Je le savais par cœur. Enfant, je supposais que la nuit était venue et que David dormait; il avait fait sa prière, était allé au lit, et dormait alors paisiblement. Voilà ce que ces versets me suggéraient. Mais la première fois que je fis cette lecture rapide à travers la Bible, mes yeux furent attirés, comme le furent évidemment souvent les vôtres, par l’en-tête du Psaume - Psaume de David à l’occasion de sa fuite devant Absalom, son fils.
Sans tarder, je revins au 2ème livre de Samuel pour trouver le récit mentionné. Voici le tableau que j’obtins : David, un vieillard à cheveux blancs, nu-pieds, est accompagné de quelques serviteurs fidèles, et c’est Absalom, son fils favori, qui vient à la tête des forces nationales pour s’emparer du royaume et de la vie de son propre père. Cette nuit-là, le grand roi coucha sur la terre nue, ayant pour toit le ciel étoile, et pendant qu’il cherchait le sommeil, il pouvait presque entendre la marche pesante de l’armée qui, passant sur les collines, guettait son trône et sa vie. Une question maintenant : Pensez-vous que vous auriez beaucoup dormi cette nuit-là ? Plus d’un, sûrement, serait resté tristement éveillé et aurait pensé toute la nuit : « Pauvre homme que je suis, chassé de mon royaume, de ma maison, par mon propre fils que j’ai aimé plus que ma vie ! » - Avouons que nous n’aurions guère dormi.
David, lui, parlant dans la suite de cette nuit d’angoisse, écrivit ces mots :
Je me couche et je m’endors;
Je me réveille (sous-entendu raffermi), car l’Eternel est mon soutien.
En lisant ces vers, ma pensée fut alors celle-ci : Je n’aurai plus d’insomnies, car je me confierai en Dieu.
Vous voyez par cet exemple quelle leçon de confiance en Dieu découle de ce psaume lorsqu’on le remet à sa place historique. Cette leçon, que je n’ai jamais oubliée, me raffermit et me fortifia. Quel Dieu que Celui qui peut donner le sommeil dans de telles circonstances !
Nous avons une autre illustration de la même idée dans le Nouveau Testament. A la fin de l’épître de Paul aux Philippiens, nous voyons que Paul est couché dans la cellule humide d’une prison. Il fait nuit, il fait froid. Le dos du prisonnier saigne des coups qu’il a reçus; ses articulations sont douloureuses et ses pieds sont meurtris par les fers.
Mais ce n’est là qu’une partie des circonstances historiques de cette épître; voici maintenant le reste : Paul est prisonnier à Rome. S’il essaie de reposer son corps en changeant de position, une chaîne fixée à ses chevilles lui rappelle le soldat couché à ses côtés. Veut-il écrire un dernier mot d’amour à ses vieux et fidèles amis, une chaîne retient son poignet, et c’est avec mille peines qu’il réussit à écrire cette lettre aux Philippiens qui résonne encore du bruit des chaînes.
Quel est le mot qui, dans cette épître, reviendra plus souvent que tout autre ? – Patience ? Assurément il serait de saison. – Endurance ? Ce mot serait encore mieux approprié. Toutefois, ce n’est ni l’un ni l’autre, mais bien plutôt un mot en contraste absolu avec le décor qui entourait Paul. La souffrance est comme un nuage qui ne sert qu’à faire ressortir l’éclat du soleil. - Joie, réjouissance, allégresse ! Voilà le cantique qui remplit cette lettre aux Philippiens. Quel Maître admirable que ce Jésus qui inspire de telles paroles à son disciple souffrant à cause de sa fidélité ! Chaque fait, chaque événement que rapportent ces pages est un miroir qui reflète la perfection de l’amour divin.
Parole de Dieu, tu es mon appui
Pendant mon long pèlerinage.
Avec le sceptre d’or, je puis
Marcher en paix dans mon voyage :
Tout ce que mon Sauveur a dit
Est immuable comme Lui.
Parole du Père, tu es mon appui,
Toi qui es si douce et si pure
Et comme un invincible abri.
Tu es très forte et très sûre,
Toi, la charte de mon salut,
Sécurité de tout élu.
Sainte Parole, tu es mon appui;
La vérité, seule éternelle
Tu demeures quand tout finit,
Et ta beauté est immortelle.
Jamais tu ne me tromperas
Et toujours tu me soutiendras !
(D’après Frances Ridley Havergal.)
LA VOLONTE DE DIEU ET LA PRIERE
A : Il vint chez les Siens
Le but de la prière, c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu. Mais combien Dieu est étranger dans Son propre monde ! Nul n’est plus calomnié que Lui. Il descend vers Ses créatures, mais elles Le laissent heurter à la porte, tel un pèlerin, le bâton à la main, et elles L’observent avec méfiance. Certains d’entre nous se refusent à Lui confier pleinement leur vie et si la vraie raison en était connue, on découvrirait qu’ils ont peur de Dieu. Ils ont peur qu’il introduise quelque souffrance dans leur vie, quelque difficulté sur leur chemin. S’ils ont peur de Lui, c’est tout simplement qu’ils ne Le connaissent pas. La prière qui sortit du cœur de Jésus, en cette nuit tragique où il veillait avec les onze, était celle-ci : « Qu’ils Te connaissent, Toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean : 17 / 3)
Pour comprendre la volonté de Dieu, il faut comprendre Son caractère, il faut Le connaître Lui-même.
Il y a cinq mots que nous employons tous les jours et qui peuvent nous aider à nous faire une idée de Dieu; ce sont des mots familiers, d’un usage constant. Père est le premier. Le père, c’est la force, mais la force dans l’amour. Un père fait des plans pour les siens; il pourvoit à leurs besoins; il les protège. Réfléchissez au meilleur père que vous ayez connu; revoyez-le en pensée et dites-vous que Dieu est un père, mais qu’il est supérieur au plus parfait des pères que vous puissiez imaginer; et que sa volonté pour votre vie (je ne parle pas ici du ciel, ni de vos âmes) sa volonté pour votre vie, ici-bas sur la terre, est la volonté d’un père pour ceux qu’il chérit.
Le deuxième mot est un mot encore plus beau; c’est le mot de Mère. Si le père incarne la force, la mère incarne l’amour, un amour grand, patient, tendre et durable. Que ne ferait-elle pas pour l’enfant qu’elle aime ? Pour qu’il vînt au monde, elle descendit dans la vallée des larmes, et elle le fit avec joie, les yeux brillant de la lumière de l’amour. Et cette épreuve, elle la subirait à nouveau pour sauver la vie de son enfant. Voilà la mère ! Pensez maintenant à la mère la plus parfaite que vous connaissiez - ces mots évoquent dans ma mémoire des souvenirs bénis - puis souvenez-vous de ceci : Dieu est une mère, seulement Il est plus parfait que la plus parfaite des mères.
Les passages bibliques assimilant Dieu à une mère sont nombreux. « Sous ses ailes » est une image féminine. La poule rassemble ses poussins sous ses ailes pour les réchauffer et les protéger. Il est vrai que le mot mère n’est pas employé dans la Bible pour Dieu. Je suppose que cela tient à ce que l’expression Dieu le Père comprend aussi les qualités de la mère. Toute la force du père, tout le splendide amour de la mère sont compris dans le mot de Père quand il s’agit de Dieu. Et sa volonté à notre égard est la volonté d’une mère, la volonté d’une mère prudente et aimante pour son enfant bien-aimé.
Ami est le troisième mot; et par là je n’entends pas le terme qu’aimablement et par politesse on applique à toutes sortes de connaissances. Tupper dit que nous qualifions d’amis tous ceux que nous ne considérons pas comme nos ennemis. Je prends le mot en un sens plus exact, plus profond. L’ami c’est celui qui vous aime d’une affection désintéressée, qui s’attache fermement à vous, sans penser à provoquer de la reconnaissance ou même à se faire aimer en retour. Les Anglais ont un dicton qui dit : « Vous pouvez remplir l’église de vos connaissances, mais vous ne remplirez pas les sièges de l’estrade de vos amis. » Si vous réussissez à avoir dans votre vie un ou deux vrais amis, vous êtes assurément très riches. Pensez maintenant au meilleur ami possible, puis méditez cette parole : Dieu est un ami, seulement il est meilleur que le meilleur des amis que vous puissiez connaître, et le plan qu’il a conçu pour votre vie correspond en grandeur à la grandeur de son amitié.
J’hésite à employer le quatrième mot, et pourtant je puis le faire sans crainte d’être mal compris. Mon hésitation provient de ce que le mot et ce qu’il implique ont souvent un sens trop superficiel, et cela même dans la société sérieuse : c’est le mot de fiancé. Il évoqué pour moi deux personnes qui se rencontrent et qui, peu à peu, passent d’une simple connaissance à l’amitié la plus profonde; cette amitié, à son tour, se transforme en un sentiment plus parfait, plus sacré. Que ne ferait-il pas pour elle ?
Elle devient le nouveau centre de sa vie; il baise le sol que ses pieds ont foulé; et elle, elle renoncera à la richesse pour embrasser la pauvreté, pourvu qu’elle puisse vivre avec lui dans les jours à venir; elle quittera parents et amis et se rendra aux extrémités de la terre pour rejoindre celui qu’elle aime. Rappelez à votre souvenir les fiancés les plus parfaits que vous connaissiez, et permettez-moi de dire avec tout le respect dû à Dieu : Dieu est un fiancé, seulement Il est plus parfait que le plus parfait des fiancés que vous puissiez connaître, et Sa volonté, Son plan pour votre vie et pour la mienne est la volonté d’un fiancé pour celle qu’il chérit.
Le cinquième mot ressemble au quatrième, mais sa signification est plus complète, plus élevée; c’est le mot époux. Epoux c’est le mot qui désigne les liens les plus sacrés sur terre; c’est l’apogée de l’union. Chez les hommes, toutefois, le mot d’époux n’est pas toujours plus beau que celui d’amant. Quel crime ! Comment l’homme ose-t-il amoindrir les plans de Dieu ? Comment ose-t-il mépriser l’amande et préférer la coquille ? Dans la pensée de Dieu, l’époux est l’amant parfait. Il est tout ce que le meilleur amant peut être; plus encore, car il est plus tendre, plus empressé, plus prévenant. Deux vies sont unies et commencent à vivre une seule vie; deux volontés sont fondues en une seule; deux personnes et pourtant une seule direction; c’est la dualité dans l’unité. Evoquez le type le plus parfait d’époux que jamais femme de votre connaissance ait eu, puis souvenez-vous que Dieu est un époux; seulement Il est infiniment plus prévenant que le plus prévenant des époux que vous puissiez connaître, et Sa volonté pour votre vie est la volonté, la sollicitude d’un époux pour l’amie et la compagne de sa vie.
Maintenant, que nul de vous ne choisisse un de ces mots et ne dise : « Celui-là me plaît. » Que nul autre ne dise : « Cette conception de Dieu est conforme à mes idées. » Nous diminuons Dieu par l’étroitesse de nos idées. Il faut accepter les cinq mots, admettre le sens parfait de tous les cinq, et les unir ensuite tous pour obtenir une idée exacte de l’Eternel, car Il est tout cela, et plus encore.
Vous remarquerez que Dieu est si grand, que la définition de ce qu’il est nécessite l’union de cinq qualités humaines. C’est un père, une mère, un ami, un fiancé, un époux. A l’appui de cette thèse je n’ai avancé aucun livre, aucun chapitre, aucun verset; mais vous savez que nous pourrions passer des heures ensemble à lire les nombreux passages qui appuieraient mes cinq affirmations.
La volonté de Dieu à notre égard, c’est de réaliser son plan si parfait; Sa volonté pense au corps, à la santé, à la force corporelle, à la famille et à ses préoccupations; elle s’applique à l’amitié, au choix du meilleur ami; elle comprend le travail quotidien, la vie tout entière et la totalité des vies humaines. Dieu a pensé à tout cela, avec amour et avec prudence.
Une mère prudente et avisée ne pense-t-elle pas aux besoins de son enfant, aux exigences et aux attentions délicates qu’il réclame ? Vous savez qu’il en est ainsi, et telle est aussi la sagesse de Dieu.
B : Le but unique de la prière
Le but de la prière est donc d’obtenir que la volonté de ce Dieu si parfait se fasse dans nos vies et sur la terre. La prière par excellence est celle-ci : « Que ta volonté soit faite ! » Elle peut être exprimée sous mille formes diverses, accompagnée de mille détails différents, variant selon les circonstances, mais ces cinq mots en seront toujours la base. Il n’y a rien de vraiment bon auquel vous ayez pensé et que Jésus n’ait pas déjà prévu avant vous ... en y ajoutant probablement quelque chose de plus.
Sachez, en outre, qu’il ne s’agit pas d’implorer Dieu à regret et de dire, en soupirant : « Ta volonté soit supportée; elle est amère, mais je dois m’y résigner en qualité de chrétien. Ta volonté soit supportée ! » Non, pas cela, je vous en prie, ce serait calomnier Dieu. Il existe chez beaucoup une croyance superficielle qui charge le Créateur d’une foule d’accidents et de malheurs dont Il n’est pas du tout responsable; au contraire, Il dirige tous ses efforts, dans toutes les circonstances, en vue du meilleur résultat. Ah ! s’il n’était pas obligé de lutter contre ces volontés têtues et faussées que Lui opposent les hommes ! Avec infiniment de patience, d’habileté, de diplomatie, et aussi de succès, Il travaille sans cesse à démêler l’écheveau de la vie humaine embrouillé par la volonté do l’homme.
Il peut être utile de nous souvenir que Dieu a deux volontés pour nous, une supérieure, et l’autre inférieure. Il préfère toujours que sa première volonté soit accomplie en nous; mais, lorsque nous n’atteignons pas cette hauteur, Il descend jusqu’au point que nous avons atteint, et là travaille avec nous. Par exemple, la première décision de Dieu pour Israël était d’être lui-même leur Roi, car cette royauté devait mettre le royaume à part des autres pays. Hélas ! pour le plus grand chagrin de Samuel, plus encore de Dieu, les Israélites demandèrent un roi qui vécût au milieu d’eux; et Dieu le leur donna. David le berger, le psalmiste et le roi, fut un homme selon le cœur de Dieu et le Sauveur du monde descendit de la lignée davidique. C’est ainsi que Dieu travailla au niveau qu’Israël avait choisi et vous savez comment Il sut tirer parti des conditions qu’on lui faisait. Quel travail ce fut ! Toutefois, l’onction d’un premier roi et cette succession de rois n’étaient pas dans le plan original de Dieu; ce fut le résultat d’une deuxième décision prise, parce qu’Israël ne voulait pas accepter la première; Dieu fait toujours pour nous le plus qu’il peut faire par notre moyen.
Le premier plan de Dieu à l’égard de nos corps est évidemment de doter chacun de nous d’un corps robuste et sain; toutefois, il faut voir beaucoup plus haut que cette question de santé. Voilà pourquoi, malgré la douleur qu’il en ressent Lui-même, Il permet que la faiblesse et la maladie s’emparent de nous, car, étant donnée notre volonté, les biens plus élevés ne peuvent être atteints que par la souffrance. Mais quand la volonté humaine s’accorde avec la volonté de Dieu et qu’ainsi une plus grande perfection peut être obtenue, Il fait disparaître avec joie et empressement tout désavantage physique.
Deux causes au moins modifient la première volonté de Dieu à notre égard :
En premier lieu, notre consentement plus ou moins grand à Le laisser agir librement.
En second lieu, les circonstances particulières de la vie de chacun de nous. Chaque homme est le centre d’un cercle de personnes, cercle toujours changeant; si donc nous sommes unis à Dieu, Il peut parler, pour chacun de nous, à ce cercle qui nous entoure. Nos expériences avec Dieu, et Sa manière d’agir à notre égard dans toutes les circonstances de la vie, sont un message de Sa part à ceux qui sont autour de nous. L’effort de Dieu porte sur ce point: gagner des âmes. Diplomate hors ligne, tacticien admirable, il a néanmoins besoin de nous pour L’aider dans Son œuvre. Nous devons consentir pleinement à ce que Sa volonté soit faite; mieux encore, nous devons être persuadés qu’il sait ce qu’il doit faire en nous et par nous dans les circonstances où nous nous trouvons, Dieu est économe; Il ne dilapide pas ses forces; Il les conserve pour le grand but qu’il a en vue.
Dans certains cas d’affliction, il peut y avoir de notre part une fausse soumission à ce que nous supposons être sa volonté; il arrive que nous n’acceptions pas tout ce qu’il a en vue pour nous. D’un autre côté, nous pouvons adresser à Dieu, pour une chose désirable, une prière raisonnée, sur le conseil d’un ami. Et par prière raisonnée, j’entends l’étude d’une déclaration de Dieu, son explication probable par un frère plus expérimenté, la connaissance de certains cas où un exaucement a été réclamé en s’appuyant sur cette déclaration, et enfin la conclusion que nous devrions faire la même chose. Le malheur, c’est que cette prière s’arrête à moitié chemin.
Prier par l’Esprit, au lieu de prier par le raisonnement, c’est sans doute faire cette déduction logique; mais c’est ensuite remettre tranquillement tout à Dieu pour savoir quelle est Sa volonté à notre égard dans telle ou telle, circonstance et au milieu des gens qu’il veut atteindre par nous.
C : L’Esprit d’adoption
Il y a dans l’épître aux Romains, un passage remarquable sur la prière et la volonté de Dieu : « De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables, et Celui qui sonde les cœurs, connaît quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. » (Romains : 8 / 26-28)
Rapprocher ces mots de ceux qui terminent le verset : 15 (les versets : 18 à 25 sont une parenthèse) : « Vous avez reçu un Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba ! Père ! » C’est l’Esprit qui nous fait dire : Père; Père, c’est le cri de l’enfant, c’est aussi le cri de la prière : l’Esprit nous aide donc à prier. Notre faiblesse consiste à ne pas savoir prier comme nous le devrions.
Nous voulons bien prier, il nous tarde même de le faire, cela est hors de doute, mais nous ne savons pas comment prier, l’Esprit, lui le sait; il connaît parfaitement la volonté de Dieu; il sait ce que nous devons demander dans toutes les circonstances, et il est dans chacun de nous. Demeurant chez nous en qualité d’Esprit de prière, il nous incite à prier. Il nous conduit dans la solitude où nous pourrons plier les genoux dans le calme et la tranquillité. Où que nous soyons, il nous pousse à prier. Ses pensées ne peuvent être exprimées par nos lèvres, car elles ne correspondent pas à notre manière de penser. L’Esprit prie avec une intensité qu’aucun langage ne peut exprimer. Et « Celui qui sonde les cœurs » sait parfaitement ce que pense cet Esprit qui est en nous; Il comprend sa prière silencieuse, car Lui et l’Esprit sont un. Il reconnaît Ses propres intentions et Ses propres plans quand ils sont exprimés sur la terre, dans un homme et par Son propre Esprit.
L’Esprit d’adoption, qui habite en nous, exprime dans ses prières la volonté de Dieu. Il nous enseigne la volonté de Dieu; il nous apprend à la formuler; il formule en nous cette volonté divine. Il cherche à exprimer en nous la volonté de Dieu, c’est-à-dire à prier pour le plan que Dieu a conçu, avant que nous ayons clairement compris nous-mêmes quelle est cette volonté.
Il faut veiller à ce que notre âme soit sensible aux directions de l’Esprit qui réside en nous; et quand vient cet appel intérieur à la prière, lui obéir avec fidélité. Que nous sachions ou non ce que notre demande doit être, prions sans cesse, pendant que l’Esprit se sert de nous pour présenter sa propre prière.
La meilleure prière que nous puissions souvent présenter pour un de nos amis ou pour un sujet qui nous préoccupe, est de dire, après avoir exposé le cas aussi bien que nous le pouvons : « Saint-Esprit, formule en moi ce que le Père désire voir s’accomplir. Père, ce que l’Esprit formule en moi, c’est là ma prière au nom de Jésus. Que ta volonté, ce que Tu désires, ce que Tu penses, puisse être fait complètement ici-bas. »
D : Comment connaître la volonté de Dieu
Nous devrions faire une étude de la volonté de Dieu; nous devrions nous rendre habiles à la connaître. Plus nous connaîtrons notre Père et plus aussi nous aurons l’intelligence de Sa volonté.
On peut dire que Dieu a deux volontés pour chacun d’entre nous, ou mieux que sa volonté se compose de deux parties; il veut, d’une part, nous sauver; de l’autre, diriger notre vie. La Bible nous montre qu’il veut notre salut: que nous serons sauvés, sanctifiés, purifiés, et que bientôt nous serons glorifiés en Sa présence. D’autre part, pour y parvenir, Il a conçu un plan particulier pour chacun d’entre nous. Il a tracé le plan de chacune de nos vies; aussi l’ambition la plus haute que nous puissions avoir est d’atteindre, de saisir ce plan. Il nous le révèle petit à petit, au fur et à mesure de nos; besoins. Lorsqu’on Lui consacre sa vie, Il révèle quel service Il attend, où et quand Il l’attend; dans la suite, Il rend facile chaque pas en avant.
La connaissance de Sa volonté repose sur trois conditions, simples, il est vrai, mais essentielles. Nous devons être en communion avec Lui pour que nous soyons prêts à L’entendre. Nous devons nous réjouir de faire Sa volonté, parce que c’est Sa volonté. Il faut insister surtout sur la dernière condition. Après avoir observé les deux premières, beaucoup sont arrêtés par la troisième. La voici : Sa parole doit avoir la liberté de discipliner le jugement que nous portons sur Lui et sur Sa volonté.
Plusieurs hésitent devant les deux premières conditions; mais un plus grand nombre encore, malgré leur bonne volonté, sont arrêtés et démontés par la troisième : c’est qu’ils n’ont pas un jugement discipliné sur Dieu et Sa volonté. Si nous nous imprégnions, de la Bible dans un esprit de prière, notre jugement en ressortirait plus lucide. Il nous faut acquérir une idée générale de la pensée de Dieu, respirer Dieu Lui-même en lisant Sa parole. Dieu guérira dans son jugement et dans ses pensées l’homme faible, c’est-à-dire celui qui consent à abdiquer devant une volonté plus forte. (Psaume : 25 / 9)
C’est le point de vue de Jean dans le passage fameux de la première épître : « Nous avons auprès de lui cette assurance que, si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, Il nous écoute. Et, si nous savons qu’il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous le savons, parce que nous obtenons ce que nous lui avons demandé. » (1 Jean : 5 / 14-15) Ces mots concordent absolument avec ceux de l’épître aux Romains que nous citions plus haut.
La première condition est donc d’apprendre à connaître la volonté du Créateur sur le sujet qui nous occupe. Ceci obtenu, nous allons de l’avant et prions avec hardiesse; car, si Dieu désire quelque chose et que nous le désirions aussi, notre union est assurée d’un complet succès.
POUVONS-NOUS PRIER AVEC ASSURANCE POUR LA CONVERSION DE CEUX QUE NOUS AIMONS ?
A : Comment Dieu pénètre dans une demeure
Dieu désire ardemment racheter le monde. Dans ce but, Il a donné son propre Fils, Son unique, quoique le traitement subi par ce dernier déchirât son cœur de Père. Dans ce but également, Il a envoyé le Saint-Esprit pour accomplir dans les hommes ce que le Fils avait fait pour eux. Dans ce but encore, Il a confié à l’homme la plus grande de toutes les forces, la prière, pour que nous puissions devenir ses associés.
Toujours dans le même but, Il a établi les liens de parenté et d’amitié. Il gagne des hommes par les hommes. L’homme est le point d’arrivée et il est aussi le chemin; il est le but visé et il est le moyen d’approche, soit du côté de Dieu, soit du côté de Satan. Dieu ne veut pas pénétrer dans le cœur de l’homme sans son consentement et Satan ne le peut pas, comme nous l’avons dit plus haut. Dieu désirerait atteindre les hommes par les hommes et Satan ne peut pas les atteindre autrement. Ainsi Dieu nous a unis par le lien le plus fort qui unisse les hommes, le lien de l’amour, afin que nous puissions exercer une influence réciproque les uns sur les autres. La parenté nous lie particulièrement à l’homme et à la terre.
Quelques personnes sérieuses et particulièrement délicates m’ont demandé parfois s’il n’était pas égoïstes de s’inquiéter spécialement de ses propres parents, ceux pour lesquels le cœur s’émeut le plus vite de tendresse et pour lesquels les prières montent plus tendres, plus ardentes et plus fréquentes. - Mais si vous ne priez pas pour eux, qui donc le fera ? Qui peut prier pour eux avec une ferveur aussi convaincue, aussi persistante que vous ? - C’est justement dans ce but que Dieu nous a établis dans des relations d’affection personnelle et de parenté. Il nous unit les uns aux autres par les liens de l’amour pour que nous puissions nous préoccuper les uns des autres. N’y eût-il qu’une seule personne dans une demeure en contact avec Dieu, cette seule personne devient la porte par laquelle Il pénétrera dans la famille entière.
Toute relation crée une possibilité, et toute possibilité implique une responsabilité. Plus étroites sont les relations, plus grandes sont aussi les possibilités et partant la responsabilité.
Le désintéressement n’exige pas que l’on s’exclue du salut soi-même et sa parenté; il demande que l’on se mette à sa vraie place. L’humilité ne consiste pas à se torturer, mais à s’oublier en pensant aux autres. Non seulement il n’est pas égoïste de prier pour les siens, mais encore cette prière fait partie du plan de Dieu. Nous sommes responsables surtout de ceux qui nous tiennent de près.
B : L’esclavage d’un homme libre
La question de savoir si nous pouvons prier avec assurance pour la conversion de ceux que nous aimons est une de celles que l’on pose le plus souvent; il n’y en a pas de plus capable de nous émouvoir. Je me souviens d’avoir parlé un jour dans une église, sur ce sujet, de façon plutôt affirmative. A la fin de la réunion, une dame que je savais être instruite et cultivée, et qui était de plus une chrétienne, vint vers moi et me dit : « Je ne crois pas que nous puissions prier de cette manière. - Et pourquoi ? lui répondis-je. Elle se tut un instant, et l’agitation qu’elle réprimait, mais que ses yeux et ses lèvres néanmoins révélaient, me disait quelle lutte se livrait en elle; puis, tranquillement, elle me dit : « J’ai un frère, ce n’est pas un chrétien. Le théâtre, le vin, le club, les cartes, voilà sa vie. Et il se moque de moi. Je désirerais tellement le voir se convertir, mais - et ici on reconnaissait son esprit décidé et son éducation première - je ne crois pas que je puisse prier pour lui en toute franchise, car il est libre et Dieu ne veut pas sauver l’homme contre sa volonté. »
Voici ce que je lui répondis : « L’homme est libre autant qu’il s’agit de Dieu; il est tout à fait libre, voilà ce qu’on ne cesse de répéter. Mais il est le plus esclave des êtres dès qu’il s’agit de l’égoïsme et de l’opinion. Le but de notre prière n’est pas de forcer ou de restreindre la volonté de l’homme; cela, jamais; mais bien plutôt de l’affranchir des influences délétères qui le tiraillent en tous sens. Il faut enlever de ses yeux la poussière qui les aveugle et lui rendre la vue. Une fois qu’il sera libre, capable de bien juger, de peser les choses sans parti pris, il est fort probable qu’il se servira de son jugement pour choisir le droit chemin. »
Voici quelle est la prière idéale que j’adresserais dans un tel cas; c’est une adaptation des propres paroles de Jésus, et chacun peut l’offrir à Dieu en lui ajoutant les détails qu’il désire : « Délivre-le du mal et opère en lui Ta volonté pour lui, par Ton pouvoir et pour Ta gloire, au nom de Jésus le Vainqueur. »
Cette prière s’appuie sur trois passages. Tout d’abord,(1 Timothée : 2 / 4) : « Dieu notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés. » C’est là la volonté de Dieu pour ceux que vous aimez. Deuxièmement, (2Pierre : 3 / 9) : « Ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » Telle est la volonté ou le désir de Dieu pour le cas qui nous occupe en ce moment. Le troisième passage se rapporte à nous qui prions; il nous dit qui peut adresser cette prière avec persévérance : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé » (Jean : 15 / 7)
Il y a dans la deuxième épître de Paul à Timothée une déclaration qui illustre cette idée : « Or il ne faut pas qu’un serviteur de Dieu ait des querelles; - ne pas discuter, ne pas combattre - il doit avoir au contraire de la condescendance pour tous, être propre à enseigner; prêt et habile à donner des explications, à aider - il doit redresser avec douceur (ou instruire) les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera de se convertir à la connaissance de la vérité, de revenir à leur bon sens, d’échapper aux pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté. » (2 Timothée : 2 / 24-26)
Le mot délivre, tel qu’il est employé par Jésus dans la prière, cache un sens des plus saisissants. Il signifie proprement arrache. Voici par exemple un homme qu’on emmène captif et enchaîné. Il aime néanmoins son ravisseur et ne se soucie nullement de sa condition. Notre prière pour lui sera dès lors : « Arrache-le au Malin », et ce sauvetage aura lieu, car déjà Jésus a vaincu le ravisseur.
Il est absolument certain que nous pouvons assurer la conversion de ceux qui nous tiennent de près, par cette prière. Faite au nom de Jésus, elle chasse l’ennemi du champ de bataille qu’offre la volonté de l’homme et elle laisse celui-ci libre de choisir sa voie.
Notons une exception, une seule. Dans certains cas extrêmes, il arrive que nous ne puissions nous servir d’une telle prière; mais c’est qu’alors l’esprit de prière s’est retiré. De tels cas, il est vrai, sont rares; ce sont des cas extrêmes, et, quand ils se présentent, il n’y a aucun doute à avoir à leur égard; la situation est claire.
Je ne puis m’empêcher d’exprimer enfin la conviction - je le fais contre mon gré et préférerais pouvoir me taire - qu’il y a des gens sur cette pauvre terre qui sont en état de péché, parce que quelqu’un a négligé de mettre sa vie en contact avec Dieu et de prier.
C : L’endroit où Dieu n’est pas
Cela dit, je continue mon exposé pour en arriver à cette triste affirmation : Il y a un enfer. Il doit y avoir un enfer. Cette déclaration, du reste, n’a besoin d’aucun passage biblique pour l’étayer. Philosophiquement, il doit y avoir un endroit méritant cette appellation qui évoque de si tristes associations d’idées. C’est le nom qui désigne l’endroit où Dieu n’est pas, l’endroit où Il rassemblera ceux qui persistent à L’exclure de leur vie. Exclure Dieu ! Il ne peut pas y avoir de pire enfer que celui-là! Dieu parti ! L’homme livré à tous ses penchants !
Je suis persuadé que l’enfer n’est pas ce que certains hommes ont représenté. Ce n’est pas ce tableau que je vis, enfant, et devant lequel je reculais terrifié. Soyons prudents à son égard et n’en disposons pas, en pensée ou en parole, pour telle ou telle personne que nous jugeons perdue. Quand elle est morte, le plus que nous puissions faire est de la remettre à Dieu qui est infiniment juste et personnifie l’amour.
Certaines sectes ont inconsidérément disposé de l’enfer, et, de nos jours, il s’est produit une réaction exagérée. Les deux extrêmes sont à éviter. Agissons avec bienveillance et néanmoins avec franchise. Nous devons avertir les hommes en toute sincérité. Nous connaissons les claires déclarations de la Bible d’après lesquelles ceux qui préfèrent ignorer Dieu seront perdus. Ce sont eux qui, de leur plein gré, ont choisi leur situation. Quant à nous, ne faisons pas de personnalités, gardons le silence devant la tombe et occupons-nous des vivants.
Un jour, à la fin d’une matinée où nous avions entretenu nos auditeurs de la Bible, une jeune femme vint me prier de lui accorder quelques instants. Elle me parla d’un ami, chrétien non pratiquant, pour qui elle avait beaucoup prié et qui était mort subitement. Pendant les instants qui précédèrent sa mort, il était inconscient et ainsi personne n’avait pu recevoir ses dernières confidences.
Cette femme était très émue en me racontant cela, et, pour finir, elle me dit : « Il est perdu ! Il est en enfer, et je ne pourrai plus jamais prier. »
Nous causâmes quelques instants et voici les renseignements qu’elle me donna. Son ami appartenait à une famille chrétienne, chez qui la Bible était en grand honneur. Lui-même était un homme qui réfléchissait et qui menait une vie droite. Il parlait à l’occasion de questions religieuses, mais jamais sa conversation n’avait trahi une foi personnelle en Christ. Sa santé était chancelante ... Tout à coup vint la fin. J’appris encore que, des années durant, cette femme avait prié pour sa conversion, qu’elle était une chrétienne convaincue et soucieuse du salut de ses frères.
Dans ce récit, nous nous trouvons en face de quatre faits : Cet homme savait comment aller à Dieu; il réfléchissait; il n’avait jamais confessé ouvertement le christianisme; enfin quelqu’un avait prié pour lui.
Peut-on savoir quelque chose de sûr touchant cet homme ? Il y a deux sortes de connaissances : directe ou déductive. Je sais qu’il y a une ville qui s’appelle Londres, car j’en ai parcouru les rues. Voilà la connaissance directe. Je sais qu’il existe une ville du nom de Saint-Pétersbourg, car, quoique je n’y aie jamais été, je suis persuadé de son existence par mes lectures, par les photographies que j’en ai vues, et par mes amis qui y ont été. Voilà la connaissance déductive.