Comment Prier
Par Mr le Pasteur Reuben A. Torrey

IX

OBSTACLES A LA PRIERE

 
Nous avons examiné très attentivement les conditions positives de la prière triomphante, mais il y a aussi des obstacles à la prière.

Dieu les a clairement signalés dans sa parole.

1

 
Le premier obstacle à la prière se trouve mentionné en Jacques : 4 / 3 : « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. »

Un but égoïste prive la prière de puissance ; or, un très grand nombre de prières sont égoïstes.

Ces prières peuvent bien demander à Dieu des choses parfaitement légitimes et qu'il est selon sa volonté d'accorder, mais leur motif étant foncièrement mauvais, elles tombent à terre, impuissantes.

Le vrai but quand nous prions est que Dieu soit glorifié par l'exaucement qu'il accorde.

Si nous faisons une demande quelconque simplement pour recevoir quelque chose qui satisfasse nos passions ou qui serve à notre plaisir d'une façon ou d'une autre, nous « demandons mal » et ne devons pas nous attendre à recevoir ce que nous demandons.

Ceci explique pourquoi beaucoup de prières demeurent sans réponses.

Bien des femmes, par exemple, prient pour la conversion de leur mari.

C'est là certainement une demande tout à fait légitime, mais le motif qui pousse plus d'une femme à demander la conversion de son mari est parfaitement illégitime parce qu'égoïste.

Elle désire qu'il soit converti parce qu'il serait tellement plus agréable pour elle d'avoir un mari qui la comprenne ; ou bien parce qu'il lui est si douloureux de penser que son mari pourrait venir à mourir et être à jamais perdu, ou pour quelque autre raison de ce genre : sa prière est purement égoïste.

Pour quelles raisons une femme devrait-elle donc désirer la conversion de son mari ?

Avant tout et par-dessus tout afin que Dieu soit glorifié ; parce qu'elle ne peut pas supporter la pensée que Dieu le Père soit outragé par son mari foulant aux pieds le Fils de Dieu. 

Beaucoup prient pour un réveil.

C'est certainement une prière qui est agréable à Dieu, et selon la ligne de sa volonté ; mais beaucoup de prières pour le réveil sont purement égoïstes.

Les églises désirent des réveils afin d'accroître le nombre de leurs membres, afin que l'église ait une position plus puissante et plus influente dans la communauté, afin que la caisse soit remplie, afin d'acquérir une réputation favorable parmi les autres assemblées.

C'est souvent avec des motifs aussi peu élevés que les églises et les pasteurs prient pour un réveil, et c'est souvent aussi à cause de ces motifs mêmes que Dieu ne répond pas à la prière.

Quels motifs devraient donc nous pousser à prier pour un réveil ?

La gloire de Dieu, parce que nous ne pouvons supporter que Dieu continue à être déshonoré par la mondanité de l'église, par les péchés des incroyants, par l'impudente incrédulité de notre époque ; parce que le monde annule la parole de Dieu ; parce que nous désirons que Dieu puisse être glorifié par l'effusion de son Esprit sur l'Église de Jésus-Christ.

C'est pour ces raisons avant tout et par-dessus tout que nous devrions prier pour un réveil.

Bien des prières pour recevoir le Saint-Esprit sont purement égoïstes.

C'est certainement la volonté de Dieu de donner le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent.

Il nous l'a dit clairement dans sa parole (Luc : 11 / 13), mais plus d'une prière pour le recevoir est entravée par l'égoïsme de son motif.

Des hommes et des femmes prient pour recevoir le Saint-Esprit afin d'être heureux, afin d'être sauvés de leur misérable vie de défaite ou afin d'avoir de la puissance en tant qu'ouvriers pour Christ, ou pour tout autre motif purement égoïste.

Avec quels motifs devrions-nous prier pour être remplis de l'Esprit ?

Afin que Dieu ne soit plus déshonoré par le niveau insuffisant de nos vies chrétiennes et par l'inefficacité de notre service, afin qu'il soit glorifié par la beauté nouvelle survenant dans notre vie et la nouvelle puissance conférée à notre activité au service du Maître.

2
 
Second obstacle à la prière : « Non, la main de l'Eternel n'est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l'empêchent de vous écouter. » (Esaïe : 59 / 1-2)

Le péché fait obstacle à la prière.

Plus d'un homme prie, prie, prie et n'obtient absolument aucune réponse.

Peut-être est-il tenté de penser que ce n'est pas la volonté de Dieu de répondre ; peut-être pense-t-il que les temps où Dieu répondait à la prière, si tant est qu'il l'ait jamais fait, sont révolus.

C'est ce que les Israélites semblent avoir pensé.

Ils croyaient que la main de l'Eternel était raccourcie de sorte qu'il ne pouvait plus sauver, et qu'étant devenu dur d'oreille il ne pouvait plus entendre.

« Non pas », dit Esaïe, l'oreille de Dieu est tout aussi ouverte que jamais pour entendre, sa main tout aussi puissante pour sauver ; toutefois il y a un obstacle.

Cet obstacle ce sont vos propres péchés.

Vos crimes ont mis une séparation entre vous et votre Dieu et vos péchés vous ont caché sa face, et l'empêchent de vous écouter.

Il en est de même aujourd'hui.

Si bien des hommes crient à Dieu en vain, c'est tout simplement à cause du péché qui est dans leur vie.

Ce peut être quelque faute passée qui n'a été ni confessée ni jugée, ou un péché actuel qu'on chérit, que très probablement on ne regarde même pas comme un péché, mail il est là, dissimulé quelque part dans le coeur ou dans la vie, empêchant Dieu d'écouter.

Celui qui constate que ses prières sont inefficaces ne devrait pas conclure que la chose qu'il demande à Dieu n'est pas selon sa volonté, mais il devrait se retirer, seul avec Dieu et prier comme le Psalmiste : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur ! Eprouve-moi, et connais mes pensées ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie. » (Psaume : 139 / 23-24) et attendre devant lui jusqu'à ce qu'il mette le doigt sur la chose qui déplaît à sa vue.

Puis il devrait confesser ce péché et le rejeter.

Je me rappelle bien une époque de ma vie où je priais pour deux choses qu’il me paraissait indispensable d’obtenir car il y allait de l’honneur de Dieu ; mais la réponse ne venait pas.

Une nuit je m’éveillai en proie à une grande souffrance physique et à une grande détresse morale.

Je criai à Dieu pour ces choses, plaisant la nécessité de les obtenir immédiatement mais aucune réponse ne vint.

Je demandai à Dieu de me montrer s’il y avait quelque chose de mauvais dans ma vie.

Il me vint à l’esprit un fait précis auquel j’avais déjà pensé plusieurs fois, mais que je n’étais pas décidé à reconnaître comme un péché.

Je dis à Dieu : « si cela est mal, je veux l’abandonner » ; mais toujours aucune réponse.

Au plus profond de mon cœur, bien que je ne l’eusse admis, je savais que c’était mal.

De guerre lasse, je m’écriai : « Cela est mal. J’ai péché. Je veux l’abandonner »

Aussitôt je trouvai la paix et au bout de quelques instants je dormais comme un enfant.

Au matin, je m’éveillai dispos et l’argent qui était si nécessaire à l’honneur de Dieu arriva.

Le péché est une chose effroyable et plus effroyable encore est la manière dont il fait obstacle à la prière, la façon dont il coupe toute communication avec la source de toute grâce, de toute puissance et de toute bénédiction.

Quiconque veut avoir de la puissance dans la prière doit être impitoyable à l'égard de ses propres péchés.

« Si j'avais conçu l'iniquité dans mon coeur, le Seigneur ne m'aurait pas exaucé. » (Psaume : 66 / 18)

Aussi longtemps que nous restons attachés au péché ou que nous contestons avec Dieu, nous ne pouvons attendre de lui qu'il prenne garde à nos prières.

Si une chose quelconque vous revient sans cesse à l'esprit dans vos moments d'étroite communion avec Dieu, c'est cette chose qui fait obstacle à la prière : rejetez-la.

3
 
Troisième obstacle à la prière : « Fils de l'homme, ces gens-là portent leurs idoles dans leur coeur, et ils attachent leurs regards sur ce qui les a fait tomber dans l'iniquité. Me laisserai-je consulter par eux ? » (Ezéchiel : 14 / 3)

Les idoles dans le coeur contraignent Dieu à refuser d'écouter nos prières.

Qu'est-ce qu'une idole ?

Tout être ou tout objet qui prend la place qui revient à Dieu, ou qui est le suprême objet de notre affection est une idole.

Dieu seul a droit à la place suprême dans nos coeurs.

Toute autre personne ou toute autre chose doit lui être subordonnée.

Beaucoup d'hommes font de leur femme une idole.

Ce n'est pas qu'un homme puisse jamais trop aimer sa femme, mais il peut lui donner une place qui ne lui revient pas, il peut la faire passer avant Dieu ; et quand un homme s'inquiète de plaire à sa femme plus qu'à Dieu, quand il lui donne la première place et à Dieu la seconde, sa femme est une idole, et Dieu ne peut écouter ses prières.

Beaucoup de femmes font de leurs enfants des idoles.

Ce n'est pas qu'on puisse trop aimer ses enfants.

Plus nous chérissons Christ, plus nous chérissons nos enfants ; mais nous pouvons leur donner une place qui ne leur revient pas, nous pouvons les faire passer avant Dieu et leurs intérêts avant les intérêts de Dieu.

Quand nous agissons ainsi, nos enfants sont des idoles pour nous.

Beaucoup d'hommes font de leur renommée ou de leurs affaires une idole.

Renommée et affaires passent avant Dieu.

Dieu ne peut écouter les prières de tels hommes.

Si nous voulons être puissants dans la prière, il nous faut élucider ce point capital : Dieu a-t-il absolument la première place ?

Est-il pour nous plus que femme, enfants, renommée, affaires, plus que notre propre vie ?

S'il en est autrement, la prière triomphante nous est impossible.

C'est souvent en ne répondant pas à nos prières que Dieu nous montre que nous avons une idole.

Etant ainsi conduits à rechercher pourquoi nos prières ne sont pas exaucées, nous découvrons l'idole, et si nous la rejetons, Dieu exauce.

4
 
Quatrième obstacle à la prière : « Celui qui ferme son oreille au cri du pauvre criera lui-même et n'aura point de réponse. » (Proverbes : 21 / 13)

Il n'y a peut-être pas de plus grand obstacle à la prière que l'avarice, le manque de libéralité à l'égard des pauvres et à l'égard de l'oeuvre de Dieu.

Celui qui donne généreusement reçoit abondamment de Dieu.

« Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servi. » (Luc : 6 / 38)

L'homme généreux est puissant dans la prière.

La prière de l'avare est sans puissance.

L'une des plus merveilleuses affirmations concernant la prière triomphante, est celle de (1 Jean : 3 / 22) : « Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable », est en relation directe avec la générosité à l'égard de ceux qui sont dans le besoin.

Le contexte nous montre que lorsque nous aimons, non pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité, lorsque nous ouvrons nos entrailles à notre frère dans le besoin, c'est alors et alors seulement que nous avons de l'assurance devant Dieu dans la prière.

Beaucoup d'hommes ou de femmes qui recherchent la cause secrète de leur impuissance dans la prière ne devraient pas chercher bien loin ; ce n'est ni plus ni moins que l'avarice pure.

George Müller, dont nous avons déjà parlé, était un homme de prière puissant, parce qu’il donnait généreusement.

Ce qu’il recevait de Dieu ne s’attachait pas à ses doigts ; il le passait immédiatement à d’autres.

Il recevait constamment parce qu’il donnait constamment.

Quand on pense à l’égoïsme de l’église professante d’aujourd’hui, quand on pense que les églises bien pensantes de ce pays n’atteignent pas la moyenne d’un dollar par membre et par an pour les missions étrangères, il n’est pas étonnant que l’Église ait si peu de puissance dans la prière.

Si nous voulons obtenir de Dieu, nous devons donner aux autres.

La plus merveilleuse promesse de la Bible concernant la façon dont Dieu peut subvenir à nos besoins est peut-être celle-ci : « Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » (Philippiens : 4 / 19)

Cette glorieuse promesse fut faite à l'église de Philippes, en relation étroite avec sa générosité.

5
 
Cinquième obstacle à la prière : « Et lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. » (Marc : 11 / 25)

L'esprit de rancune est l'un des plus fréquents obstacles à la prière.

La prière ne peut être exaucée que si nos péchés ont été préalablement pardonnés ; mais Dieu ne peut agir avec nous sur cette base si nous sommes mal disposés envers ceux qui nous ont fait du tort.

Quiconque nourrit de la rancune à l'égard d'autrui ferme hermétiquement l'oreille de Dieu à ses propres demandes.

Combien crient à Dieu pour la conversion d'un mari, d'enfants, d'amis et se demandent pourquoi leur prière n'est pas exaucée, alors que tout le secret réside en quelque rancune contre une personne qui leur a fait du tort ou même qu'ils s'imaginent leur en avoir fait.

Beaucoup de parents laissent leurs enfants tomber dans la perdition éternelle pour la misérable satisfaction de haïr quelqu'un.

6
 
Sixième obstacle à la prière : « Maris, montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec vos femmes, comme avec un sexe plus faible ; honorez-les comme devant aussi hériter avec vous de la grâce de la vie. Qu'il en soit ainsi, afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières. » (1 Pierre : 3 / 7)

Ici il nous est dit clairement que de mauvais rapports entre mari et femme sont un obstacle à la prière.

Dans bien des cas, la prière d'un mari est entravée parce qu'il manque à son devoir vis-à-vis de sa femme, et il est indubitable également que la prière de plus d'une épouse est entravée par ses manquements vis-à-vis de son mari.

Si maris et femmes cherchaient soigneusement la cause de l'inexaucement de leurs prières, ils la trouveraient souvent dans leurs relations réciproques.

Tel homme qui affecte une grande piété et qui déploie une grande activité dans l’œuvre de Christ traite sa femme avec bien peu de considération et se montre souvent désobligeant si ce n’est brutal ; il s’étonne après cela de ne point voir ses prières exaucées.

Le verset que nous venons de citer explique ce mystère apparent.

D’autre part, telle femme très dévouée à l’église et très assidue aux réunions traite son mari avec la plus impardonnable négligence, se montre contrariante et acariâtre à son égard, le blesse par ses vivacités de langage et par son caractère indomptable ; et elle s’étonne après cela de n’avoir aucune puissance en priant.

Il y a d'autres choses dans les relations entre maris et femmes dont il ne peut être publiquement question, mais qui, sans aucun doute, sont souvent un obstacle pour s'approcher de Dieu dans la prière.

Sous le saint nom de mariage peut se dissimuler une somme de péché qui est une cause de mort spirituelle et d'impuissance dans la prière.

Que tout homme ou femme dont les prières paraissent ne recevoir aucune réponse, étale devant Dieu toute sa vie conjugale et lui demande de mettre le doigt sur tout ce qui déplaît à sa vue.

7
 
Septième obstacle à la prière : « Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu'il la demande avec foi, sans douter ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d'autre. Qu'un tel homme ne s'imagine pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur. » (Jacques : 1 / 5-7)

Les prières sont entravées par l'incrédulité.

Dieu exige que nous croyions sa parole d'une façon absolue ; la mettre en doute c'est le faire menteur.

C'est pourtant là ce que font beaucoup d'entre nous tout en invoquant ses promesses; quoi d'étonnant à ce que nous ne soyons pas exaucés ?

Combien de prières sont entravées par notre misérable incrédulité.

Nous allons à Dieu, nous lui demandons une chose qu'il a positivement promise dans sa parole et nous ne nous attendons qu'à moitié à l'obtenir.

« Qu'un tel homme ne s'imagine pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur. »
 
 



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