LE SANG DE LA CROIX
La valeur et la puissance du sang de Jésus
« Il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix » (Colossiens : 1 / 20)
L'apôtre Paul emploie ici une expression dont la signification est très profonde.
Il parle du « sang de sa croix »
Nous savons que Paul attachait une grande importance à la croix de Christ.
Dans cette simple phrase, il a pu exprimer toute la puissance et toute la bénédiction qui se manifestent dans la mort rédemptrice de notre Seigneur.
La croix est le sujet de sa prédication, l'espérance et la gloire de sa vie.
Par l'expression qu'il emploie ici, l'apôtre Paul démontre que le sang tire toute sa valeur de l'endroit où il a été versé, c'est-à-dire à la croix.
Mais il démontre aussi que c'est grâce au sang que la croix révèle toute sa puissance et tous ses effets.
Ainsi, la croix et le sang s'illuminent mutuellement.
En étudiant ce thème de la puissance du sang, nous verrons combien il est important de considérer tout ce que cette expression veut nous enseigner, tout ce que l'apôtre a voulu dire quand il nous parle du « sang de la croix »
Cela nous permettra de considérer sous un angle nouveau toutes les vérités que nous avons déjà découvertes à propos du sang de Jésus.
Prêtons à présent attention aux quatre points suivants :
La nature de la croix.
La puissance de la croix.
L'amour de la croix.
La nature de la croix.
Nous sommes trop habitués, quand nous parlons de la croix, à penser qu'il s'agit d'une œuvre passée, accomplie une fois pour toute pour nous.
Nous ne pensons pas assez que la valeur de cette œuvre tire son origine de la nature profonde de Dieu, dont la croix n'est que l'expression extérieure.
Souvent, on met en avant les souffrances amères et profondes de Christ sur la croix, dans le but d'éveiller les sentiments religieux, comme si ces souffrances représentaient la chose la plus importante à réaliser.
Tandis que la Bible met surtout l'accent sur la révélation de la nature intérieure et profonde de Dieu, qui L'a conduit à Se livrer à la mort de la croix, et qui a continué à L'inspirer alors qu'Il était cloué sur la croix.
L'Écriture ne met jamais l'accent uniquement sur ce que le Seigneur a accompli pour nous à la croix.
Mais elle jette une lumière particulière sur ce que la Croix a accompli en Lui, et sur ce qui doit aussi être accompli en nous, au travers de l'œuvre du Seigneur.
Cela apparaît non seulement dans les paroles prononcées par notre Seigneur quand Il était sur la croix, mais aussi dans ce qu'Il avait dit précédemment à Ses disciples à trois occasions différentes.
Il leur avait dit qu'ils devaient se charger de leur croix et Le suivre.
Il leur avait dit ces paroles à plusieurs reprises, quand Il avait annoncé Sa propre crucifixion.
En parlant de la croix, le Seigneur voulait tout spécialement demander à Ses disciples de se conformer à Lui-même.
Cette conformité ne consistait pas seulement à supporter des souffrances et des persécutions, mais aussi dans la nécessité de se revêtir de Son caractère et de Sa nature intérieure.
C'est pour cela qu'Il leur disait souvent : « Renoncez à vous -mêmes et chargez-vous de votre croix ! »
C'était surtout cela qu'Il désirait que Ses disciples fassent.
Le Seigneur nous a aussi enseigné que le fait de Se charger de Sa croix n'a pas commencé quand on lui a placé cette croix de bois sur Ses épaules !
Non !
Il S'est chargé de Sa croix tout au long de Sa vie.
Ce qui s'est passé sur le Mont Golgotha, aux yeux de tous, n'a été que la manifestation ultime d'un caractère qui a inspiré toute Sa vie.
La croix brise la puissance du péché.
Qu'a donc signifié le fait de Se charger de Sa croix, pour le Seigneur Jésus ?
Quel bénéfice personnel pouvait-Il en retirer ?
Nous savons que le péché a complètement modifié la relation de l'homme avec Dieu, tout autant que la relation de Dieu avec l'homme.
Ce dernier a été coupé de Dieu par la chute.
Dieu a dû Se détourner de l'homme, et faire reposer Sa colère sur lui.
D'un côté, nous pouvons observer la terrible tyrannie exercée par le péché sur l'homme.
De l'autre, nous pouvons observer la terrible culpabilité du péché, qui oblige Dieu à juger l'homme.
Le Seigneur Jésus, qui est venu délivrer l'homme du péché dans tous ses aspects, a dû régler deux problèmes : celui de la puissance du péché, et celui de la culpabilité du péché.
D'abord le premier, ensuite le second.
Nous pouvons séparer ces deux aspects, dans le but de clarifier la présentation de la vérité.
Toutefois, le péché forme toujours un tout.
Par conséquent, nous devons comprendre que le Seigneur, par Son sacrifice substitutif à la croix, non seulement nous a d'abord libérés de la puissance du péché, mais, grâce à cette libération, nous a aussi délivrés de la culpabilité du péché.
C'est la gloire de l'œuvre de la croix, par laquelle Dieu a pu atteindre ces deux objectifs en même temps.
Il fallait que le Seigneur Jésus anéantisse la puissance du péché.
Il ne pouvait le faire que dans Sa propre personne.
C'est pour cela qu'Il dut S'incarner dans une chair la plus proche possible de notre chair de péché.
Il est venu dans la faiblesse de la chair, avec la pleine possibilité d'être tenté comme nous en toutes choses.
Depuis Son baptême dans le Saint-Esprit et la tentation de Satan dans le désert qui suivit, jusqu'à la terrible agonie de Son âme dans le jardin de Gethsémané et l'offrande de Sa vie sur la croix, toute Son existence fut un combat incessant contre le désir de faire Sa volonté et de recevoir Lui-même l'honneur, contre la tentation d'instaurer Son Royaume par des moyens charnels ou humains.
Chaque jour, il dut Se charger Lui-même de Sa croix.
Il dut accepter de perdre Sa propre vie, de renoncer à Sa volonté propre, et de ne faire que ce qu'il avait vu ou entendu de Son Père.
Une vie de sacrifice de soi.
Ce qui se passa lors de la tentation dans le désert et de l'agonie de Gethsémané, au début et à la fin de Son ministère public, ne sont que des manifestations évidentes de la nature profonde qui a caractérisé toute Son existence.
Jésus a été tenté par le péché de l'affirmation de Soi.
Mais Il a vaincu la tentation de satisfaire des désirs légitimes (depuis la première tentation, celle de manger du pain pour calmer sa faim, jusqu'à la dernière, celle d'éviter de boire cette coupe amère de la mort sur la croix), afin de Se soumettre à la volonté de Son Père.
Ainsi, Il S'est offert Lui-même, et a offert Sa vie.
Il a renoncé à Lui-même et S'est chargé de Sa croix.
Il a appris l'obéissance et a manifesté Sa perfection.
Dans Sa propre Personne, Il a remporté une victoire complète sur la puissance du péché, jusqu'à ce qu'Il puisse confesser de Sa bouche : « Je ne parlerai plus guère avec vous ; car le prince du monde vient. Il n'a rien en moi » (Jean : 14 / 30)
Sa mort sur la croix fut l'accomplissement final et glorieux de Sa victoire personnelle sur la puissance du péché.
C'est pour cela que Sa mort expiatoire sur la croix a une telle valeur !
Pour que nous puissions être réconciliés avec Dieu, il fallait que nous soyons libérés de la culpabilité.
Personne ne peut lutter contre le péché, s'il est en même temps sous l'effet de la colère de Dieu !
On ne peut jamais séparer ces deux choses.
Le Seigneur Jésus voulait délivrer l'homme de son péché.
Il ne pouvait le faire qu'en souffrant la mort en tant que Médiateur.
Par Sa mort, Il S'est chargé de la malédiction de Dieu contre le péché, et nous en a délivrés.
Sa suprême puissance pour ôter la culpabilité et la malédiction ne vient pas simplement du fait qu'Il a enduré tant de douleurs et de souffrances, jusqu'à la mort, mais qu'Il les a endurées dans l'obéissance à la volonté de Son Père, pour préserver et glorifier Sa justice.
La nature profonde de Jésus L'a toujours poussé à Se sacrifier.
C'est pour cela qu'Il S'est volontairement chargé de Sa croix.
C'est aussi cela qui confère à la croix toute sa puissance.
Il est écrit : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom » (Philippiens : 2 / 5 - 9)
Un autre passage nous dit : « Lui qui a appris, bien qu'il fût Fils, l'obéissance par les choses qu'il a souffertes, et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l'auteur d'un salut éternel » (Hébreux : 5 / 8 - 9)
C'est parce que Jésus a brisé et vaincu la puissance du péché, d'abord dans toute Son existence personnelle, qu'Il peut ôter de nous la culpabilité du péché, et nous délivrer à la fois de la puissance et de la culpabilité du péché.
La croix est un poteau indicateur divin, qui nous indique que le chemin, le seul chemin donnant accès à la vie de Dieu, passe par l'offrande en sacrifice de la vie du « moi »
Le sang est la preuve de l'obéissance de Christ.
Cet esprit d'obéissance, ce sacrifice de soi, qui a déployé à la croix toute sa valeur, a aussi déployé sa valeur dans le sang de la croix.
Là encore, Dieu nous révèle le secret de la puissance de ce sang.
Ce sang est la preuve de l'obéissance du Fils Bien-Aimé de Dieu, une obéissance qui est allée jusqu'à la mort.
Ce sang est la preuve de la véritable nature de Christ, qui a choisi d'offrir ce sang, de le verser, et de perdre Sa propre Vie, plutôt que de commettre le péché de Se complaire en Lui-même.
Il a accepté de tout sacrifier, jusqu'à Sa propre vie, pour glorifier Son Père.
Sa vie demeurait dans Son sang.
Le cœur duquel a coulé ce sang était rempli d'amour et de dévotion pour Dieu Son Père.
Sa vie était entièrement consacrée à obéir à la volonté de Son Père.
A présent, que pensez-vous ?
Lorsque ce sang, vivant et puissant par le Saint-Esprit, vient en contact avec notre propre cœur, et lorsque nous comprenons ce que signifie le sang de la croix, n'aurait-il pas la puissance de nous communiquer la sainte nature de Jésus ?
Ce sang n'a pas pu être versé sans le sacrifice de la volonté propre du Seigneur Jésus.
De même, nous ne pouvons recevoir tout le bénéfice de ce sang que si nous acceptons nous-mêmes de sacrifier notre « moi »
C'est ce sang qui peut nous transmettre une nouvelle nature capable de sacrifier le « moi »
Nous pourrons alors être conformes à Celui qui a été crucifié pour nous.
Nous ferons du sacrifice de nous-mêmes la loi la plus élevée et la plus bénie de toute notre vie.
Le sang est une puissance vivante, spirituelle et céleste.
Il est capable de transformer une âme complètement consacrée, pour lui permettre de voir et de connaître, d'une manière expérimentale, qu'il est impossible d'entrer dans la pleine vie de Dieu, sans passer par le sacrifice de soi à la croix.
La puissance de la croix.
Quand nous fixons notre attention sur cette vérité, nous pouvons recevoir une révélation plus profonde de la signification de la croix, et du « sang de la croix »
L'apôtre Paul parle de la « parole de la croix » comme étant la « puissance de Dieu »
Nous voulons savoir ce que la croix peut accomplir, en tant que puissance de Dieu.
Nous connaissons l'œuvre de notre Seigneur en ce qui concerne le péché, sous ses deux aspects.
Tout d'abord, en tant que Fils de l'Homme, le Seigneur a dû vaincre la puissance du péché.
Il a pu ensuite détruire ses effets devant Dieu, en ce qui concerne la culpabilité.
Le premier aspect fut un processus accompli tout au long de Son existence.
Le second aspect fut accompli au moment de Sa Passion.
A présent que le Seigneur a parfaitement terminé Son œuvre, nous pouvons recevoir ces deux bénédictions en même temps.
Le péché forme un tout. Il en est donc de même de la rédemption.
Nous recevons en même temps et à la fois la délivrance de la puissance du péché, et la libération de sa culpabilité.
En ce qui concerne la conscience, cependant, la libération de la culpabilité du péché vient avant la claire réalisation du pardon de nos péchés.
Il ne peut en être autrement.
Notre Seigneur devait tout d'abord nous libérer de la culpabilité, par Sa victoire sur le péché.
Puis Il est ensuite entré dans le Ciel.
La bénédiction qui découle de la croix nous est donc accordée dans l'ordre inverse.
La rédemption nous est accordée comme un don du Ciel
.
Par conséquent, la première chose que nous recevons, c'est une restauration de notre relation avec Dieu.
Ensuite, nous recevons la délivrance de la culpabilité.
En même temps, nous recevons aussi la délivrance de la puissance du péché.
Le sang permet la réconciliation.
C'est la croix qui nous permet de recevoir cette double délivrance.
Paul parle de la libération de la culpabilité dans le texte cité en exergue.
Il dit que Dieu « a voulu tout réconcilier avec Lui-même, en faisant la paix par le sang de la croix »
Le péché avait introduit un changement en Dieu.
Non pas dans Sa nature, mais dans Ses relations avec nous.
Il a dû se détourner de nous dans Sa colère.
La croix de Christ nous a permis de faire la paix avec Dieu.
En raison de l'action du sang vis-à-vis du péché, Dieu nous a réconciliés avec Lui, et nous a unis à Lui.
La puissance de la croix dans le Ciel s'est manifestée par la destruction complète de tout ce qui nous séparait de Dieu, et qui pouvait attirer sur nous Sa colère.
A présent, en Christ, nous bénéficions d'une pleine liberté d'entrée dans une relation parfaitement intime avec Dieu.
La paix a été faite, et a été proclamée.
La paix règne dans le Ciel.
Nous sommes parfaitement réconciliés avec Dieu.
Nous avons été admis à nouveau dans Son amitié.
Tout cela est dû à la puissance de la croix.
Oh ! Que nous puissions avoir des yeux pour voir clairement que le voile de séparation a été complètement déchiré !
Quel libre accès nous avons à présent dans la présence de Dieu !
Combien Ses bénédictions peuvent-elles maintenant nous atteindre en abondance !
Il n'y a plus rien, absolument plus rien, pour empêcher la plénitude de l'amour et de la puissance de Dieu de nous atteindre et d'œuvrer en nous, si ce n'est notre incrédulité, ou la dureté de notre cœur.
Puissions-nous méditer sur la puissance de ce sang dans le Ciel, jusqu'à ce que notre incrédulité soit anéantie, et que notre droit de bénéficier de cette puissance céleste, pat la foi, remplisse notre vie de joie !
La croix nous permet de mourir à nous-mêmes.
Nous avons donc vu que la croix est puissante pour effacer notre culpabilité et nous unir de nouveau à Dieu.
Mais ce premier aspect est inséparable du second.
Car la croix brise aussi la puissance du péché dans notre vie, par la mise à mort du « moi »
C'est pour cela que les Écritures nous enseignent que la croix non seulement produit en nous le désir d'accomplir ce sacrifice, mais aussi nous accorde la puissance de l'accomplir.
La croix accomplit une œuvre parfaite !
Cela apparaît avec une merveilleuse clarté dans l'épître aux Galates.
Paul y parle de la réconciliation avec Dieu et de la disparition de la culpabilité : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » (Galates : 3 / 13)
Mais, dans trois autres passages, Paul parle encore plus clairement de la croix comme moyen de nous donner la victoire sur le péché, sur le « moi », et sur le monde.
« J'ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi » (Galates : 2 / 20)
« Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs » (Galates : 5 / 24)
« Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! » (Galates : 6 / 14)
Dans ces passages, notre union avec Christ crucifié, et la conformité avec Lui qui découle de cette union, sont présentées comme le résultat de la puissance exercée sur nous par la croix.
Participants de la vie de Christ.
Pour comprendre cela, nous devons nous rappeler que lorsque Jésus Se chargea de Sa croix pour y mourir, Il l'a fait en tant que Second Adam, en tant que Tête et Garant de Son peuple.
Ce qu'Il a fait permet à Son peuple de bénéficier de Sa puissance, tout au moins à ceux qui comprennent et qui croient en Son œuvre.
La vie que le Seigneur transmet à Son peuple est une vie qui découle avant tout de Sa mort sur la croix.
En tant que Médiateur, le Seigneur S'est chargé de Sa croix tout au long de Sa vie.
En mourant sur cette croix, toujours en tant que Médiateur, Il a obtenu la vie et la gloire.
Lorsque le Chrétien est uni à Lui et reçoit Sa vie, il reçoit une vie qui, grâce à la croix, a vaincu la puissance du péché.
C'est pourquoi il peut alors dire : « J'ai été crucifié avec Christ », « Je suis mort au péché », « Je sais que le vieil homme, en moi, est crucifié avec Christ », « Je suis mort au péché », « J'ai crucifié la chair », « Je suis crucifié au monde » (Romains : 6 / 6, 11)