Naissance du Pentecôtisme en France

(Par Mr et Mme Douglas Scott)

  

Naissance du Pentecôtisme en France

Une oeuvre du Saint-Esprit au XXe siècle

Mr et Mme Douglas Scott

Par M. et Mme Douglas Scott

"Plusieurs frères m'ayant demandé de donner le récit du commencement du Réveil de Pentecôte depuis la Normandie jusqu'au Midi de la France et en Algérie, après beaucoup d'hésitations et de prières, j'arrive enfin à prendre ma plume pour le faire. Nous rendons grâces à Dieu pour tout ce qui a été fait parce que c'est l'Esprit Saint qui a tout accompli." - M. et Mme SCOTT, 1939

NOTRE APPEL

Notre appel fut vraiment un appel surnaturel. Nous avions devant nous deux portes qui semblaient être ouvertes : la France et l'Afrique. L'appel pour la France est venu parce que M. Burton, missionnaire pionnier du Congo, me dit d'aller au Havre en 1927, pour me perfectionner dans la langue française. C'est là que je rencontrai l'œuvre évangélique en France pour la première fois.

Mme Biolley, chrétienne ardente et convaincue, m'avait proposé de venir passer quelques temps au Havre avant de partir plus tard pour l'Afrique.

Nous priâmes donc en demandant au Seigneur de nous montrer clairement notre chemin et acquîmes la conviction que c'était vers la France que Dieu nous dirigeait. Mais Dieu, dans sa bonté, confirma son appel par un message en langue, interprété par M. Howard Carter qui était, en ce temps, le Principal de l'Ecole Biblique des Assemblées de Dieu à Londres.

L'Esprit Saint nous disait : "Passez par la porte qui est devant vous et, plus tard, je vous ouvrirai la seconde porte." Nous remercions le Seigneur pour cette confirmation scripturaire et biblique.

Mais voilà qu'un professeur de l'Université de Cambridge se leva dans la salle pour donner une deuxième confirmation : "Je viens d'entendre un jeune homme (c'était moi) qui a parlé en arabe littéraire; j'ai contrôlé l'interprétation, qui ne fut pas une traduction mot à mot, mais une interprétation de la pensée qui était exprimée dans le parler en langue." Forts de cette confirmation de la part du Seigneur, nous débarquions au Havre le 1er janvier 1930.

Dieu avait déjà préparé le terrain par la prière ardente de chrétiens qui avaient demandé un réveil spirituel pour la Normandie et la Bretagne depuis bien des années.

A la toute première réunion, Dieu guérit un gazé de guerre. Au fond de la salle se trouvait un cheminot qui, ayant vu le miracle, alla en parler au dépôt de chemin de fer.

Un deuxième miracle, également instantané, fut signalé, celui d'une femme percluse qui reçut immédiatement la délivrance et l'usage de tous ses membres. Elle put rentrer chez elle à pied. Nous n'avons jamais fait de propagande par prospectus dans la ville du Havre, car la manifestation de la puissance de Dieu pour guérir les malades était tellement grande que les guérisseurs perdaient tous leurs clients.

Nous ne connaissions que très peu la langue française, mais l'Esprit Saint faisait son œuvre et bientôt nous eûmes la joie de voir des conversions sincères, des personnes se préparer au baptême d'eau et, aussitôt après, recevoir le don du Saint-Esprit. Il y eut des guérisons remarquables, telle que la délivrance d'une jeune fille possédée d'un esprit de surdité, mutisme, folie et épilepsie. Une autre, qui avait jusqu'à vingt-huit crises par jour, fut également libérée de ce démon par le Seigneur.

Que dirons-nous des sourds, des paralytiques et bien d'autres infirmes qui trouvèrent auprès du Seigneur la délivrance totale ? Des cancers, des tumeurs et des excroissances de chair de toutes espèces ont été détruites devant nos yeux. Une dame mourant d'un cancer en 1930 était toujours en vie en 1960 lors de notre dernière visite au Havre. Que Dieu en soit béni !

C'est pendant ce réveil que notre frère, M. Gallice, reçut un puissant baptême du Saint-Esprit avec les dons spirituels nécessaires pour son futur ministère et ce fut entre ses mains que nous confiâmes cette nouvelle œuvre lors de notre départ vers la fin de l'année.

 

EN MISSION EN PICARDIE

Après avoir remis l'œuvre du Havre entre les mains de notre frère M. Gallice, Dieu nous dirigea vers la Picardie où nous eûmes une première mission dans l'Assemblée baptiste de Chauny où Dieu bénit richement malgré l'opposition très forte de jeunes gens envoyés pour déranger les réunions. Seule une chute de neige à la fin de la dernière réunion nous évita une vraie bagarre.

De là, certainement dirigés par l'Esprit Saint, nous allâmes vers la ville de La Fére où notre frère Pierre Nicolle était pasteur. Les débuts furent durs car on avait prévenu notre frère contre la Pentecôte (comme il l'a déjà dit dans son livre) et ce fut une grâce que le Seigneur accorda à notre sœur, Aimée Nicolle, le baptême du Saint--Esprit. Cela nous donna le courage de continuer la mission.

Quand nous avons vu sur le bureau de notre frère, M. Nicolle, sa Bible toujours ouverte aux chapitres 12, 13 et 14 de la première épître de Paul aux Corinthiens, le sachant vraiment attaché à la Parole, nous avons remercié le Seigneur pour une victoire que nous sentions venir. C'est dans cette petite mission que Dieu a mis sa main sur toute la famille Nicolle. André et Marc reçurent, de la part du Seigneur, le baptême du Saint-Esprit et, en même temps, les dons des langues, d'interprétation et de prophétie. Dans la même mission, Dieu toucha la famille Guillaume qui, plus tard, nous ouvrit la porte pour la ville de Liévin, première assemblée dans le bassin minier du Nord.

Quelques temps plus tard, nous fûmes invités à faire une courte mission à Saint-Quentin. Gloire à Dieu dans cette période, le frère Pierre Nicolle fut baptisé du Saint-Esprit. Ce fut à ce moment-là que Dieu choisit l'homme qui devait être le pilier de Son œuvre dans la Normandie. Sa connaissance de la Parole de Dieu, son esprit organisateur et sa pensée toujours claire et lucide ont permis l'affermissement de la petite œuvre de Rouen qui est devenue, sous sa direction, le centre du réveil pour la Normandie.

 

EN NORMANDIE

Lorsque, plus tard, je fis part aux amis du Havre de mon désir d'aller évangéliser la ville de Rouen, ils me firent comprendre toutes les difficultés que nous allions rencontrer dans cette ville aux "cent clochers".

Nous avions distribué 2 000 prospectus dans les rues de la ville et seulement quelques personnes vinrent aux premières réunions. Mais le Seigneur, en guérissant les malades, en délivrant les possédés, nous permit de voir la petite salle, rue Saint-Nicolas, se remplir. Nous avions au moins cinq évangélistes pour nous aider. Nous portâmes nos efforts dans le centre, à Damétal et à Sotteville, avec André Nicolle, Arthur Maret, Ove Falg, Mme Scott et moi-même. C'est grâce à la foi et à la bonté d'un foyer chrétien que nous avons pu tenir avec nos ressources excessivement limitées. Elle nous a nourris tous pour une somme très modique et Dieu a richement béni matériellement notre sœur et son mari après ce grand acte de foi.

Nous avions des appels pressants de Suisse, de Privas et de Nîmes, et c'est vraiment dans le plan de Dieu que nous avons fait appel à notre frère, M. Pierre Nicolle, pour prendre en main ce petit commencement du réveil, mais Dieu n'a-t-il pas dit : " Ne méprisez pas les petits commencements ", et c'est grâce aux réussites de nos missions à Privas et dans le Midi de la France que nous avons pu aider matériellement cette œuvre - aide qui nous a été remboursée complètement quelque temps plus tard. D'autres plumes plus capables que la mienne ont déjà parlé de ce beau réveil des années 1932, 1933 et 1934 dans la région rouennaise.

Dieu nous permit d'y retourner et, grâce au pasteur anglican de la ville qui, après un entretien assez amical, accepta de mettre à notre disposition l'église anglicane pour une mission, nous pûmes vraiment prendre pied dans la ville, car on ne nous considérait plus comme des aventuriers, mais comme un Mouvement Religieux avec des appuis solides.

 

DANS LE NORD DE LA FRANCE

Entre temps, nous avions eu une mission dans la ville de Liévin. Durant cette mission, il y eut des signes, des prodiges et des miracles. C'est de là que notre frère Arthur Maret partit pour Calais poser les jalons de l'assemblée de Dieu dans cette ville et, un peu plus tard, dans la ville de Lille où il resta assez longtemps. De ses combats, de ses difficultés, de ses victoires, nous ne pouvons pas vous parler avec une grande connaissance, mais, certes, l'appui moral du pasteur Nick, de Lille, bien connu pour sa haute spiritualité et sa générosité, a été pour nous une grande aide pour l'établissement de notre œuvre. Avant ce temps, nous eûmes une petite mission dans la ville de Roubaix qui nous permit de prendre contact avec la Belgique qui reçut le message de la Pentecôte. Huit frères et sœurs chrétiens, appartenant à l'Eglise missionnaire belge, vinrent à Roubaix. Tous furent guéris et, lorsque plus tard, le pasteur de L'emmappes nous invita pour une réunion d'évangélisation; Dieu bénit si richement le réveil de Pâturages, que le Borinage tout entier fut préparé et plus tard réalisé par une puissance exceptionnelle et une manifestation glorieuse de l'Esprit Saint.

 

DANS LES EGLISES REFORMEES

Le frère Delattre, de Privas, nous invita pour une mission de longue durée (3 semaines). Tout le monde lui disait : "Après quatre jours, il n'y aura plus personne." Ces gens ne connaissaient pas le mouvement du Saint-Esprit. Après deux semaines de réunions, la foule au dehors était plus nombreuse que l'assistance dans la petite chapelle. Avec le consentement du Consistoire, le grand temple fut ouvert et c'est là, avec le temple plein à craquer, que la mission se termina.

Dans cette mission, plusieurs pasteurs de l'Eglise Réformée furent baptisés du Saint-Esprit, avec le sceau du parler en langues. Et ce fut dans le presbytère du temple du village de Saint-Albon, d'Ardèche, que nous avons pu mettre au point et mettre en vente le premier numéro de "Viens et Vois". Des pasteurs réformés firent les corrections de notre texte et c'est Mme Scott qui tapa à la machine le premier numéro - travail bien long mais combien utile.

M. Delattre nous donna le nom de son imprimeur auquel il nous présenta et c'est ainsi que notre journal a vu le jour. Nous fûmes bien heureux de trouver un rédacteur et un administrateur en la personne d'un frère de France.

Lorsque nous descendîmes vers la capitale protestante de Nîmes, il y eut une forte opposition, bien que nous fussions introduits par le pasteur Bemard de Perrot avec l'appui d'un chrétien bien connu dans la ville, M. Louis Trouchaud.

Le journal "Le Matin vient" fit paraître un article à notre intention appelé "casse-cou", où nous étions présentés comme une "vague infernale", mais les Nîmois vinrent voir. Nous étions si nombreux que le 1er mai 1932, le grand temple était pris d'assaut par des gens venus de près et de loin pour voir ce que Dieu faisait.

Pendant cette mission, nous eûmes le privilège de nous entretenir avec le corps pastoral du Midi, les pasteurs et les étudiants de la faculté de Montpellier, ce qui nous aida beaucoup dans nos contacts avec l'Eglise protestante durant tout notre ministère.

 

EN SUISSE

Peut-être faut-il parler en même temps de la mission à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, qui commença dans le théâtre et qui se termina dans le plus grand temple de la ville, archi-comble. C'est dans cette mission que nous avons pris contact avec le frère M. Thomas-Brès et sa compagne, et ce fut certainement dans le plan de Dieu, car plus tard, il vint en France pour apporter à toutes nos assemblées le bénéfice du ministère que Dieu lui accorda, celui de docteur.

Lorsque je vis un pasteur, au fond de la salle de la Croix-Bleue, contrôler dans sa Bible tous les textes que je citais pour le baptême du Saint-Esprit, je compris que Dieu avait son homme et, plus tard, lorsque le frère M. Thomas-Brés - car c'était lui - fut visité par le Seigneur, ainsi que sa compagne, par un puissant baptême de l'Esprit Saint, nous bénissions le Seigneur à l'avance pour la colonne que Dieu allait ajouter à Son Eglise en France.

 

DANS LE MIDI

Les frères nous ont demandé de donner quelques détails du commencement du Réveil dans le Midi de la France, qui a débuté dans la ville de Marseille. Nous n'avions aucun soutien financier. Nous distribuâmes 100 000 prospectus et 25 personnes vinrent à la première réunion. Il fallut beaucoup de courage pour tenir. Mais, bientôt, Dieu nous donna une salle en plein centre de la ville et il y eut des guérisons miraculeuses. Parmi tant d'autres, Mme Bassot, guérie d'un cancer, Mme Giberti (plus tard Mme Allione), guérie de cavernes dans les deux poumons, de plusieurs paralytiques, des sourds, voire même des aveugles, ont été délivrés.

Lorsqu'une sœur, habitant la ville, bien connue dans les milieux religieux, nous dit : "Mon pauvre monsieur, qu'est-ce que vous allez faire avec ces trente personnes dans vos réunions ?", par la foi, je lui répondis : "Dans quelque temps, il y en aura 300." Ce fut une parole prophétique.

Le jour de la Pentecôte, en 1930, dans une journée de prière et de jeûne au Havre, Dieu nous avait dit : "Dans toutes les villes de ce pays où vous annoncerez le plein Evangile, je confirmerai ma Parole non seulement avec des guérisons, mais aussi avec des miracles." C'est comme cela que je puis affirmer ce qui devint une réalité peu de temps après. C'est cette même sœur qui s'est portée garant lorsque nous sommes allés demander la location de la salle, rue Louis-Astruc. On n'aurait jamais donné une salle si importante et si bien placée à un pauvre évangéliste anglais itinérant. Le jour de Pâques 1935, Dieu nous donna de voir 45 frères et sœurs prendre le baptême dans cette salle et, à travers les années, ces colonnes que Dieu nous a données ont été les colonnes dans cette Assemblée de Marseille qui a été si souvent secouée par de rudes tempêtes.

La plupart de ces 45 ont reçu tout de suite le baptême du Saint-Esprit et, comme dans la ville d'Ephèse, ont été de solides fondements dans l'œuvre.

A un certain moment, nous étions six à travailler dans l'œuvre de Marseille qui est devenue, pour le Midi, le centre du Réveil de la Pentecôte. De là, nous avons pu évangéliser et ouvrir, de Marseille, avec l'aide de plusieurs évangélistes, les villes de Nîmes, Alès, Cavaillon, Salon-de-Provence, Aix-en-Provence, Avignon et Toulon, nous appuyant toujours sur le Seigneur qui confirmait sa Parole selon la promesse énoncée dans le chapitre 16 de l'Evangile de Marc : "En mon Nom, ils chasseront les démons, ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris."

Nous voyons, dans les Actes des apôtres, comment l'Evangile intégral a été annoncé dans presque toutes les grandes villes de l'Asie Mineure, la Grèce et finalement Rome, et aussi comment le Saint-Esprit a donné à l'apôtre Paul, non seulement les dons spirituels pour son œuvre de pionnier et missionnaire, mais aussi comment Il l'a conduit dans l'établissement des Assemblées, surtout dans les grandes villes et le long des grandes lignes de communication : Antioche, Ephèse, Corinthe, Salonique, etc.. Le Saint-Esprit nous a aussi conduits dans cette méthode de travail.

En 1931, par la grâce de Dieu, nous avions déjà établi une œuvre dans la ville de Lyon que nous avons commencée dans un cinéma appelé "Eden", derrière la gare, dans le cours Suchet. Un journaliste, dans un tout petit article, ironisa sur nos efforts de planter un nouvel Eden dans les cœurs dans un pareil endroit. Mais, après un certain temps, une petite assemblée, que nous pûmes laisser entre les mains du frère Oscar Guillaume, était formée. Pendant que nous étions à Marseille, nous avons pu parler à deux pasteurs différents de la ville de Nice, tous les deux ayant eu charge d'une Eglise réformée dans cette ville. Le pasteur Perret-Magnus nous a affirmé que ce serait impossible de faire une œuvre dans cette ville presque entièrement consacrée aux plaisirs. Mais le pasteur Delattre avait prié depuis longtemps pour que soit établie une œuvre évangélique et il nous a accompagnés dans quelques-unes de nos premières réunions. Lorsqu'il a vu la foule venir, les uns guéris, les autres délivrés et beaucoup convertis, dans sa prière, il dit au Seigneur : "Tu peux maintenant laisser ton serviteur partir en paix, car mes yeux ont vu Ton Salut." J'attribue le succès presque immédiat de l'œuvre de Pentecôte dans cette ville aux prières de ce fidèle serviteur de Dieu.

En même temps, nous avons pu ouvrir les villes de Fréjus, Cannes, Grasse, Antibes et Menton. Malgré les difficultés survenues par la déclaration de la Deuxième Guerre mondiale, ces œuvres ont tenu par le ministère des frères. Puisqu'on nous demande seulement de donner le compte rendu du commencement de l'œuvre de Pentecôte en France, nous ne parlerons pas de la chaîne des assemblées que Dieu a permis que nous ouvrions depuis Montpellier jusqu'à Bordeaux en passant par Sète, Béziers, Narbonne, Carcassonne, Montauban et Agen. Avec le grand mouvement du Saint-Esprit dans la ville de Perpignan, la partie Sud-Ouest de la France a été vraiment touchée par le Saint-Esprit. Sous la conduite du frère Marcel Roux, l'œuvre de Toulouse est devenue une des plus grandes œuvres de Pentecôte dans toute la France.

Si nous sommes venus en France en 1930, conduits par une révélation surnaturelle du Saint-Esprit, nous sommes aussi partis par une révélation semblable. Dans la deuxième révélation, ce que Dieu a dit dans la première a été confirmé et réalisé. C'était dans l'Assemblée de Cannes, au culte du dimanche matin. Dieu a donné à une sœur une prophétie nous concernant. Ce fut en mars 1939 et là, Dieu nous disait de partir de suite pour le pays dont il nous avait parlé car si nous restions, notre liberté de mouvement serait limitée et arrêtée par un événement qui devait bientôt arriver.

C'est grâce à cette révélation que nous sommes partis pour le Congo où Dieu nous a donné de voir sept années de mission vraiment bénies et presque apostoliques.

 

EN AFRIQUE DU NORD

Dieu nous avait déjà permis d'évangéliser quelques villes en Algérie en 1933 et 1934, et nous avions pu voir, par une mission dans la ville de Relizane, quoique dans le Temple protestant, les immenses possibilités d'un ministère de délivrance dans l'Afrique du Nord. Dans cette mission, nous avions prié pour environ 160 personnes dans les quatre jours et nous avions pu constater 39 guérisons presque instantanées parmi lesquelles un jeune garçon paralytique et un autre sourd-muet ainsi qu'une femme aveugle.

Nous avions alors promis à Dieu d'y retourner plus tard pour établir une œuvre de Pentecôte. Ce fut lors de la mission de Perpignan que Mlle Carlier, qui nous a ouvert sa maison à Alger, nous a remis en mémoire cette question de l'Afrique du Nord.

Quelques temps après, Mme Scott a eu en vision la confirmation de l'appel lorsqu'elle a vu devant ses yeux une banderole avec ces paroles écrites : "Les Assemblées de Dieu en Afrique du Nord". Notre frère Gaillard avait aussi un appel pour l'Algérie et, devant Dieu, nous avons décidé d'y aller ensemble. Mais il était libre de son œuvre à Grenoble avant que je le fusse de la mienne à Bordeaux. Lorsque nous sommes arrivés quelques temps après lui, nous avons trouvé de petits groupes réunis dans quelques salles de café de la ville d'Alger.

C'est donc lui qui a fait la première brèche dans la ville blanche. Une fois de plus, la Bonne Nouvelle a été confirmée par des guérisons et de vrais miracles qui ont produit des conversions profondes souvent instantanées et véritables. Il y avait une femme arabe dont la délivrance a provoqué le premier mouvement dans le quartier de la casbah. Elle était malade depuis 30 ans et avait vu tous les médecins, les spécialistes d'Alger dont les facultés de médecine étaient renommées, et aussi les spécialistes de Paris. Malgré ses atroces souffrances, ils n'ont pas pu vraiment discerner la racine de ses maux.

Comme beaucoup de musulmans, elle est allée consulter une voyante et celle-ci, comme la pythonisse du chapitre 16 des Actes des apôtres, lui a dit pour une fois la vérité. Ce fut deux ans avant notre arrivée. La voyante lui a dit : "Tu seras guérie; un vieux monsieur et sa femme viendront, ils imposeront les mains aux malades et tu seras parmi ceux qui recevront la guérison." Cette femme se trouva donc dans une de nos réunions et le vieux monsieur et sa femme y étaient aussi. Lorsque nous sommes allés vers elle pour prier, Dieu nous a donné de discerner un esprit de maladie que nous avons chassé et le démon, en partant, a poussé un si grand cri, presque un hurlement, que la réunion en a été quelque peu déroutée. Mais la délivrance était là et bien des musulmans ont été touchés par ce témoignage.

Avec le frère Gaillard, nous avons travaillé pendant plusieurs mois. Après cela, il est parti vers l'Ouest, à Oran, et nous sommes partis vers l'Est, à Constantine. A Oran, il a trouvé un terrain comme celui du Havre, préparé par les prières des chrétiens pendant vingt ans et lorsqu'un terrain est préparé ainsi, les sillons sont là et la semence n'a qu'à tomber pour produire des fruits. Nous nous sommes réjouis avec lui de cet immense travail que d'autres ont continué par la suite.

En ce qui concerne l'Afrique du Nord, nous sommes censés reconnaître que Dieu, dans sa reconnaissance, a vu le moment de l'exode de presque tous les Européens de là-bas et Il leur a donné une occasion de salut pendant qu'il faisait encore jour. La nuit est venue, l'œuvre n'est guère possible. Mais nos Assemblées en France ont été enrichies par les âmes que Dieu a touchées pendant les dix ans de mission en terre africaine.

Par la grâce de Dieu, nous avons pu faire l'œuvre de pionniers dans les villes missionnaires et le Seigneur a suscité des vocations pour continuer. Dans notre Mouvement, nous avons maintenant bien des pasteurs qualifiés, quelques évangélistes, quelques docteurs.

En ce qui nous concerne, en 1955, Dieu nous a révélé ce qui allait arriver en Afrique du Nord et nous avons laissé ce champ à d'autres pour retourner en France où Dieu nous a encore bénis.

 

 
 



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