Comment Prier
Par Mr le Pasteur Reuben A. Torrey

II

ADRESSER LES PRIERES « A DIEU »

 
Après cet aperçu sur l’importance extraordinaire de la prière et son irrésistible pouvoir, regardons maintenant la question : Comment pouvons-nous prier avec puissance ?
 
1
 
Au chapitre : 12 des Actes des Apôtres, il est fait mention d’une prière qui l’emporta auprès de Dieu et obtint de grands résultats.

Le verset : 5 de ce chapitre décrit en quelques mots le mode et la méthode de cette prière.

« L’Église ne cessait d’adresser pour lui des prières à Dieu »

La première chose que nous devons noter dans ce verset c’est l’expression : « à Dieu »

La prière qui a de la puissance est celle que l’on adresse à Dieu.

« Certains me dirons, que toute prière n’est-elle pas adressée à Dieu ? »

Non. Beaucoup de prières publiques ou privées ne sont pas offertes à Dieu.

Pour qu’une prière soit réellement offerte à Dieu, il faut que, d’une façon positive et consciente, nous nous approchions effectivement de Dieu quand nous prions ; il faut que nous ayons positivement et vivement conscience de ce que Dieu se penche sur nous et nous écoute tandis que nous prions.

Or, dans beaucoup de nos prières, la pensée de Dieu n’entre en réalité que pour une très faible part.

Notre esprit est absorbé par les choses dont nous avons besoin et non par la pensée du Père puissant et tendre dont nous les attendons.

Souvent même il arrive que nous ne sommes occupés ni de ce besoin ni de celui à qui nous nous adressons, mais notre pensée erre çà et là à travers le monde.

Il n’y a aucune puissance dans ce genre de prière.

Mais quand nous entrons réellement dans la présence de Dieu, quand nous le rencontrons réellement face à face dans la prière, quand c’est réellement de lui que nous cherchons à obtenir l’objet de nos requêtes, alors il y a de la puissance.

Si donc nous voulons prier de la bonne manière, il nous faut avant tout veiller à ce que nous ayons réellement audience auprès de Dieu, accès jusqu’en sa présence même.

Avant d’adresser à Dieu la moindre requête, nous devons avoir nettement et vivement conscience de ce que nous nous adressons à lui et croire qu’il prête l’oreille et se dispose à nous accorder la chose que nous lui demandons.

Ceci n’est possible que par la puissance du Saint-Esprit : aussi est-ce au Saint-Esprit qu’il faut regarder pour nous conduire réellement dans la présence de Dieu, et ne point nous hâter d’ouvrir la bouche avant qu’il nous ait effectivement conduits jusque là.

Un soir, un chrétien très actif vint à une petite réunion de prière que je dirigeais.

Avant de nous agenouiller pour prier, je prononçai quelques mots dans le sens de ce qui précède, recommandant à tous ces amis de faire en sorte, avant de prier et pendant qu’ils prieraient, qu’ils soient réellement en la présence de Dieu, pensent à lui et soient plus occupés de lui que de leurs requêtes.

Quelques jours plus tard, je rencontrai ce même chrétien et il me dit que cette simple pensée avait entièrement renouvelée sa conception et son expérience de la prière.

Si donc nous voulons prier de la bonne manière, deux mots doivent pénétrer jusqu’au fond de nos cœurs : « à Dieu »

2
 
Un second secret de la prière pour quelle soit efficace se trouve exprimé dans ce même verset : 5 du chapitre : 12 des Actes des Apôtres par ces mots : « ne cessait »

Une autre version rend « ne cessait d’adresser » par « faisait d’instantes prières » (Darby)

Ni l’une ni l’autre de ces traductions ne donne toute la force de l’expression grecque originale, qui signifie littéralement « d’une façon tendue à l’extrême »

C’est un mot merveilleusement expressif qui peint une attitude.

Il représente l’âme sous la tension d’un ardent et pressant désir.

Le mot « intensément » le rendrait peut-être plus exact.

C’est le même terme qui, appliqué à notre Seigneur, a été traduit par « instamment » quand il est dit de lui « Etant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang qui tombaient à terre » (Luc : 22 / 44)

Nous lisons dans Hébreux : 5 / 7, que « dans les jours de sa chair », Christ, « présenta des prières et des supplications avec de grands cris et avec larmes »

Dans Romains : 15 / 30, Paul exhorte les saints qui sont à Rome à combattre avec lui dans leurs prières.

Et le mot traduit par « combattre » est celui qui s’appliquait aux jeux athlétiques anciens et à la lutte.

En d’autres termes, la prière qui l’emporte auprès de Dieu, c’est celle où nous faisons passer toute notre âme vers Dieu dans l’agonie d’un intense désir.

Beaucoup de nos prières sont vides de puissance parce que le cœur n’y est pas.

Nous nous précipitons en la présence de Dieu, nous égrenons à la hâte une série de requêtes, nous nous relevons d’un bon et nous sortons.

Au bout d’une heure, si quelqu’un nous demandait pour quoi nous avons prié, nous serions bien peine de répondre …

Si nous mettons si peu de cœur dans nos prières, nous ne pouvons attendre que Dieu en mette beaucoup à y répondre.

On entend beaucoup parler de nos jours du repos de la foi, mais il est aussi une chose qui s’appelle le combat de la foi, dans la prière aussi bien que dans l’action.

Ceux qui voudraient nous donner à entendre qu’ils ont atteint quelque sublime sommet de la foi sereine, pour cette simple raison qu’ils ignorent tout de l’agonie dans la lutte et dans la prière, ceux-là ont certainement dépassé leur Maître, et dépassé aussi les plus puissants vainqueurs pour Dieu, par l’action et la prière, que l’histoire chrétienne ait connus à travers les âges.

Quand nous apprendrons à nous approcher de Dieu avec une intensité de désir telle qu’elle étreigne notre âme, alors nous ferons l’expérience d’une puissance dans la prière que beaucoup d’entre nous ignorent aujourd’hui !

Mais comment atteindre cette ardeur ?

En nous évertuant à nous y élever par nos propres efforts ?

Non !

La vraie méthode est mise en évidence dans Romains : 8 / 26 : « De même aussi, l’Esprit vient en aide à notre faiblesse. Car nous ne savons pas ce que nous devons demander, pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs inexprimables. » (Segond)

L’ardeur que nous nous efforçons de produire dans l’énergie de la chair a un effet répulsif ; mais l’ardeur produite en nous par la puissance du Saint-Esprit, au contraire, est agréable à Dieu.

Nous dirons donc, une fois de plus, que si nous voulons prier de la bonne manière, il faut nous attendre à l’Esprit de Dieu pour nous enseigner à prier.

C’est ici qu’il convient de parler du jeûne.

Il nous est dit que Daniel tourna sa face « vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre » (Daniel : 9 / 3)

Certains pensent que le jeûne était réservé à l’Ancienne Alliance ; mais qu’on veuille bien lire Actes : 14 / 23 et aussi Actes : 13 / 2-3, et l’on verra qu’il était pratiqué par les hommes fervents des temps apostoliques.

Si nous voulons prier avec puissance, il nous faut joindre le jeûne à la prière.

Cela ne veut pas dire, il va de soi, que nous devions jeûner chaque fois que nous prions ; mais il est, dans le travail comme dans la vie privée, des moments critiques et des circonstances exceptionnelles, où des hommes véritablement fervents se refusent même la satisfaction d’appétits naturels, satisfaction parfaitement justifiée en d’autres circonstances, pour pouvoir s’adonner à la prière.

Il y a une puissance spéciale dans une telle façon de prier.

Chaque évènement important dans la vie ou dans le service devrait être affronté de cette manière.

Il n’y a rien qui puisse plaire à Dieu dans le fait de renoncer dans un esprit purement pharisaïque et légaliste à des choses agréables.

Mais il n’en est pas moins réel qu’il y a de la puissance dans cette authentique ferveur et dans cette
détermination à obtenir dans la prière les choses dont nous sentons impérieusement le besoin ; cela nous amène à laisser de côté toutes choses, même les plus légitimes et les plus nécessaires en soi, afin de tourner notre face vers Dieu pour le rencontrer et obtenir de lui des bénédictions.

3
 
Un troisième secret de la vraie manière de prier est révélé dans ce même verset du livre des Actes : 12 / 5, par ce mot : « L’Église »

L’union dans la prière s’accompagne de puissance.

Il est vrai que la prière individuelle est puissante, mais sa puissance est largement accrue lorsqu’il y a union dans la prière.

Dieu trouve ses délices dans l’unité de ceux qui forment son peuple, et par tous les moyens cherche à insister sur ce point, aussi prononce-t-il une bénédiction spéciale sur la prière présentée par plusieurs dans l’unité.

Nous lisons dans Matthieu : 18 / 19 : « Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour quelque chose quoi que ce soit qu’ils demanderont, cela leur sera fait par mon Père qui est dans les cieux. »

Cette unité toutefois doit être réelle.

Le passage qui vient d’être cité ne dit pas : Si deux d’entre vous s’accordent pour demander n’importe quoi, mais bien : Si deux d’entre vous s’accordent pour quelque chose que ce soit qu’ils demandent.

Deux personnes pourraient être d’accord pour demander une même chose, sans qu’il y ait pourtant entre elles un réel accord en ce qui concerne l’objet de leurs requêtes.

L’une par exemple demanderait la chose parce qu’elle en a véritablement le désir, l’autre simplement pour faire plaisir à la première.

Mais quand il y a accord réel, quand l’Esprit de Dieu amène deux croyants à une parfaite harmonie concernant ce qu’ils peuvent demander à Dieu, quand l’Esprit dépose sur deux cœurs un seul et même fardeau, il y a dans une telle prière, quelle qu’elle soit, une puissance absolument irrésistible.
 
 



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