Le Réveil

Par Mr l'Évangeliste D. - L. Moody

 



LE RÉVEIL

Par D.-L. MOODY

Les Réveils sont bibliques

J’espère que vous serez tous d’accord pour reconnaître que les réveils sont parfaitement bibliques. De tout temps, Dieu a réveillé son Peuple. Il y eut un puissant réveil avec Moïse, lorsqu’il fut envoyé en Égypte pour délivrer le Peuple de la « maison d’esclavage ». Depuis Moïse, Dieu suscita toujours des prophètes et des hommes pour rappeler à Lui les enfants d’Israël chaque fois qu’ils retournaient sur le chemin de l’idolâtrie.

J’avais l’habitude de penser que j’aurais bien voulu vivre aux temps de ces prophètes, mais j’ai abandonné cette idée, car les prophètes apparaissaient toujours à l’époque la plus noire, quand Israël se détournait de l’Éternel pour servir des dieux étrangers.

Alors Dieu suscitait des prophètes pour rappeler à Lui Son Peuple.

Les ennemis de Dieu

Toute œuvre véritable de Dieu eut ses pires ennemis – non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur – exactement comme au temps de Néhémie. Il y a toujours quelques bonnes gens qui se joignent à Satan pour élever leur voix contre l’œuvre de Dieu. L’action la meilleure rencontre toujours l’opposition la plus forte.

Que quelqu’un aille dans une ville, y prêche avec toute l’éloquence de Démosthène, attire les foules, et qu’il n’y ait pas de conversion, tous les journaux l’applaudiront et feront son éloge ! Mais qu’il y ait quelques conversions, l’opposition deviendra aussi brûlante que l’enfer peut la rendre ; elle a toujours existé et existera toujours. Plus un homme vit en Christ, plus il est fidèle, mais plus aussi les ennemis de Dieu sont cruels à son égard.

Y a-t-il eu dans le monde un prédicateur tel que Jean-Baptiste en dehors du Maître Lui-même ? Voyez comme l’opposition fut violente et non seulement de la part des mauvaises gens, mais aussi de la part de ceux qui s’appelaient « bons » à cette époque. Son ministère fut court, mais ce fut comme un souffle de printemps après une longue nuit d’hiver. Puis vinrent Christ et ses apôtres, qui accomplirent une œuvre immense, rencontrant néanmoins l’opposition partout.

Les dénominations engendrées par les Réveils

Maintenant, je ne peux pas comprendre comment un homme ou une femme qui connaît la Bible peut s’élever et agir contre un mouvement de réveil. Je suis étonné de voir dans l’histoire de l’Église, dénomination après dénomination s’élever contre ce que j’appelle l’œuvre de Dieu.

L’Église Catholique romaine réclame d’être apostolique, comment peut-elle être opposée aux réveils quand l’Église de Christ est née de la Pentecôte ? Ce fut le plus grand réveil que le monde ait jamais connu, et encore que l’Église Catholique n’aime pas le mot « réveil », les prêtres tiennent des « missions » qui sont exactement la même chose.

Et l’Église Episcopale (1), si elle pouvait tracer une ligne jusqu’à la Pentecôte, verrait qu’elle est aussi une enfant du réveil. Je ne sais pas comment celui qui appartient à une Église Episcopale peut s’opposer à un mouvement de réveil. Plus l’Église devient vieille, plus elle a besoin d’un réveil, car la tendance est toujours au formalisme.

D’où vient donc l’Église Luthérienne, si elle n’est pas née d’un réveil au temps de Luther ? Comment un Luthérien peut-il s’opposer à un mouvement de réveil, c’est pour moi un mystère. Que Dieu ait aussi pitié d’un méthodiste qui ne croit pas aux réveils, car son église est née d’un réveil qui nous est encore presque contemporain. Le Méthodisme n’est-il pas né d’un réveil avec Charles et John Wesley, et Georges Whitfiefd ? Leur nation ne fut-elle pas bouleversée par leur prédication ? D’où viennent aussi les Quakers, sinon d’un réveil avec George Fox ? Et nos Unions Chrétiennes de Jeunes Gens, ne sont-elles pas le résultat du réveil de 1857 ? Toutes nos meilleures institutions sont nées de réveils, et néanmoins, tant de gens ont peur du réveil et apportent objection sur objection pour le combattre !

Objections aux Réveils

L’objection la plus populaire est celle-ci : Trop de convertis ne tiennent pas. C’est tout à fait vrai. Si tous ceux qui ont professé de se convertir avaient été fidèles, il y a longtemps que le monde entier eût été amené à Christ. Mais, savez-vous, je trouve qu’il y a quelques pasteurs et serviteurs de Dieu qui ne sont pas fidèles. Mais si tous eussent été fidèles, ce serait contraire à tous ce que peut nous rapporter la Bible. Cette objection ne vaut pas la peine qu’on s’y arrête, tous ceux qui se convertirent aux jours de Jésus sont-ils restés fidèles ? Regardez dans Jean VI, nous lisons :

« Plusieurs de Ses disciples SE RETIRERENT, et ils n’allaient plus avec Lui. »

Imaginez qu’un cultivateur ne veuille plus semer parce que toute la semence ne lève pas et ne mûrit pas, que nous coupions tous nos pommiers parce que toutes les fleurs ne deviennent pas des pommes, qu’adviendrait-il ?

Il est estimé que 90% de ceux qui entrent dans les affaires font faillite, supposez que plus personne ne veuille entrer dans les affaires parce qu’il y en a tant qui font faillite ; c’est là le genre d’argument que l’on apporte contre les réveils : « Ils ne tiennent pas tous. »

Un enfant naît, vais-je ne pas me réjouir parce qu’il y en a tant qui meurent ? Un homme tombe dans la rivière, quelqu’un saute et le sauve. Vais-je ne pas me réjouir avec lui de crainte qu’il y tombe de nouveau ? Et voilà l’argument le plus fort qu’on apporte contre les réveils !

Un autre argument qui semble capital pour beaucoup est celui-ci : Il y a tant d’agitation. Mes chers amis, je voudrais bien qu’il y ait autant d’agitation dans l’Église de Dieu et dans Son œuvre qu’il y en a dans d’autres choses. Allez dans n’importe quel lieu de plaisir, et vous y trouverez de l’agitation.

Je connais un pasteur éloquent qui fit un sermon contre une réunion de réveil que M. Sankey et moi-même avions tenue en Grande-Bretagne. Tout le sujet de son sermon portait sur une « agitation illégitime ». Dans la nuit du vendredi au samedi suivants, ce pasteur était lui-même l’animateur d’un bal qui dura jusqu’à cinq heures du matin. Alors, j’ai supposé qu’il avait préparé son sermon en pensant à une « agitation illégitime dans les réunions religieuses » !

Il y a des cabarets qui restent ouverts toute la nuit, et où les gens deviennent tellement excités qu’ils finissent par se taper les uns sur les autres et s’entre-tuer ; et voilà qu’il ne faut pas avoir de réunion de réveil parce qu’il y a « trop d’agitation ». Il y a en une semaine plus d’agitation dans les salles de billard, les salles de jeux, lieux de plaisir et cabarets, que dans toute l’Église en une année.

Les journaux, eux, n’ont rien à dire, car il n’y a pas sous le ciel de gens qui essaient de produire autant de sensation que les reporters. S’il n’y en a pas en vue, ils en fabriquent, aussi sont-ils les derniers à devoir nous jeter la pierre.

Je n’ai pas peur de l’agitation que certaines gens ; dès qu’il y a un souffle d’intérêt, ils se mettent à crier : « Du sensationnel ! Du sensationnel ! » Je vous dirai que je préfère l’agitation à l’inertie, à quelque moment que ce soit. Il n’y a rien qu’un marin redoute comme le brouillard, il ne craint pas beaucoup plus la tempête. Il y a beaucoup trop de brouillard dans l’Église de Christ, et il faut en sortir. Prenez un serviteur de Dieu qui vit dans le brouillard, il vous dira : « Je n’attire pas les foules, mais, Dieu soit loué, je ne suis pas l’homme du sensationnel. » Laissez-le écrire un livre, il sera si « sec » qu’il pourra presque s’enflammer seul, et personne ne pensera à le lire. Cet homme, pourtant, remerciera Dieu de ce qu’il n’est pas l’homme du sensationnel !

Pensez-vous qu’il y ait eu dans ce vaste monde un pays plus bouleversé que la Palestine par la prédication de Jean-Baptiste, de Jésus et des apôtres ? N’ayez pas peur d’un peu d’agitation et d’un peu de sensationnel ; il me semble que tout serait préférable à l’absence de vie. Il n’y a pas d’agitation ni sensationnel dans une tombe, quelqu’un y est couché tel qu’on l’y a mis, mais je pense qu’il y aura un bouleversement au jour de la résurrection. Là où il y a de la vie, il y a toujours du mouvement. Ce dont nous avons besoin, c’est de Vie !

Une expérience dans une ville de l’Est

Je me suis arrêté l’hiver dernier dans une ville de l’est de six mille habitants (2). Une grande partie de la population était composée de jeunes gens dont quelques-uns étaient diplômés d’université et cherchaient à se faire une situation.

Il y avait dans la ville quatre Églises et trente-six cabarets. Beaucoup de ces cabarets et salles de concert restaient ouverts jour et nuit, hiver comme été, tandis que les églises étaient pour la plupart fermées en été. Le pasteur de l’Église Episcopale malade des deux poumons, était parti ; et il n’y avait plus de service dans son église. Le pasteur baptiste était mort et le culte avait également cessé dans cette église-là. Le pasteur méthodiste n’avait plus qu’un poumon, et tout ce qu’il pouvait faire était de parler à voix basse. Il restait encore un pasteur qui prêchait contre les mouvements de réveil et mettait en garde ses paroissiens à l’égard des réunions que je devais tenir dans la ville.

Parmi mes auditeurs, je découvris qu’il n’y avait que deux jeunes gens qui appartenaient à ces Églises. A la première réunion, l’un deux, malade, ne put venir. Ainsi, il ne me restait plus pour m’aider, qu’un seul jeune homme et un pasteur prêchant contre les réveils ! Il y avait bien là de quoi décourager même les anges du ciel, et cependant, qu’y avait-il de plus nécessaire qu’un réveil, pour sauver tous ces jeunes gens qui, pour la plupart, avaient quitté les meilleurs foyers de ce pays pour aller gaspiller leur temps, leur santé et leur argent dans ces cabarets et dans tous ces bouges d’iniquité ?

Je crois que si nous demandons à Dieu une vraie manifestation de Sa puissance, Il ne nous en donnera pas une contrefaçon. Si nous Lui demandons du pain, Il ne nous donnera pas une pierre. S’il existe de la fausse monnaie, il doit bien exister quelque part aussi de la monnaie authentique ; et s’il existe de faux réveils dans l’Église – car Satan essaie toujours de nous contrefaire – nous n’allons pas pour cela renoncer aux vrais réveils. Les gens raidissent le cou, et disent : « Où sont donc les convertis de ce grand réveil ? » Dieu seul le sait et ils ne viendront pas frapper à votre porte ni tirer votre sonnette pour vous dire qui ils sont. Si vous vous opposez aux réveils, vous êtes la dernière personne à laquelle ils s’adresseront.

Le Missionnaire et l’Incrédule

Quelques personnes revenant des Indes offraient à Londres un grand dîner. Parmi les invités se trouvait un riche marchant, type parfait du sceptique, et un missionnaire. Pendant le dîner on souleva la question des nouveaux convertis. Le riche marchand anglais, prenant la parole, affirma hautement :

- J’ai vécu vingt ans aux Indes, mais je n’ai jamais entendu parler de nouvelles conversions ; j’en ai plus entendu parler à Londres qu’aux Indes. Je n’ai jamais rencontré un seul nouveau converti tout le temps que j’ai passé là-bas. Tous les invités attendaient une réplique du missionnaire, mais celui-ci ne répondit rien, tard dans la soirée, il se tourna tout à coup vers le riche marchand et lui posa cette question :

- Avez-vous vu des tigres aux Indes ?

Le visage du marchand s’illumina aussitôt.

- Oh ! oui, je ne les ai pas seulement vus, mais j’en ai tué un grand nombre.

- Ca c’est curieux, répliqua le missionnaire, j’ai vécu vingt ans aux Indes et je n’ai jamais vu un seul tigre !

L’un cherchait des tigres et l’autre cherchait des âmes. On finit toujours généralement par trouver ce que l’on cherche.

Nous avons besoin d’un Réveil

J’en arrive maintenant à un autre point, qui est primordial. Chaque fois que Dieu a revivifié Son œuvre, c’est parce qu’elle en avait besoin ; Il fait nuit avant l’aurore. Je crois que nous allons vers l’époque la plus noire de l’histoire et ne pensez pas que je sois pessimiste ; si je devais vivre dix mille ans je ne serais pas pessimiste. Je ne doute pas plus de l’accomplissement des prophéties de la Bible que de la fin de ma propre vie. Je crois que Jésus régnera en souverain Maître sur toute la terre comme au ciel et où la voix de l’homme ne sera que l’écho de la voix de Dieu. Je crois que l’heure arrive où au nom de Jésus tout genou fléchira et toute langue confessera que Jésus-Christ est le Seigneur. Je ne suis pas pessimiste, mais je ne me cache pas non plus la tête dans le sable comme l’autruche.

Je veux simplement vous faire voir les choses telles qu’elles sont pour que vous agissiez en conséquence, car les temps s’assombrissent toujours plus ; Paul dit dans sa seconde épître à Timothée : « Sache que, dans les derniers temps, il y aura des temps difficiles, car les hommes seront égoïstes. » N’est-ce pas vrai aujourd’hui ? « Egoïstes », prouvez donc le contraire si vous le pouvez. Regardez un peu tous ceux qui entassent des millions. Je suis encore assez jeune pour me souvenir du temps où, dans ce pays, on devenait facilement millionnaire, mais quand un homme avait son million, il en avait assez. Aujourd’hui, deux, trois, cinq cents millions ne peuvent le satisfaire.

« Amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irreligieux. » Ecoutez : « Insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien. »

N’avons-nous pas besoin d’une REFORME ?

N’est-il pas venu pour les enfants de Dieu le temps de crier :

« Revivifie Ton œuvre ! »

« Traites, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu… »

Récemment, un projet de loi fut envoyé à la législature de New-York, en vue de permettre aux théâtres d’ouvrir le dimanche dans cette ville. Je dis à l’un des politiciens éminents de cet Etat : « J’espère que vous allez vous opposer à ce projet et faire tout ce que vous pourrez pour le faire annuler. »

« Non, dit-il, j’y crois : et c’est ce que nous voulons. Je vais à la messe le dimanche matin, mais je crois que le Seigneur nous accorde le repos pour nous distraire. »

Servant le Dieu Vivant le matin, et Baal l’après-midi et le soir !...

La malédiction de cette génération, c’est que nous recherchons deux autels, l’un pour Baal, et l’autre pour l’Éternel.

Vous ne pouvez pas faire cela ; il doit y avoir une Séparation.

Nous avons besoin d’un réveil pour purifier l’air.

 

(1) Qui correspond, aux Etats-Unis, à l’Église anglicane

(2) Moody prêcha ce message le 2 août à East Northfield, dans l’est des Etats-Unis

 

Tiré de Réveil Digeste Chrétien. Année : 1951


 

 
 



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