Simples entretiens sur la prière 

Par Mr Samuel Dickey Gordon

Il y a évidemment beaucoup d’autres passages bibliques tout aussi explicites que ceux que nous avons étudiés et qui donnent un enseignement tout aussi simple et aussi clair. La Bible entière est pleine de cette vérité; mais ces quatre grands exemples sont tout à fait suffisants pour éclaircir parfaitement cette question. Le grand prince renégat – Satan - est actuellement un facteur actif dans la vie des hommes; il croit à la puissance de la prière; il la craint; il peut, pour un temps, en retarder les résultats et il fait son possible pour y arriver.

Elle contrecarre ses plans et le met en déroute. Il ne peut pas tenir devant elle. Il tremble dès qu’un homme de foi simple et vivante fait monter sa prière vers Dieu. Prier, c’est réclamer avec persévérance que la volonté de Dieu soit faite. La prière exige une volonté en communion absolue avec Dieu; elle s’appuie sur la victoire de Jésus; elle met à néant la volonté mauvaise du grand et déloyal adversaire.

COMMENT PRIER ?

(C)


COMMENT REALISER L’UNION AVEC DIEU


A : Ambassadeurs de Dieu

Si je caressais l’ambition de représenter ma patrie à l’étranger comme ambassadeur, il me faudrait deux choses. Tout d’abord - et ce serait la chose essentielle - être investi de cette fonction; et, pour cela, je devrais entrer en relations avec notre Président, posséder certaines qualités qu’il juge indispensables, et finalement obtenir de lui la charge désirée et des lettres m’accréditant auprès de tel ou tel gouvernement. Ces conditions, une fois remplies, détermineraient mes rapports comme représentant de mon pays auprès d’une nation étrangère et établiraient par là même mes droits à agir en mon nom.

Cette investiture toutefois ne m’empêcherait pas, une fois en charge, de commettre de grosses erreurs. Ma maladresse peut provoquer une telle tension des relations diplomatiques qu’il faudra maintes explications, voire des excuses, pour remettre les choses au point; de plus, les souvenirs que je laisserai après moi seront longs à disparaître. Combien de fois de telles complications ne se sont-elles pas produites ! Les nations sont très susceptibles; aussi les affaires d’Etat doivent-elles être traitées avec le plus grand discernement. Il y a donc une seconde chose que je ferais certainement si j’étais jugé capable de remplir les fonctions d’ambassadeur. J’irais voir nos diplomates les plus en vue; je les interviewerais et j’obtiendrais d’eux tous les renseignements possibles sur la vie officielle du pays où je dois me rendre, sur l’étiquette qui règne à la cour, sur les personnages que mes fonctions m’obligeront à fréquenter, bref, sur ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. Mon unique pensée serait d’être un diplomate habile, de maintenir les bons rapports existant entre les deux gouvernements, de gagner des amis, d’éveiller des sympathies pour mon pays. Mes efforts seraient tendus vers ce seul point, mon esprit orienté dans cette seule direction : avoir une politique heureuse.

La première des conditions, ma nomination ferait de moi légalement un ambassadeur; la seconde tendrait à me doter d’une certaine habileté professionnelle.

Nous trouvons dans la prière les deux mêmes conditions; en effet, d’un côté, l’union entre Dieu et le fidèle doit être établie avant que l’on puisse rien faire d’autre; et, d’un autre côté, il est de toute importance d’acquérir une grande habileté en vue de l’accomplissement de la tâche qui nous est échue.

Pour le moment, nous nous bornerons à parler de la première de ces conditions, de l’union nécessaire entre le Créateur et la créature qui veut le prier. La prière repose sur une entente parfaite avec Dieu; elle est Sa mandataire dans le royaume spirituel de notre monde; elle défend Ses droits, et, grâce aux pouvoirs qu’il lui a confiés, elle combat pour Sa cause. La seule base d’un tel accord est et ne peut être que Jésus.  Nous avons été mis hors la loi par le péché; alliés de Dieu, nous avons rompu l’alliance. Etant donnée notre action, nous n’aurions pu par nous-mêmes effacer les effets de cette rupture; il a fallu que Jésus vînt. Dieu et Homme à la fois, Il nous réunit à Dieu; c’est par Lui et par Lui seul que nous rentrons en grâce. Le sang de la Croix a scellé cette nouvelle alliance; par ce sang, l’union que nécessite toute prière est établie à nouveau. Mes supplications ne seront entendues que si je viens à Dieu par l’intermédiaire de Jésus et si le but de ma vie est en accord constant avec l’exemple de notre Sauveur.

B : Six déclarations capitales

Les propres paroles de Jésus justifient et éclairent cette affirmation. Les Evangiles nous fournissent deux groupes d’enseignements sur la prière. Le premier nous est donné dans le Sermon sur la montagne, que Jésus prononça au milieu de la deuxième année de Son ministère; le second, à la fin de sa vie, dans les derniers six mois; la partie la plus importante nous est même fournie par les dix derniers jours; enfin l’enseignement primordiale ne nous est confié que la veille du jour suprême.

C’est après la violente rupture de Jésus et des chefs du peuple que nous est donnée cette deuxième série d’affirmations; ce sont les plus positives et les plus importantes que Jésus ait prononcées sur la prière; nous y trouvons six des huit promesses qu’il fit touchant l’intercession. Examinons-les maintenant; nous montrerons ensuite dans quel rapport elles se trouvent avec notre sujet.

Nous rencontrons la première dans l’Evangile de ( Matthieu : 17 / 19-20) : «J e vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux »

Notez dans cette promesse l’origine de la prière: sur la terre; sa portée : une chose quelconque;  la certitude de l’exaucement : elle leur sera accordée. Voyez ensuite la raison de cet exaucement : « Car, là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » c’est-à-dire, s’il y a deux personnes qui prient, il y en a en réalité trois; s’il y a trois personnes qui se rencontrent pour prier, en réalité il y en a quatre; il y a toujours quelqu’un de plus, quelqu’un d’invisible. Si peut-être, dans un moment de découragement, vous vous dites : « Il ne m’entendra pas; je suis si pécheur, si faible » - vous auriez tort de le faire; mais que de fois hélas ! Nous nous trompons - si donc vous avez jamais une telle pensée, reposez-vous immédiatement sur celle-ci : le Père entend toujours Jésus, et Jésus entend toute prière sérieuse et la présente comme sienne.

La deuxième promesse est contenue dans les versets : 22 à 24 du chapitre 11 de l’Evangile de Marc : « Jésus prit la parole et leur dit : « Ayez foi en Dieu - Dieu, le facteur essentiel dans chaque prière - Je vous le dis en vérité, si quelqu’un dit à cette montagne : Ote-toi de là et jette-toi dans la mer » (Marc : 11 / 22-24) - Il choisit, vous le voyez, la chose la plus invraisemblable qui puisse arriver. Jamais nous n’avons entendu dire que Jésus ait déplacé une montagne; la nécessité d’une telle action semble ne jamais s’être fait sentir, mais Jésus choisit la chose la plus difficile pour illustrer ses paroles. Peut-on, en effet, s’imaginer une montagne glissant à la mer : la Jungfrau, le Mont Blanc, le Mont Rainier ? - « et s’il ne doute point en son cœur » - telle est la définition que Jésus donne de la foi - « mais croit que ce qu’il dit arrivera, il le verra s’accomplir. C’est pourquoi je vous dis : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez, et vous le verrez s’accomplir ... » Quelle certitude dans cette dernière affirmation ! Pour la rendre plus complète, Jésus la fait précéder de ces mots solennels : « C’est pourquoi je vous dis ... » Oui, vous le recevrez, quoi que ce soit, qui que ce soit; toute chose, tout homme.

Nous sentons tout naturellement que ces affirmations doivent être accompagnées de conditions précises; nous voudrions les entourer d’une barrière solide. Patientons un moment et nous verrons de quelle barrière Jésus lui-même les entoure.

Les quatre dernières déclarations sur la prière se trouvent dans l’Evangile de Jean; elles furent prononcées dans un long et dernier entretien, la nuit où Jésus fut trahi. Jean nous a conservé, dans les chapitres : 13 à 17, une grande partie de cette conversation intime.

Voici ce que nous lisons au chapitre : 14, aux versets : 13 et 14 : « Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai ». Cette répétition a pour but de marquer solennellement la diversité illimitée des demandes que nous pouvons adresser.

Jean : 15, verset : 7 : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous »

- Ce mot demeurent est très expressif; il n’indique pas un bref passage, un séjour de quelques heures; non, il désigne une demeure stable - « Demandez ce que vous voulez ». D’autres versions traduisent : « Vous demanderez », mais il est plus exact et plus précis de dire : « Demandez; oui, demandez; je vous demande de demander ». Il n’est rien dit qui se rapporte directement à la volonté de Dieu, mais il est question de notre propre volonté, à nous Ses créatures - « et cela vous sera accordé », ou si vous voulez, plus littéralement : « Je ferai que vous l’obteniez »

Cela me rappelle une phrase que me rapporta un jour un de mes amis. Il habite le Nord et appartient à l’Eglise méthodiste, mais son influence s’étend à toutes les Eglises, tant dans sa patrie qu’à l’étranger. Il s’entretenait avec un des évêques de son Eglise, qui s’occupait beaucoup des missions en terre païenne. Ce dernier désirait vivement que mon ami acceptât la charge de secrétaire de la Société de mission de son Eglise. Mais il savait, ce que chacun sait, combien il est difficile de grouper quelques fidèles, en dehors des heures de culte, dans de grandes congrégations. Après avoir sérieusement discuté avec mon ami, il termina par cette phrase : « Si vous m’autorisez à me servir de votre nom pour cette réunion, je me porte garant du succès »

Permettez-moi d’appliquer cet exemple au cas qui nous occupe et de dire qu’il est l’explication pratique des paroles de Jésus : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous » - exercent une influence sur vous - « demandez ce que vous voudrez et ... je me porte garant de l’obtenir pour vous ». Voilà le sens net et positif de ces paroles de Jésus.

Un peu plus loin, au verset : 16 du même chapitre, nous lisons ces mots : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne ». Ainsi, en nous choisissant, Dieu avait en vue notre alliance avec Lui par la prière.

Vient enfin la dernière déclaration, contenue dans Jean : 16, versets : 23-24 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. »

Ces déclarations sont les plus positives) que nous puissions trouver dans les Ecritures touchant la prière. Chacun a donc pleine liberté de demander, et la demande ne souffre aucune restriction. Trois conditions seulement sont imposées : la prière doit passer par Jésus;  celui qui prie doit vivre en parfaite union avec Lui; et, enfin, il doit posséder une grande foi.

C : Un verset capital

Rappelons-nous maintenant que ces six déclarations ne furent pas prononcées devant les foules, mais ne furent confiées qu’au petit groupe intime des douze. Jésus a une manière spéciale de s’adresser aux multitudes; il ne leur parle pas comme il parle à ces hommes qui ont quitté la foule pour pénétrer dans le cercle intime de ses disciples.

Notons de plus qu’avant de s’adresser à ce petit groupe de fidèles, il avait dit quelque chose d’autre, quelque chose de décisif, qui avait provoqué un incident entre lui et Pierre, qu’il dut reprendre sévèrement. Les paroles qu’il prononça alors fixent clairement les rapports des disciples et du Sauveur. Rappelons-nous dans quelles circonstances elles furent prononcées : c’était après la rupture complète avec les chefs du peuple, lorsque Jésus était accusé d’agir sous l’influence de Satan. Le complot se tramait, et il n’y avait plus de remède possible; aussi le Maître se retirait-il souvent de la foule avec les douze disciples. Telle fut l’occasion des grandes promesses que nous étudions.

Avant de se donner en quelque sorte à eux en les leur faisant, il leur dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix (Luc ajoute : chaque Jour) et qu’il me suive. » (Matthieu : 16 / 24) Ces paroles devraient être écrites en travers des six déclarations précédentes Jésus, en effet, ne prononça jamais de paroles plus nettes et, partant, plus importantes. Ces promesses, nous disent-elles clairement, ne s’adressent pas à tous; elles ne s’appliquent qu’à ceux qui conforment leur vie à l’ordre précis que Jésus nous a laissé.

Tout homme qui brûle d’exercer le pouvoir de la prière devrait examiner les promesses de Jésus sous cet angle nouveau. « Si quelqu’un veut venir après moi », cela implique une décision ferme, inébranlable comme le roc; une décision qui s’attache à son but comme le lierre s’enroule autour de l’arbre qui le supporte; une résolution qui ait la solidité des nœuds que font les marins et que personne ne peut dénouer.

« Venir après moi ... », ces mots rappellent toute la vie de Jésus, sa puissance, mais aussi ses souffrances. Ils rappellent le désert et la terrible tentation. Pour l’un, ils signifient Nazareth, village obscur et solitaire. Pour un autre, la première année du ministère en Judée, c’est-à-dire des débuts difficiles. Pour un autre, les derniers mois, l’abandon de tous les amis. Pour tous, sans aucun doute, ils signifient Gethsémané, car tout disciple du Maître a, dans sa vie, de telles heures d’agonie. Venir après lui, c’est passer par les mêmes expériences que lui, de façon moins tragique sans doute, mais réelle pourtant. C’est avoir, nous aussi, notre Calvaire à gravir, un Calvaire différent du sien, mais pourtant un Calvaire. Se charger de sa croix et venir après lui, c’est le seul moyen par lequel l’homme, avec sa volonté gangrenée par le péché, peut cependant s’unir à Dieu et se réclamer de toutes les promesses faites à ceux qui prient. Cela peut paraître dur et difficile; en réalité, c’est chose très aisée pour l’homme qui sait vouloir, car la présence de Jésus dans sa vie surmonte tous les obstacles.

Le chrétien, qui obéit à l’ordre de ce vingt-quatrième verset du chapitre : 16 de l’Evangile de Matthieu, peut demander ce qu’il voudra; cela lui sera accordé. Si les prières de tant de gens restent inefficaces, c’est que ceux qui prient ne veulent pas - j’appuie sur ce mot - ne veulent pas se laisser pénétrer par l’esprit de ce verset. Par contre, un homme qui, tranquillement et résolument, suivra l’exemple du Christ - exemple qui ne le conduira à rien d’extrême, d’outré, ni de morbide, mais au but que notre conscience nous indique tout bas jour après jour - cet homme sera stupéfait de découvrir que la prière a pour lui un sens tout nouveau.

D : La prière justifiée par son but

Une union vivante se justifie toujours par un but. Celui d’un ambassadeur sera de servir les intérêts de son pays. Jésus dit, et cela seul révèle la nature de Son union avec Son Père : « Je fais toujours les choses qui Lui plaisent »

L’union qui est la base de toute prière a un but capital : plaire à Jésus. Ceci peut paraître fort aisé, et pourtant peu de mots comportent des conséquences plus grandes : Lui plaire ! Réfléchissez à cette parole et, par elle, réglez votre vie. Si vous ne l’avez pas fait, essayez un jour, une semaine, et servez-vous de ces mots comme d’une pierre de touche pour juger vos pensées, vos paroles, vos actions. Introduisez-les dans vos affaires personnelles, à la maison, dans le commerce, dans vos relations sociales ou familiales. Il ne s’agit pas par là de se demander : « Ceci est-il droit ? Cela ne l’est-il pas ? » Non, il n’est pas question de tirer une ligne de démarcation entre le bien et le mal, le licite et l’illicite, car il y a bien des choses dont on ne peut pas dire qu’elles soient mal, mais qui ne sont pourtant pas les meilleures qu’on puisse faire, qui ne sont pas celles que préfère notre Sauveur.

Tel négociant sera rendu tout perplexe par cet ordre : Lui plaire ? Que faut-il faire ? Ne pas écouler ce produit ? Mais où donc est le mal ? Il n’y en a assurément aucun; mes collègues, chrétiens eux aussi, le vendent dans tout le pays et même à l’étranger … , mais il faut Lui plaire ... ,  de plus je perdrais tout un profit, une vraie somme … , mais il faut Lui plaire - et à cette lumière une seule solution se présente : détruire la marchandise.

Une maîtresse de maison pense à réunir toute une jeunesse chez elle, dans le but d’offrir une agréable soirée à ses filles. Elle organisera quelques jeux tels qu’il est coutume d’en avoir un peu partout; ils sont inoffensifs, nous en avons eu maintes fois la preuve ... , mais peuvent-ils Lui plaire ? - A cette lumière, ces jeux aussi devront être supprimés; soyez persuadés, du reste, que cela n’empêche pas cette femme sérieuse, consacrée à Dieu, d’organiser une soirée tout aussi agréable.

Bref, ces deux mots : Lui plaire feront réfléchir chacun; l’un à ses habitudes, un autre à ses procédés commerciaux, celui-ci à ses relations sociales, celui-là aux sociétés dont il fait partie, et chaque fois ils pénétreront au fond de l’âme comme un dard qu’on ne peut arracher.

Certains pourraient s’étonner et dire : Pourquoi mettre de telles conditions à la base de la prière ? - Je leur répondrai ceci : La vraie base de la prière est la communion avec Dieu, l’unité de but que Dieu et l’homme poursuivent. La prière n’extorque pas des faveurs; ce n’est pas une opération de banque, l’encaissement d’un billet. Non, son but est tout autre et, avant tout, il est unique et nécessite une unité d’efforts. D’une part, Dieu et Son Fils le Vainqueur à; Ses côtés; de l’autre, sur la terre, un homme, et les trois vivent dans une telle union que les pensées de Dieu deviennent celles de l’homme et que Ses volontés sont exprimées et répétées dans chacune des prières de son serviteur.

E : Trois éléments à la base de la vie de Jésus

Reportons-nous maintenant pendant quelques instants à la vie que Jésus-Homme passa sur la terre. Voyez son activité merveilleuse durant ces quelques années, activité qui excita et excite de nos jours encore l’étonnement du monde. Comparez ensuite sa vie de prière tout intime que nous ne faisons qu’entrevoir de temps à autre, et groupez autour de ces mots : « Je fais toujours les choses qui Lui plaisent », les phrases énergiques où un accent spécial est mis sur la négation : non; non pas ma volonté, non pas mon travail, non pas mes paroles. Jésus nous montre par là qu’il faisait la volonté de quelqu’un d’autre; le but justificateur de sa vie était de plaire à Son Père, et c’est là que gît le secret du pouvoir de Sa carrière terrestre. Communion avec Dieu; une vie de prière secrète et intime; un pouvoir merveilleux sur les hommes; voilà les trois éléments qui dominent et dirigent Sa vie.

A la fin du chapitre : 2 de l’Evangile de Jean, nous trouvons une expression étonnante : « Plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous ». Le texte original grec donne le même verbe pour les deux français crurent et se fiait, de sorte que nous pourrions tout aussi bien traduire le verset de cette façon-ci : plusieurs se fièrent à lui, voyant ce qu’il faisait, mais Jésus ne se fiait point à eux parce qu’il les connaissait.

J’ai la ferme conviction que la plupart d’entre vous se fient à lui; mais permettez-moi de vous demander : « Peut-il se fier à vous ? » - Aucun d’entre vous n’oserait répondre franchement et entièrement : « Oui ! » et pourtant, si l’on envisage notre intention, le but de notre vie, cette question peut en toute conscience recevoir une réponse affirmative. Quel est votre but ? - Lui plaire ? - Si oui, Il le sait.

Quel réconfort que de savoir que Dieu juge un homme non d’après le résultat, mais d’après l’intention; qu’il me juge non comme je suis, mais comme je voudrais être; qu’il me juge d’après le but primordial de ma vie. Dieu répand sur nous toutes les forces qu’il nous croit capables d’employer à Son service.

Le commerce nous fournit à ce propos un exemple frappant. Un homme est employé par une maison de commerce en qualité de commis. Son habileté et sa probité se manifestent dans différentes circonstances. Premier résultat: il est promu à un poste plus élevé, et sa responsabilité est accrue. Grâce à son caractère à toute épreuve, on se confie de plus en plus en lui, jusqu’à ce qu’il devienne à un moment donné l’homme de confiance de la maison : il en connaît désormais les secrets comme il connaît aussi ceux du coffre-fort, et tout cela, parce qu’on sait, pour en avoir eu la preuve, qu’il usera de tout pour le plus grand intérêt de la maison et non dans un but égoïste.

Dans le cas qui nous occupe, il s’agit de questions plus élevées, mais le principe est le même. Si j’arrive à réaliser l’union avec Dieu qu’impliquent ces mots : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive » - et tels doivent être le but et le désir de ma vie - je pourrai alors demander ce que je veux, cela me sera accordé.

Tout homme qui vit d’après l’ordre compris dans Matthieu : 16 /24, et suit l’exemple donné par Jésus - rien de plus, c’est-à-dire pas de fanatisme, pas d’exagération, rien autre que suivre l’exemple du Christ jour après jour - cet homme peut disposer entièrement des six promesses de Jésus dont la portée est sans limites
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COMMENT PRIER ?

A : Action secrète de la prière

 
Une des illustrations modernes les plus remarquables du pouvoir de la prière peut être tirée de la vie de Moody. La prière explique sa carrière incomparable et unique de revivaliste, et il est étonnant que l’on n’en ait pas parlé davantage. L’exemple de cet homme consacré est en effet un vrai stimulant. Je suppose que la raison doit en être attribuée à la modestie de Moody lui-même. Toutefois, durant la dernière année de sa vie, comme s’il y avait été inconsciemment poussé, il fit de plus fréquentes allusions à son expérience.

La dernière fois que je l’entendis, ce fut dans sa propre église de Chicago et, si je ne fais erreur, quelques mois avant sa mort. Un matin, dans cette vieille église, célèbre par son influence, il nous en raconta l’histoire. Il remonta jusqu’en 1871, époque où une grande partie de la ville fut dévastée par un incendie. « La reconstruction de cette église », nous dit-il, « n’était pas encore assez avancée pour qu’on pût y faire grand travail » ; je décidai dès lors de passer l’Atlantique et d’aller à l’école des grands prédicateurs de l’Europe; j’espérais obtenir, dans la suite, en suivant leurs exemples, de meilleurs résultats à Chicago. J’arrivai à Londres, et là je profitai de toutes les occasions possibles d’entendre les prédicateurs anglais. Un soir, j’allai entendre Spurgeon au Metropolitan Tabernacle; apprenant qu’il devait parler une seconde fois dans la soirée à l’occasion de la dédicace d’une église, je me glissai hors du temple et courus pendant un mille derrière sa voiture; je voulais être sûr de l’entendre une deuxième fois. « Eh ! oui », ajouta-t-il en souriant, « c’est ainsi que je courais après les hommes de talent ». «Jusqu’alors je n’avais parlé nulle part; je m’étais borné à écouter. Un jour, c’était un samedi, à midi, je me rendis à Exeter Hall, sur le Strand. Me sentant poussé à dire quelques mots, je me levai et parlai. A la fin de la réunion, plusieurs personnes vinrent me saluer et, parmi elles, un pasteur. Ce dernier me pria de venir prêcher, le jour suivant, dans son église, et j’acceptai son invitation. Le lendemain matin, je pénétrai donc dans la dite église et je me trouvai en face d’une grande affluence de fidèles. Je parlai ..., mais à présent encore, il me semble que c’est le travail le plus pénible que j’aie jamais accompli. Je ne sentais aucun lien entre l’auditoire et moi; tous ces visages étaient impassibles; ils ne répondaient pas à ma voix; vraiment, ils semblaient être sculptés dans la pierre ou dans la glace. Quelle corvée ! Je souhaitais d’être à cent lieues de cette église et surtout je souhaitais de n’avoir pas promis de nouveau le soir. Mais j’avais promis; il fallait donc tenir parole.

« Le soir, ce fut la même chose: salle pleine, auditoire respectueux, mais ne manifestant aucun intérêt, ne vibrant pas. Et de nouveau j’étais au supplice quand tout à coup, au milieu de mon discours, survint un changement. Il me sembla que les portes du ciel s’ouvraient et qu’un souffle vivifiant en descendait. L’atmosphère du bâtiment se transforma : l’expression de mes auditeurs, elle aussi, se transforma. J’en fus si impressionné qu’à la fin de ma prédication, j’invitai ceux qui voulaient être chrétiens à se lever. Je pensais que quelques auditeurs répondraient à mon appel; aussi fus-je stupéfait de voir des groupes entiers. Je me tournai vers le ministre de l’église et lui dis : « Qu’est-ce que cela veut dire ?  - Je vous assure que je n’en sais rien, me répondit-il. - Pour sûr qu’ils m’ont mal compris, ajoutais-je, je vais leur expliquer ce que je voulais dire ». - Je leur annonçai alors un second service qui se tiendrait dans la salle du bas et je leur dis qu’étaient invités ceux-là seuls qui voulaient être chrétiens. J’expliquai encore ce que j’entendais par là et congédiai l’assemblée. 

« Nous gagnâmes la salle en question et les auditeurs arrivèrent en foule, se pressant, remplissant tous les sièges, toutes les places disponibles, les corridors et l’entrée. Je parlai pendant quelques minutes et répétai ensuite mon appel : « Que ceux qui veulent être chrétiens se lèvent ! » Cette fois, je savais que je m’étais fait comprendre. Et, de nouveau, ils se levèrent par groupes entiers, par séries de cinquante et plus. Je me tournai vers le pasteur et lui dis : « Qu’est-ce que cela veut dire ? - Je vous assure que je n’en sais rien», me répondit-il; puis, après quelques instants : « Que ferais-je de cette foule ? Je ne sais qu’en faire ... Il y a quelque chose de nouveau. - A votre place, lui dis-je, je fixerais une réunion pour demain soir et pour après-demain soir et je verrais alors ce qui se passera; quant à moi, je dois m’embarquer pour Dublin ». Je partis; mais à peine étais-je débarqué que je reçus un télégramme du dit pasteur avec ces mots : « Revenez immédiatement. Eglise bondée ». Je revins donc et restai dix jours. Le résultat de ces dix jours fut que l’Eglise s’augmenta de quatre cents membres et que les autres Eglises reçurent, par contre coup, un élan et une impulsion extraordinaires »

Après avoir fait ce récit, Moody baissa la tête, comme s’il réfléchissait à ces événements passés; puis il ajouta : « Je ne pensais à rien d’autre qu’à mon Eglise, mais le résultat de ce voyage fut que je me vouai au ministère itinérant; depuis lors, je ne l’ai pas quitté »

Et maintenant, comment expliquer l’œuvre merveilleuse qui se fit ce dimanche-là et les jours qui suivirent ? Moody n’en était pas l’initiateur, bien qu’il fût un homme de valeur que Dieu pouvait employer et qu’il employa largement; le ministre de la dite Eglise ne peut, lui non plus, en être rendu responsable, car il fut aussi grandement surpris que son hôte. Il s’était évidemment passé quelque chose de mystérieux pendant ces dix jours. Moody, avec sa pénétration habituelle, entreprit de découvrir ce secret.

Quelque temps après, le fait suivant parvint à sa connaissance. Un membre de l’Eglise, une femme était tombée malade plusieurs mois avant ce magnifique réveil. Son état empira; les médecins la condamnèrent. Sa maladie n’était pas de celles dont on meurt subitement; elle allait vivre des années encore, mais cloîtrée dans sa maison. Elle resta donc couchée, s’efforçant de comprendre le but de cette longue et douloureuse épreuve. Elle fit un retour sur elle-même et se dit : «Qu’ai-je donc fait pour Dieu ? En fait, rien; et maintenant, que puis-je faire, couchée et isolée du monde ? Je puis prier », se dit-elle.

Permettez-moi d’ouvrir ici une courte parenthèse. Dieu permet souvent que nous soyons enfermés et isolés. Ce n’est pas Lui qui nous isole, Il n’a pas besoin de le faire; Il se contente de retirer légèrement Sa main, et notre désobéissance à Ses lois a vite fait de nous séparer des humains. Ce qui arrive alors L’afflige; c’est malgré Ses premières intentions à notre égard qu’il permet cette solitude forcée, mais Il le fait, parce qu’ainsi seulement Il arrive à tourner notre attention vers ce qu’il désire que nous accomplissions; ainsi seulement, Il parvient à nous rendre attentifs à certaines choses et à nous les faire juger comme Il désire qu’on en juge. Mais revenons à notre récit.

Elle se dit : « Je peux prier, donc je prierai ». Elle le fit et pria, entre autres objets, pour son Eglise. Sa sœur, membre de la même paroisse, vivait avec elle; c’était son seul lien avec le monde extérieur. Le dimanche, après le service, la malade demandait toujours : « Y a-t-il eu quelque chose de nouveau à l’Eglise aujourd’hui ? – Non », répondait invariablement la sœur. Chaque mercredi soir, après la réunion de prière, elle interrogeait sa sœur : « Quelque chose de nouveau ce soir ? Il doit y avoir eu quelque chose. - Non, rien de nouveau; les mêmes vieux diacres ont fait les mêmes vieilles prières »

Mais, un dimanche, à midi, la sœur rentra du culte et demanda à la malade : « Devine qui a prêché ce matin. - Je n’en sais rien, qui donc ? – Eh ! bien, un étranger, un Américain du nom de Moody, à ce que j’ai entendu ». Le visage de la patiente pâlit, ses yeux devinrent fixes et ses lèvres tremblèrent, mais elle dit tranquillement : « Je sais ce qu’il en est; c’est une visite à la vieille Eglise. Ne m’apporte pas à manger, car je veux passer l’après-midi dans la prière ». Ainsi fut fait, et le même soir se produisait ce changement étonnant dans l’auditoire de Moody.

Ce dernier découvrit la malade; elle lui raconta comme quoi, environ deux ans auparavant, un exemplaire de Watchmann, publié à Chicago, lui était tombé entre les mains; il contenait un discours que Moody avait prononcé dans cette ville. Tout ce qu’elle savait, c’était que ce discours enflamma son cœur et qu’il était signé Moody. Elle insista dès lors dans ses prières pour que Dieu envoyât cet homme à Londres, dans son Eglise. Et voilà ! Quoi de plus simple que cette prière !

Les mois passèrent; une année s’écoula et toujours elle priait. Sauf Dieu, personne ne le savait. Pas de changement ?

N’importe, elle priait, et pour finir ... sa prière triompha. - De même toute prière vraiment inspirée de l’Esprit remporte la victoire. Le succès ! Voilà la pierre de touche de nos supplications.

L’esprit de Dieu poussa Moody à traverser les mers, à venir à Londres, à pénétrer dans cette église. Puis vint la concentration de toutes les forces, le dernier assaut, et cette nuit-là la victoire fut remportée.

Je suis persuadé qu’un jour, quand les ténèbres auront disparu et que la lumière rayonnera partout, quand nous connaîtrons comme nous avons été connus, je suis persuadé qu’alors nous découvrirons que le facteur le plus important de ces dix jours où des milliers d’âmes se sont données à leur Sauveur, sous l’influence de Moody, aura été la prière de cette femme. Non pas le seul facteur, il est vrai, car il faut y ajouter l’appui de la puissante personnalité de Moody et le travail concentré de centaines de pasteurs et de laïques. Toutefois, je place sans hésiter, avant l’influence de Moody et de tous les autres, la prière de cette infirme.

Je ne connais pas son nom, tandis que je connais celui de Moody. Je pourrais citer un grand nombre d’aides qui se consacrèrent à l’œuvre du grand revivaliste. Mais cette femme, qui fut la cause humaine de ce grand succès, je ne la connais pas. On me dit qu’elle vit au nord de Londres et qu’elle continue de faire monter au Ciel ses supplications. C’est vraiment un service secret que celui de la prière, et dans ce domaine nous ne savons pas quels sont les plus puissants des hommes de prière.

Et nous, prierons-nous ? Saurons-nous prier ? Saurons-nous, en face d’un événement important, attribuer la première place à la prière ?

B : Priant pour la réalisation du plan de Dieu
 
Laissez-moi vous dire maintenant quelques mots sur la manière de prier. Oui, comment devons-nous prier ?

La première condition de toute prière est de connaître les intentions de Dieu, leur direction, leur portée. Il nous faut connaître avant tout la pensée de Dieu et demander ensuite qu’elle se réalise. Dieu est assis dans les cieux sur son trône, avec Jésus glorifié à ses côtés. Partout, dans tous les mondes, la volonté du Créateur est observée; une seule exception: la partie que l’on appelle la terre, avec l’atmosphère qui l’entoure, est le coin du Ciel où règnent Satan et ses armées.

La volonté divine fut accomplie sur la terre par un homme: Jésus. Il descendit vers ce monde prodigue et fit la volonté de Son Père qui est dans les cieux; puis Il partit. Depuis Il a cherché et cherche maintenant encore sur la terre des hommes qui soient dans une telle union avec Lui, qu’il puisse, en eux et par eux, faire ce qu’il veut. Il désire trouver des imitateurs de Lui-même et obtenir ainsi que, par leur moyen la volonté de Dieu règne de nouveau en maîtresse sur la terre. Voici maintenant ce qu’est la prière : découvrir les intentions divines à notre égard, à l’égard du monde, et demander avec insistance qu’elles se réalisent. L’important est de découvrir la volonté de Dieu et de prier sans cesse qu’elle « soit faite ». Voilà la réponse à la question : Comment devons-nous prier ?

Je me suis rencontré plus d’une fois avec des chrétiens dans le but de prier ensemble, et les sujets d’intercession furent naturellement des plus divers. Tel homme demandent ceci, tel autre cela et ainsi de suite; mais pendant qu’à genoux et priant moi-même, j’écoutais les supplications qu’un frère faisait monter vers les cieux, je me suis dit souvent, sans vouloir toutefois jouer le rôle de critique : « Voici ce que je dois dire : Esprit Saint, Tu connais cet homme, Tu sais ce qui lui manque; Tu connais aussi cette femme malade, et Tu sais quelles sont ses peines; Tu connais cette question que nous t’apportons, Tu en sais les difficultés; Esprit Saint, insuffle en moi la prière que Toi-même Tu formules pour cet homme, pour cette femme, pour cette question. Ta prière est la mienne, au nom de Jésus. Que ta volonté soit faite en tout et partout ! » Quelquefois je vois clairement ce que je dois demander, mais souvent je suis embarrassé. Je connais tel fait particulier; je ne puis connaître tous les faits. Par exemple, je connais cet homme qui a besoin de mes prières; c’est peut-être un chrétien; son caractère, ses idées, sa volonté me sont connus; toutefois il y a en lui quelque chose que je ne connais pas et ce quelque chose d’inconnu est cause de toute la difficulté. Dès lors, je suis obligé d’avouer que je ne puis prier comme je le devrais. Mais l’Esprit qui est en moi intercédera pour cet homme selon que je lui laisserai toute latitude d’agir et de prier, et Celui qui, là-haut, prête l’oreille dès qu’il entend que Sa volonté, Sa pensée pour telle ou telle de ses créatures est proclamée sur le champ de bataille, reconnaîtra certainement Sa propre volonté dans ma prière. Le résultat sera l’exaucement de ma prière à cause de la victoire de Jésus sur Satan.
 
 



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