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Regardons maintenant l'état du monde :
A
Notez combien il y a peu de conversions.
L’église méthodiste, qui a pourtant pris la tête de l’action conquérante, a actuellement perdu plus de membres qu’elle n’en avait gagnés.
Il y a bien çà et là une église qui compte un grand nombre de nouvelles adhésions à sa profession de foi, mais ces églises sont des exceptions, et il est rare que ces adhésions correspondent à des conversions profondes, complètes et satisfaisantes.
B
La conviction de péché fait défaut.
Il est rare que les hommes soient écrasés par le sentiment de leur terrible culpabilité, alors qu'ils foulent aux pieds le Fils de Dieu.
Le péché est considéré comme un « malchance », une « faiblesse », voire « une bonne intention », rarement comme une monstrueuse offense contre le Dieu saint.
C
L'incrédulité est florissante.
Beaucoup considèrent comme un signe de supériorité intellectuelle le fait de rejeter la Bible et même la foi en Dieu et à l'immortalité.
C'est à peu près le seul signe de supériorité intellectuelle que beaucoup possèdent, et c'est sans doute pourquoi ils s'y cramponnent avec tant de ténacité.
D
Cette incrédulité universellement répandue va la main dans la main, comme cela s'est toujours vu, avec une monstrueuse immoralité.
L'incrédulité et l'immoralité sont sœurs siamoises.
Elles existent, croissent et s'amplifient toujours ensemble.
Cette immoralité règne partout.
Regardez cet adultère légal que nous appelons le divorce.
Des hommes épousent une femme après l'autre et continuent à être admis dans la bonne société ; les femmes font de même.
Il y a en Amérique des milliers d’hommes prétendus respectables qui vivent ainsi avec la femme d’un autre, et des milliers de femmes non moins prétendus respectables qui vivent pareillement avec le mari d’une autre.
Cette immoralité se retrouve aussi dans les spectacles.
Le meilleur est déjà passablement mauvais, mais aujourd'hui les courtisanes, les dégénérés et autres vils et innommables accessoires de mise en scène déterminent le goût du jour, et les femmes qui s'avilissent dans de tels rôles sont encensées par la presse et bien accueillies par les personnes considérées comme les plus honorables.
Une bonne partie de notre littérature est pourrie, mais des gens convenables n'en lisent pas moins telle ignoble production parce qu'elle fait fureur.
L'art ne sert le plus souvent que de paravent à une indécence éhontée ; des femmes sont amenées à jeter au vent toute pudeur afin de permettre à l'artiste de perfectionner son talent et de se pervertir.
L'avidité pour l'argent est devenue la rage du riche et du pauvre.
Le multimillionnaire vendra son âme et foulera aux pieds les droits de son prochain dans la folle espérance de devenir milliardaire, et l'ouvrier ira jusqu'au meurtre pour augmenter les pouvoirs du syndicat et maintenir le niveau des salaires.
On fait la guerre et on tue les hommes comme des chiens pour améliorer le commerce et pour conférer du prestige à des politiciens sans scrupules qui se donnent pour des hommes d'Etat.
Aujourd'hui, la licence des mœurs redresse en tous lieux sa tête de serpent.
Vous la voyez dans les journaux, vous la voyez sur les panneaux publicitaires, sur les réclames de cigares, de chaussures, de bicyclettes, de spécialités pharmaceutiques, de corsets ou de n'importe quoi.
Vous la voyez dans les rues, la nuit.
Vous la voyez à la porte même de l'église.
Vous ne la trouvez pas seulement dans les affreux bas-fonds qui lui sont réservés dans les grandes villes, mais elle se presse toujours plus avant dans les rues commerçantes et les quartiers bourgeois de nos cités.
Hélas ! Vous la trouverez même quelquefois, si vous regardez attentivement, dans des intérieurs présumés respectables ; des hommes et des femmes au cœur brisé en apporteront la confession jusqu’à vos oreilles.
La condition morale du monde de nos jours est répugnante, écœurante, épouvantable.
Nous avons besoin d'un réveil profond, étendu, universel, dans la puissance du Saint-Esprit.
Ou bien nous aurons un réveil universel, ou bien nous verrons la dissolution de l'Église, du foyer, de l'Etat.
Un réveil, vie nouvelle venue de Dieu est le remède, l'unique remède.
Cela seul refoulera la terrible marée de l'immoralité et de l'incrédulité.
De simples discussions n'y peuvent rien ; mais un vent soufflant du ciel, une nouvelle effusion du Saint-Esprit, un vrai réveil envoyé par Dieu le fera.
L'incrédulité, la haute critique, la science chrétienne, le spiritisme, l'universalisme, tout cela s'effondrera devant l'effusion de l'Esprit de Dieu.
Ce ne sont pas les arguments et les discussions qui ont relégué dans les limbes de l’oublie Thomas Paine, Voltaire, Volney et autres fameux docteurs ès incrédulité de jadis, c’est le souffle de Dieu, et nous avons besoin d’un nouveau souffle de Dieu pour envoyer les Wellhausen, Kuenen et Graf les y rejoindre avec les perroquets qu’ils ont formés pour occuper nos chaires.
Je crois qu’il vient, ce souffle de Dieu.
Le grand besoin du jour, c'est un réveil universel.
C'est évident.
On ne peut, en toute honnêteté, diverger d'opinion sur ce point.
Que ferons-nous donc ? Prions.
Reprenons la prière du Psalmiste : « Rends-nous à la vie afin que ton peuple se réjouisse en toi » (Psaume : 85 / 7)
Reprenons la prière d'Ezéchiel : « Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu'ils revivent » (Ezéchiel : 37 / 9)
Ecoutez, j’entends un bruit.
Regardez, il se fait un mouvement.
Il me semble déjà sentir le souffle sur ma joue.
Il me semble déjà voir l’armée nombreuse se dresser vivante sur ses pieds.
N’allons-nous pas prier, prier, prier, prier jusqu’à ce que l’Esprit vienne et que Dieu rende la vie à son peuple ?