagrin.

Seul ? Dans l'heure écrasante du chagrin, est-ce qu'il était seul ? "Je suis acculé" écrivait le missionnaire au coeur brisé, "à travailler dur et souffrir seul - non pas seul toutefois, car Dieu est plus proche de moi que jamais ... je suis affligé, mais pas abandonné. Jésus est ma vie et ma force et Son sein est mon lieu de repos maintenant et pour toujours."

Seul, et cependant non seul!
Affligé mais non abandonné!
Son sein... mon lieu de repos pour toujours!

La promesse : "Je ne vous abandonnerai jamais" était valide. La Présence Protectrice ne fit jamais défaut. Le texte poursuivait son prodigieux ministère.

LE TEXTE LE FIT PENETRER DANS UNE EXPÉRIENCE

PLUS PROFONDE DE LA GRÂCE DIVINE

Il est possible que d'autres pussent ne pas l'avoir discerné, mais il y avait dans le coeur de Hudson Taylor un poignant sentiment d'insatisfaction. Confronté à d'énormes exigences dans la direction de la Mission qui progressait rapidement, battu par les vents farouches des déceptions et des critiques, "vidé de navire en navire," il avait l’impression que sa vie spirituelle était plutôt une citerne crevassée que la fontaine jaillissante de plénitude que Jésus dépeint lorsqu’Il dit : "Celui qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein." A partir de sa connaissance des Saintes Ecritures et de la vie de saints chrétiens, il était convaincu qu'il existait une expérience plus profonde de la plénitude Divine qui lui était disponible. Il languissait de vivre une vie caractérisée par la plénitude du Saint-Esprit, une communion ininterrompue avec son Seigneur, la paix dans la tempête, la joie dans l'adversité et des accomplissements dans la dimension d’une vie sainte. Comment pouvait-il pénétrer dans cette œuvre plus profonde de la grâce, cette plénitude de puissance spirituelle ? Son texte favori indiquait le chemin : "Demandez en Mon nom." Jean 14:13 affirme que chaque bénédiction de Dieu et chaque promesse de Christ sont rendues disponibles par le canal de la prière.

Écrivant à ses parents en Angleterre, il parla librement de son besoin et de son intense désir : "Je ne peux pas vous dire combien je suis souffleté parfois par la tentation. Je n’avais jamais su à quel point mon cœur était mauvais... S’il vous plaît, priez pour moi. Priez que le Seigneur me garde du péché, me sanctifie complètement et m'utilise à plus grande échelle dans Son service."

Alors qu’il lisait la Parole et répandait les languissements de son coeur dans la prière, il fut impressionné de l’expectative évidente qu’avait Jésus de ce que tous Ses disciples devraient être "revêtus de la puissance d’en haut" et "marcher dans la sainteté devant Lui." Finalement il reconnut que ce dont il avait besoin, ce n’était pas de lutter ni de combattre, mais du repos; cette sanctification, comme le salut, n'est pas un accomplissement, mais un don d'en haut en réponse à la prière de la foi; cette sainteté n'est pas un statut de la perfection, mais est plutôt une relation - un repos en Jésus; ce fait de demeurer en Christ signifie être un avec Lui et être un signifie que toute la plénitude de Christ est la nôtre. Étant entré dans cette expérience sublime, sa vie fut étrangement et merveilleusement enrichie. Il écrivit à un collègue missionnaire:

"J'ai le même passage pour vous, un passage que Dieu a tant béni pour ma propre âme : Jean 7:37-39, 'Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi et qu’il boive'... Peu importe combien mon service est difficile, combien ma perte est triste, combien impuissant je suis, combien sont profonds les soupirs de mon âme, Jésus peut satisfaire à tous mes besoins. De plus, Il dit : 'celui qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein... ' Peut-il en être ainsi ? L'âme assoiffée peut-elle non seulement être rafraîchie, mais aussi si saturée que des fleuves coulent d’elle? Bien sûr! Et non des simples torrents de montagne qui débordent tandis que la pluie dure, et qui ensuite se dessèchent à nouveau; mais 'des fleuves d’eau vive couleront de son sein' - des rivières telles le Yangtze, continuellement une source puissante, qui coule toujours, profonde et irrésistible."

Toutes ses lettres transpirent dorénavant de cet unique thème absorbant. À sa sœur, il écrivit : "C'est une chose merveilleuse que d’être réellement un avec Christ. Pense à ce que cela implique. Christ peut-il être riche et moi pauvre ? Ta tête peut-elle être bien alimentée tandis que ton corps affamé ? Un employé de banque pourrait-il dire à un client : 'Je ne peux pas payer cette somme à votre main, mais seulement à votre moi' ? Plus jamais tes prières, ou les miennes, ne peuvent être discréditées si elles sont offertes au nom de Jésus; c'est-à-dire sur la base de ce que nous sommes les Siens, les membres de Son corps."

Son cœur retournait une fois de plus aux vérités transcendantes de Jean 14:13 - "Tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils."

L'ENTREPÔT DE LA BONTE ILLIMITÉE DE DIEU

Hudson Taylor misait entièrement sur les paroles plénières de Jésus : "Tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai." Il croyait, comme Jésus l’enseignait, que le Père Céleste n'est aucunément embarrassé par un quelconque manque de provisions et que si nous Lui demandions, dans une confiance enfantine, chacun de nos besoins serait pourvu. "Dépendez de la promesse," soutenait-il vaillamment, "de ce que l’œuvre de Dieu accomplie selon les voies de Dieu ne manquera jamais des ressources de Dieu." Est-ce qu’une confiance si naturelle était justifiée ? Jésus affirma : "Votre Père sait que vous en avez besoin... Demandez et vous recevrez." Est-ce aussi simple comme cela ? Nous allons le voir.

Sur la cheminée de la modeste maison de Hudson Taylor à Ningpo, il y avait deux rouleaux écrits en caractères chinois - Ebenezer, "Jusqu'ici le Seigneur nous a aidés", et Jéhovah Jireb, "le Seigneur pourvoira." La foi exprimée dans ces devises fut soumise à beaucoup de mises à l'épreuve sévères. Tout à fait soudainement l'ange de la mort emporta la femme de son missionnaire-associé, le docteur Parker, le laissant avec quatre enfants sans mère. A cause d’eux et parce que sa propre santé était ruinée, le docteur Parker fut contraint de retourner en Ecosse. Cela créa une crise au sein de la Mission, car le docteur Parker était le seul médecin à Ningpo. Il semblait que le dispensaire et l'hôpital de la mission devaient être fermés, car jusqu'alors les dépenses liées à leur fonctionnement avait été prises en charge par les revenus dû à l’exercice du docteur Parker parmi les Européens. Ce revenu était maintenant coupé. Taylor croyait que le fait de fermer l'hôpital et le dispensaire pour des raisons financières ne serait rien de moins que douter de Dieu. Appelant les assistants de l'hôpital à se rassembler, il leur expliqua la situation et dit : "Si vous êtes prêts à faire confiance à Dieu pour nos besoins, vous êtes invités à continuer votre travail ici. Autrement vous êtes libres de partir. J’ai confiance que Sa grâce est suffisante. Notre Dieu n’a-t-Il pas dit que quoi que ce soit que nous demandons au nom du Seigneur Jésus, cela sera accordé?"

Comme les semaines passèrent, les provisions diminuèrent. Un jour, le cuisinier annonça que le dernier sac de riz avait été entamé. Voici la réponse de Hudson: "Alors, le moment du Seigneur pour nous aider doit être tout proche." Et ce fut le cas. Avant que le riz ne fût complètement consommé, cinquante livres (250 $) arrivèrent d'Angleterre. Les coeur débordants, les ouvriers allèrent parmi les patients leur disant ce qui leur était arrivé et leur demandant : "Vos idoles vous ont-elles jamais délivrés dans vos problèmes ou répondu à la prière de cette sorte ?"

Chaque fois que Taylor avait besoin d'ouvriers, il le demandait au nom de Christ et pour Sa gloire et s’attendait à ce que le besoin fût pourvu. Rentré en Angleterre à cause de sa mauvaise santé critique, il fut confiné dans sa chambre pendant de nombreux mois. Alors qu’il se couchait sur son lit occupé dans ses pensées et à la prière, il entendit s’élever le cri des millions d’âmes de Chine sans Christ. Dans la pièce, se trouvaient deux objets qui tenaient lieu continuellement de stimulants et d’accusation :

La Bible ouverte avec son insistant commandement : "Allez ... à toute la création."

La carte de Chine avec son urgente requête : "Venez… nous aider."

Quand sa santé s’améliora, il fut encouragé par Monsieur Lewis, son pasteur et rédacteur du Magazine Baptiste, à écrire une série d'articles sur "les Besoins et Revendications Spirituels de la Chine." Chaque phrase était trempée dans la prière. "Ils périssent," écrivait-il, "un millier chaque heure, un million chaque mois, tandis qu'à moi et à chaque croyant, il est donné de demander dans la prière tout ce que nous voudrons; de demander sans limite au nom de Jésus."

Le nom incomparable - "Jésus!"
Le privilège incomparable - "demandez dans la prière!"
L'offre illimitée - "tout ce que vous voudrez!"

Ecrivant à sa mère à cette période, il cita le même texte de Jean 14:13 et la pressa de prier avec ferveur et foi.

Alors vint le 25 juin 1865, avec la décision épique prise sur les sables du Brighton Beach. Comme cela fut dit il y a longtemps au temps de Jacob, ainsi de nouveau, "là un homme lutta avec lui jusqu'à l’apparition du jour." La conviction vit le jour dans le cœur de Hudson Taylor, qu'il devait demander deux nouveaux ouvriers pour chacune des onze provinces inoccupées et deux pour le Tartary chinois et le Tibet, soit vingt-quatre en tout. Mais le soutien pour tant d’ouvriers suivrait-il  ? Leur ancre tiendrait-elle ferme au milieu des épreuves du service en Chine? Ou perdraient-ils courage et le blâmeraient-ils de les avoir amenés dans de telles privations ? Finalement, un brin de lumière fit irruption dans son esprit et il s'exclama : "Si nous obéissons au Seigneur, la responsabilité incombera sur Lui, pas sur nous." Tout de suite, il écrivit dans sa Bible  : "A Brighton, le 25 juin 1865, j’ai prié pour vingt-quatre ouvriers volontaires et habiles pour la Chine." Cette date marque l'anniversaire de la Mission Intérieure pour la Chine, si merveilleusement utilisée par Dieu. Le Seigneur de la moisson "propulsa en avant en effet des ouvriers" en réponse à la prière et toucha certains de Ses intendants pour subvenir aux fonds nécessaires à leur voyage et à leur soutien.

Chaque fois qu'il y avait un besoin en rapport avec l’œuvre du Seigneur, il croyait à la demande faite selon les instructions explicites de Jean 14:13. A une occasion, alors qu’il était en Angleterre, il comptabilisa les contributions reçues entre le 4 et le 24 du mois et constata qu'elles s’élevaient à soixante-huit livres. Appelant plusieurs amis à venir ensemble, il leur relata les faits et ajouta : "C'est environ 235 livres de moins que notre dépense moyenne en Chine pour une durée de trois semaines. Demandons au Seigneur de rappeler à certains de Ses gestionnaires les besoins de l’œuvre." La réponse ne tarda pas. Le soir même, une lettre arriva leur annonçant comment un cher chrétien s’était senti contraint de vendre un certain bijou et avait fait don du gain résultant en faveur de la diffusion de l'Evangile du salut. La somme inscrite sur le chèque joint à la lettre était de 235 livres, 7 shillings et 9 pennies.

Un jour, alors qu’il était en tournée d’évangélisation en Chine, il entra en conversation avec un vieil homme, du le nom de Dzing, qui dit : "Que dois-je faire de mes péchés ? Nos sages disent que nous devrions adorer des idoles et vivre seulement de légumes. Mais un régime végétal semble laisser intacte la question du péché, et l’adoration des idoles ne me satisfait pas. Je me couche sur mon lit et médite. Je m’asseois seul pendant la journée et je médite. J'ai soixante-douze ans et aujourd'hui je ne sais pas ce que me réserve l’avenir. Oh, monsieur! Pouvez-vous me dire ce que je dois faire de mes péchés ?" Avec tendresse, le missionnaire raconta "la vieille, vieille histoire de Jésus et de Son amour." Alors, entendant plusieurs centaines de millions de Chinois répercutant le cri du vieil homme : "Que dois-je faire de mes péchés ?", il passa de longues heures dans l'intercession fervente pour demander plus de hérauts de la Croix. Dans sa Bible il écrivit : "J’ai demandé à Dieu cinquante ou cent évangélistes natifs supplémentaires et des hommes qui pénètrent dans les provinces inoccupées. Je l’ai demandé au nom de Jésus. Je Te remercie, Seigneur Jésus, de la promesse sur laquelle Tu m'a donné de me reposer."

Foi audacieuse - demander un grand nombre de nouveaux ouvriers quand les fonds de soutien de la Mission avaient diminué jusqu’à pratiquement s’annuler. Il écrivit à un ami : "Nous avons vingt-sept cents et toutes les promesses de Dieu." Deux mois plus tard, une lettre arriva d'un ami inconnu en Angleterre, disant qu’elle contribuait au moyen de huit cents livres (4000 $) à l'extension du M.I.C. dans de nouvelles provinces, non atteintes.

Les promesses!
Vingt-sept cents et les promesses!
Le meilleur de tout, la promesse qui inclut toutes les autres :
"Demandez tout ce que vous voudrez en Mon nom."

Beaucoup de nouveaux ouvriers se portèrent volontaires et les fonds nécessaires à leur soutien étaient pourvus. Taylor pouvait bien affirmer: "Dans tous nos calculs, nous comptons sur la fidélité de Dieu."

La deuxième femme de Taylor était Mademoiselle Spaulding de la Mission Intérieure pour la Chine. Ses voyages d’évangélisation l’éloignaient de la maison pendant des mois d’affilée; et il y avait pourtant des séparations encore plus longues lorsque Madame Taylor et les enfants étaient en Angleterre. "Parfois cela semble dur," écrivit-il à sa femme, "d’être si longtemps loin de toi et des enfants. Mais quand je pense à Celui qui a passé trente-trois années loin de Sa maison et les a terminés au Calvaire, j'ai honte de mon égoïsme." À maintes reprises, dans les temps d’épreuves, il jouait de son harmonium et chantait certains des grands hymnes chrétiens. Voici son favori  :

"Jésus, je me repose, me repose, dans la joie de ce que Tu es;
Je découvre la grandeur de Ton coeur d'amour. "

A l’époque où il y avait environ cent missionnaires dans la M.I.C., Hudson Taylor commença à prier le Seigneur d’en envoyer, comme de coutume, "soixante-dix autres aussi." Ayant cet objectif en vue, il appela certains de ses collègues-missionnaires à se réunir pour "un jour de jeûne et prière", et cet homme lutta souvent jusqu’à minuit dans la prière, tout seul avec son Seigneur.

En retournant en Angleterre, il fut puissamment utilisé par Dieu tandis que les chagrins des millions de perdus de la Chine se déversaient à travers les canaux de son coeur chargé et alors qu’il suppliait Dieu de lui envoyer "soixante-dix autres aussi" qui se joindraient à l’œuvre. Bien qu'il n’eût jamais demandé des fonds et n’eût jamais permis de collecte, des dons consacrés se déversaient en faveur du trésorier de la maison. Plusieurs aussi offrirent leurs vies et ainsi avant la fin de cette année-là, plus de soixante-dix nouveaux ouvriers avaient pris la route de Chine par bateau. Il y avait toujours de vastes régions non-atteintes et environ un million d'âmes pour chaque missionnaire sur le terrain. De nouveau, le coeur de Hudson Taylor se tourna vers son verset préféré. "Nous avons été conduits," dit-il, "à prier pour cent nouveaux ouvriers cette année. Nous avons la Parole certaine que " tout ce que vous demanderez en Mon nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils." L’œuvre de Dieu ne manquera jamais des provisions de Dieu."

La parole certaine: "tout ce que vous demandez".
La réponse certaine: "cela, Je le ferai."
La provision abondante : "ne fera jamais défaut."

Avant la fin de l’année, 102 nouveaux missionnaires avaient pris le voile pour la Chine et, sans appels de fonds excepté ceux s’élevant jusqu'à Dieu, plus de onze mille livres étaient entrés dans leur trésorerie pour payer leur passage dans le champ missionnaire. Avec une abondante joie, Taylor se rappela la remarque pittoresque d'un évangéliste de couelur : "Quoi que Dieu fasse, Il le fait admirablement!"

En réponse à des invitations urgentes, Hudson Taylor décida de visiter l'Amérique sur le chemin de son retour en Chine. Ses messages donnés à la Moody’s Northfield Conférence et en d'autres endroits firent une profonde impression. Après qu'il eut parlé à la Conférence de Niagara-on-the-Lake et fut parti pour honorer d'autres engagements, Robert Wilder apporta un brûlant message sur "Allez par tout le monde." Au cours de son message, il dit qu'il avait appris d'une certaine femme chrétienne le merveilleux secret de la façon de travailler pour Christ vingt-quatre heures par jour en continuant de la sorte tout au long de l'année. Lorsqu’on demandait à cette femme comment cela était possible, elle répondait  : "Je travaille douze heures et quand je dois me reposer, mon représentant en Inde, que je soutiens, commence sa journée et travaille les douze autres." Wilder pressa avec insistance ceux qui ne pouvaient pas aller sur le champ missionnaire à l’étranger de soutenir un représentant afin de travailler ainsi vingt-quatre heures par jour pour Christ. L'idée s’enflamma, non seulement dans ce groupe, mais dans plusieurs autres. En peu de temps, une somme suffisante d'argent fut donnée pour contribuer à soutenir un grand nombre de missionnaires, et un grand nombre de jeunes vies sérieuses s’offrirent pour le service en terre étrangère.

En arrivant en Chine, Taylor trouva "beaucoup d'adversaires" mais il se réjouit des heureuses nouvelles d’un grand nombre d'âmes sauvées et de bénédictions de Pentecôte dans de nombreuses régions.

Taylor publia par la suite un appel mondial sous le titre de : "A Chaque Créature." Apporter l'Evangile au monde entier n'était pas un projet humain, mais un commandement divin qui doit être pris dans le plus grand sérieux par ceux qui ont reconnu l'Autorité de Christ. "Combien peu parmi le peuple du Seigneur," dit-il, "ont pratiquement reconnu la vérité que Christ est Seigneur de tout ou n'est pas Seigneur du tout." Il ressentait "le soupir de Dieu dans le coeur du monde" et faisait appel partout aux chrétiens à faire exactement ce que Jésus avait commandé - "prêcher l'Evangile à CHAQUE créature." Il pensait en termes de milliers de nouveaux ouvriers en Chine seule en l’espace de cinq ans. Pour une si grande victoire, il regardait uniquement à Christ et à ces ressources illimitées qu'Il rendait disponibles à ceux qui élèvent leurs coeurs dans la prière et étendaient les mains de la foi. "Christ est infiniment digne et gracieux," déclarait-t-il. "Car en échange de notre petit tout, Il Se donnera Lui-même à nous et nous donnera Son grand tout."

La prière prévalente était bientôt sur le point d’être exaucée, alors que le Seigneur de la Moisson appelait des ouvriers à se lever et mettait dans les coeurs de Ses serviteurs en Angleterre, en Amérique, en Europe et en Australie de déverser leurs dons. Une des parties à arriver était un groupe de cinquante Scandinaves fervents et chantants, qui, lorsqu’ils furent plongés au cœur des ténèbres dans l’intérieur de la Chine, répondirent en envoyant ce message plein de confiance : "Marchez à travers les obstacles - nous allons vaincre! Nous avons la victoire par le sang."

LE TEXTE CONDUISIT LE PELERIN JUSQU’À LA MAISON

Hudson Taylor était souvent rafraîchi dans ses labeurs en pensant à l’accueil qui l'attendait dans la maison du Père. En veillissant, cette perspective devenait de plus en plus douce et il priait qu’au temps propre de Dieu son dernier pas le hissant en haut l’amènerait à rentrer dans "la maison qui n’est pas faite de mains d’homme", pour ne plus jamais en sortir. Lorsqu’il lisait la merveilleuse promesse : "Je M’en vais vous préparer une place", son coeur répondait : "Oui, qu’il en soit ainsi, viens, Seigneur Jésus, viens vite!"

Etant retourné en Angleterre avec une mauvaise santé, il fut amené aux portes mêmes de la mort par les nouvelles épouvantables de l’interruption de l’œuvre et du meurtre de centaines de missionnaires, ainsi que de centaines de chrétiens indigènes, en rapport avec le soulèvement des Boxeurs de 1900. L'angoisse du coeur était en train de le tuer. Pourtant, il croyait que ce baptême de sang, sous Dieu, contribuait à l'avancement de l'Evangile. Et c’est ce qui eut lieu, car les coeurs des chrétiens du monde entier furent stimulés dans une foi nouvelle et une consécration nouvelle par l'héroïsme de ceux qui avaient péri, ainsi que par le courage de ceux qui, ayant échappé à cette période d'horreurs, étaitent retourné à leurs labeurs aussitôt que la tempête avait reculé. L'esprit des martyrs est indiqué par le cas de la tendre mère qui, se mourant sur la route après avoir été témoin de la mort d'un de ses enfants et de la souffrance prolongée des autres, chuchota à son mari  : "Je regrette de ne pas pouvoir vivre ni de pouvoir y retourner pour parler plus de Jésus à des personnes chères."

Tout à fait en accord avec lui-même, les derniers jours terrestres de Taylor furent passés en Chine. C'était un délice pour lui de jouir de la communion avec d’anciens amis, d’entendre les merveilleux comptes-rendus d'une grande moisson en train d’être récoltée, et d’être salué par des chrétiens indigènes qui, affectueusement, l’appelaient "l’Honorable Pasteur Principal."

Quand, en 1900, il avait entendu les nouvelles déchirantes des chrétiens morts en martyrs lors de la Rébellion des Boxeurs, il s'était exclamé  : "Oh, quand je pense ce que cela avait dû être d’échanger cette foule meurtrière contre Sa Présence, Sa poitrine, Son sourire." Le 3 juin 1905, l'âme de Hudson Taylor passa au-delà du voile.

Etaient siens maintenant—

Le ravissement de Sa présence!

La paix de Son sein! La bénédiction de Son sourire!

Quelques minutes après que le noble esprit fut parti, un évangéliste chinois et sa femme entrèrent dans la chambre. "Cher et Honorable pasteur," dit-il, "nous vous aimons. Nous sommes vos enfants. Vous nous avez ouvert la route, la route au ciel. Vous nous avez aimés et avez prié pour nous pendant de longues années."

Et ainsi, dans le pays du soleil levant perpétuel, l'Homme de Dieu Puissant dans la Prière est toujours engagé dans la sainte affaire de demander au nom de Jésus une renaissance de la passion missionnaire et la rentrée de la moisson des millions d’âmes sur la terre dans le champ du Bon Berger.

Le chandelier à sept branches

Témoignage de Georges Muller

 
 " Par la foi, Abel [...]. Par la foi, Noé [...]. Par la foi, Abraham [...] " C'est ainsi que le Saint-Esprit rend compte des incroyables prouesses que Dieu réalisa par l'intermédiaire des hommes qui osèrent placer leur confiance en lui uniquement. C'est au dix-neuvième siècle que Dieu ajouta à cette liste: " Par la foi, George Müller édifia des orphelinats, nourrit des milliers d'orphelins, prêcha à des millions d'auditeurs partout dans le monde et gagna une multitude d'âmes au Christ. "

George Müller est né en 1805 de parents incroyants. A l'âge de dix ans, il fut envoyé au collège afin de s'y préparer à être pasteur, non dans le but de servir Dieu, mais. uniquement et exclusivement pour avoir une profession et une vie facile. Ces premières années d'étude s'écoulèrent dans la pratique de vices auxquels il s'adonnait toujours davantage, au point de passer une fois vingt-quatre jours en prison. Mais George, une fois libéré, se mit à travailler avec ardeur à ses études, se levant à quatre heures du matin et passant la journée à étudier jusqu'à dix heures du soir. Cependant, il faisait tout cela afin de parvenir à mener la vie de tout repos d'un prédicateur.

Néanmoins, lorsqu'il eut vingt ans, la vie de ce jeune homme subit une transformation complète. Il assista à un culte où les croyants, à genoux, imploraient Dieu d'accorder sa bénédiction à la réunion. Il n'oublia jamais ce culte au cours duquel il avait vu pour la première fois des croyants prier à genoux; il resta profondément ému par cette ambiance spirituelle au point de vouloir lui aussi rechercher la présence de Dieu, une habitude qu'il conserva par la suite sa vie durant.

Ce fut vers cette époque, après avoir reçu l'appel à devenir missionnaire, qu'il logea pendant deux mois au fameux orphelinat de A. H. Franke. Bien que ce fervent serviteur de Dieu soit mort depuis près de cent ans (en 1727), son orphelinat était toujours régi par la même règle qui consistait à se fier entièrement à Dieu pour assurer toute subsistance. A peu près au moment où George Müller se trouvait à l'orphelinat, un dentiste, monsieur Graves, abandonna ses activités professionnelles qui lui procuraient un revenu de 7 500 dollars par an pour devenir missionnaire en Perse, se fiant uniquement dans les promesses de Dieu pour sa subsistance. C'est ainsi que George Müller, le nouveau prédicateur, reçut lors de cette visite l'inspiration qui le conduisit plus tard à fonder son orphelinat sur les mêmes principes.

Aussitôt après avoir abandonné sa vie de péché pour se consacrer à Dieu, Müller reconnut l'erreur, plus ou moins universelle, qui consiste à beaucoup lire au sujet de la Bible, mais à très peu lire celle-ci. Ce livre devint la source de toute son inspiration et le secret de sa merveilleuse croissance spirituelle. Il écrivit à ce sujet: " Le Seigneur m'a aidé à abandonner les commentaires et à faire de la simple lecture de la Parole de Dieu, l'objet de ma méditation. Et ainsi, lorsque la première nuit, je fermai la porte de ma chambre pour prier et méditer les Ecritures, j'appris en quelques heures plus que je ne l'avais fait auparavant en plusieurs mois. " Il ajouta: " La principale différence, cependant, fut que je reçus de cette manière la véritable force nécessaire à mon âme ". Avant de mourir, il dit avoir lu la Bible dans son intégralité environ deux cents fois, dont cent fois à genoux.

Alors qu'il était encore au séminaire, pendant les réunions de prières auxquelles il assistait le soir avec les autres étudiants, il restait souvent à prier jusqu'à minuit. Le matin, au réveil, on les appelait de nouveau à la prière à six heures.

Un prédicateur, peu de temps avant la mort de George Müller, lui demanda s'il priait beaucoup. La réponse fut la suivante: " Quelques heures par jour et en outre, je vis dans un esprit de prière; je prie en marchant, je prie lorsque je suis couché et je prie en me levant. Je reçois sans cesse des réponses. Une fois persuadé qu'une chose est juste, je prie sans arrêt jusqu'à ce que je la reçoive. Je ne cesse jamais de prier! [...] Des milliers d'âmes ont été sauvées en réponse à mes prières [...] j'espère en retrouver des dizaines de milliers au ciel [...] La chose la plus importante est de ne pas cesser de prier avant d'avoir reçu la réponse. j'ai passé cinquante-deux ans à prier, tous les jours, pour deux hommes, les fils d'un ami d'enfance. Ils ne se sont pas encore convertis; mais j'espère qu'ils le feront. Comment pourrait-il en être autrement? Il existe une promesse inébranlable de Dieu et c'est sur elle que je me repose. "

Peu de temps avant son mariage, il ne se sentait pas à l'aise à l'idée de percevoir un salaire fixe, préférant s'en remettre à Dieu plutôt que de se fier aux promesses de ses frères. A ce sujet, il donna les trois raisons suivantes: " (1) un salaire signifie une somme d'argent déterminée, en général acquise par la location des bancs; mais la volonté de Dieu n'est pas qu'on loue les bancs (Jacques 2:1-6); (2) le prix fixe d'une place dans l'église est parfois trop élevé pour certains fils de Dieu et je ne veux pas mettre le plus petit obstacle sur le chemin du progrès spirituel de l'Eglise; (3) l'idée de louer les sièges pour se faire un salaire constitue un piège pour le prédicateur, car elle le pousse à travailler davantage pour l'argent que pour des raisons spirituelles. "

Il semblait pratiquement impossible à George Müller de réunir et de mettre de l'argent de côté pour les urgences imprévues, sans avoir également recours à ce fond pour suppléer aux besoins quotidiens, au lieu de faire appel directement à Dieu. Ainsi le croyant met sa confiance en l'argent au lieu de la mettre en Dieu.

Un mois après son mariage, il plaça une boîte dans la salle de réunion et annonça qu'on pouvait y mettre les offrandes pour sa subsistance et qu'à partir de ce moment, il ne demanderait plus rien à personne, pas même à ses frères bien-aimés; parce que, comme il le dit: " presque sans m'en rendre compte, j'ai été amené à faire confiance au bras de la chair au lieu de m'adresser directement au Seigneur ".

La première année se termina de façon triomphale et George Müller dit à ses frères qu'en dépit de son peu de foi au début, le Seigneur avait pourvu en abondance à tous ses besoins matériels et, ce qui était bien plus important encore, lui avait accordé le privilège d'être l'instrument de son œuvre.

Cependant, l'année suivante fut une- année de grandes épreuves, parce que bien souvent il se retrouva sans un sou. George Müller ajoute qu'en ces moments, sa foi fut toujours récompensée par l'arrivée d'argent ou de nourriture.

Un jour qu'il ne lui restait que huit shillings, Müller demanda au Seigneur de lui envoyer de l'argent. Il attendit de longues heures sans recevoir de réponse. Puis arriva une dame qui lui demanda: " Frère, avez-vous besoin d'argent? " Ce fut une grande preuve de foi de sa part que de répondre à la dame: " Ma sœur, j'ai dit à mes frères, lorsque j'ai renoncé à mon salaire, que je ne parlerais qu'à Dieu seul de mes besoins "; " Mais c'est lui, répondit la dame, qui m'a dit de vous donner cela" et elle glissa quarante-deux shillings dans la main du prédicateur.

En une autre occasion, Müller resta trois jours sans un sou dans la maison et le diable le tenta fortement, au point d'en venir presque à reconnaître s'être trompé en prenant la doctrine de la foi sous cet aspect. Toutefois, lorsqu'il revint dans sa chambre, il trouva quarante shillings que lui avait laissés une sœur. Il ajouta alors: " Ainsi triompha le Seigneur et notre foi en fut fortifiée ".

Avant la fin de cette même année, il se retrouva à nouveau sans un sou, le jour où il devait payer le loyer. Il demanda à Dieu de lui envoyer de l'argent et il le reçut. A cette occasion, George Müller formula pour lui-même la règle suivante, dont il ne s'écarta jamais: Nous ne devrons rien à personne car nous avons vu que ce n'est pas biblique (Romains 13:8), et ainsi nous n'aurons pas de dettes à payer. Nous achèterons uniquement quand nous aurons l'argent comptant; ainsi nous saurons toujours exactement combien nous possédons réellement et donc ce que nous pouvons nous permettre de faire.

De cette manière Dieu entraîna peu à peu le nouveau prédicateur à avoir confiance en ses promesses. Celui-ci était si persuadé de la fidélité des promesses de la Bible, qu'il ne s'écarta jamais, au cours de toutes les longues années de son œuvre à l'orphelinat, de la résolution de ne rien demander au prochain et de ne rien lui devoir.

L'autre secret qui l'amena à jouir de l'immense bénédiction que constitue la confiance en Dieu, fut sa résolution d'employer l'argent qu'il recevait uniquement pour le but auquel il était destiné. Il ne s'écarta jamais de cette règle, même pas pour emprunter, bien qu'il se trouvât des milliers de fois confronté aux plus dures nécessités.

A cette époque-là, lorsqu'il commença à se rendre compte que les promesses de Dieu se réalisaient, il se sentit ému par la condition des orphelins et des enfants démunis qu'il rencontrait dans les rues. Il se mit à réunir quelques-uns de ces enfants pour le petit déjeuner avec lui à huit heures du matin, puis il leur enseignait les Ecritures pendant une heure et demie.

L'œuvre se développa rapidement. A mesure qu'augmentait le nombre des enfants qui venaient s'asseoir à sa table, l'argent nécessaire pour les nourrir arrivait aussi, jusqu'à ce qu'il s'occupe de trente à quarante enfants.

En même temps, George Müller fonda l'Association pour la propagation des Ecritures dans le pays et à l'étranger. Son but était d'aider les écoles bibliques et les écoles du dimanche de faire connaître .les Ecritures et de développer l'œuvre missionnaire. Il n'est pas nécessaire d'ajouter que tout ceci se fit avec la même résolution de ne s'endetter sous aucun prétexte, mais de 'toujours s'adresser à Dieu en secret.

Un soir qu'il lisait la Bible, il fut profondément impressionné par les paroles: " Ouvre ta bouche, et je la remplirai" (Psaume 81:11). Il se sentit poussé à appliquer ces paroles à l'orphelinat, et la foi lui fut donnée de demander au Seigneur de lui envoyer mille livres sterling; il demanda aussi au Seigneur de lui envoyer des frères avec les aptitudes nécessaires pour prendre soin des enfants. A partir de cet instant, ce verset du Psaume 81 lui servit de devise, et la promesse se changea en une puissance qui détermina le cours de toute sa vie future.

Dieu ne tarda pas à donner son approbation à la location d'une maison pour les orphelins. A peine deux jours après que Müller eut adressé sa première demande au Seigneur, il écrivit dans son journal: " J'ai reçu aujourd'hui le premier shilling pour la maison des orphelins ".

Quatre jours plus tard, il reçut la première contribution en meubles: une armoire garde-robe, et une sœur lui offrit ses services pour s'occuper des orphelins. George Müller écrivit ce jour-là qu'il était très heureux et qu'il avait confiance: le Seigneur lui procurerait tout le reste.

Le lendemain, Müller reçut une lettre qui disait : " Par la présente, nous vous offrons nos services pour l'œuvre des orphelins, si vous croyez que nous avons les aptitudes nécessaires pour cela. Nous vous offrons également tous les meubles, etc. que le Seigneur nous a donnés. Nous ferons cela sans attendre de rétribution financière, car nous croyons que si c'est la volonté de Dieu de nous faire servir ainsi, Il se chargera de suppléer à tous nos besoins. " A partir de ce jour, l'orphelinat ne manqua jamais d'auxiliaires joyeux et dévoués, en dépit du fait que l'œuvre se développa beaucoup plus rapidement que Müller n'avait osé l'espérer.

Trois mois plus tard, Müller réussit à louer une grande maison et il annonça la date d'ouverture de l'orphelinat pour les filles. Le jour de l'inauguration, cependant, il fut très déçu de voir qu'il ne s'était présenté aucune orpheline. Ce n'est qu'une fois rentré chez lui qu'il se souvint de ne pas l'avoir demandé. Ce soir-là, il se prosterna et demanda à Dieu ce qu'il désirait si fort. Il obtint la victoire une fois de plus, car une orpheline se présenta le lendemain. Puis, quarante-deux demandèrent leur admission avant la fin de ce même mois et il en avait déjà vingt-six à l'orphelinat.

Au cours de l'année, nous voyons de grandes et nombreuses preuves de sa foi. Par exemple, on lit dans son journal: " Ayant un grand besoin hier matin, je fus amené à prier Dieu avec insistance et, en réponse, dans la soirée, un frère me donna dix livres sterling ". De nombreuses années avant sa mort, il affirma que jusqu'à cette date, il avait déjà reçu ainsi cinq mille fois la réponse, le jour même où il avait adressé la demande.

Il avait l'habitude et il recommandait aux autres frères de faire de même, de tenir un carnet. Sur une page, il inscrivait la demande, avec la date et sur la page en face, la date à laquelle il avait reçu la réponse. Ainsi, il fut amené à attendre des réponses concrètes à ses demandes et il n'éprouvait aucun doute à propos de ces réponses.

Avec le développement de l'orphelinat et l'accroissement de sa tâche de pasteur des quatre cents membres de son église, George Müller se trouva trop occupé pour prier. ,Ce fut alors qu'il reconnut que le croyant pouvait accomplir davantage en quatre heures après avoir passé une heure à prier qu'en cinq heures sans avoir prié. Par la suite, il observa fidèlement cette règle pendant soixante ans.

Lorsqu'il loua la seconde maison pour les orphelins de sexe masculin, il dit: " Tout en priant, je savais que je demandais à Dieu quelque chose que je n'avais aucun espoir de recevoir de mes frères; chose qui, cependant n'était pas trop grande pour le Seigneur ". En compagnie de quatre-vingt-dix autres personnes assises à table, il pria ainsi: " Seigneur, regarde les besoins de ton serviteur [...] " C'était là une prière à laquelle Dieu répondit toujours généreusement.

Avant de mourir, Müller déclara que par la foi, il avait nourri deux mille orphelins et aucun repas n'avait été servi avec plus de trente minutes de retard. Nombreux étaient ceux qui demandaient fréquemment à George Müller - et nombreux sont ceux qui le demandent encore - comment il parvenait à connaître la volonté de Dieu, puisqu'il ne faisait jamais aucune transaction, si petite soit-elle, sans avoir d'abord la certitude que c'était la volonté de Dieu. A cette question, il répondit:

" 1) J'essaie de garder mon cœur dans une telle condition qu'il n'avait pas de volonté propre en l'affaire. Sur dix problèmes, nous avons déjà la solution à neuf lorsque notre cœur est prêt à faire la volonté du Seigneur, quelle qu'elle soit. Lorsque nous en arrivons véritablement à ce point, nous sommes presque toujours très près de savoir quelle est sa volonté.

" 2) Lorsque mon cœur est prêt à faire la volonté du Seigneur, je ne remets pas l'issue au sentiment seul ni à la simple impression. Si j'agissais ainsi, je risquerais de faire de grandes erreurs.

" 3) Je cherche la volonté de l'Esprit de Dieu au moyen de sa Parole ou en accord avec sa Parole. Il est primordial que l'Esprit et la Parole aillent de pair. Si j'écoutais l'Esprit sans tenir compte de la Parole, je risquerais de faire les mêmes grandes erreurs.

" 4) Ensuite, j'étudie les circonstances providentielles. Celles-ci, avec la Parole de Dieu et avec son Esprit, indiquent clairement la volonté du Seigneur.

" 5) Je demande à Dieu par la prière de me révéler sa volonté.

" 6) Ainsi, après avoir prié Dieu, étudié la Parole et réfléchi à son contenu, je parviens à la meilleure solution possible, étant donné mes compétences et mes connaissances; si je suis toujours en paix, dans ce cas, après deux ou trois demandes de plus, je continue dans cette direction. Pour les petites choses comme pour les transactions importantes, j'ai toujours trouvé cette méthode très efficace ".

Trois ans avant sa mort, George Müller écrivit: " Dans toute ma vie de croyant, soit pendant soixante-neuf ans, je ne me souviens pas avoir jamais cherché SINCEREMENT ET AVEC PATIENCE à connaître la volonté de Dieu au moyen des enseignements du Saint-Esprit par l'intermédiaire de la Parole de Dieu, et ne pas avoir été guidé avec certitude. Cependant, si mon cœur n'était pas suffisamment sincère et pur devant Dieu, ou si je ne cherchais pas avec patience les instructions de Dieu, ou si j'accordais la préférence au conseil du prochain plutôt qu'à la Parole du Dieu vivant, alors je me trompais gravement ".

Sa confiance dans le " Père des orphelins " était telle que pas une seule fois, il ne refusa des enfants à l'orphelinat Lorsqu'on lui demandait pourquoi il avait assumé cette charge, il répondait que ce n'était pas seulement pour nourrir les enfants matériellement et spirituellement, mais que " le premier objectif fondamental de l'orphelinat a été, et est toujours, de glorifier Dieu par le fait que, confiés à mes soins, les orphelins ont été et sont toujours pourvus de tout le nécessaire, uniquement par la prière et la foi, sans que ni moi ni mes compagnons de travail n'ayons rien demandé au prochain; par là même on peut voir que Dieu est toujours fidèle et qu'il répond à la prière ".

En réponse à ceux, nombreux, qui voulaient savoir comment le croyant pouvait acquérir une telle foi, il donna les règles suivantes:

" 1) Lire la Bible et la méditer. On en vient à connaître Dieu par la prière et la méditation de sa Parole.

" 2) S'efforcer de garder un cœur intègre et une bonne conscience,

" 3) Si nous voulons voir croître notre foi, il ne faut pas chercher à éviter ce qui la met à l'épreuve et dont elle peut sortir grandie.

" En outre, pour que notre foi se renforce, il faut que nous laissions Dieu agir pour nous à l'heure de l'épreuve et non nous efforcer de trouver notre propre libération.

" Si le croyant désire posséder une grande foi, il doit laisser à Dieu le temps de faire son œuvre ".

Les cinq bâtiments construits en pierre de taille et situés à Ashley Hill à Bristol en Angleterre, avec leurs mille sept cents fenêtres et suffisamment de place pour loger plus de deux mille personnes, sont des témoignages concrets de cette grande foi dont il parlait. Nous devons nous souvenir que, George Müller lutta par la prière pour obtenir chacun de ces dons, un par un, de la main de Dieu; il priait dans un but précis et avec persévérance et Dieu répondait avec la même constance. C'est George Müller qui a dit: " Maintes et maintes fois, je me suis trouvé dans des situations où je n'avais plus de recours humain. Non seulement je devais nourrir deux mille cent personnes tous les jours, mais je devais également trouver tout le nécessaire pour suppléer à tout le reste et tous les fonds étaient épuisés. Il y avait cent quatre-vingt-neuf missionnaires à entretenir, et il n'y avait rien; près de cent écoles, comptant environ neuf mille élèves, il n'y avait rien à leur donner; près de quatre millions de tracts à distribuer et tout l'argent avait été dépensé ",

Pendant un séjour du docteur A. T. Pierson à l'orphelinat de George Müller, un soir, après que tout le monde fut couché, Müller lui demanda de venir prier, car, lui dit-il, il n'y avait rien à manger dans la maison. Le docteur Pierson voulut lui rappeler que les magasins étaient fermés, mais Müller le savait très bien. Après avoir prié, ils allèrent se coucher et s'endormirent et au matin, la nourriture était déjà là en abondance pour les deux mille enfants. Ni le docteur Pierson, ni George Müller ne surent jamais comment ces aliments leur étaient parvenus. On raconta l'histoire le matin à monsieur Simon Short, après qu'il eut promis de ne pas la révéler jusqu'à la mort du bienfaiteur. Le Seigneur avait tiré cette personne de son sommeil et lui avait demandé de donner assez de nourriture pour garnir les garde-manger de l'orphelinat pour tout un mois. Ceci se produisit sans qu'il sache que George Müller et le docteur Pierson étaient au même moment en train de prier à ce sujet.

A l'âge de soixante-neuf ans, George Müller commença ses voyages, au cours desquels il prêcha des milliers de fois, dans quarante-deux pays et à plus de trois millions de personnes. Il reçut de Dieu en réponse à ses prières tout ce dont il eut besoin pour couvrir les frais importants entraînés par ces voyages. Plus tard, il nota: "Je dis avec raison: je crois que je ne suis allé nulle part sans y trouver la preuve évidente que le Seigneur m'y avait envoyé. " Il ne fit pas ces voyages dans le but de demander de l'argent pour l'Association; ce qu'il reçut n'aurait pas subvenu aux dépenses d'une demi-journée. Selon ses propres paroles, le but était le suivant: " Que je puisse, de par mon expérience et ma connaissance des choses divines, apporter une bénédiction aux croyants [...] et que je puisse prêcher l'Evangile à ceux qui ne connaissaient pas le Seigneur. "

George Müller écrivit à propos d'un problème spirituel: " Je ressens constamment mon insuffisance [...] Je ne peux rester seul sans tomber dans les griffes de Satan. L'orgueil, l'incrédulité ou encore d'autres péchés m'entraîneront à la ruine. Seul, je ne peux rester ferme un instant. Qu'aucun lecteur ne pense que je ne suis pas sujet à la vantardise et à l'orgueil, que je ne peux cesser de croire en Dieu! "

L'évangéliste Charles Inglis raconta ce qui suit à propos de George Müller: " Lorsque je suis allé en Amérique pour la première fois, il y a trente et un ans, le capitaine du navire était l'un des plus fervents croyants que j'ai jamais connus. Alors que nous nous approchions de Terre-Neuve, il me dit: Monsieur Inglis, la dernière fois que je suis passé par là, il Y a cinq semaines, il s'est passé une chose si extraordinaire qu'elle a changé toute ma vie de croyant. Jusqu'alors j'étais un croyant ordinaire comme il y en a beaucoup. Il y avait à bord avec nous un homme de Dieu, monsieur George Müller, de Bristol. j'avais passé vingt-deux heures sans quitter le pont de commandement un seul instant, lorsque je sursautai parce qu'on m'avait touché l'épaule. C'était monsieur George Müller. .

- Capitaine, me dit-il, je suis venu vous dire que je dois être à Québec samedi dans la soirée. Nous étions mercredi.

- C'est impossible, lui répondis-je.

- Très bien, si votre navire ne peut m'y amener, Dieu trouvera un autre moyen de transport. Depuis cinquante-sept ans, je n'ai jamais ni manqué ni été en retard à aucun de mes engagements, répondit monsieur Müller.

- Je serais très heureux de vous aider, mais que puis-je faire? Il n'y a aucun moyen, lui dis-je.

- Entrons ici pour prier, me répondit monsieur Müller.

Je regardai cet homme et je me dis en moi-même: " De quelle maison de fous s'est-il échappé? " Je n'avais jamais entendu parler d'une chose pareille. Je lui dis alors; " Monsieur Müller, savez-vous quelle est l'épaisseur de ce brouillard? " Il me répondit: " Non, mes yeux ne voient pas le brouillard, ils voient le Dieu vivant qui dirige tous les événements de ma vie ". Il tomba à genoux et se mit à prier de la façon la plus simple. Je pensais: cela ressemble à la prière d'un enfant de huit ou neuf ans. Il dit à peu près ceci  : 0 Seigneur, si telle est ta volonté, fais disparaître ce brouillarden cinqminutes. Tu sais que j'ai promis d'être à Québec samedi. Je crois que c'est ta volonté. Lorsqu'il eut fini, je voulus prier moi aussi, mais il me mit la main sur l'épaule et me demanda ne pas le faire, précisant: " premièrement, vous ne croyez pas que Dieu le fera et, deuxièmement, je crois que Dieu l'a déjà fait. Il n'est donc pas nécessaire que vous priiez dans ce même but ". J'ai dévisagé monsieur Müller qui poursuivit: " Capitaine, je connais mon Seigneur depuis cinquante-sept ans, et il n'y a pas de jour où je n'ai eu audience auprès du Roi. Levez-vous, capitaine, ouvrez la porte et constatez que le brouillard a déjà disparu. Je me levai et en effet le brouillard avait disparu. Le samedi soir, George Müller était à Québec, comme il le désirait".

Poux l'aider à porter la lourde charge des orphelins et à se prévaloir des promesses de Dieu au moyen de la prière, George Müller eut toujours à ses côtés sa fidèle épouse qui l'accompagna pendant près de quarante ans. Lorsqu'elle mourut, des milliers de personnes assistèrent à ses obsèques, parmi lesquelles on comptait près de mille deux cents orphelins en âge de marcher. George Müller, aidé par la force du Seigneur, comme il le confessa, conduisit le culte funèbre à l'église et au cimetière.

A l'âge de soixante-six ans, il se remaria. Puis, à quatre-vingt-dix ans, c'est lui qui prêcha le sermon funèbre pour sa seconde épouse, comme il l'avait fait à la mort de la première. Une personne qui assistait à ces obsèques, déclara: "J'eus le privilège, vendredi, d'assister aux obsèques de madame Müller [...] et d'assister à un culte simple qui est peut-être unique dans l'histoire du monde! Un vénérable patriarche présidait le culte à l'âge de quatre-vingt-dix ans, il restait encore empli de cette foi immense qui lui avait permis de tant obtenir et qui l'avait soutenu dans les circonstances difficiles, les difficultés et les travaux pendant une longue vie [...] ".

En 1898, à l'âge de quatre-vingt-treize ans, le dernier soir avant d'aller retrouver le Christ, sans avoir montré aucun signe de diminution de ses forcesphysiques, il se coucha comme de coutume. Le lendemain matin, il fut"appelé", selon l'expression d'un ami lorsqu'il apprit la nouvelle de son départ: " Cher vieux Müller! Il disparut de notre monde pour aller au foyer céleste, lorsque le Maître lui ouvrit la porte et l'appela tendrement en lui disant: viens! "

Les journaux publièrent l'avis suivant, cinquante ans après sa mort: "L'orphelinat de George Müller, à Bristol, demeure l'une des merveilles du monde. Depuis sa fondation en 1836, le chiffre des contributions que Dieu lui a accordées uniquement en réponse aux prières, atteint plus de vingt millions de dollars et le nombre des orphelins recueillis s'élève à 19935. Bien que les vitres de près de quatre cents fenêtres aient été récemment brisées par les bombes (au cours de la Seconde Guerre mondiale), aucun enfant, aucun membre du personnel n'a été blessé ".

Le chandelier à sept branches

Témoignage de Charles Spurgeon

 
La mémoire de Charles Haddon Spurgeon a été chérie parmi les chrétiens évangéliques tout au long du dernier siècle. Beaucoup de responsables chrétiens le considèrent comme le plus grand prédicateur que l'Angleterre ait jamais produit. Il est couramment acclamé comme le " Prince des Prédicateurs ". Plus de 63 volumes de sermons publiés rendent encore témoignage de la richesse et du succès du ministère de C.H. Spurgeon.

Connu pour ses prédications saisissantes, ce ne furent toutefois pas celles-ci qui firent de lui un grand homme. Spurgeon reconnaissait en permanence que son succès était le résultat direct des fidèles prières de sa congrégation. "On a souvent fait la remarque que c'est toute l'église qui contribua à produire Spurgeon." Lorsque des visiteurs venaient dans son église, Spurgeon avait l'habitude de les emmener dans la salle de prière située au sous-sol, dans laquelle il se trouvait toujours des personnes à genoux en train d'intercéder. Alors Spurgeon déclarait : "C'est ici le centre de puissance de cette église."

Dans son autobiographie, Spurgeon exprime sa reconnaissance d'être béni par une telle église priante. "Je donne toujours toute la gloire à Dieu, mais je n'oublie pas le fait qu'Il m'a donné le privilège d'exercer mon ministère, dès le début, envers un peuple qui prie. Nous avions des réunions de prière qui nous touchait jusqu'au fond de l'âme, chacun paraissait déterminé dans son désir de prendre d'assaut la Cité Céleste par la puissance de l'intercession. " Spurgeon considérait la réunion de prière comme le thermomètre spirituel d'une église. La nuit de prière qui avait lieu le lundi dans son église eut une réputation qui parcourut la terre entière pendant plusieurs années. Chaque lundi soir, une grande partie du sanctuaire de Spurgeon était remplie d'intercesseurs sincères et fervents.

Aux yeux de Spurgeon, la réunion de prière était la réunion la plus importante de la semaine. "C'est à ce niveau que plusieurs d'entre nous nous trouvions en conflit avec notre cher Monsieur Spurgeon. Nous aimions nos réunions de prédication et de louange et malheureusement nous négligions celles consacrées à la prière." L'une des plus grandes préoccupations de Spurgeon était que les personnes de son église apprennent à prier véritablement. "Il enseignait à son assemblée à prier, donnant bien plus l'exemple par sa propre expérience que par sa prédication." Les gens l'entendaient prier avec une telle réalité qu'ils devenaient tout éhontés de leur simple prière faite de répétitions de mots. " Au travers de son ministère les auditeurs remarquaient qu'ils étaient touchés par sa prédication, mais bien plus encore affectés par sa prière. D.L. Moody, après sa première visite en Angleterre, fut interrogé en ces termes : "Avez-vous entendu Spurgeon prêcher  ?" Il répondit : "Oui, bien mieux que cela, je l'ai entendu prier." Un proche ami de Spurgeon fit le commentaire suivant sur sa vie de prière  : "Ses prières publiques étaient d'une inspiration, mais ses prières en famille étaient pour moi encore plus merveilleuses. Monsieur Spurgeon, lorsqu'il s'agenouillait devant Dieu dans les temps de prière familiale semblait un bien plus grand homme que lorsqu'il captivait des milliers par son éloquence dans les prédications publiques."

Spurgeon reconnaissait tout à fait que le plus grand besoin de l'Eglise n'était pas d'avoir un autre "Prince des prédicateurs", mais d'avoir davantage de princes dans la prière. Dans l'un de ses nombreux sermons publiés, il exprima ce sentiment, écrivant : "Devrais-je vous donner une raison de plus au fait que vous devriez prier ? J'ai déversé sur ce sujet tout mon cœur dans mes prédications. Je ne pourrais pas dire davantage que ce que j'ai déjà dit. N'est-ce pas vos prières qui accompliront ce que mes prédications n'ont pas réussi à faire ? N'est-il pas vrai que l'Eglise a mis en avant bien plus son habilité à prêcher que son habilité à prier ? Oh chers amis ! Rentrons dans l'agonie de la prière…"

On a beaucoup parlé dernièrement des poches de réveil faisant irruption dans notre nation. Beaucoup disent qu'ils désirent de tels réveils dans leurs propres églises locales et dans leurs villes. Et cependant, n'est-ce toujours pas les réunions de prière qui sont le plus souvent négligées ? Si le Christ Jésus devait nous rendre visite aujourd'hui avec la réelle puissance de réveil, comment une telle bénédiction pourrait-elle être soutenue là où il n'y a pas de terrain travaillé dans la prière  ? Le fait d'uniquement prononcer des discours sur le réveil et ne pas exercer ses genoux, c'est de la pure hypocrisie ! Il est temps que nos réunions de prière se remplissent de fidèles autant que nos réunions de prêche et nos réunions de louange. C'est à ce moment et SEULEMENT à ce moment qu'un vrai réveil surviendra avec une puissance durable ! Tout comme Spurgeon, considérons les réunions de prière comme notre plus importante réunion.

Le chandelier à sept branches

 Charles Finney 1792-1875

“ Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ! [...]” 1 Thessaloniciens 5:23

 

Il était évangéliste et initiateur du deuxième grand réveil américain amenant 500 000 à Jésus-Christ.

Avocat de formation, il achète une Bible à cause des citations à la loi mosaïque dont font référence ses textes de loi. La Bible l’intéresse et il se rend compte qu’il doit changer s’il veut aller au bon endroit après sa mort. Il se rend compte immédiatement que les plus grands obstacles dans sa vie pour son salut sont l’orgueil et la crainte des hommes. Cette crainte se manifestait par sa honte de lire la Bible et de prier en public. Il se convertit deux ans après le barreau, à genoux dans un boisé. Après sa conversion, il est surpris de ne plus sentir de culpabilité comme avant. Il essaie de se rendre anxieux à cause de son état de pécheur mais la paix qui l’habite surpasse tout.

Après son expérience de conversion il retourna à son bureau et pendant ses dévotions il eut une vision du Seigneur. Il rencontra Christ face à face. Il pleura à chaudes larmes comme un enfant. Après cette vision il reçu ce qu'il appellera lui même: un puissant baptême du St-Esprit. C'est une expérience qu'il n'avait pas cherché et dont il n'avait même jamais entendu parler. Il pleura bruyamment à cause de la joie et de l'amour qu'il ressentit. Il finit par crier: Seigneur je ne peux plus le supporter. Je mourrai si cela continue. Cette expérience fut interrompue par un membre de la chorale qui fut alarmé par le bruit de ses pleurs et supposant qu'il souffrait de douleur cette personne fut confuse lorsque Finney lui répliqua qu'il n'était pas en douleurs mais tellement joyeux qu'il craignait d'en mourrir. En dépit de cette expérience Finney alla se coucher sans l'assurance ferme que ses péchés avaient été pardonnés où qu'il était pleinement accepté par Dieu. Ce fut une nuit sans sommeil. Le lendemain matin lorsque le soleil pénétra dans sa chambre ce fut comme un emblème de la lumière dans son âme. Il recommença à pleurer de joie. À ce moment là il sentit un doux reproche du Seigneur parce qu'il avait douté de sa miséricorde.

A partir de ce moment il n’y eut qu'une pensée qui domina l'esprit de Finney. Il sentit que Dieu voulait qu'il prêche l'Évangile et qu'il devait commencer immédiatement. Lorsqu'un client vint lui rappeler qu'il avait son cas à défendre ce matin là, Finney lui dit que maintenant il défendait la cause de Christ et qu'il devait se chercher quelqu'un d'autre. Celui-ci au lieu de se chercher un autre avocat, (cet homme était un diacre de l'église) régla immédiatement sa cause et se mit immédiatement à prier et à oeuvrer pour le salut des hommes. Finney sortit tout de suite de son bureau pour aller parler de religion avec ses amis et associés. Durant cette journée il parla avec plusieurs personnes et presque tous commencèrent une vie chrétienne active. Pendant la soirée, sans invitation les gens se réunirent pour prier. La maison était pleine mais personne ne semblait vouloir débuter la réunion. Sans qu'on lui demande Finney leur raconta sa conversion. Aussitôt qu'il eut terminé le pasteur confessa qu'il avait péché en limitant la puissance de Dieu et en décourageant le peuple pour qu'ils ne prient pas pour Finney. À partir de ce moment il y eut des réunions à l'église à tous les jours et cela pendant plusieurs semaines. De son côté Finney se dévoua avec succès pour obtenir la conversion des jeunes gens qu'il avait auparavant éloignés du Seigneur.

Un puissant réveil se manifesta dans plusieurs village et Finney prit l'habitude d'aller dans une certaine maison tous les matins pour aller prier. Il persuada aussi un grand nombre de membres de l'église ainsi que leur pasteur de se joindre à lui pour ces dévotions matinales. Lorsqu'ils se relâchaient dans leurs présences à ces réunions Finney faisait le tour de leurs maisons pour les réveiller et leur rappeler leur privilège et leur devoir.

Cependant l'assistance baissa de plus en plus jusqu'à ce qu'un certain matin il n'y ait plus que le pasteur à ses côtés. À ce moment là il eut une autre vision similaire à celle qu'il avait eue auparavant. Il fut saisi par la pensée qu'alors que la nature proclamait haut et fort les louanges de Dieu l’homme quant à lui, objet suprême de son amour, demeurait silencieux. Au même moment une lumière semblait l’entourer comme la clarté du soleil mais provenant de toutes les directions. Finney déclara que cette expérience lui fit connaître la lumière qui a aveuglé Paul sur le chemin de Damas. Il commença alors à pleurer bruyamment à la grande surprise du pasteur à côté de lui qui n’avait pas vu cette lumière. Ce genre d’expérience se répéta fréquemment durant les premières années de sa conversion. Il craignait toujours de les raconter à d’autres parce qu’il ne pouvait pas les décrire adéquatement.

Sa recherche de Dieu était si intense que si quelque chose venait interrompre sa relation intime avec Dieu, il lui était alors impossible de se reposer, d’étudier où d’obtenir quelque satisfaction que ce soit avant de s’être réconcilié avec son maître.
Contrairement à beaucoup d’autres hommes et femmes de Dieu, Finney avait beaucoup de qualités naturelles. Son corps était fort et en santé, ses mouvements étaient gracieux et son apparence inspirait le respect. Sa voix était celle d’un grand orateur. Il aimait la musique et il chantait bien. On se rappelait encore de ses cours de musique après plusieurs années. Il était un excellent cavalier, un chasseur habile, ainsi qu’un marin expérimenté. Son goût pour la littérature était raffiné et peu de gens pouvaient l’égaler dans la lecture des pièces de Shakespeare.

Lorsqu’il fit la demande pour être pasteur presbytérien on lui suggéra d’aller au séminaire. Il refusa toutefois parce qu’il ne voulait pas être soumis à la même éducation que ceux qu’il côtoyait. Puisqu’il ne voyait que peu de fruits dans la vie des pasteurs autours de lui, il ne croyait pas que la même éducation lui ferait du bien. On lui appointa donc deux pasteurs pour superviser ses études personnelles. Il passa ses examens avec succès.

Lorsque le comité presbytérien vota unanimement pour accorder une licence de prédicateur à Finney, c’était beaucoup plus pour des raisons politiques qu’une acceptation personnelle du candidat. Selon les exigences de ce comité il leurs présenta deux sermons écrits. Ceux-ci furent probablement les seuls qu’il écrivit de sa carrière, à une exception près.


Après son ordination, il débute une série de réunions à Evans Mills, ce qui attira plusieurs personnes. Tous s’en réjouissent sauf Finney. À la fin d’une réunion il leur dit qu’il ne prêchera plus dans cette église à moins qu’ils décident d’agir comme des chrétiens et de servir leur Sauveur. Il leur demande de se lever s’ils acceptent. Personne ne se lève. Il les avertit du danger qu’il y a à demeurer dans une telle attitude et qu’il leur prêchera un dernier sermon le lendemain soir. Ils sortent tous avec un air indigné. Il ne reste avec Finney et un diacre baptiste qui ne fait pas partie de cette congrégation. Il dit qu’il est d’accord avec ses méthodes. Ils décident alors de prier et jeûner pour la réunion du lendemain. Cette réunion était rempli de gens qui cherchaient Dieu avec ferveur et un réveil se produisit dans la ville.

On demanda à Finney de prêcher dans un autre secteur qui était reconnu pour son abondance de péchés. En toute innocence, Finney prêcha sur la destruction de Sodome et de la sortie de Lot de cette ville. Ce qu’il ne savait pas, c’est que les gens de la région surnommaient cette ville Sodome à cause de son état spirituel et l’on appelait Lot un homme pieux de cette ville. Pendant la lecture et la description du texte en question, la rage montait au cœur de plusieurs. Finney plaida alors avec eux pour qu’ils se repentent et une profonde conviction tomba sur tous ceux qui étaient présents. Avant même que Finney ait fini de parler, la majorité étaient à genoux et imploraient Dieu de les pardonner. Ce ne fut pas seulement un sursaut d’émotions car toute la ville en ressentie l’impact. Cinquante ans plus tard, l’église de ce village était encore forte et en santé.

Un jeune homme qui fut converti dans cette fameuse réunion raconte qu’en dépit des textes qui semblaient durs lorsque Finney prêchait, son attitude était pleine d’amour et de compassion pour ses auditeurs. Celui-ci devint prédicateur et trente ans plus tard il témoignait que Finney avait encore exactement la même attitude.

Peu de temps après ces événements, Finney se maria à Lydia Andrews. Celle-ci avait prié pour sa conversion durant sa période de rébellion. Il retourna prêcher à l’extérieur laissant Lydia dans sa ville natale et espérant la faire venir au bout de quelques jours. Toutefois on le demandait partout et en accord avec Lydia, elle ne put le rejoindre que plusieurs mois plus tard.

Pendant les réveils dans ces villes qu’il avait visitées, Finney subit beaucoup d’opposition de la part des gens de la ville de Gouverneur. Notre évangéliste reçut une révélation au sujet de cette ville pendant un temps de prière. Il déclara qu’il devait y aller pour prêcher car Dieu ferait un réveil parmi eux. Tout portait à croire le contraire mais c’est quand même ce qui arriva.

Ce fut à partir du réveil de la ville de Gouverneur que l’on commença à parler d’un pasteur presbytérien que l’on appelait le père Nash. Celui-ci était avancé en âge et il avait le désir de prier pour le ministère de Finney. Il le devançait dans les villes et priait pour les gens. On le critiquait car ses prières s’entendaient de loin peu importe où il priait. Un jour, un opposant au réveil l’entendit prier de loin et même s’il ne distinguait pas les paroles il présuma que les prières étaient à son intention. Cette idée lui fit une grande impression et il se convertit.

Lorsque Finney a commenté plus tard ces réveils, il a mis beaucoup d’emphase sur le fait que les gens changeaient radicalement. Les nouveaux convertis passaient beaucoup de temps dans la prière et les rencontres sociales se transformaient en réunions de prière. Finney lui-même devait constamment garder l’esprit de prière dans son cœur car s’il en déviait pendant une heure il perdait le pouvoir persuasif qu’il avait sur les gens.

De 1824-1832, ce sera ses ‘neuf années de puissance’ où Finney conduisit des rencontres de réveil dans neuf villes de l’Est des États-Unis. Lors de ses réunions à Rochester - New York, il y aura 1200 convertis dont tous les principaux avocats, médecins et hommes d’affaires. Quarante de ces convertis entreront dans le ministère. Ce réveil à Rochester eut pour résultat son expansion dans 1550 autres villes et villages.

Il est intéressant de noter que même parmi ceux qui favorisaient le réveil, il y avait des disputes. Dans un certain cas, des presbytériens critiquaient des méthodistes parce qu'ils tombaient sur le sol et y demeuraient sans bouger assez longtemps. Les méthodistes quant à eux critiquaient les presbytériens car leurs critiques semblaient opposer le réveil. Peu de temps après cette dispute un des membres influents des presbytériens tomba à son tour, suivi de plusieurs autres cas. De façon surprenante toutefois, ce n'étaient que des presbytériens qui tombaient cette fois-ci. Durant sa dernière réunion dans cette ville, un de ceux-ci témoigna de la joie qu'il avait ressentie dans cet état humiliant. A ce moment toute la congrégation fondit en pleurs. Finney arrêta de prêcher et contempla le salut de Dieu parmi les gens présents durant toute l'après-midi.

Les disputes ne se limitaient pas aux partisans du réveil et plusieurs essayaient de revenir "à la normale". Un sérieux point de litige était les émotions manifestées lors des prédications de Finney. Bien que celui-ci essayait de les contrôler d'une certaine façon, les réactions étaient imprévisibles. En voici un exemple. Un pasteur fit venir Finney pour tenir des réunions dans sa ville. Il rassembla les membres le plus intelligents et influents. Pendant la réunion, Finney se rendit compte que les émotions étaient devenues si intenses qu'il était possible qu'un éclatement incontrôlable se produise et Finney était déterminé à l'éviter. Il leur parla donc de manière aussi calme et paisible que possible, sans excès ni passion. Il termina la réunion en les exhortant à rester silencieux et à restreindre leurs émotions. A ce moment un jeune homme s'évanouit et Finney fit ouvrir les portes et les expulsa dehors. Malgré cela, ceux qui étaient convaincus de péchés pleuraient bruyamment et on entendait cris. Le lendemain et pendant plusieurs jours on lui demanda de renconter les gens chez eux pour les conduire à la repentance.

L'onction de persuasion qui le suivait se manifestait même avant qu'il prêche. Lorsqu'il visita un certaine usine, son entrée dans le bâtiment provaqua une agitation chez les ouvriers et plusieurs éclatèrent en sanglots. Le propriétaire, lui-même un inconverti, arrêta toutes les opérations, et fit tenir un service religieux pour tous les employés. Après quelques jours, presque tous furent convertis.

Malgré ces signes évidents de l'œuvre de Dieu, l'opposition continua et augmenta. Un certain groupe se sépara de leur église pour en fonder une autre parce qu'ils n'aimaient pas le réveil. Finney en fut grandement troublé et il passa beaucoup de temps dans la prière. Dieu finit par l'assurer qu'Il serait avec lui et qu'il le soutiendrait. Ceci lui donna une paix et une confiance inébranlable. Ce fut la dernière fois qu'il s'inquièta à cause de l'opposition. Éventuellement après plusieurs années, ce même groupe demanda à Finney de leur prêcher la repentance et ils se convertirent tous sauf un. Il y eut auusi des pasteurs très influents qui s'opposèrent à lui mais ce fut à cause de rumeurs non fondées. Plus tard ils se joignirent à sa cause et devinrent eux aussi connus pour les réveils qu'ils provoquaient.

Après un dizaine d'années de réveil et d'évangélisation, la santé de Finney était défaillante. C'est alors qu'on lui offrit un poste d'enseignant de théologie au nouveau collège Oberlin. Il était déjà pasteur d'une église à New York à cause de sa santé. Ce collège était innovateur parce qu'il acceptait des étudiants noirs. Le débat sur l'esclavagisme était très fervent à ce moment dans cette région. Tous ses élèves l'appréciait et le respectait. Son humilité faisait en sorte qu'il reconnaissait ses erreurs devant tous. Lorsqu'il leur parlait de l'expiation, tous pleuraient, comme dans les réveils.

DOCTRINE : 
Personne ne peut vivre les expériences de Finney sans recevoir aussi l'onction qui l'accompagnait. Toutefois la doctrine qu'il prêchait et qu'il vivait sont des parties intégrantes de son œuvre que l'on ne peut pas négliger.

Voici les trois pilliers qui formaient la fondation du ministère de Charles Finney :

REPENTANCE JUSTICE PUISSANCE POUR ÉVANGÉLISER :

Nous avons vu que dès le début, Finney était conscient de son état de pécheur. Il lutta longtemps par ses forces. Lorsqu'il fut complètement désespéré il cria et implora le Seigneur de le délivrer. C'est à ce moment que Dieu lui accorda la repentance et la délivrance. A cause de cette expérience et de son arrière-plan religieux, Finney ne croyait pas à un "appel au salut". Le fait d'appeler à la repentance était vraiment innovateur à cette époque parmi cette dénomination. L'attitude théologique générale était que l'homme devait attendre que la grâce de Dieu lui accorde la repentance. En attendant la personne n'avait qu'à entretenir le désir par ses lectures, l'église, ses fréquentations, etc.

Finney bouscula tout çà en décrivant la perdition des pécheurs, l'amour de Dieu et le besoin de repentance. Au début il envoyait les gens désireux de se repentir dans une salle à part et il leur parlait individuellement. Plus tard, il les fit venir dans des bancs désignés ou les faisait lever. Ce n'était que le début du processus. Il faut noter que la plupart de ces gens allaient régulièrement à l'église sans avoir changer leurs habitudes. Certains étaient très pieux mais ne s'étaient jamais repentis.

Nous comme convertis ne devons jamais oublier la base:

Esaïe 59:2 :
 “Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation Entre vous et votre Dieu; Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face Et l'empêchent de vous écouter .

Nous espérons changer le monde sans vouloir changer nos cœurs. Nous connaissons et acceptons cette théorie, mais notre activisme nous porte à voir leur paille au lieu de notre poutre.

1 Thessaloniciens 5:23 :
 “ Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ !

Nous aimons la sanctification extérieure parce que c'est notre façade du dimanche. Le reste est moins important croit-on car il ne blesse personne. On oublie cependant que le principal intéressé dans la repentance c'est Jésus. Il est plus souvent attristé par ce qu'on pense que nos "fautes impardonables" aux yeux des chrétiens.

Psaumes 119:10 :
 “Je te cherche de tout mon coeur : Ne me laisse pas égarer loin de tes commandements !

Deutéronome 4:25 :
 “Lorsque tu auras des enfants, et des enfants de tes enfants, et que vous serez depuis longtemps   dans le pays, si vous vous corrompez , si vous faites des images taillées, des représentations de quoi que ce soit, si vous faites ce qui est mal aux yeux de l'Eternel, votre Dieu, pour l'irriter  ,-

Après avoir chercher et trouver cette repentance, Dieu nous accordera Sa justice qui donne de l'assurance.

1 Jean 3:21 :
 “Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance devant Dieu.

1 Jean 4:17 :
 “ Tel il est , tels nous sommes aussi dans ce monde : c'est en cela que l'amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l'assurance au jour du jugement.

1 Jean 5:14 :
 “ Nous avons auprès de lui cette assurance, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute .

Nous pourrons alors faire les œuvres de Jésus et parler avec autorité commme car nous serons un seul cœur avec Lui !

 Le chandelier à sept branches

 

                        Biographie de John Wesley

                   Apôtre des foules, pasteur des pauvres

                    Un voyageur se penche sur son passé

La route, presque toute droite, monte insensiblement jusqu'au bourg construit au centre de la région marécageuse et monotone. Il fait assez froid: le 1er janvier, dans les grandes plaines anglaises, l'air vous cingle impitoyablement. Ce n'est pas la saison de chevaucher un livre à la main.
A la vérité, le paysage n'étonne guère le voyageur. L'a-t-il assez de fois parcourue, et dans les deux sens, à pied comme à cheval, la route de Doncaster à Epworth, du temps de sa jeunesse! Mais, précisément parce qu'elle n'a plus l'attrait du neuf, elle saisit son attention, elle provoque un serrement de coeur: l'homme de quarante ans se dirige vers son village natal, un village ordinaire, où on a eu des joies et des peines, où votre père fut pasteur, et dont vous connaissez encore la plupart des gens... Ce cavalier qui vous précède sur la route, c'est peut-être même un gars d'Epworth...
Il ne va pas vite, en tout cas: un peu de curiosité, peut-être, pousse John Wesley à le rattraper. L'homme est plus âgé que John Wesley. Celui-ci, qui ne le reconnaît pas, remarque que l'inconnu se tient en selle avec difficulté. Est-ce donc par inexpérience? Ne serait-ce pas plutôt qu'on peut compter, à Doncaster, je ne sais combien d'auberges? Sur cette route déserte, un compagnon ne se rencontre pas si souvent qu'on hésite à le saluer. L'inconnu prend les devants; Wesley répond. D'habitude, la conversation s'oriente vers le froid, la longueur de la route, la robustesse des chevaux. Le cavalier ne s'en tient pas à ces généralités dûment éprouvées; il s'intéresse vivement au livre qui sort à moitié de la poche de Wesley; au fait, en quel endroit se rend-il? Y a-t-il plusieurs jours qu'il voyage? A-t-il de la famille à Epworth? Ces longues absences sont-elles pénibles à sa femme? Tiens! Monsieur est donc célibataire?
Un peu étonné de cette indiscrétion, John Wesley répond avec bonne grâce. A son tour de paraître indiscret:
- Savez-vous, monsieur, que nous sommes en route vers l'éternité?
L'homme ne rougit pas (ce n'est plus possible), mais, piqué, il répond vivement:
- Oh! je vous reconnais bien, allez! Wesley, c'est vous.
Un moment de silence. Les chevaux font sonner la route gelée.
- Quel dommage, reprend l'homme, quel dommage... Il semble réfléchir encore, puis continue:
- Quel dommage... Il faut croire que la religion de votre père ne vous suffisait pas. Vous vouliez du neuf. Mais, dites donc, pourquoi moi? Pourquoi vous fabriquer une nouvelle religion? La religion de nos pères, c'est toujours la meilleure, ou quoi? Moi, eh bien, je suis chrétien, monsieur Wesley. Je suis Anglican. Oui, monsieur. ça me suffit, monsieur Wesley
Ayant soudain esquissé, sur ce dernier mot, une ombre de salut, il donne un coup de talon à sa monture et disparaît rapidement dans le lointain.
John Wesley est trop habitué aux sottises écrites, imprimées, dites ou hurlées pour accorder quelque importance à ce que l'inconnu vient de dire. Il sait bien, au surplus, que nul n'est prophète en son pays: s'il se rend à Epworth, ce n'est pas pour qu'on l'y accueille avec des fleurs et des discours. Mais est-il bien vrai qu'il ait abandonné la foi de son père? Wesley songe à sa jeunesse, à son père: c'est comme si le passé se mêlait au présent, tout au long de la route.

Si la piété filiale habite le coeur de John Wesley, elle ne l'aveugle pas. Il y a quelque chose de comique dans les reproches essuyés tout à l'heure par le fils, sur la route d'Epworth: car enfin, ce père dont il aurait dû garder la religion, ce pasteur Samuel Wesley offert en modèle aujourd'hui, se peut-il qu'on oublie que la paroisse ne l'a pas aimé? Wesley se rappelle plus d'un détail évocateur, plus d'une conversation surprise; il se souvient surtout d'une nuit tragique...
Il faut bien avouer que le pasteur Samuel Wesley était un homme autoritaire, qui mêlait la politique aux affaires religieuses, usait de son prestige aux élections et se liait avec des gens qu'à tort ou à raison ses paroissiens tenaient pour les ennemis de leurs intérêts matériels. D'ailleurs, les conflits politiques divisaient jusqu'au propre ménage du pasteur. En désaccord avec sa femme, il l'avait quittée durant un an en lui déclarant que "des époux qui n'avaient pas le même roi ne pouvaient plus partager le même lit". John, né en 1703, avait été le gage de leur réconciliation sur la question royale.
Que la vie quotidienne au presbytère était dure! On y vivait de pauvreté, d'autant plus que le pasteur excitait assez de haine pour que, par trois fois, on eût tenté d'incendier la maison. Le dernier essai parvint à la consumer complètement; c'est à peine si Samuel Wesley put sauver ses nombreux enfants. En les recomptant à la lueur des flammes, il constata que manqua le petit John, alors âgé de six ans. En vain le pasteur voulut-il s'élancer dans le feu: il dut rebrousser chemin et, s'agenouillant, il commença à prier pour que Dieu reçût l'âme de son petit garçon. John, pendant ce temps, s'étant réveillé, courut jusqu'à la fenêtre; on l'y aperçut; un homme, monté sur les épaules d'un autre, put atteindre l'enfant et le sauver, tandis que le toit s'écrasait. Le père appela les voisins (parmi lesquels il y avait sans doute les incendiaires) pour remercier le Ciel. Ni la mère ni l'enfant n'oublièrent jamais cette nuit. A quarante ans, quand il y songe, Wesley y discerne encore le signe de la grâce de Dieu. Jusqu'à sa mort, il se considérera comme "un brandon arrache aux flammes". Suzanne Wesley, sa mère, n'était certes pas une femme ordinaire. Malgré un labeur acharné, dix-neuf grossesses, dix enfants vivants dont elle dirigeait aussi bien l'éducation que l'instruction, elle parvenait à prier et à méditer chaque jour pendant au moins deux heures et demie. Tous les témoignages concordent, qui attestent la ferveur de sa vie intérieure. On n'a pas tort de s'étonner de la sévérité de ses méthodes d'éducation; encore faut-il admettre que c'est à sa mère que Wesley doit la virilité de son caractère et sa silencieuse obstination. Elle était admirable de doigté, d'autorité, de perspicacité, de discernement - le mot n'est pas trop fort, - de sagesse et d'amour. Elle donnait à ses fils le spectacle quotidien d'une piété réelle, profonde, et leur apprenait à la pratiquer. John Wesley lui doit encore le souvenir des "petites compagnies" qu'elle avait établies dans la paroisse pendant les absences de son mari - nous dirions aujourd'hui des "réunions de cuisine"; il lui doit l'entretien qu'elle lui accordait une fois par semaine, en tête-à-tête, sur sa naissante vie spirituelle; il lui doit l'orientation de son ministère vers la théologie pastorale et ascétique, plutôt que vers les travaux critiques où Samuel Wesley se complaisait, et où il eût aimé entraîner son fils. John se rappelle les encouragements qu'il a reçus de sa mère avant de partir en mission, et l'appui qu'elle lui accorda dans les premiers temps du méthodisme. Sur la route d'Epworth, c'est avec la plus virile tendresse que John Wesley songe à sa mère. Il sait bien que ce qu'il y a de plus brûlant et de plus vivant dans sa foi d'homme, c'est sa mère qui le lui a transmis.
Songe-t-il à sa jeunesse? Sans doute, mais au hasard du souvenir; et peut-être à ses études, poursuivies selon l'engrenage d'alors: une protection obtenue par le père afin de permettre à John d'entrer dans une école secondaire - Charterhouse, - puis à l'Université (Oxford), en 1720.
Ses études terminées, John Wesley avait été consacré pasteur de l'Eglise d'Angleterre à vingt-deux ans, en 1725; l'année suivante, il était élu agrégé à Oxford, c'est-à-dire chargé de cours à l'Université où il avait été lui-même étudiant. On reconnaissait ainsi les remarquables facultés intellectuelle et le savoir du jeune pasteur, capable dès lors de subvenir à ses propres besoins. Il donnait aux étudiants des conférences sur la théologie du Nouveau Testament et présidait les exercices de discussions philosophiques. Le reste de son temps lui appartenait. De telles fonctions font de lui un virtuose de la discussion, mais lui apprirent aussi les limites de la pensée et de l'intellectualisme. Un frère de John Wesley, Charles, de cinq ans plus jeune, vint étudier à l'Université à son tour.
Si sa jeunesse d'étudiant ne fut point puritaine, il faut se garder de prendre à la lettre les récits qui font du jeune John un grand pécheur. La tendresse du jeune étudiant pour la fille d'un pasteur? Ce ne fut qu'une idylle, et la jeune fille influença John dans le sens le meilleur. Quand des obstacles matériels les séparèrent, Wesley continua de mener une existence studieuse et réglée. Il communiait fréquemment. Il y fallait du courage et des convictions solides. A Oxford, vers 1720-1725, communier en dehors dés trois grandes fêtes, c'était presque une inconvenance; et c'était essuyer à coup sûr les moqueries des copains et des professeurs.

Mais voici Epworth. Des rideaux se soulèvent discrètement aux fenêtres; on a déjà reconnu ce John Wesley qui divise les gens et les fait jaser: les uns le tiennent pour un fou, les autres pour un homme de Dieu. Dans quelques minutes; la nouvelle va avoir fait le tour du gros village. C'est le soir du samedi. Ses "partisans" l'attendent. Il sait bien que l'église paroissiale ne va pas accueillir la réunion qu'il vient faire. Aussi rassemble-t-il les gens qui n'ont peur ni du froid pénétrant ni des quolibets dans le cimetière - un cimetière de village, étalé tout autour de l'église, où, du premier coup d'oeil, on reconnaît les tombes des parents et des voisins. Wesley s'approche de la pierre paternelle. Il prêche dans le silence du crépuscule. Il ne dit que des choses simples, mais avec quelle force, avec quelle flamme!... Le lendemain matin, tout le monde se rend à l'église. Wesley aussi, qui s'assied sur un banc, à la place peut-être qu'il occupait dans son enfance. Mais le pasteur qui lit les prières, ce n'est plus Samuel Wesley. Le pasteur n'a pas reconnu le fils de Samuel. Il ne le reconnaîtra pas au cours du sermon. Mais quand Wesley s'avance pour communier avec les fidèles, le pasteur le reconnaît soudain, et lui refuse le pain et le vin.

Quand les jeunes gens purifient leurs sentiers

Les directives de travail et les conseils spirituels que les jeunes amis de Charles acceptaient de la part de John constituaient une discipline studieuse et religieuse qu'un farceur, un jour, appela du nom de méthode. La méthode des copains de Charles et John Wesley! C'est quand le petit groupe s'en allait communier qu'éclataient les moqueries des étudiants. On n'a pas idée de communier en semaine ou un dimanche ordinaire! Le bon sens d'Oxford n'approuvait pas de tels besoins, ça devait faire partie de la méthode, sans doute... "Regardez voir les Méthodistes qui vont communier!" Le sobriquet des Méthodistes date d'Oxford: John Wesley le releva, très dignement.
Il faut insister sur le besoin qu'éprouvèrent les Méthodistes de rechercher une piété non plus individuelle, mais, pour parler le jargon d'aujourd'hui, communautaire. Cette quête est d'une importance extrême si l'on veut comprendre comment, du jour au lendemain presque, Wesley saura répondre aux besoins spirituels des communautés nées de sa prédication. La piété de la petite communauté d'Oxford, vers 1729, s'orientait vers la vie intérieure d'une communauté dont les membres priaient ensemble, jeûnaient ensemble, communiaient ensemble - au profond ébahissement des étudiants. Les jeunes étudiants qui acceptaient la direction spirituelle de John Wesley visitaient les prisons, soignaient et réconfortaient les malades, donnaient des aumônes considérables. John Wesley donna jusqu'à 75% de son revenu et renonça au port de la coûteuse perruque, où les hommes de ce temps-là mettaient leur argent et leur dignité. C'était s'attirer les moqueries des étudiants, l'incompréhension des gens convenables. Vous rendez-vous compte, un professeur sans perruque! Wesley, pour sa part, songeait plutôt au bon usage de l'argent qu'il économisait.
Cet amour pratique, lié aux débuts même du petit groupe universitaire, demeura un trait permanent de l'apostolat de Wesley. Né d'un approfondissement spirituel, aussitôt incarné dans l'amour du prochain, le Méthodisme apparaît comme un bel exemple d'équilibre chrétien - mais aussi comme une leçon pour les chrétiens d'un siècle d'activisme qui néglige trop souvent les conditions spirituelles d'un amour efficace. Qu'on nous permette de souligner, d'autre part, que le mouvement est né parmi les étudiants. Le terrain est solide où s'aventurent tous ceux qui pensent qu'on ne saurait jamais trop prêter d'attention à la vie spirituelle des universités.
La "petite communauté" s'affermit entre 1729 et 1735, autour des deux Wesley et du fils d'une servante, George Whitefield, qui deviendra le plus illustre prédicateur anglais du XVIIIe siècle.

Ceux qui chantent dans la tempête

En 1735, forts de l'approbation de leur mère, les deux Wesley se décidèrent, assez inopinément, à partir en mission en Amérique, dans la nouvelle colonie anglaise de Georgie. Les rai sons de ce départ pour une mission fort courte (1736-1737) tenaient peut-être à un désir inconscient d'évasion. Mais les autorités civiles, qui avaient trompé les frères Wesley, leur interdirent toute évangélisation parmi les Indiens, qui n'étaient, somme toute, .que des ennemis... La mission et tous les projets d'héroïsme chrétien, toutes les décisions de dépouillement, se réduisirent à la routine d'un ministère ordinaire en milieu colonial! John Wesley s'y montra zélé, fervent, peut-être trop puritain, saintement exigeant il osa prendre le parti des opprimés contre les prérogatives de certaines personnalités influentes; il fut enfin très maladroit dans une grande désillusion d'amour qui lui rendit le séjour de Savannah impossible. On alla jusqu'à lui faire un procès: il dut s'en aller. Son frère avait abandonné sa paroisse, devant une opposition semblable, quelque temps auparavant.
Pourtant, Wesley revint d'Amérique profondément enrichi. Pour le chrétien, tout échec contient quelque grâce; et puis, Wesley avait rencontré, au voyage d'aller, et en Amérique même, des Moraves allemands, qui allaient, au cours des années suivantes, l'attirer toujours davantage.

Revenu d'Amérique avec l'amertume d'un échec qu'il attribuait à son incapacité spirituelle, Wesley en avait au moins rapporté une grande envie de mieux connaître la foi des Moraves. Dès son retour à Londres et à Oxford, il se mit à les fréquenter. Un représentant à Londres de Zinzendorf sut prouver à Wesley que sa foi intellectuelle devait s'attendre à l'expérience personnelle. C'est ce même Morave, Bohler, qui initia Wesley à la doctrine luthérienne de la foi. Sous d'aussi pressantes influences, Wesley abandonna quelque chose de sa piété anglicane - ou, si l'on préfère, il l'enrichit. Il ne se contenta plus de son rituel; il donna plus de temps à la prière d'abondance.

Fête d'amour et plénitude du Saint-Esprit

L'épisode le plus connu de la vie de John Wesley ne constitue cependant pas la page la plus claire de sa biographie: nous voulons parler de sa "conversion" de 1738, durant l'époque "morave" de sa vie.
Le 24 mai 1738, en ouvrant selon son habitude, vers 5 heures du matin, son Nouveau Testament, le professeur John Wesley lut dans la deuxième épître de Pierre une promesse qui l'impressionna: "Nous avons été mis en possession des plus précieuses et des plus grandes promesses afin que, par leur moyen, vous deveniez participants à La nature divine." Ouvrant encore le livre, il y rencontra cette autre parole: "Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu ." L'après-midi, au service anglican, où il ne manquait pas de prier malgré les suspicions de ses collègues, le chant du De Profundis lui parut admirablement exprimer les supplications dont son âme était emplie.
Il se rendit à contrecoeur, il l'avoue, à une petite réunion morave qui se tenait ce soir-là à Londres. On y lisait la préface de Luther à l'Epître aux Romains. C'est pendant cette lecture, à 20 h. 45, tandis que le lecteur décrivait, à la suite de Luther, le changement que la foi opère dans l'âme de l'homme, que Wesley ressentit quelque chose qu'il décrit ainsi: "Mon coeur s'échauffait étrangement; je met tais ma confiance dans le Christ, et dans le Christ pour mon salut. Et une assurance me fut donnée qu'il avait enlevé mes péchés, oui, les miens, et qu'il m'avait sauvé de la loi du péché et de la mort."
Un flot d'amour l'envahit aussitôt, et particulièrement envers tous ceux qui lui témoignaient leur mépris. Prenant la parole, il rendit témoignage de ce qu'il éprouvait; et puis, accompagné de quelques amis, il alla porter la nouvelle de cette expérience à son jeune frère Charles, alors alité. Celui-ci avait connu auparavant, le jour même de la Pentecôte 1738, une expérience semblable. Or, Charles Wesley était poète (il sera l'hymnologue du Méthodisme); il avait déjà traduit sa joie dans un admirable cantique. Sans doute, dans les dernières heures du 24 mai, John Wesley se rappela-t-il le récit que son frère avait dû lui faire de l'inoubliable journée de Pentecôte.
"Je crois!", s'écria John en s'approchant du lit de son frère. Tout le monde entonna le cantique que Charles venait de composer; puis l'assistance entière fléchit les genoux pour prier. Les jours suivants, au profond étonnement de plusieurs, John Wesley déclara qu'il était devenu chrétien.
Faut-il en conclure que le grand revivaliste anglais se soit donné au Christ le soir du 24 mai 1738? Quand on lit son Journal, on soupçonne que, peut-être, Wesley ne pensait pas tellement à la nouvelle naissance, en s'écriant: "Je crois", qu'à un changement profond, à une expérience décisive, à quelque rencontre avec le Christ; ou, si l'on préfère, ce n'est pas sous l'angle de la justification par la foi que Wesley parlait à ses interlocuteurs de sa joie du 24 mai, mais bien plutôt en regardant à la foi sanctifiante, qui semblé avoir été l'aspiration maîtresse de sa vie, et probablement l'apport le plus pré cieux du Méthodisme aux Eglises nées de la Réforme.
Entre 1735 et 1741, sous l'impulsion de Jonathan Edwards, l'Amérique anglaise connut un mouvement religieux qu'on peut appeler, à la lumière d'événements ultérieurs, un Réveil, et, très probablement, Wesley en eut quelques échos lors de son séjour en Georgie, en 1736-1737. En 1736, dans le Pays de Galles, un laïque qui ne put supporter l'atmosphère dissipée de l'Université d'Oxford, Howell Harris, fut l'instrument d'un mouvement revivaliste important, qui durait encore en 1739, lorsque Wesley et Whitefield en reconnaîtront le caractère évangélique et travailleront d'accord avec Harris. Deux ans plus tard, à quelques jours de distance, Charles et John Wesley reçurent l'illumination soudaine qui les emplit de joie, renouvela l'image du Christ en eux, et après laquelle, ils manifestèrent dans la prédication publique une puissance que les deux frères Wesley n'avaient encore jamais connue.
Cette expérience de Wesley est en rapports avec une effusion particulière de l'Esprit qui, dans la chrétienté anglaise, s'est traduite, sur les deux rives atlantiques, par la "plus vigoureuse, la plus tenace des réactions au sein du protestantisme en quatre siècles".
Le Journal de Wesley raconte que, le soir du 1er janvier 1739, Whitefield, les deux Wesley et une soixantaine d'amis se réunirent pour "une fête d'amour": c'était un usage morave qui rassemblait, comme dans le livre des Actes, les chrétiens désireux de passer une longue veille, au cours de laquelle on prenait le repas en commun et on priait, fort avant dans la nuit. "Vers trois heures du matin, raconte J. Wesley, comme nous persévérions dans une pressante prière, la force de Dieu vint puissamment sur nous, tellement que plusieurs se mirent à crier, ne se possédant plus de joie, tandis que d'autres tombaient la face contre terre. Quand nous sommes revenus quelque peu de l'effroi et de l'étonnement qui nous avaient saisis en présence de la majesté, nous entonnâmes d'une seule voix: "Nous te louons, ô Dieu, nous reconnaissons que tu es le Seigneur." On ose à peine commenter de telles lignes, qui éclairent singulièrement le 24 mai précédent. Whitefield, qui tenait aussi son Journal, écrit à propos de cette même "fête d'amour": "Ce fut une vraie Pentecôte."
Cinq jours après la fête d'amour du 1er janvier 1739, il y eut une autre réunion, dans la prière et le jeûne, au cours de laquelle Wesley éprouva "la conviction inébranlable que Dieu était sur le point de faire de grandes choses au milieu d'eux". Or, une subite transformation allait faire de John Wesley, en six mois environ, le plus grand revivaliste du XVIIIe siècle. Pourtant, l'histoire prouve que plus d'un témoin du Christ n'a pas attendu sa trente-sixième année pour travailler glorieusement au nom de son Seigneur. Le ministère de J. Wesley dans la paroisse de son père avait été vraiment terne; son rôle à l'Université d'Oxford se borna, en réalité, à réunir une dizaine de jeunes gens; sa mission en Amérique parut être un échec. Mais, du 1er avril 1739 à la fin de la même année, Wesley tiendra 500 meetings en plein air et suscitera, dans le Pays de Bristol et à Londres, un véritable incendie religieux. Whitefield suggère la solution de l'énigme en écrivant que leurs soixante amis, après lui-même, et Charles, et John Wesley, connurent une Pentecôte en vue de la subite puissance qu'ils manifestèrent dans l'évangélisation tout aussitôt, comme les apôtres avaient reçu l'effusion de l'Esprit "avec impétuosité" avant que la parole de saint Pierre n'ajoutât trois mille personnes à l'Eglise.
La "Pentecôte" du 1er janvier 1739, ou "fête d'amour", ou "réunion d'attente" (le terme importe peu, et varie selon les milieux chrétiens) éclaire le 24 mai précédent. L'Ecriture permet de choisir un terme moins ambigu que celui de "conversion": plénitude du Saint-Esprit, ou baptême dans l'Esprit-Saint, comme on voudra, puisque les conséquences de cette plénitude sont dans la vie de Wesley, comme dans les Actes des Apôtres, semblables malgré dix-sept siècles d'histoire.

Pèlerinage aux sources moraves

Puisque la grâce de Dieu l'avait saisi par le ministère des Moraves, John Wesley décida de se rendre à Herrnhut, au fond de la Saxe, sur la frontière bohémienne, pour rencontrer Zinzendorf et pour voir la communauté. Ce n'était pas dans le tempérament de Wesley de faire ou de croire quelque chose à moitié. Se mettre totalement à l'école des Mo raves, si Dieu le demandait; faire la part de l'excellent et du médiocre si c'était nécessaire, mais répondre aux questions nées de la fréquentation des Moraves, et agir à leur égard selon la parole évangélique: Viens et vois! Il va sans dire que, pénétré de reconnaissance, Wesley se rendait en Saxe (par la Hollande), le coeur empli de bonne volonté et d'amitié envers les disciples de Zinzendorf.
Il ne fut pas déçu. La fréquentation de ceux que, de loin, il tenait pour les meilleurs des chrétiens, le remplit d'admiration. Il rassembla un véritable dossier sur l'organisation d'Herrnhut, où la vie communautaire mettait la louange et la prière au premier plan des préoccupations de chacun. Le caractère ascétique et quasi monacal, dans la libre acceptation de tous, l'organisation presque méticuleuse de la vie quotidienne, ne pouvaient que plaire à celui que les rieurs d'Oxford qualifiaient de "méthodiste" en toutes choses. Les Moraves se réunissaient régulièrement en groupes composés de gens du même âge et de la même condition: les célibataires entre eux, les femmes mariées ensemble, etc.; des subdivisions plus intimes permettaient la libre conversation spirituelle et la confession mutuelle. Wesley prenait notes sur notes. La petite communauté d'Oxford n'avait-elle pas pressenti quelque chose de cela? Dieu ne donnait-il pas, dans les expériences d'Herrnhut, une réponse aux recherches des jeunes "méthodistes"?
Quand il revint d'Allemagne, Wesley nourrissait sans doute une sainte jalousie à l'égard des Moraves. Il n'allait pas attendre longtemps - Dieu allait lui ouvrir un champ d'activité auquel il ne s'attendait pas.

Le début de l'évangélisation moderne

George Whitefield, le jeune étudiant qui participait aux exercices spirituels d'Oxford et aux réunions d'attente à Londres, avait pris l'engagement d'aller collecter de l'argent pour un orphelinat d'une colonie anglaise d'Amérique. Car les Méthodistes joignaient, aussi bien en 1739 qu'en 1729, l'activité à la piété. C'est pourquoi Whitefield vint à Bristol, le grand port colonial, dans l'intention d'y recueillir de l'argent et de s'embarquer pour l'Amérique.
"Puisqu'il a tellement envie de convertir les païens, que ne va-t-il à Kingswood?", dirent, entre autres commentaires désagréables, les esprits forts de l'endroit. Il y a toujours une part de vérité dans les sottises qu'on dit aux chrétiens. En vérité, à Kingswood, aux portes mêmes de Bristol, des hommes extrayaient le charbon exigé par le jeune capitalisme et la prospérité croissante du port de Bristol; mais on n'avait construit pour les mineurs ni temples ni écoles; aucun pasteur ne leur avait été accordé. On ne les admettait pas, pour autant, dans les églises ni les écoles de Bristol: il est vrai que s'ils fomentaient des émeutes, elles étaient réprimées sans ménagement. Kingswood représente parfaitement, dans toute sa nudité, l'état de déchéance où l'homme se trouva plongé aux premiers temps de la Révolution industrielle.
Le clergé de Bristol ne s'intéressait pas plus à l'orphelinat de Whitefield qu'aux habitants de Kingswood: la prédication dans les églises fut interdite au missionnaire. Le samedi 17 février 1739, Whitefield décida de relever le défi lancé par les sceptiques, et les pasteurs anglicans. N'avait-il pas, huit jours, auparavant, parlé dans une auberge à une centaine de personnes? Ne se demandait-il pas depuis longtemps s'il fallait vraiment établir des distinctions entre le contenu des prédications destinées aux Anglais ou aux Indiens? Whitefield porterait donc la Bonne Nouvelle aux païens de Kingswood.
Le même soir, du haut d'un tertre, il s'adressait à 200 mineurs. On se moqua de lui, il y eut des blasphèmes, mais il fut écouté. Le lendemain, 2000 auditeurs accoururent, et les chiffres augmentèrent les jours suivants jusqu'à 20.000 personnes. Ces foules-là entendaient pour la première fois une prédication de l'Evangile, et avec quelle puissance! On n'était pourtant pas en terre de mission, et ce n'était pas non plus une campagne revivaliste: le Réveil suppose un minimum de christianisation préalable. On avait affaire, dans ce district, à une population que les chrétiens avaient laissé véritablement retourner au paganisme. C'était là quelque chose de neuf: la première campagne d'évangélisation moderne en un pays de chrétienté.
De nombreuses conversions dressèrent la première Eglise de Kingswood en même temps que la première communauté méthodiste depuis. celle d'Oxford, lorsque Wesley constata que les pasteurs de Bristol repoussaient de la Sainte-Cène ces gens qui, après tout, n'étaient pas leurs paroissiens, et qui éprouvaient soudain le désir de communier. Mais, auparavant, enhardi par le succès, Whitefield avait annoncé, avec le même bonheur, l'Evangile à Bristol même, dans le jardin public. Ce fut; en définitive, un incendie dans les milieux populaires, une explosion dans les cercles ecclésiastiques. On menaça Whitefield de tous les côtés, on le condamna dans des lettres pastorales. Il avait, cependant, des engagements en Angleterre; puis il devait partir pour l'Amérique: il appela Wesley au secours.
Sans prendre aucun engagement auprès de Whitefield, Wesley arrivait à Bristol le 31 mars 1739. Il venait voir. Le lendemain, dimanche 1er avril, il accompagnait Whitefield, qui devait prêcher ce jour-là trois fois en plein air. Le même soir, après avoir donné son approbation à Whitefield, il expliquait à un groupe de chrétiens le Sermon sur la Montagne, "remarquable précédent, notait-il dans son Journal, de prédication dans les champs, bien que, sans doute, il y eût des églises en ce temps-là?"
Le lendemain, lundi 2 avril 1739, à 16 heures, monté sur une butte proche de Bristol, Wesley haranguait trois mille hommes: "L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur.,."
Il faut croire que Wesley s'accoutuma rapidement à cette "étrange façon de prêcher", s'il est vrai qu'au cours des neuf premiers mois de l'an l'évangélisation moderne, il prêcha cinq cents fois, dont dix à peine dans les temples. Ni la pluie, ni le vent, ni les sarcasmes ne réussissaient à disperser les foules accourues autour de Wesley, à Bristol ou à Londres (et cela dura un demi-siècle). Ce n'était pas toujours facile. Vingt ans plus tard, il notera dans son Journal, un soir: "Rien d'étonnant que le diable n'aime pas la prédication en plein air. Moi non plus; si je m'écoutais, je ne l'aimerais pas. J'aime une salle commode, un coussin confortable, une table, une chaire convenable. Mais que vaudrait mon zèle si, pour sauver une seule âme, je ne mettais pas tout cela sous mes pieds?"

Cinquante années d'itinérance

John Wesley se lève à 4 heures, chaque matin, pour tenir à 5 heures la première réunion de la journée. Après quoi, en robe de clergyman - mais sans perruque, - le rabat plus ou moins maltraité par le vent, un livre à la main, les jambes bottées, car les routes sont mauvaises, Wesley enfourche son cheval. Il a minutieusement préparé son voyage. Vent ou pluie, neige ou chaleur accablante ne l'arrêtent pas. Il réunira, une fois parvenu au village où on l'attend, les membres de la communauté méthodiste. Si le pasteur anglican lui accorde l'usage de l'église, Wesley y prêchera volontiers. S'il y vient trop de monde, il parlera du parvis, ou d'une fenêtre, n'importe. Si les portes ne s'ouvrent pas devant lui, il parlera dans la halle du marché, dans une grange, sous un gros arbre, sur la plage ou dans un pré. De toute manière, une ou deux fois dans la journée, il adressera un appel aux gens du village, à l'improviste, monté sur une chaise ou sur une grosse pierre, dans la rue principale. Wesley n'oublie pas Kingswood. Puisque les gens ne viennent pas dans les temples, il ira les chercher dans les rues ou à la sortie de leur travail.
Ni le jovial et irascible voyageur ni Wesley lui-même ne savent que cette existence, qui a commencé quatre ans plus tôt, va encore se prolonger pendant quarante-huit années. Quelle admirable monotonie dans la vie de ce voyageur! Il demeure quelques jours dans une ville, traverse un village, y exhorte les Méthodistes, appelle la foule à la conversion, s'en va coucher plus loin - durant des semaines, jusqu'à ce qu'il revienne à Londres pour quelques jours, afin d'y mieux préparer une autre tournée de ce genre. Il est impossible de raconter cette vie sans lasser l'attention; et pourtant, rien ne reflète mieux l'activité et la foi de Wesley que la monotonie laborieuse de son existence.
Un labeur fait d'un constant, d'un héroïque oubli de soi. A quarante-neuf ans, malade, il note dans son Journal: "Etant à peu près capable d'aller à cheval, mais non de marcher, je me suis rendu à Bristol..." A quarante-huit ans, on le voit, au cours de trois journées, prêcher dix ou onze fois en public, c'est-à-dire généralement en plein air, et tenir au moins trois réunions avec les Méthodistes eux-mêmes. Une grave maladie ne terrasse qu'à moitié l'énergique Wesley. A cinquante ans, il tombe malade. Le jour où il se sent mal au lever, il décide de tenir la parole qu'il a donnée et part pour Canterbury. Il voyage de 4 heures du matin à 1 heure de l'après-midi; à l'arrivée, il est saisi par les frissons de la fièvre. Les jours suivants, il joue à cache-cache avec elle. Le mardi soir, il prêche, ainsi que le lendemain matin à 5 heures; mais, dès 9 heures du matin jusqu'au lendemain, il doit rester au lit; dès le vendredi, profitant de ce qu'il appelle un "intervalle de santé", il part en chaise de poste et prêche le soir même. Tout au cours du mois de novembre, il doit emprunter des diligences et des chaises de poste, s'aliter constamment, sans jamais prendre de vrai repos, malgré la toux et les douleurs du côté gauche. Finalement, un médecin de ses amis lui intime l'ordre de se reposer à la campagne. Wesley, épuisé, se sent si mal qu'il compose son épitaphe: Ci-gît le corps de John Wesley, brandon arraché des flammes, qui mourut sans laisser 10 livres sterling derrière lui...

On calculera, après la mort de Wesley, qu'il aura parcouru 360.000 kilomètres - soit neuf fois le tour de la terre ou, si l'on préfère, une moyenne de 20 kilomètres par jour depuis 1739. On calculera encore qu'il aura prononcé ou écrit quarante mille sermons, et qu'il aura prêché cinquante mille fois. Il arrive que les chiffres aient leur éloquence.

Heureux serez-vous quand on vous outragera


En 1745, en Cornouailles, Wesley se rend chez une dame qui avait été longtemps malade. Il arrive chez elle vers 3 heures dé l'après-midi. La foule de Falmouth encercle aussitôt la maison; les quatre personnes - Wesley et une jeune fille appelée Kitty, la dame et sa fille - sont bel et bien assiégées. Les cris retentissent sans cesse, repris par la foule en colère: "Sortez le canorum! Où est le canorun?" Canorum, c'était le surnom dont on avait affublé les Méthodistes en Cornouailles. La propriétaire de la maison et sa fille s'étant sauvées, les ennemis de Wesley parviennent à forcer la porte et à envahir le corridor d'entrée. Une autre porte fermée, une mince cloison protègent seules Wesley et Kitty. Wesley décroche une grande glace, de peur que tout le panneau ne soit renversé par les forcenés, au premier rang desquels se démènent les matelots de plusieurs navires corsaires récemment arrivés dans le port. La pauvre Kitty, épouvantée par le bruit du couloir, les soubresauts de la porte et de la cloison, les imprécations des marins, s'écrie:
- Monsieur, que devons-nous faire?
- Prier, dit Wesley, qui ajoute dans son Journal: "En vérité, nos vies ne valaient alors pas cher."

Cependant, l'opposition se manifeste, pour commencer, dans les milieux ecclésiastiques, et c'est chez eux qu'elle s'éteint en dernier lieu. Une espèce particulière de conspiration du silence atteint Wesley dès 1739; tandis que clergymen et évêques confient à l'impression d'acides appréciations sur le Méthodisme, ils interdisent la chaire aux pasteurs suspects. Wesley est, avec Whitefield, le premier visé. Ce ne sera qu'en 1748 que, pour la première fois, un pasteur anglican ouvrira son église à John Wesley. Il lui faudra du courage, et il ne sera que fort lentement imité.
Le déchaînement de l'opposition au Méthodisme atteint tous les milieux. Oxford avertit son récent agrégé, après un sermon sur le salut par la foi: "Monsieur, vous ne prêcherez plus ici." Le théâtre et la presse calomnient la "nouvelle doctrine", ridiculisent Wesley, propagent sur son compte les pires âneries. La Loi sert à compliquer la tâche des évangélistes. C'est tantôt les interdictions locales appuyées sur l'autorité d'un magistrat passionné; ailleurs, la police refuse de faire son devoir; souvent, les partisans des combats de coqs, alors si florissants, voyant à juste titre en Wesley l'ennemi même de leur noble occupation, cherchent à le dégoûter de leur localité. Quand elle ne provoque pas elle-même des troubles dans les réunions, l'opposition civile et religieuse les tolère presque toujours. Elle intervient parfois en emprisonnant les victimes. Wesley fait connaissance avec plus d'une prison locale. Le procédé le plus original et le plus odieux, c'est l'enrôlement légal et forcé des auxiliaires itinérants du Méthodisme dans l'armée, sous le prétexte de vagabondage.
L'opposition spontanée, tantôt gouailleuse, tantôt fanatique, met en oeuvre toute la gamme des chahuts pour gêner la prédication méthodiste. On hue, on siffle, on rit, on crie, on jette des pétards, on se bat. D'autres fois, on lance de la boue, des fruits pourris, des pierres sur le prédicateur. Wesley essuie personnellement soixante émeutes; il est sept fois blessé ou gravement frappé.

Un messager fidèle apporte la guérison

On aurait tort d'exagérer l'importance accordée par Wesley à la guérison divine; mais il est tout aussi tendancieux de passer sous silence l'évident désir du Réformateur de manifester la miséricorde du Christ aux malades.
En 1739, c'est-à-dire au lendemain de sa a conversion", ou plutôt de son baptême dans le Saint-Esprit, Wesley est appelé pour un cas extraordinaire. Un tisserand, touché par la prédication, puis, le lendemain, par la lecture d'un traité de Wesley, est en proie à une angoisse et à une agitation extrêmes. A la vue de Wesley, l'homme confesse que Dieu l'a vaincu, apostrophe Satan: "Tu ne vas plus me posséder plus longtemps. Christ va te chasser..." On ne nous dit pas comment Wesley prie alors, ni dans quels termes. Qu'importe? C'est par un exorcisme qu'il rend la paix à cet homme.
Wesley n'hésite pas à s'emparer, pour son propre compte ou pour celui d'autrui, des promesses de guérison attachées à la prière. Parfois, c'est toute la "communauté" méthodiste qui prie pour des malades: par deux fois, en 1761 et en 1767, ils sont guéris instantanément. En 1790, Wesley note dans le Journal, à propos de la guérison d'une femme: "Je crois que le Seigneur n'a pas accompli de miracle plus évident aux jours de sa chair." La même année, Wesley guérit à Newcastle un neurasthénique.
Il faut donc expliquer par autre chose qu'un don magnétique de guérisseur les subits rétablissements de Méthodistes après la visite que leur fait Wesley.

Le coeur de John Wesley

Si l'homme d'action semble l'emporter dans le caractère de Wesley, on aurait tort d'oublier qu'il est avant toute chose un intellectuel. A cet égard, Wesley paraît fort proche de Calvin.
La culture de Wesley n'est pas négligeable. Philosophe, linguiste, théologien, il sait le latin, le grec, l'hébreu - cela va sans dire, - étudie l'arabe, le français, l'italien, l'allemand, l'espagnol. On nous le montre poursuivant des conversations dans ces quatre dernières langues. Il suit attentivement les recherches médicales, s'enthousiasme à propos des découvertes électriques, rend justice à Franklin avant la communauté royale de Londres, au point de soigner les pauvres avec une machine électrique. Il apprécie la littérature mondiale et en publie des extraits pour la Bibliothèque méthodiste. S'il n'est pas un grand écrivain, il s'exprime avec bonheur; et s'il n'est pas un poète aussi doué que son frère Charles, il goûte la poésie et la pratique parfois. Mais, quelque admiration qu'on ait pour Wesley, ce n'est pas une raison suffisante pour passer sous silence ses erreurs.
C'en est une que son mariage. Après la déception d'amour éprouvée en Amérique, Wesley s'est cru destiné au célibat. Il y a même consacré un petit ouvrage, où il conçoit le célibat comme une préparation au Royaume de Dieu. Il semble que l'heureux, mais tardif mariage de son frère l'incite à demander cependant la main d'une servante qui, après avoir agréé Wesley, épouse brusquement l'un de ses aides laïques. Certains amis, et Charles Wesley, ont sans doute contribué à ce revirement - dans la crainte d'une mésalliance. C'est pourquoi Wesley presse tellement les choses, plus tard, en 1751, lorsqu'il se croit destiné à épouser une veuve qui l'a fort bien soigné durant une maladie: il décide la chose et l'accomplit en quinze jours. Mais toutes les qualités de Mme Wesley se révèlent alors vaines: elle est jalouse, et inintelligente. La désillusion est si prompte que, trois jours après le mariage, Wesley écrit dans son Journal: "J'ai réuni les célibataires de la communauté et les ai exhortés à rester célibataires."
Mme Wesley soupçonne, en effet, son mari de toutes les bassesses. Elle veut lui imposer la vie sédentaire, afin de le surveiller. Elle explose en scènes continuelles, opère des perquisitions dans ses papiers, les vole, survient à l'improviste, à 100 km de Londres, afin de vérifier la fidélité de son mari... Elle le frappe, le jette à terre, le traîne par les cheveux, sans qu'il se défende. Elle n'hésite pas à livrer aux ennemis de son mari des papiers qu'elle a saisis. Elle abandonne plusieurs fois le domicile conjugal et il faut que Wesley la supplie d'y revenir. Cela dure vingt ans. Un beau jour, elle quitte définitivement Wesley. On lit dans son Journal: "Elle est partie pour New-York je ne sais pourquoi, en me disant qu'elle ne reviendra jamais. Je ne l'ai pas délaissée, je ne l'ai pas renvoyée, je ne la rappellerai pas." Elle vivra encore dix ans après cette séparation. On a dit qu'une des preuves de la grandeur de Wesley, c'est que ses infortunes domestiques n'entraînèrent aucun contrecoup dans son ministère. Au contraire, "il en sortit transformé".
Plusieurs historiens insistent sur l'orgueil de Wesley. Le reproche n'est pas injuste; mais il ne faut pas déduire des tendances autoritaires de Wesley qu'il n'agît que par orgueil. Il gouverne selon la logique de son rôle, à savoir qu'il est le chef d'un ordre. Lorsqu'il demande aux Méthodistes de ne publier aucun livre sans son assentiment, quand il institue de son chef une constitution (que ses disciples ne respecteront d'ailleurs pas), il n'essaie pas tellement de tout ramener à lui que de constituer un corps coordonné et de s'opposer aux tendances séparatistes qu'il voit s'enfler dans le Méthodisme. La réaction méthodiste, dès la mort du patriarche, suggère que le reproche d'autoritarisme recouvre des griefs d'un autre ordre: on décidera de ne plus tolérer de "dictature", de ne nommer le président et le secrétaire de la conférence que pour un an, on préparera la rupture effective avec l'anglicanisme. L'orgueil de Wesley, que nous ne nions pas, dissimule aussi l'acharnement du chef "d'ordre" à maintenir son oeuvre contre les tendances dissolvantes ou novatrices.

Le havre de bien mourir

La vieillesse ne terrasse Wesley qu'à l'âge de 86 ans: le 1er janvier 1790, John Wesley constate dans son Journal qu'il est désormais un vieillard affaibli, à la vue troublée, à l'écriture tremblante, à la bouche fiévreuse, à la démarche lente et pénible. "Mais, Dieu soit béni! Je ne ralentis pas mon travail et je puis encore prêcher et écrire." Les témoins rapportent qu'il continue à se lever à quatre heures du matin. Il prêche encore, aussi bien devant les adultes que les enfants. Il lui arrive de prêcher trois fois le dimanche, en trois endroits différents. A 87 ans, il fait une tournée de cinq mois en Angleterre et en Ecosse. On imagine l'accueil des communautés, qui se demandent si elles reverront le patriarche. Les mines sont désertées à Kingswood dès le seul bruit de son arrivée. Wesley ne renonce pas à prêcher en plein air. C'est au cours de ce dernier voyage qu'il guérit le neurasthénique de Newcastle. Il prêche devant un grand auditoire dans son village natal. Il peut encore présider la conférence annuelle. Il garde le même humour que dans sa jeunesse: à l'ouverture de la foire de Bristol, il prêche sur le texte: Achète la vérité et ne la vends pas.
Le 7 octobre 1790, il prêche pour la dernière fois en plein air. Il abandonne son Journal et son livre de comptes. Il prêche, certains dimanches, dans des temples anglicans - rien que chez des anglicans.
Son énergie étonne. Il parle certes de la mort, mais sa prédication est toujours aussi virile. "Si nous n'y prenons pas garde, écrit-il à un prédicateur, nous dégénérerons en efféminés. Soldats du Christ, debout!" Une semaine avant de mourir, il va prêcher à 32 kilomètres de Londres.
A partir du 25 février 1791, l'état de Wesley devient alarmant. Il perd conscience; mais quand il va mieux, c'est pour dire en souriant au médecin: "Ils ont plus de peur que je n'ai de mal." Il récite des cantiques, parle de la sanctification. "Combien il est nécessaire que chacun soit sur ce bon fondement: Je suis le plus grand des pécheurs. Mais Jésus mourut pour moi... Nous devons être justifiés par la foi, puis tendre à une pleine sanctification." Il répète aussi: "Nous avons la liberté d'entrer dans le lieu très saint par le sang de Jésus." Il chante encore des cantiques, mais il ne peut plus écrire. Il se contente de dicter: "Dieu est avec nous." On le voit prier, sans qu'on puisse toujours le comprendre. Une fois, se croyant sans doute à la fin d'une réunion, il dit: "Nous avons fini, séparons-nous." Il demande qu'on prie, et s'associe par un amen fervent à la prière d'un Auxiliaire qui demande la bénédiction de Dieu sur le Méthodisme après la mort de Wesley. Il veut qu'on distribue gratuitement son sermon sur l'amour de Dieu. Il parle du repos des serviteurs de Dieu, et s'écrie en recevant un ami: " Le meilleur de tout, c'est que Dieu est avec nous!" La veille de sa mort, il murmure encore des prières, des versets. Il dit: "Les nuées distillent la rosée." Il a la force encore de réciter le psaume 46. Le 2 mars 1791, après avoir dit: "Adieu", il expire. Ses amis entonnent un cantique de louange. On l'enterre de grand matin pour éviter la foule.
Cinquante-six ans plus tôt, Wesley avait éprouvé une violente jalousie à l'égard des Moraves qui ne craignaient pas de mourir.

Wesley mort, le réveil subsiste

Les Anglais ne rendent pas seulement justice au grand vieillard qui parcourut les pays noirs et les campagnes du Royaume; ils mesurent encore l'influence que les Méthodistes ont exercée dans les moeurs du XVIIIe et du XIXe siècles: "Leur exemple, l'esprit d'émulation et d'imitation ranimèrent le zèle religieux dans toutes les églises protestantes. Leur influence se manifesta aussi par un admirable mouvement de charité, le mouvement dit philanthropique, qui devait aboutir à la réforme des prisons et, beaucoup plus tard, après une campagne acharnée contre l'abominable traite des nègres, à l'interdiction de la traite et à l'abolition de l'esclavage."
Le mouvement ouvrier n'a pas eu, en Angleterre, ce caractère à la fois anticlérical et antireligieux, qui traduit le ressentiment du prolétariat continental à l'égard des Eglises qui se sont plus ou moins désintéressées de lui.
On en a déduit que Wesley a évité la révolution à l'Angleterre. Quand ce serait vrai, nous n'y verrions pas de véritable éloge: la tâche particulière des chrétiens n'étant ni de susciter, ni d'éviter les révolutions; au surplus, l'Angleterre avait derrière elle, quand Wesley naquit, deux révolutions - et l'une d'elles, sanglante et acharnée, avait longtemps dressé le pays contre lui-même. Si elle s'est socialisée sans haïr le Christ, c'est sans doute parce que des témoins du Christ ont su obéir à l'amour plus qu'aux préjugés, devant les mouvements nés de la révolution industrielle, et qu'ils l'ont fait par obéissance au Christ, et nullement par calcul politique.

Mais quelle erreur ce serait de vouloir énumérer un a un les bienfaits - et les hauts faits - du Méthodisme! Dieu seul peut le faire. D'ailleurs, l'apport essentiel du Méthodisme n'est pas là. Un historien, qui n'est pas méthodiste, écrit: "C'est tout le protestantisme que l'esprit de Wesley allait renouveler ."
L'esprit de Wesley, en effet, c'est le Réveil.
Ce ne sont pas les Eglises méthodistes, ni les ouvrages de Wesley, ni la piété méthodiste qui peuvent à eux seuls circonscrire le rôle du troisième des Réformateurs. John Wesley informe toutes les églises, de la Réforme de la puissance du Saint-Esprit. Il leur rappelle que ni les traditions (même protestantes), ni les exigences de l'ordre ecclésiastique ne doivent s'opposer à la liberté du Saint-Esprit. Tandis qu'en présence de la succession apostolique et de la doctrine catholique des ministères, les protestants s'en tiennent à des positions surtout négatives ou défensives, Wesley les appelle à l'acceptation - non plus théorique, mais quotidienne, avec ses risques inévitables - des vocations et des ministères charismatiques. D'autre part, le Méthodisme met l'accent sur l'oeuvre positive du Saint-Esprit dans les coeurs des chrétiens. La doctrine de la sanctification est la réponse victorieuse aux deux tentations permanentes du protestantisme du XVIe siècle (que le Méthodisme n'a d'ailleurs pas évitées lui-même): le moralisme puritain, d'une part, et l'hérésie antinomienne, la passivité devant le péché, de l'autre.
C'est dans cette double certitude, toute tissée de joie et de puissance victorieuse, que le Réveil allumé grâce à Wesley a enveloppé le protestantisme.
De même que l'influence de Cook et de Haldane fut considérablement plus étendue que les chiffres des statistiques méthodistes ne l'indiquent; et de même encore que les 75.000 membres de l'ordre méthodiste en Grande-Bretagne, les 60.000 en Amérique, ne traduisent qu'en partie les fruits du labeur de Wesley quand il mourut; ainsi, l'action du Réveil dépasse toujours les limites des organisations et des Eglises qui y prennent naissance ou qui s'en réclament directement.
Nous pensons que l'exemple personnel de Wesley demeure, à cet égard, toujours vrai. Que la grâce de Dieu nous préserve, les uns et les autres, du sectarisme chrétien, aussi bien que de l'aveuglement spirituel.

Le chandelier à sept branches

Dwight Moody : Dwight Lyman Moody – 1837-1899

 

Son père meurt alcoolique début quarantaine. Sa mère veuve à 36 ans avec 7 enfants et des jumeaux à venir. Dwight est le plus jeune. Travaille à 13 ans. Un oncle pasteur vient les aider. Il baptise Moody. Il prend conscience de Dieu et commence à le chercher

Évangéliste. 1 million sauvé sous son ministère.

Commence dans le commerce de chaussures à Boston à 17 ans (un contact de son oncle ). Aller à l’église est une condition au travail. Trouve le pasteur ennuyant. Rencontre le professeur d’éducation chrétienne dans un parc et il lui parle de l’amour de Dieu. Moody commente : " C’était un nouveau monde. Les oiseaux chantaient mieux et le soleil brillait plus clairement. Je n’avais jamais expérimenté une telle paix. "

2 ans plus tard (19 ans ) va à Chicago dan le commerce de son frère. Pas obliger d’aller à l’église mais il en cherche une. Loue 4 bancs pour garçons seuls et troublés comme lui. Se sent un cœur d’évangéliste, et change d’église. Distribue des traités partout. Quelques-uns sont sauvés et l’église est impressionné. Inspiré par un groupe de prière pour le réveil et veut enseigner l’école du dimanche, mais plus de professeurs que d’étudiants. Il va chercher dans gens dans la rue et en quelques jours, les élèves ont doublé.

Deux ans plus tard il commence à enseigner les enfants d’âge primaire surtout. Ils se réunissent dans un petit wagon de marchandise. Va ensuite dans un saloon abandonné dans un secteur qu’on appelait " Le Petit Enfer ". Les gens venaient de partout pour l’entendre, même le maire. Celui-ci lui prête gratuitement un autre local.. Encore en affaires à 23 ans. Fait $5,000 par année alors que la plupart des églises en font $300. Il quitte tout pour le ministère.

L’école du dimanche grandit rapidement. En 1861, Abraham Lincoln (qui était sur son chemin pour se faire inaugurer président des États Unis) visite l’école et il dit aux enfants : "Pratiquez ce que vous apprenez de votre professeur, quelques-uns d’entre vous deviendront peut-être président des États Unis. Travaille avec l’équipe missionnaire du YMCA. (Young Men’s Christian Association - fondé en Angleterre en 1844 pour étude biblique et prière au lieu de la rue. Plusieurs vivaient entassés au travail. Besoin d’argent et subventionné par le gouvernement et pas assez profitable pour seulement les chrétiens. Ouvert à tous. Au lieu de valeurs chrétiennes on parle du développement du caractère).

En 1862 se marrie à Emma qui vient écouter ses sermons. Ont deux enfants. En 1862 pendant la Guerre Civile, il court au milieu du champ de bataille et demande aux mourants s’ils sont chrétiens. A la demande populaire il débute une église. Elle brûle un peu plus tard. Il ramasse $20,000 et construit Illinois Street Church (deviendra aujourd’hui Moody Church). Les gens vont presque tous dans d’autres églises à cause de la reconstruction. L’église de 1500 places débute avec 12 personnes en 1864 . En 1866 J. H. Harwood devient le pasteur et Moody un diacre. En 1867 va en Angleterre en rencontre un évangéliste qui dit " Le monde n’a pas encore vue ce que Dieu peut faire au moyen d’un homme qui Lui est totalement consacré ". Se rappelant cet événement Moody dit : " Alors que je traversais l’Atlantique, les planches du bateau semblaient gravées avec ces paroles, et lorsque je suis arrivé à Chicago, les pierres du pavé en semblaient incrustées. Ceci eut pour résultat que Moody décida qu’il était impliqué dans trop de ministères et il décida de se concentrer sur l’évangélisation.

En 1868 il engage Ira Sankey à chanter dans ses croisades. 1871 parle à un groupe et leur dit d’évaluer ce qu’il venait de dire pour la semaine prochaine. Avant même que la réunion finisse, on entend l’alarme de feu. C’était le Grand Feu de Chicago qui a brûlé le tiers de la ville. Un secteur de 4 milles par ¾ de mille.

Plus jamais Moody ne remettra un décision pour le salut à plus tard. C’est cette même année qu’il rencontre deux femmes dans ses réunions. Il les voit prier et va les rencontrer. Elles lui dirent qu’elles priaient pour lui. Pourquoi ne pas prier les gens? Demanda-t-il. Elles répondirent : " Parce que vous avez besoin de la puisance du St-Esprit " Relatant plus tard cet événement il se rappel avoir pensé : " Je pensais avoir la puissance. J’avais la plus grosse église de Chicago. Plusieurs se convertissaient. J’étais satisfait. " Ces femmes continuèrent à lui parler d’une onction spéciale. Elles prièrent avec ferveur pour Moody.

A partir de ce moment il sentit qu ‘il ne pouvait plus continuer sans recevoir cette onction. Quelques temps plus tard, il déclara : " En pleine rue à New-York je reçus un telle expérience de Son amour que j’ai courru jusqu’à la maison d’un ami et lui demandai de rester seule dans une chambre. J’y suis resté pendant plusieurs heures. Je demandai à Dieu d’arrêter car je pensais en mourir. " Ensuite mes sermons n’étaient pas différents, je ne présentais pas de nouvelles vérités, mais des centaines se convertissaient.

 Le chandelier à sept branches

 

Biographie de Smith Wigglesworth

1859 Né à Menston, Yorkshire, Angleterre, le 10 juin. Baptisé dans une église anglicane le 4 décembre.

1865 Travaille dans les champs dès l’âge de six ans, ramassant et nettoyant des navets

1866 À l’âge de sept ans, il commence à travailler dans une fabrique de laine, douze heures par jour. Pas de temps pour l’école.

1867 Se convertit à l’Eglise méthodiste de Menston où John Wesley a prêché.

1867 Reçoit la confirmation à l’Eglise anglicane le 5 septembre à l’âge de treize ans. Déménage à Bradfort.

1875 S’associe avec l’Armée du Salut et les Frères de Plymouth

1876 Est baptisé par immersion à l’âge de dix-sept ans.

1879 Travaille avec les enfants pauvres de Liverpool par l’intermédiaire de réunions d’évangélisation et de programmes alimentaires. Subvient à ses besoins financiers en exerçant le métier de plombier.

1882 se marie à Mary Jane « Polly » Featherson. Leurs cinq enfants furent Alice, Seth, Harold, Ernest et George.

Débuts 1900 Polly et lui fondèrent Bowland Street Mission, à Bradfort. Ils placent un drapeau à l’extérieur qui déclare « Christ est mort pour nos péchés » d’un côté et « Je suis le Seigneur qui t’a guéri » de l’autre.

1907 Baptisé dans le Saint-Esprit le 28 octobre 1907 à Sunderland après avoir reçu l’imposition des mains. Commença à prêcher tout en continuant son travail de plombier pour les rentées d’argent.

1912 Le Daily Echo de Sunderland du 31 mai, parle de sa réunion pour la guérison à l’Eglise All Saint.

1913 Le Daily Mirror de Londres publie un article en première page avec quatre photos d’un service de baptêmes au bord de la mer conduit par Wigglesworth.

1913 Polly meurt. Le mari en deuil demande à Dieu une double portion de l’Esprit

1914 Voyage aux Etats-Unis via le Canada. Parle à Stone Church à Chicago pendant le mois de juni. Deux mois plus tard, il prêche pour George et Carrie Judd Montgomery à Cazadero, dans le pays des séquoias à une centaine de kilomètres au nord de San Fransisco. Wigglesworth reçoit l’ordination par Messieurs Pinson et Robert Craig, le 1er août. La première Guerre mondiale débute en Europe, ce qui entrava ses voyages.

1915 De retour en Angleterre pour une convention de Pâques ? Prêche à Londres pour la première réunion pentecôtiste, le Lundi de Pentecôte. Son fils George meurt.

1920 Poursuit son ministère en Europe pendants six mois : France, Suisse, pays scandinaves. Est mis en prison en Suisse, à deux reprises.

1921 Conduit les réunions à Stockholm à la demande de Lewis Pethrus, en avril. Est arrêté pour avoir imposé les mains aux malades. Les accusations sont abandonnées avec l’ordre de ne plus imposer les mains dans les réunions de masse le Lundi de Pentecôte.

1922 Voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande via le Sri Lanka. Arrive au Nord de Melbourne, Australie, le 16 février 1922, avec une réunion cette même nuit. Prêche à Wellington public, Nouvelle-Zélande, en mai. Le Dominion de Wellington publie un long reportage sous les titres : Guérisons de foi. Scènes extraordinaires à la salle de la mairie. Le sourd devenu entendant. Le Sun de Christchurch a été très critique vis-à-vis des réunions conduites à l’invitation de la Mission de Sydenham. Va à Dunedin. Le Evening Star de Dunedin couvre les rencontres dans son édition de 15 juin 1922. Reste à Dunedin jusqu’à la fin juin. Retourne à Wellington, où il commence des réunions en juillet. Les journalistes de Dominion recherchent des déclarations par écrit et sous serment de guérisons. Commence le 2 octobre des réunions à San Diego, Californie. « Osez croire Dieu » fut son thème pour les réunions de l’union pentecôtiste à Chicago, du 29 octobre au 12 novembre.

1923 Retourne en Nouvelle-Zélande en octobre. Tient des réunions à Auckland, au Nord de Palmerton, Blendheim et continue avec Wellington le 16 décembre. Assiste à une convention pentecôtiste du 23 au 30 décembre.

1923 Retourne aux Etats-Unis pour une tournée de prédications, qui inclut des arrêts à Berkeley, Californie et à Springfield, dans le Missouri.

1924 Reçoit les pièces justificatives d’identité ministérielle des Assemblées de Dieu des Etats-Unis, à l’âge de soixante-cinq ans. Sous la rubrique « appel spécifique », il marque « professeur-évangéliste. La maison d’éditions Gospel Publishing House publie Une foi toujours plus grande.

1925 Voyage en Afrique du Sud pendant l’année. Commence des réunions à Phoenix avec H.L Faulkner, au temple apostolique, le 8 février ; prêcha au Maria Woodworth-Etter Tabernacle, à Indianapolis, le 14 février. Tient des réunions en réunions en Angleterre et en Suisse. Prêche au Brethel Temple à Los Angeles.

1927 Retourne en Australie et en Nouvelle-Zélande. Va au Richmond Temple de Melbourne, pendant le printemps. Des témoignages de guérisons sont donnés, concernant des réunions qui ont lieu en 1922.

1927 Conduit des réunions au Angelus Temple d’Aimee Semple McPherson, pendant l’automne, ainsi que dans d’autres églises de la Californie de Sud. Prêche au Glad Tidings Temple de Sans Fransisco, du 26 octobre au 6 novembre ; et également, aux réunions de lundi, de Carrie Judd Mongomery, le 31 octobre.

1928 Va en Suisse pendant le printemps, puis retourne en Angleterre, pour la Convention du lundi de Pâques. Dresse une tente à Londres, pour œuvrer avec l’Eglise anglicane.

1930 Poursuit son ministère aux Etats-Unis, incluant des réunions avec Robert et Marie Brown, à New York. Reprend le bateau pour l’Angleterre, le 19 avril.

1930 – 1933 Souffre de calculs biliaires. Refuse l’aide médicale.

1932 Demande au Seigneur quinze ans de plus à vivre. Tient des réunions à Eureka Springs, dans l’Arkansas, du 29 août au 12 septembre.

1933 Est guéri des calculs biliaires le 4 octobre.

1934 Retourne aux Etats-Unis à l’automne.

1935 Wigglesworth – maintenant âgé de 76 ans – et les Salters poursuivent leur ministère au Glad Tidings Temple de San Frasisco, du 29 janvier au 10 février.

1936 Voyage en Afrique du Sud. Donne la prophétie concernant Du Plessis.

1935 La Gospel Publishing House publie Une foi qui domine

1943 – 1947 Ministère confiné à l’Angleterre, dû à la Deuxième Guerre mondiale et à son âge avancé.

1943 – 1948 Smith Wigglesworth meurt le 12 mars 1947, au Glad Tiding Hall, à Wakefield dans le Yorkshire. Les funérailles se tiennent à Elim Church de Bradford, le 17 mars.

 

Le chandelier à sept branches

 

David Livingstone

Livingstone naquit le 13 mars 1813, à Blantyre, en Ecosse, où il passa les 23 premières années de sa vie. Ses parents, de pieux chrétiens, jouèrent un rôle important dans sa vie en l’introduisant dans le sujet des missions. Jeune homme, il travailla dans un moulin local, mais refusait catégoriquement la pensée que ce travail deviendrait sa destinée. A l’époque où il eut 21 ans, Livingstone avait accepté Christ et avait décidé de devenir médecin missionnaire. Il entendit parler de Robert Moffat, un missionnaire en Afrique du Sud, qui racontait l’œuvre qui se poursuivait à Kuruman. En l’espace de 18 mois, il économisa suffisamment d’argent pour poursuivre ses études. Après avoir terminé une école de médecine, il accepta un poste au sein de la Société Missionnaire de Londres en Afrique du Sud. Et le 8 décembre 1840, il s’embarqua pour Kuruman.

Une Aventure de Côte en Côte

Cependant, à son arrivée, il fut déçu de ne rencontrer qu’une petite portion de la population africaine vivant dans la région. Il se détermina à atteindre une plus grande population. Une année plus tard, on lui accorda la permission d’aller s’installer à environ 1000 kilomètres en retrait dans l’intérieur de l’Afrique afin d’y établir une autre station missionnaire. Livingstone ne perdit pas de temps, en mettant les choses en ordre à Mabotsa.

En 1845, il retourna à Kuruman où il rencontra Mary, la fille de Robert Moffat, avec laquelle il se maria. Leur mariage dura 18 années et fut témoin de la naissance de quatre enfants.

Livingstone emmenait souvent sa famille avec lui lorsqu’il traversait le désert africain. Toutefois, il y eut de nombreuses occasions où ils ne purent pas être ensemble. La période de séparation la plus longue fut de cinq ans, entre novembre 1853 et mai 1856. Livingstone acheva l’un des plus époustouflants voyages jamais expérimentés, une aventure de côte en côte qui couvrit plus de 6000 kilomètres de terres inexplorées, dont la plupart était localisée le long de la Rivière Zambezi.

Afflictions et Victoire

Après une visite rallongée en Angleterre, Livingstone et son épouse commencèrent leur dernier voyage ensemble. Ce fut durant cette aventure que Livingstone fit face à la plus sévère épreuve de sa vie : Mary mourut en 1862 à cause des complications liées à la fièvre africaine.

Le chagrin et le découragement tourmentèrent Livingstone : " C’était le premier coup dur que j’aie jamais souffert, et cela a réellement ruiné mes forces. J’ai pleuré sur elle, elle méritait tant toutes ces larmes. Je l’ai aimée quand je l’ai épousée, et à mesure que je vivais avec elle, je l’aimais davantage. "

Après plusieurs tentatives qui échouèrent d’implanter des stations missionnaires à l’intérieur et le long des côtes, Livingstone conclut que Dieu le dirigeait dans une autre direction. Jamais un Européen ne s’était aventuré en Afrique du Nord. Ceci allait être son prochain but et son plus grand exploit pour la future œuvre missionnaire. Les tableaux et les cartes qu’il nous laissa changèrent notre façon de voir l’Afrique.

" Je suis un cœur et une âme missionnaires ", écrivait Livingstone. " Dieu avait un seul Fils, et Il était missionnaire et médecin. Une bien pauvre imitation de Lui suis-je, ou souhaiterais-je être. Dans ce service, j’espère vivre; et dans ce dernier, je souhaite mourir. " Personne d’autre n’avait autant accompli pour étendre les efforts missionnaires que David Livingstone.

Avançant à pied vers l’intérieur en 1866, Livingstone atteignit le Lac Nyasson le 8 août et commença son voyage dans le Nord en direction du Lac Tanganyika. Il écrivit : " Ô Jésus, accorde-moi de me résigner à Ta volonté, et une entière confiance dans Ta puissante main… La cause est la Tienne. Quelle impulsion serait donnée à l’idée que l’Afrique n’est pas ouverte si je péris maintenant… "

Livingstone fut souvent affaibli par des accès de la fièvre africaine. Des mois puis des années s’écoulèrent sans que le monde extérieur sache où il se trouvait. C’est alors qu’un journaliste de New York, Henry Morton Stanley, releva le défi de " retrouver Livingstone. "

Le 10 novembre 1871, la caravane de Stanley, chargée de provisions, atteignit Ujiji en Afrique. Un mince et frêle Livingston sortit à pieds pour aller à sa rencontre lorsque Stanley s’inclina, retira son chapeau et prononça les mots devenus maintenant célèbres : " Dr Livingstone, je présume. "

Aimé du monde entier

Livingstone était aimé et honoré par le monde. Cependant, lorsque Stanley le trouva, il était faible et sous-alimenté. Les deux hommes établirent rapidement un lien d’amitié. Après la mort de Livingstone, ce fut Stanley qui travailla diligemment en vue de voir des missionnaires servir dans le pays dont son ami avait ouvert l’accès.

La mort surprit David Livingstone le 30 avril 1873, après une longue maladie. Ses compagnons africains rapportèrent qu’ils le trouvèrent agenouillés à côté de son lit où il avait formulé sa dernière prière terrestre. Son corps, de même que ses possessions – des papiers et des cartes – fut transporté à Bagamoyo, sur la côte, et de là, envoyé en Angleterre, où il est enterré dans l’abbaye de Westminster.

Le chandelier à sept branches

George Fox

 Le grand secret de la puissance de Fox résidait dans sa foi en Dieu. Il commença pratiquement sans avantages mais il influença vite le monde entier pour Dieu. Son seul désir était l’avancement du royaume de Christ sur Terre. Au travers de son influence, l’Angleterre, l’Irlande et l’Ecosse se retrouvèrent bientôt en flammes.

"L’incident le plus remarquable de l’histoire moderne n’est peut-être pas la diète de Worms, encore moins la bataille d’Austerlitz ou Peterloo ou quelque autre bataille.

"L’incident le plus remarquable est simplement laissé de côté par la plupart des historiens et traité avec une certaine dérision par les autres : il s’agit en fait de George Fox se taillant pour lui-même un costume en cuir.

"Jamais rien ne fut accompli de plus grandiose que le moment où George Fox, s’habillant d’un costume en cuir, s’en alla bien déterminé à trouver la vérité pour lui-même et à livrer bataille pour elle contre toute superstition et toute intolérance."

C’était l’opinion de Thomas Carlyle au sujet de George Fox, le pauvre cordonnier sans instruction. Sa vie de prédicateur itinérant fut tellement rude qu’il se fit ce fameux pantalon en cuir qui devint légendaire par la suite. Ce pantalon était connu dans tout le pays, raconte l’historien Macauley. Au milieu du XVIIème siècle, les gens craignaient l’homme vêtu de ce fameux costume tout autant que les spectateurs du Jourdain craignaient, bien des siècles auparavant, l’homme qui avait la ceinture nouée autour de ses reins et qui se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Et l’on pouvait légitimement dire que George Fox et Jean le Baptiste étaient des âmes sœurs.

George Fox vit la lumière du jour en 1624 à Drayton-in-the-Clay dans le Leichestershire en Angleterre. Ses parents pieux appartenaient à l’Eglise d’Angleterre et s’efforcèrent d’élever leurs enfants dans la crainte du Seigneur. George fit son premier pas dans sa longue quête spirituelle à l’âge de 11 ans quand il livra son cœur au Seigneur. A partir de ce moment-là, il chercha toujours à vivre une vie honnête et droite.

Les feux de la Réforme d’il y avait cent ans s’étaient éteints à l’époque. Parmi le clergé là-bas abondaient beaucoup d’éducation, de débauche et de confort. L’Eglise Protestante n’existait plus que par son nom, elle était morte en réalité.

George Fox ne connut une relation personnelle directe avec Dieu qu’après l’âge de 19 ans. Ensuite, son âme fut remplie pendant un certain temps d’étranges désirs et de continuelles recherches de Dieu. Les chrétiens qu’il rencontrait ne possédaient pas ce qu’ils professaient. Il était si profondément attristé et désemparé par les exemples de leur hypocrisie qu’il pouvait passer des nuits entières à faire les quatre cent pas dans sa chambre et prier Dieu. Il chercha l’aide auprès des hommes mais n’en trouva point.

La famille de George ne savait pas quoi faire de lui. L’un disait gentiment que le mariage serait le remède à son esprit mélancolique. Un autre préférait penser qu’il devrait s’engager dans l’armée. Un troisième croyait que le tabac et le fait de chanter des psaumes lui apporteraient du réconfort. Il n’était pas étonnant que, dans ces conditions, notre âme en recherche pensait que ses conseillers étaient tous des "consolateurs fâcheux". Un certain homme, censé être expérimenté dans les choses de Dieu, parut "un tonneau vide" à George Fox. Alors qu’il recherchait conseil auprès d’un homme du clergé, Fox piétina par accident son parterre de fleurs ce qui lui valut de déclencher la fureur de son propriétaire.

Ne trouvant pas d’aide de la part des hommes, Fox arrêta de chercher à cette source. Avec sa Bible comme guide, il commença à chercher de l’aide auprès du Seigneur seul. Lentement, la lumière commença à se lever sur lui. Il fut conduit à constater que seuls ceux qui étaient passés de la mort à la vie croyaient vraiment en Christ. Une fois pour toutes, Fox décida que "le fait d’avoir reçu une instruction à Oxford ou à Cambridge ne qualifiait pas ou ne rendait pas un homme apte à être un ministre de Christ."

Vers l’âge de 23 ans, George Fox commença à prêcher les vérités qui lui étaient révélées. Il fut puissamment utilisé par Dieu. Il arriva ainsi à point nommé "pour sauver l’Eglise de la mort et du formalisme et le monde de l’infidélité". Il fut envoyé par Dieu pour appeler l’Eglise à une véritable adoration spirituelle.

Fox commença à prêcher avec peu d’instruction, sans formation particulière et sans aucun avantage particulier de quelque nature. Il prêchait tellement que les hommes en avaient des tremblements. Le nom de Quakers ("ceux qui tremblent") fut rattaché à Fox et à ses disciples à cause des tremblements des hommes, qui venaient pour se moquer mais restaient ensuite pour prier. Bien qu’il fît trembler les autres, aucun homme ne pouvait le faire trembler, lui.

Pieds nus à travers la foule du marché de Litchfield en Angleterre, cet homme au costume en cuir élevait ses mains et sa voix pour crier : "Malheur à toi Litchfield, la ville sanguinaire! Malheur à Litchfield!" Il ne craignait ni les hommes ni les conséquences de ses discours. Au début, cela amusait la foule, puis cela la rendit grave, et enfin terrifiée.

Voilà un homme dont le zèle était inextinguible. Il avait "entendu une voix". L’on avait beau le battre, le jeter en prison, se moquer de lui comme d’un fou. Il continuait à proclamer le message de Christ. Banni des églises, George Fox prenait une pierre comme chaire et prêchait aux foules dans les rues. Transféré de sa réunion de rue en prison, il transformait la prison en cathédrale pour proclamer les œuvres merveilleuses de Dieu. Il fut souvent trouvé en train de louer le Seigneur dans une cellule puante de prison.

Qu’il ait à faire à un juge ou à un criminel, au Lord Protecteur ou à une servante de cuisine, Fox fut un témoin en flammes. "Il parcourait sans arrêt les Iles Britanniques," écrit un de ses biographes, "prêchant et protestant comme aucun autre homme ne l’avait fait avant lui. Dans sa prédication, il usa habits, chevaux, critiques, persécuteurs et finalement il s’usa aussi lui-même."

A maintes reprises, Fox prophétisa des événements qui lui étaient révélés. Des visions lui venaient souvent. Une fois dans le Lancashire en Angleterre, pendant qu’il escaladait Pendle Hill, il reçut la vision d’un réveil à venir dans cette région. Il vit "la campagne grouillant d’hommes qui se dirigeaient tous vers le même endroit." J’ai moi-même participé à un culte dans la vieille maison de rencontre construite après la grande visitation de Dieu dans cette région.

En personne, Fox était un homme fort avec de remarquables yeux perçants. Ses paroles étaient comme des éclairs. Son jugement était clair et sa logique convaincante. Son don spirituel majeur était un discernement remarquable. Il semblait être capable de lire le caractère des hommes simplement en les regardant. Il assimilait les tempéraments des gens à ceux d’un lion, d’un serpent, d’un lion ou d’une guêpe. Il pouvait rencontrer une personne et dire : "Je vois l’esprit d’un renard rusé en vous." "Vous avez la nature d’un serpent." Ou encore "Vous êtes aussi vicieux qu’un tigre." Fox était bien en avance sur tous ses contemporains.

Le grand secret de la puissance de Fox résidait dans sa foi en Dieu. Il commença pratiquement sans avantages mais il influença vite le monde entier pour Dieu. Son seul désir était l’avancement du royaume de Christ sur Terre. Au travers de son influence, l’Angleterre, l’Irlande et l’Ecosse se retrouvèrent bientôt en flammes. En 1661, plusieurs de ses disciples traversèrent les océans pour proclamer la vérité dans des pays étrangers. En 1664, il épousa Margaret Fell. Entre 1670 et 1673, il leva les voiles pour les Indes occidentales et l’Amérique du Nord. Bien qu’il y fût aussi persécuté, la parole se répandait.

Jamais aucun réformateur religieux ou politique ne fut aussi souvent emprisonné que George Fox, et dans quelles prisons! Mais ces séjours en prison étaient des œuvres missionnaires. Au lieu d’être confiné seul, il avait toujours avec lui une congrégation, et il faisait des convertis. Sa renommée se répandait et les gens venaient l’entendre par foules entières.

Un gouverneur américain distingué, Livingston, fut justifié en donnant la haute opinion suivante à propos du "secoueur inébranlable" : George Fox, sans avoir reçu d’instruction humaine, accomplit davantage que tout autre réformateur de la chrétienté protestante en faveur de la restauration du Christianisme réel, primitif et pur, et de la destruction du "professionnalisme ecclésiastique", de la superstition et des vains rites et cérémonies.

Il nous a laissé l’exemple d’un service dévoué et sans crainte mais que peu, hélas, ont jamais tenté de suivre. "Il voyait l’enfer et le ciel, Dieu et le jugement avec une telle clarté qu’il était contraint de sortir à la bonne et à la mauvaise saisons pour arracher les pauvres pécheurs de leur horrible destruction." Il faisait constamment des apparitions là où personne ne l’attendait, bloquant la route à l’enfer et montrant la route vers le ciel, tout cela parce qu’il était complètement délivré de la peur d’autrui et intraitable à l’égard de routines inutiles.

Comme les villes à travers le monde d’aujourd’hui pourraient se mettre à trembler sous l’impulsion de travailleurs aussi remplis de Dieu et de foi, aussi détachés de leurs propres vie, intérêts et confort, et aussi déterminés à dépouiller le royaume du diable que ne l’était George Fox!

Une fois que Fox eut saisi la vérité qu’il avait recherchée, sa vie spirituelle fut marquée d’un calme tranquille. Il n’eut pas des hauts et des bas. Sa vie fut pure, semblable à celle d’un enfant, véritablement cachée avec Christ en Dieu.

Sa prédication était simple mais puissante. Il est possible qu’elle ait manqué d’éloquence et de clarté, qu’elle ait été faite de phrases entrecousues, qu’elle ait été pratiquement inintelligible. L’Esprit Saint n’en était pas moins présent dans tous les discours de Fox. Il excellait à la prière.

L’oeuvre qui permit de connaître principalement Fox fut son journal. Ce livre, qui fut imprimé trois ans après sa mort, est l’un des livres les plus connus au monde, "riche par sa profondeur spirituelle, sa noble simplicité et sa force morale." C’étaient la présence de Fox et les paroles qu’il avait prononcées qui donnaient la profonde impression qui ressortait de son journal.

George Fox s’éteignit à Londres le 13 janvier 1691. Si jamais vous allez à Londres, rendez-vous à sa tombe exactement à l’opposé de l’église de John Wesley à City Road. En dépit de la mousse et de son âge, vous pourrez lire sur la pierre tombale " "Ci-gît George Fox!" Il se trouve en bonne compagnie car près de lui, dans l’attente du jour dernier, reposent Suzanna la mère de John Wesley, Isaac Watts, Daniel Defoe et d’autres célébrités. George Fox, qui honora le Fils, sera un jour honoré par Lui. Repose en paix, toi George le fidèle, le combatif!

"Plus que toute autre chose, George Fox excellait à la prière. La profondeur de son esprit, la révérence et la solennité de son discours et de son comportement, la rareté et la plénitude de ses mots ont souvent frappé d’admiration les étrangers mêmes tandis qu’il les employait à apporter aux autres la consolation. Le tableau le plus terrible, le plus vivant d'un pasteur que j'aie jamais contemplé ou qui m'ait jamais fait un si fort effet, je dois le dire, était la prière de George fox. George Fox connut et vécut plus près du Seigneur que les autres hommes car ceux qui Le connaissent le mieux ont davantage de raisons de s’approcher de Lui avec révérence et crainte."

Le chandelier à sept branches

 
 
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