Simples entretiens sur la prière 

Par Mr Samuel Dickey Gordon

Dieu n’emploie pas la force, la contrainte physique. Cette affirmation générale n’admet que quelques exceptions. Il y a eu des guerres justes du moins pour un des partis. Nous apprenons par la Bible que Dieu, dans des cas extrêmes, a ordonné la guerre. Les peuplades qu’Israël dut passer au fil de l’épée se seraient inévitablement usées par leurs excès et leur mépris des lois vitales; mais en considération du peuple élu, il fut nécessaire de précipiter les choses. Par exception donc, pour l’achèvement de son plan, pour le salut final d’une race et d’un monde, Dieu donna un ordre d’extermination. L’urgence crée l’exception. Il y a un cas où le meurtre d’un homme se justifie : quand il est clairement établi que Dieu, Source et Maître de toute vie, l’a ordonné. Mais ces cas mis à part, Dieu n’emploie jamais la contrainte.

Remarquez, par contre, que la force physique est une des principales armes de Satan. A ce sujet, il y a lieu de faire deux observations intéressantes :

1 - Satan ne peut user de cette force qu’autant qu’il trouve dans l’homme un allié dont il fasse son agent.

2 - En l’employant, il a voulu, le plus subtilement du monde, choisir son terrain. Il sait que le domaine de la force spirituelle pure et simple ne lui est pas favorable, qu’il y est battu, car, dans le camp opposé, il y a une force morale plus grande que celle dont il dispose. Il lui est impossible de résister aux forces de la pureté et de la justice dont Jésus est la personnification. En effet, c’est sur ce terrain moral, dans ce domaine spirituel, que notre Sauveur a gagné la grande victoire. Durant les années qu’il vécut sur la terre, il passa par une série d’épreuves, tour à tour subtiles et terribles; mais il en sortit vainqueur, sans que la pureté et la droiture de son coeur fussent entachées.

B : La prière fait rayonner au loin notre personnalité spirituelle

La prière est une force spirituelle qui n’a affaire qu’à des êtres et à des forces spirituelles. Sur le champ de bataille contesté, la prière est l’appel incessant d’un homme, d’un esprit revêtu de chair; il demande à Dieu que l’influence de la victoire de Jésus sur le génie du mal s’étende à toutes les créatures. La prière prend le caractère de celui qui prie. L’homme est un être spirituel : la prière devient une force spirituelle; c’est la projection de l’esprit de l’homme dans le royaume spirituel.

La prière, parce qu’elle est une force spirituelle, possède certaines qualités, certains caractères inhérents au monde spirituel. Un être essentiellement spirituel n’est pas limité par l’espace comme nous, pauvres humains; il pourra passer d’un endroit à un autre aussi rapidement que notre pensée. Si je veux aller de New-York à Londres, il me faut compter au moins une semaine pour m’y transporter corporellement, tandis que je peux me croire à Londres en pensée et en parcourir les rues avant d’avoir eu le temps de formuler un mot. Un être spirituel peut donc voyager aussi rapidement que la pensée.

Les êtres spirituels, en outre, ne sont pas limités par des barrières matérielles, telles que les murs d’un bâtiment. Pour venir ici, aujourd’hui, je suis entré par cette porte, et vous tous, vous êtes entrés par ces portes. Nous avons été obligés d’entrer, ou par les portes, ou par les fenêtres. Néanmoins, les êtres spirituels qui nous écoutent maintenant et s’intéressent vivement à notre entretien ne se sont pas souciés des portes; ils ont pénétré par les murs ou par le toit, s’ils étaient au-dessus de nous, ou par le plancher, s’ils étaient au-dessous.

La prière possède cette qualité propre aux êtres spirituels de ne pas être limitée par l’espace, ni par les obstacles matériels. Prier, c’est vraiment projeter notre esprit, c’est-à-dire notre vraie personnalité, à l’endroit que nous désirons atteindre, et y agir sur d’autres êtres spirituels. Supposons, par exemple, que je prie chaque jour pour un homme qui habite sur les rives de l’Atlantique. Le simple fait de penser que chaque fois que je prie, ma prière est une force spirituelle qui, instantanément, traverse l’espace qui nous sépare de cet homme, qu’elle pénètre, sans trouver le moindre obstacle, à travers les murs de sa maison, qu’elle influence les êtres spirituels qui l’entourent, et, par là-même, sa propre volonté, cette seule pensée, dis-je, rend ma prière plus active et plus précise.

Quand je suis arrivé à la certitude, il y a quelques années, que Dieu ne voulait pas que je parte pour les champs de mission, j’en ai été profondément attristé. Toutefois, dans la suite, comprenant mieux la sagesse du Tout-Puissant, je me suis rendu compte que, par la prière, je pouvais exercer une influence positive jusque dans ces pays éloignés. Comme tant d’autres l’ont fait, j’ai établi une liste quotidienne de prières. Il y a certaines personnes pour lesquelles je prie à intervalles fixes, et mon âme se réjouit à la pensée que, chaque fois que je prie, ma personnalité spirituelle est projetée là-bas et que je me trouve en fait à Shanghaï, à Calcutta ou à Tokio; je suis heureux de penser que j’intercède là-bas, pour la victoire du Christ sur le mal, que je prie pour les fidèles qui, là-bas aussi, tiennent haut le drapeau du Dieu Fort.

La lutte est rude. Satan est un général de toute première force et un lutteur obstiné. Il se refuse à admettre sa défaite, jusqu’à ce qu’il y soit forcé, C’est pour lui une question de vie ou de mort. Si étrange et peut-être si absurde que cela paraisse, il espère évidemment réussir. Si nous savions tout, cela pourrait sembler moins étrange et moins absurde, étant donné les atouts qu’il a dans son jeu. Il y a assurément, dans le monde, bien des faits qui ne peuvent que justifier ses espérances. La prière réclame avec insistance la victoire de Jésus et la retraite complète de l’ennemi.

L’ennemi ne cède que ce qu’il est obligé de céder; il ne cède que ce qu’on lui prend. Le terrain doit donc être conquis pied par pied et, pour cela, la prière doit être précise. L’ennemi ne cède que quand il y est forcé; la prière doit donc être incessante; et comme il renouvelle sans cesse ses attaques, il importe que le terrain conquis soit défendu contre lui, au nom du Vainqueur.

Ceci nous permet de comprendre pourquoi nous devons continuer de prier, alors même que nous avons déjà obtenu des résultats partiels et que nous sommes sûrs du résultat définitif.

C : La prière permet à Dieu d’agir sur la terre

Le meilleur allié que Jésus trouve dans ce conflit, c’est l’homme; l’homme qui, restant sur le champ de bataille, se tient dans la communion de son Sauveur et, sans cesse, avec insistance, avec foi, proclame la victoire au nom de Jésus. Il est le seul ennemi parmi les mortels, auquel Satan ne puisse résister. Par la prière de la foi, il projette une force tellement irrésistible dans le royaume des esprits que Satan est obligé de céder.

Nous sommes si accoutumés, par les nombreux récits de l’histoire, à voir les victoires remportées par la force physique seule, que nous avons peine à réaliser que la force morale défait un ennemi mieux qu’aucune autre force.

Voyez les démons dans les Evangiles et, de nos jours, en Chine, obligés contre leur propre volonté, malgré une lutte intense, obligés, dis-je, de reconnaître leur défaite et même de réclamer les faveurs de leur vainqueur. Les biographies chrétiennes abondent en récits extraordinaires de victoires remportées sur Satan et d’individus transformés par l’influence de la prière.

Si nous avions des yeux pour voir les esprits et assister aux conflits spirituels, nous pourrions contempler les défaites constantes de l’ennemi, grâce à la prière persistante de quelque intime allié de Jésus. Chaque fois qu’un tel homme prie, l’étendard sanglant de Jésus est déployé dans le monde des esprits et flotte au-dessus de la tête de Satan. Tout homme qui se livre entièrement et librement à Dieu et qui s’applique à la prière conquiert pour son Maître un nouveau point du territoire en litige. Sur ce point, il peut planter la bannière de la victoire.

Les Japonais combattirent des semaines entières pour obtenir une base d’opération dans la péninsule de Port-Arthur; ils le firent même après leurs victoires navales qui, pourtant, avaient ruiné la force maritime de la Russie. Malgré cela, avec cette ténacité qui les a caractérisés durant la guerre, ils ont lutté pour s’emparer de cette base d’opération. Tant qu’ils ne l’avaient pas, ils ne pouvaient rien faire.

Par la prière, l’homme donne à Dieu un point d’appui sur le territoire contesté de notre terre. Communiant avec Dieu, priant, priant sans cesse, cet homme forme sur le sol ennemi une base d’opération pour Dieu; sa consécration fournit au Général en chef un nouveau quartier général qui, situé sur le champ de bataille, servira de base d’opération en vue de l’attaque. Et le Saint-Esprit, qui est dans cet homme, forcera l’ennemi à la retraite, au nom de Jésus le Vainqueur.

Voilà ce qu’est la prière !

Et nous, en luttant à genoux, n’élargirons-nous pas la base d’opération de Dieu sur cette terre prodigue ?

LA TERRE, CHAMP DE BATAILLE OU LUTTE LA PRIERE

A : La prière, mesure de guerre

Notre monde est le fils prodigue de Dieu. Le coeur du Père souffre au souvenir de cet enfant; il y a si longtemps qu’il est loin, si longtemps que le cercle de famille est brisé.

Dans son amour, Dieu a conçu un plan merveilleux pour ramener à la maison paternelle cet exilé volontaire, et les anges et les hommes se sont émerveillés de ce plan, de sa portée, de ses détails, de sa force et de sa sagesse. Mais Dieu a besoin de nous pour son exécution; Il veut nous employer; Il veut nous honorer en nous prenant à son service. Cela est exact, mais ce n’est qu’une partie de la vérité : le chemin que Dieu prend pour arriver à un coeur humain passe par un autre coeur humain. Lorsque Dieu voulut réaliser son plan, il dut descendre sur la terre et devenir homme. Il a besoin de l’homme pour accomplir son plan.

Le plus puissant agent mis à notre disposition est la prière. Pour comprendre vraiment cette parole, il faut définir la prière, et pour donner une définition exacte de cette dernière, il faut employer des termes guerriers. Le langage de la paix ne convient pas à la situation. La terre est dans un état de guerre. La bataille est chaude; ainsi donc, il faut des expressions guerrières pour faire comprendre ce qu’est la vraie prière.

Du côté de Dieu, la prière est la communication entre Lui et ses alliés sur le territoire ennemi.

Prier, ce n’est pas persuader Dieu; la prière n’influence pas Ses desseins; elle ne consiste pas non plus à Le gagner de notre côté. Notre Père désire plus ardemment que nous ce qu’à bon droit nous brûlons d’obtenir. Le mal, le péché, la souffrance qui nous peinent le peinent bien plus encore; Il est mieux renseigné; Il est plus sensible aux souffrances et au mal que le plus sensible d’entre nous. Tout mouvement de compassion qui nous pousse à prier, vient de Lui. C’est Lui qui prend l’initiative de chaque prière. Il l’inspire.

En effet, toute prière se meut dans un cercle. Elle commence dans le coeur de Dieu, puis descend sur la terre dans un coeur humain, atteignant ainsi notre globe qui est le champ de bataille de la prière, et remonte à Dieu, son point de départ, après avoir accompli sa tâche ici-bas.
3 : Trois formes de prière

Nous donnons habituellement le nom de prière à tout entretien avec Dieu. Il faut pourtant se souvenir que ces entretiens revêtent différentes formes.

La première forme est la communion. Elle consiste simplement à vivre en parfait accord avec Dieu. Cet accord n’existe que si nous sommes purifiés de nos péchés dans le sang de la Croix. Il faut donc que nous venions à Dieu par Jésus-Christ. Point n’est besoin d’avoir un sujet spécial, une demande particulière; il suffit de jouir de Sa présence, de L’aimer, de penser à Lui; il suffit d’admirer Sa force, Sa beauté, Sa sagesse, Son amour, et de lui parler sans mots, du coeur. La vraie adoration consiste à penser qu’il est digne de recevoir le meilleur de nos vies, le meilleur de nos efforts ... et plus encore. Cette communion demande un parfait accord entre Dieu et moi. Elle nécessite une confession de ma part, un pardon de la part de Dieu; c’est la seule condition de ces rapports intimes. Culte et adoration, voilà les caractères de cette première forme de la prière.

La communion est la base de toute prière: c’est la respiration indispensable à la vraie vie chrétienne. Elle ne concerne que Dieu et moi, Dieu et chacun de vous. Son influence est toute subjective: c’est sur moi qu’elle agit.

La seconde forme de la prière est la requête. J’emploie ce mot dans son sens étroit de demande personnelle. La prière ainsi envisagée est une requête précise, adressée à Dieu, au sujet d’une chose qui m’est nécessaire. Notre vie entière dépend complètement de la générosité de Dieu; tout ce dont nous avons besoin vient de Lui. Nos amitiés, notre habileté à gagner de l’argent, notre santé, notre force dans la tentation et dans la tristesse, notre conduite dans les circonstances difficiles ou ordinaires, notre aide, qu’elle soit financière, corporelle, intellectuelle ou spirituelle... tout vient de Dieu et nécessite une union constante avec Lui. Des demandes innombrables, des prières mentales doivent sans cesse monter vers les Cieux; en réponse, il en descendra un torrent de réponses et de secours. La porte qui nous sépare de Dieu doit toujours être ouverte, mais le verrou qu’il faut ouvrir est de notre côté. Du côté de Dieu, la porte est ouverte depuis longtemps; elle est toujours restée ouverte. La vie entière dépend de cet entretien ininterrompu avec notre Dieu, si admirable. Telle est la deuxième forme, le deuxième degré de la prière. Deux personnes seulement sont en jeu : Dieu et l’homme qui prie. Son influence est subjective, sa portée toute personnelle.

La troisième forme de la prière est l’intercession. L’homme qui prie vraiment ne se borne pas à prier pour lui-même; la prière doit s’étendre à d’autres. Le vrai sens du mot intercession implique un effort pour quelqu’un d’autre. Celui qui intercède est là comme un intermédiaire, un ami commun entre Dieu et une de Ses créatures qui n’est pas en communion avec Lui ou qui a besoin d’un secours spécial. L’intercession est le point culminant de la prière, la manifestation extérieure de sa force, son but effectif. La communion et la demande ont pour théâtre le ciel et la terre; l’intercession repose sur l’une et sur l’autre comme sur ses fondations; la communion et la demande fournissent à la vie humaine la puissance divine; l’intercession utilise ce pouvoir en faveur des autres; les deux premières ont un but personnel; la troisième envisage l’humanité; celles-là établissent l’alliance d’un homme avec Dieu; celle-ci fait servir cette alliance à autrui. L’intercession est la plante eh pleine force, mais ses racines puisent leur sève dans les deux autres formes de la prière; c’est elle, enfin, qui aide Dieu à réaliser Son plan d’amour, à ramener à Lui notre planète.

Il sera utile, au cours de ces entretiens, de nous souvenir de cette simple analyse de la prière et de ne pas oublier les deux premières formes, alors que nous parlerons surtout de la troisième, l’intercession. 

C : Le point culminant de la prière

Dieu considère l’homme tout d’abord comme un but, puis, en même temps, comme un point d’où Son Esprit pourra rayonner. Dieu envisage l’homme premièrement pour lui-même; secondement, pour son utilité possible dans la conquête des autres hommes.

La communion et la requête établissent et entretiennent les relations d’un chrétien avec Dieu, préparant ainsi le troisième et suprême degré de la prière : l’intercession. La prière doit débuter par les deux premières formes, mais elle atteint son maximum dans la troisième. La communion et la demande sont nécessairement personnelles, tandis que l’intercession a une portée mondiale. Toute vraie prière désirera donc toujours posséder ces trois éléments. L’union avec Dieu est nécessaire; les besoins continuels de l’homme rendent les demandes incessantes; mais le coeur du vrai fidèle, enflammé du saint zèle du Christ, brûle d’obtenir quelque exaucement pour ses frères.

L’intercession est donc le sommet de la prière.

On parle beaucoup de la valeur subjective et objective de la prière, de son influence sur celui qui prie et de ses effets sur des personnes et des événements tout à fait éloignés de lui.

Les deux premières formes de la prière sont forcément subjectives quant à leurs effets; elles ne se rapportent qu’à la personne qui prie. Tout aussi inévitablement, la prière d’intercession est objective; elle n’existe que pour les autres. Il y a même, dans ce dernier cas, une double influence: mon union avec Dieu, pendant que j’intercède auprès de Lui pour une autre personne, a, sur moi, une influence inévitable. Mais c’est là le petit côté de la question; le but principal est hors de nous.

Dans certains milieux, on en est venu à mettre tout l’accent sur la valeur subjective de la prière et à diminuer ou à nier entièrement la valeur objective. Certains orateurs ou écrivains, dont le succès est grand, s’expriment très librement à ce sujet. Cela prouve qu’ils n’ont pas compris toute la pensée divine sur la puissance de la prière.

En présence de leurs affirmations, il faut rappeler nettement que le point de vue biblique est toujours celui-ci : grâce à la prière, se produisent des faits complètement extérieurs à nous-mêmes et qui, dans l’ordre naturel des choses, ne se seraient pas produits. Jésus n’a pas cessé de l’affirmer. L’idée qu’on se fait tout naturellement d’une prière exaucée, c’est que, par elle, on s’assure un résultat véritable dans le monde actuel.

Mais ce n’est pas là une explication suffisante de la prière, car, dans sa plus simple définition, elle suppose un changement que l’on ne peut obtenir autrement. Au point de vue scripturaire aussi bien qu’au point de vue plus difficile de la philosophie, le but de toute vraie prière est en dehors de celui qui prie. L’influence subjective de la prière prépare son influence objective, qui est la manifestation suprême, dans le monde extérieur, du plan rédempteur du Dieu d’amour. 

D : Six faits fondamentaux

Pour éclairer la question, revenons en arrière et considérons certains faits qui sont à la base de la prière.

Tout dépend du point de vue auquel on se place. Le vrai point de vue est celui qui permet d’envisager tous les points essentiels d’une question. Si on ne s’y place pas, on se fait une idée fausse et on risque de s’égarer. Je n’ai pas l’intention de prouver ici la vérité des affirmations de la Bible, ni d’établir la vraie manière de les interpréter: ce pourrait être le sujet d’un livre entier. Mais l’affirmation de certains principes permet de déblayer le terrain. Je tiens donc à déclarer que je crois à l’exactitude des affirmations de la Bible et j’ajoute que je le fais sans aucune difficulté.

Il y a, dans notre vieille Bible, des faits certains, continuellement affirmés. On les trouve dans l’histoire d’Israël: ils se mêlent à la poésie de ce peuple, et ils sont la base de tous les écrits prophétiques, de la Genèse à la fin des visions de Jean à Patmos.

Peut-être qu’à force de nous être familiers, ils sont sortis de notre mémoire. Aussi, quoiqu’ils soient bien vieux, je les rappelle, comme s’ils étaient nouveaux. En voici six qui s’enchaînent :

1 - A l’Eternel, la terre et tout ce qu’elle renferme. (Psaume : 24 / 1) Elle lui appartient par droit de création, il en est le souverain. L’Eternel a présidé au Déluge. (Psaume : 24 / 10)

2 - Dieu a donné à l’homme la domination sur la terre; il lui en a confié la royauté, il l’a chargé de la surveiller et d’utiliser ses forces (Genèse : 1 / 26-28 ; Psaume : 8 / 6)

Voir les citations de ces passages, à propos de celui qui rétablira cette domination. (1 Corinthiens : 15 / 27 ; Éphésiens : 1 / 22 ; Hébreux : 2 / 8 ; Psaume : 115 / 16)

3 - L’homme qui avait la domination sur la terre, par faveur divine, transféra son autorité à quelqu’un d’autre; mais son action fut une déception pour lui. Cet acte fut double; car ce fut un acte d’obéissance et un acte de désobéissance. Désobéissance à Dieu; obéissance à un autre, à ce prince qui cherchait à s’emparer de la domination sur toute la terre. La désobéissance de l’homme rompit l’alliance qui l’unissait à Dieu et, du même coup, abolit la souveraineté du Créateur; son obéissance à l’autre prince déplaça la souveraineté au profit de ce dernier et, du même coup, lui donna l’autorité sur le monde.

4 - L’autorité, la royauté sur cette terre, accordée à l’homme, n’appartient donc plus à Dieu, puisqu’il l’a conférée à Sa créature; mais elle n’appartient plus à l’homme puisqu’il l’a donnée à quelqu’un d’autre. Elle est échue à ce prince magnifique, à qui son caractère ondoyant a mérité le nom de Satan, l’ennemi, le haïsseur. Jésus, à maintes reprises, parle du «prince de ce monde», entendant celui qui y règne actuellement. (Jean : 12 / 31 ; Jean : 14 / 30 ; Jean : 16 / 11)Jean, dans ses visions, parle d’un temps à venir où « le Royaume du monde sera remis à notre Seigneur et à son Christ » (Apocalypse : 11 / 15) De ces assertions nous pouvons déduire nettement que ce royaume n’est plus à Jésus. L’autorité sur la terre, qui avait été accordée à l’homme, est maintenant l’apanage de Satan.

5 - Dieu est impatient de rendre à la terre son premier Maître; Il le désire pour lui-même, pour l’homme et pour le monde. Nous ne connaissons pas l’univers tel qu’il est sorti des mains du Créateur. Maintenant encore Sa création est d’une beauté extraordinaire - examinez les étoiles, les végétaux, les eaux, la coloration et les nuances exquises de toutes choses, la combinaison de ces mille teintes - oui, notre terre est infiniment belle. Toutefois, ce n’est pas le monde tel qu’il fut, ni tel qu’il sera un jour à venir. Sous son maître actuel, il a été tristement mutilé, tristement changé, si changé même que les premiers hommes ne reconnaîtraient probablement plus les lieux de leur premier séjour.

Dieu, avons-nous dit, est impatient de ramener notre vieux monde à son premier Maître. Pour cela, il lui faut un homme qui soit le dépositaire fidèle des traditions anciennes et grâce auquel il puisse replacer la terre sous son premier suzerain. La terre fut donnée à l’homme; les hommes en firent fi; il faut maintenant que ce soit l’homme qui lui rende sa condition première.

Un Homme vint, et puisque Jésus représentait l’humanité parfaite et complète, nous écrivons ce mot Homme avec une majuscule, parce qu’il est l’Homme supérieur à tous les autres. Cet Homme, plus vraiment homme que tous les autres, fut l’initiateur d’un mouvement pour ramener le monde à son premier maître.

Voici enfin le sixième fait : ces deux hommes, l’Homme de Dieu et le prétendant, eurent une lutte, la plus terrible qui fut jamais.
Elle commença au berceau menacé par Hérode, pour finir le matin du Calvaire et les deux jours qui suivirent. Pendant trente-trois ans, la lutte se poursuivit avec une ardeur et une intensité inconnue jusqu’alors, et, depuis Satan, redoubla d’effort pendant les années de Nazareth, puis dans le désert, puis à Gethsémané, et enfin au Calvaire. Le dernier jour, à trois heures, le méchant crut qu’il l’avait emporté. Le camp du prince de ce monde tressaillit alors d’allégresse, pensant avoir la victoire, puisque l’Homme de Dieu gisait dans le tombeau, derrière les portes de la mort, sous l’autorité immédiate du maître de la mort. Mais le troisième matin vint et les barreaux de la mort furent brisés comme des fils de coton. Jésus, vainqueur, se dressa car il n’était pas possible qu’Il fût retenu par le prince de la mort; et Satan connut alors qu’il était battu. Jésus, l’Homme de Dieu, le loyal vassal du Roi, avait remporté la victoire.

Remarquons pourtant avec soin quatre faits au sujet de Satan :

1 - Il refuse de convenir de sa défaite.

2 - Il refuse de rendre son territoire tant qu’il n’y est pas forcé; il ne cède que ce qu’il faut et quand il le faut.

3 - L’homme seconde ses ambitions; il admet son autorité. Aujourd’hui, comme de tout temps, la majorité des habitants de la terre admet cette autorité. C’est donc grâce au consentement des hommes que Satan la possède. (Satan, en effet, ne peut pénétrer dans le coeur des hommes sans leur consentement, et Dieu, qui le pourrait, ne le veut pas)

4 -  Satan espère rendre éternellement durable son pouvoir sur la terre.

E : Le plan grandiose du Vainqueur

Notons maintenant avec recueillement l’action sans précédent, l’action inimitée du prince victorieux.
Il a laissé le conflit ouvert; il a laissé le chef vaincu sur le champ de bataille, car il veut vaincre non seulement le chef, mais encore toute la race prodigue et la ramener au foyer paternel. La grande bataille rangée est encore à venir; ou plutôt une bataille, car la plus grande a déjà été livrée. Jésus marche au prochain combat en vainqueur et Satan engagera sa dernière bataille à l’ombre et dans la honte d’une défaite. Apparemment, le diable s’efforce de trouver un Jésus; car, de même que l’Homme de Dieu fut envoyé du ciel pour ramener le monde au bien, de même, l’homme choisi par Satan sera une créature qui luttera pour lui, comme Jésus lutta pour Dieu; ce sera un homme qui personnifiera Satan comme Jésus fut la personnification, la parfaite image de Dieu; et cet homme, enfin, il le choisira parmi la race humaine, à qui la domination de la terre avait été confiée. Lorsqu’il y aura réussi, il engagera la lutte suprême, bataille perdue d’avance.

Voici maintenant ce qu’est la prière : un homme, un membre de la race qui a reçu la terre en dépôt et l’a livrée à Satan; un homme vivant sur la terre, sur notre pauvre vieille terre pécheresse, maudite et âprement disputée; cet homme restant sur la terre mais se tenant en communion dans toute sa vie avec le Christ Vainqueur et n’ayant rien de commun avec l’usurpateur, se dresse et réclame que Satan cède, pas à pas, vie après vie, devant la victoire de Jésus. Satan sait que Jésus est victorieux et il le redoute. Devant l’approche du Vainqueur il cède, et il doit céder aussi lorsque, sur la terre, un homme se présente au nom de Jésus. Il cède à contre-coeur, avec colère, aussi lentement qu’il le peut; il défend opiniâtrement chaque pouce de terrain; mais il doit s’enfuir devant cet homme qui incarne Jésus.


Jésus a dit : « le prince de ce monde vient, mais il n’a rien en moi » (Jean : 14 / 30) Le jour où, nous confiant humblement dans la grâce de Dieu et nous appuyant sur une résolution énergique et inébranlable, nous dirons, nous aussi, comme cela est possible : « Que le prince de ce monde vienne, il ne trouvera rien en moi, pas de secours, pas même d’accès dans mon cœur », ce jour-là nous mettrons Satan en déroute en proclamant la victoire au nom du Vainqueur.

DIEU SE LAISSE-T-IL INFLUENCER PAR NOS PRIERES ?

A : Comment Dieu donne

D’aucuns pourraient objecter à ce qui précède que les affirmations bibliques ne concordent pas avec le point de vue que nous venons d’exposer.

Je répondrai à ces objections par quelques passages familiers et fréquemment cités qui me reviennent à l’esprit :

- Invoque-moi et je te répondrai; je t’annoncerai de grandes choses, des choses cachées que tu ne connais Pas. (Jérémie : 33)

- Invoque-moi au jour de ta détresse; je te délivrerai et tu me Glorifieras. (Psaume : 50 / 15)

- Demandez et l’on vous donnera; cherchez et vous trouverez; frappez et l’on vous Ouvrira. (Matthieu : 7 / 7)

- Il semble d’après ces passages - et c’est ainsi que les générations ont pensé - que c’est notre demande qui pousse Dieu à agir; persistante, continuelle, elle est nécessaire pour provoquer l’intervention de Dieu. On dit habituellement que Dieu veut par là éprouver notre foi et, qu’avant d’exaucer nos requêtes, il cherche à produire en nous certains changements. Cette explication est, pour une part, indubitablement vraie; mais, sachons-le bien, elle ne l’est qu’en partie; car, si on considère la vérité entière, on se rend compte que cette explication laisse dans l’ombre une partie du sujet.

Nous apprenons à connaître Dieu par analogie et quoique ce procédé ne puisse nous donner une connaissance complète de Ses perfections infinies, c’est ainsi toutefois que nous nous rapprochons le plus de la vérité. Nous arrivons à connaître Dieu d’après ce que nous savons de nous-mêmes.

Observez comment les hommes donnent. Parmi ceux qui soutiennent des oeuvres de bienfaisance, nous pouvons distinguer trois classes de donateurs, et, dans chacune, quelques nuances.

Il y a celui qui donne parce qu’il est influencé par les autres. Si un homme habile ou un comité lui adressent un appel, lui présentant adroitement leur cause, utilisant habilement son caractère, sa position, son égoïsme, lui montrant la possibilité d’un gain, lui disant ce que donnent des hommes dans la société desquels il aime à être classé, et ainsi de suite touchant à tout ce qui peut l’intéresser; s’ils persistent dans leurs demandes, il finira par donner. Il y mettra peu d’empressement, plus ou moins de bonne grâce, mais il donnera.

Il y a une deuxième classe : celle de l’homme bienveillant et généreux, désireux de donner et d’être ainsi utile à ses concitoyens. Il prête une oreille attentive à l’exposé qui lui est fait et n’attend, avant de donner, que d’avoir pu se faire une idée de l’importance de l’oeuvre en question et de la somme qu’il doit offrir; ensuite, il donne.


La troisième classe de donateurs est moins nombreuse que les deux précédentes, c’est celle des hommes qui prennent l’initiative de leurs dons. Tel, par exemple, regarde autour de lui, fait des enquêtes, médite sur les besoins si nombreux de ses concitoyens. Il décide de donner là où son argent peut être le plus utile et, une fois qu’il a fixé son choix, il offre, lui-même, de donner. Sa générosité pourrait, il est vrai, être exploitée par des gens qui convoitent son argent pour d’autres oeuvres que celles auxquelles il destine ses dons. Pour obvier à ce danger, il pose certaines conditions qu’il faudra observer et dont le but est d’établir des relations de sympathie entre lui et ceux qu’il voudrait aider.

L’un désire ardemment que l’histoire du Christ soit connue du peuple innombrable de la Chine. Il donnera cinq millions et chargera la Mission dans l’intérieur de la Chine d’en surveiller l’emploi, et cela d’une manière qui satisfasse à ses désirs d’évangélisation.

Un autre confiera à l’Union Chrétienne de Jeunes Gens de la ville qu’il habite une forte somme qui sera dépensée selon certaines conditions. Sa pensée n’est pas de fonder une organisation spéciale, mais d’en faire bénéficier une foule de jeunes gens de sa ville. Cet homme a appris à connaître cette association et il en devient ainsi un ferme soutien.

Un autre a le sentiment que si le peuple pouvait avoir de bonnes lectures, il en tirerait dans la vie un énorme avantage; et le voilà qui offre spontanément une fortune pour fonder dans la ville une foule de bibliothèques. Grâce à ce don splendide, des milliers de gens, qui aspirent à augmenter leurs connaissances, entrent en contact avec le donateur.

Dans tous ces cas, la pensée du généreux bienfaiteur est d’obtenir certains résultats auprès de personnes qui, pour une raison ou pour une autre, lui sont sympathiques.

Il est difficile d’assimiler les actions de Dieu aux nôtres; toutefois, de ces trois manières de donner, il n’y en a qu’une, une seule, qui puisse nous indiquer comment notre Père donne.

Quoique mes paroles puissent être taxées de superficielles, je suis de plus en plus porté à croire que la plupart d’entre nous croient, sans y réfléchir davantage, que Dieu exauce nos prières à la façon du premier donateur. D’autres l’assimilent au second. Il n’en est pourtant rien; ni l’une ni l’autre manière ne se rapproche de celle de Dieu; la troisième seule évoque le Dieu d’amour qui écoute et qui donne.

Notre Père désire ardemment reconquérir Son monde prodigue et chacun de Ses enfants; il Lui tarde de voir abolis les effets du péché et de contempler une humanité transformée. Pour atteindre ce résultat, Il prend l’initiative. Mais tout ce qui est fait pour l’homme doit être nécessairement fait par l’homme, par son consentement libre et joyeux. Les obstacles à ce but ne sont ni innombrables, ni insurmontables; ils sont néanmoins nombreux et importants; le prétendant est fin, rusé et passé maître dans l’art de manier les hommes; les volontés sont faussées, affaiblies; les consciences sont souillées; les esprits sont endormis et les sensibilités désespérément émoussées. Le péché n’a pas seulement souillé la vie; il a faussé le jugement, sapé la volonté, et aveuglé l’œil intérieur. La tâche de Dieu s’en trouve compliquée, parce que tout changement doit nécessairement intervenir par l’intermédiaire de ces volontés faussées et diminuées.

Mais, si difficile que ce soit, le plan de Dieu est simple; son appel est merveilleusement clair. « Invoque-Moi, dit-il, et Je te répondrai; Je t’annoncerai de grandes choses, des choses cachées que tu ne connais pas. » 
 
 



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