XI
LA NECESSITE D’UN REVEIL UNIVERSEL
Si nous voulons prier comme il convient à une époque comme la nôtre, beaucoup de nos prières doivent tendre au réveil universel.
S'il y eut jamais un temps dans lequel il fût nécessaire de crier à Dieu avec le Psalmiste : « Ne nous rendras-tu pas à la vie, afin que ton peuple se réjouisse en toi ? » (Psaume : 85 / 7)
C'est bien celui dans lequel nous vivons.
Il est sûrement temps que l'Éternel agisse, car les hommes ont annulé sa Loi (Psaume : 119 / 126, version de Lausanne)
La voix du Seigneur qui retentit dans sa parole écrite est réduite à néant tant que par l'Église que par le monde.
Une telle époque ne doit pas nous porter au découragement ; celui qui croit en Dieu et en la Bible ne peut jamais être découragé, mais il est temps pour Jehovah lui-même d'intervenir et d'agir.
Le chrétien avisé, sentinelle en éveil sur les murailles de Sion, peut bien crier avec le Psalmiste d'autrefois : « Il est temps que l'Éternel agisse ; ils ont annulé ta loi » (Psaume : 119 / 126, version de Lausanne)
Le grand besoin du jour, c'est un réveil universel.
Voyons d'abord ce qu'est un réveil !
(Le mot anglais que nous traduisons par l'expression courante de « Réveil » est « revival » qui signifie littéralement « retour à la vie »)
C'est un temps où la vie est activée ou communiquée.
Comme Dieu seul peut donner la vie, un réveil est un temps où Dieu visite ses enfants, leur communique une vie nouvelle par la puissance de son Esprit et, au travers d'eux, donne la vie en partage aux pécheurs morts par leurs offenses et leurs péchés.
Il y a des excitations religieuses suscitées par les méthodes artificieuses et l'influence hypnotique de simples professionnels de l'évangélisation ; mais ce ne sont là que des imitations diaboliques du réveil et nous n'en voulons point.
Une vie nouvelle venant de Dieu, voilà ce qu'est un réveil.
Lors d’un réveil universel cette vie nouvelle n’est pas donnée seulement à quelques localités isolées, mais elle se répand à travers toute la chrétienté et sur toute la terre.
La raison pour laquelle un réveil universel est nécessaire est que la disette, la désolation et la mort spirituelle sont également universelles.
Cela ne se limite pas à un pays particulier, bien que ce soit plus manifeste en certains pays qu’en d’autres : on en souffre dans les lointains champs de mission aussi bien que dans nos pays.
Nous avons eu des réveils locaux, l'Esprit vivifiant de Dieu a soufflé sur tel ou tel serviteur de Dieu, sur telle ou telle église ou congrégation ; mais nous avons besoin, intensément besoin, d'un réveil universel.
Considérons pendant quelques instants les résultats d'un réveil.
Ceux-ci se manifestent chez les serviteurs de Dieu, dans l'église et parmi les perdus.
1
Les résultats d'un réveil chez un serviteur de Dieu :
A
Le serviteur de Dieu ressent un nouvel amour pour les âmes.
D’une façon générale nous n’avons pas, nous, serviteurs de Dieu, l’amour des âmes comme nous devrions l’avoir, comme Jésus l’avait, comme Paul l’avait.
Mais quand Dieu visite son peuple, le cœur de ses serviteurs est lourdement chargé du fardeau des âmes perdues.
Ils sont mus par l'ardent désir du salut de leur prochain.
Ils oublient leur ambition de prêcher de beaux sermons qui les rendent célèbres, ils ont simplement soif de voir des hommes et des femmes amenés à Christ.
B
Quand vient un vrai réveil, les serviteurs de Dieu éprouvent un nouvel amour pour la parole de Dieu et ont en elle une foi nouvelle.
Ils jettent aux vents leurs doutes et leurs critiques de la Bible et des crédos, ils prêchent fidèlement la parole de Dieu et surtout Christ crucifié.
Les réveils rendent orthodoxes les serviteurs aux doctrines relâchées.
Un authentique réveil, vaste et irrésistible, ferait plus pour retourner les choses sens dessus dessous - et les remettre ainsi dans le bon sens - que tous les tribunaux qui aient jamais été institués pour condamner les hérésies.
C
Les réveils apportent à la prédication des serviteurs de Dieu une liberté nouvelle et une nouvelle puissance.
Préparer un sermon n’est plus le grinçant labeur de toute une semaine ; le prêcher, une fois préparé, n’est plus une épuisante dépense nerveuse.
Dans les temps de réveil, prêcher devient une joie et un rafraîchissement, et il y a de la puissance dans la prédication.
2
Les résultats d'un réveil chez les chrétiens sont généralement aussi marqués que ses effets sur le ministère :
A
Lors d'un réveil, les chrétiens sortent du monde et mènent une vie mise à part pour Christ.
Des chrétiens qui auparavant folâtraient avec le monde, qui jouaient aux cartes, dansaient, allaient au spectacle et se livraient à d'autres folies semblables les abandonnent.
Quand on reçoit une vie et une lumière accrues on découvre qu'elles sont incompatibles avec ces vanités.
B
Ils ont un esprit de prière tout nouveau.
Les réunions de prières ne sont plus un devoir mais deviennent une nécessité pour les cœurs affamés et exigeants.
On trouve un goût nouveau à la pratique de la prière privée.
Jour et nuit retentit la voix de la prière fervente adressée à Dieu.
On ne demande plus : « Dieu répond-il à la prière ? »
On sait qu’il le fait et on assiège le trône de la grâce, jour et nuit.
C
Ils se mettent au travail pour les âmes perdues.
Ils ne vont pas aux réunions pour se divertir ou pour « être bénis »
Ils y vont pour guetter les âmes et les amener à Christ.
Ils parlent aux gens dans la rue, dans les magasins et jusque dans leurs maisons.
La croix de Christ, le salut, le ciel et l’enfer deviennent des sujets constants de conversation.
La politique, les dernières nouvelles, le temps qu’il fait et les nouveaux chapeaux sont oubliés.
D
Lors d'un réveil les chrétiens trouvent en Christ une joie nouvelle.
La vie c'est la joie, et un renouveau de vie c'est un renouveau de joie.
Les temps de réveil sont des temps joyeux, des jours de ciel sur la terre.
E
Dans les temps de réveil, les chrétiens ont un nouvel amour pour la parole de Dieu.
Ils désirent l'étudier jour et nuit.
Les réveils sont fâcheux pour les cafés et les salles de spectacles.
3
Mais les réveils ont aussi une influence décisive sur le monde des perdus :
A
Avant tout, ils apportent une profonde conviction de péché.
Jésus disait que, lorsque l'Esprit sera venu, il convaincrait le monde de péché (Jean : 16 / 7-8)
Or, nous avons vu qu'un réveil c'est l'effusion du Saint-Esprit, par conséquent il faut qu'il y ait à nouveau conviction de péché, ce qui se produit effectivement.
Si vous voyez quelque chose que les hommes appellent réveil et qu'il n'y ait aucune conviction de péché, vous pouvez être assuré immédiatement que c'est une imposture.
Ce signe est certain.
B
Les réveils amènent aussi la conversion et la régénération.
Quand Dieu rafraîchit son peuple, il convertit toujours des pécheurs.
Le premier résultat de la Pentecôte fut un renouvellement de vie et de puissance pour les cent vingt disciples dans la chambre haute, le second : trois mille conversions dans la même journée.
Il en est toujours ainsi.
Je lis sans des relations de réveils, çà et là, où des chrétiens ont été grandement secourus, mais sans qu’il y eût de conversions.
J’ai des doutes sur cette sorte de réveils.
Quand les chrétiens sont vraiment rafraîchis, ils cherchent par la prière, le témoignage et les entretiens persuasifs à ramener les perdus, et il y a des conversions.
Pourquoi un réveil universel est-il nécessaire ?
Nous venons de voir ce qu’est un réveil universel et ce qu’il opère.
Voyons maintenant pourquoi il est nécessaire à l’heure actuelle.
Je pense que la simple description de ce qu'il est et de ce qu'il opère montre combien nous en avons besoin, intensément besoin, mais considérons quelques-unes des circonstances particulières qui soulignent ce besoin.
Signaler ces circonstances est bien propre à vous faire traiter de pessimiste.
Eh ! bien, si regarder les faits en face s'appelle du pessimisme, je consens à être appelé pessimiste.
Si, pour être optimiste il faut fermer les yeux et appeler blanc ce qui est noir, vérité ce qui est erreur, justice ce qui est péché et vie ce qui est mort, je ne veux pas être appelé optimiste.
Cependant, je suis un optimiste tout de même, car reconnaître l'état réel des choses conduit à un état meilleur.
1
Considérons d'abord le ministère :
A
Beaucoup de ceux qui parmi nous professent l'orthodoxie sont, dans la pratique, des incrédules.
Ce langage est rude, mais le fait est indiscutable.
Il n'y a pas de différence essentielle entre les enseignements de tel éminent rationaliste et ceux de quelques-uns de nos éminents professeurs en théologies.
Ces derniers ne sont pas toujours aussi francs et honnêtes sur le sujet.
Ils s'expriment en phrases plus élégantes et mieux étudiées, mais la signification est identique.
Une bonne partie de ce qu'on appelle nouvelle école et haute critique n'est autre que de l'incrédulité enrobée de sucre.
L’un de nos plus érudits professeurs, qui est un savant authentique et non un simple écho du rationalisme allemand, citait un jour la déclaration de quelques principes et demandait si cela ne représentait pas correctement les positions de l’école critique du jour.
Quand il fut admis qu’il en était bien ainsi, il stupéfia son auditoire en ajoutant :
Eh bien ! Je dis cela dans « l’Âge de la Raison », du fameux libéral Thomas Paine.
Il n'y a pas grand-chose de neuf dans la haute critique.
Nos futurs pasteurs sont souvent instruits par des professeurs incrédules.
Etant des jeunes gens sans maturité quand ils entrent à la faculté ou au séminaire, ils en ressortent tout naturellement incrédules eux-mêmes dans bien des cas, et s'en vont empoisonner l'église.
B
Même quand nos ministres sont franchement orthodoxes - et, Dieu merci, ceux-ci sont fort nombreux - bien souvent ce ne sont pas des hommes de prière.
Combien de pasteur savent aujourd'hui ce que c'est que de lutter dans la prière, passer une bonne partie de la nuit à prier ?
J'en ignore leur nombre, mais ce que je sais bien, c'est que beaucoup ne savent pas prier ainsi.
C
Parmi ceux qui exercent le ministère, beaucoup n'ont pas l'amour des âmes.
Combien en est-il qui prêchent parce qu'ils en sont intérieurement pressés devant le grand nombre de ceux qui périssent et dans l'espérance d'en sauver quelques-uns ?
Et combien poursuivent leur prédication comme Paul le faisait en suppliant les hommes en tous lieux d'êtres réconciliés avec Dieu ?
Peut-être a-t-on assez parlé de nous autres serviteurs de Dieu, mais il est évident qu'un réveil est nécessaire dans notre propre intérêt, sinon quelques-uns d'entre nous auront à se présenter devant Dieu, accablés de confusion, au jour terrible de la reddition des comptes qui vient sûrement.
2
Regardons maintenant l'Église :
A
Voyez l'état de l'Église au point de vue doctrinal.
Il est assez mauvais : beaucoup ne croient pas à la Bible en son entier ; ils pensent que le livre de la Genèse est un mythe, l'histoire de Jonas une allégorie, doutent des miracles du Fils de Dieu, considèrent la doctrine de la prière comme vieillotte et raillent l'oeuvre du Saint-Esprit ; la conversion leur paraît inutile et ils ne croient plus à l'enfer.
Considérer maintenant les marottes et les erreurs qui sont le fruit de cette disparition de la foi : science chrétienne, babisme, guérison métaphysique, etc …
C’est un vrai pandemonium de doctrines diaboliques.
B
Voyez maintenant l'état spirituel de l'Église.
La mondanité envahit ses membres.
Beaucoup d'entre eux sont aussi acharnés que quiconque dans la poursuite de la fortune.
Ils se servent des méthodes du monde pour accumuler des richesses et ils y sont aussi attachés que quiconque quand ils les ont obtenues.
Les membres d'église dépourvus d'esprit de prière abondent de toutes parts.
Quelqu’un a dit que les chrétiens ne passent pas, en moyenne, plus de cinq minutes par jour en prière.
La négligence de la Parole de Dieu va de pair avec celle de la prière.
Un très grand nombre de chrétiens passent deux fois plus de temps chaque jour à se vautrer dans la boue des quotidiens qu'ils n'en passent à se purifier dans cette cuve d'airain qu'est la Sainte Parole de Dieu.
Combien y a-t-il de chrétiens qui passent en moyenne une heure par jour à l'étude de la Bible ?
Le manque de générosité va de pair avec la négligence de la prière et de la Parole de Dieu.
Les églises s'enrichissent rapidement, mais la caisse des sociétés missionnaires est vide.
Les chrétiens ne donnent pas en moyenne un dollar par an pour les missions étrangères.
C’est tout simplement effrayant.
Il y a aussi le mépris croissant du jour du Seigneur.
Il devient rapidement un jour de plaisir mondain au lieu d'un jour de service divin.
Le journal du dimanche, avec son bavardage futile et ses potins immondes, prend la place de la Bible, tandis que les distractions mondaines, les sports, la bicyclette, aussi l'automobile prennent celle de l'école du dimanche et du culte.
Les chrétiens se mêlent au monde dans toutes sortes d'amusements douteux.
Le jeune homme ou la jeune femme qui ne prend pas plaisir à la danse avec son impudeur manifeste, aux parties de cartes avec leur entraînement à la passion du jeu, ni aux spectacles avec leur incitation toujours croissante à la débauche, passe pour être vieux jeux.
Enfin, quelle faible proportion des membres de nos églises porte réellement en communion avec Jésus-Christ le fardeau des âmes !
Mais c'est assez parlé de l'état spirituel de l'Église.