Épître aux Galates 

Par Mr le Pasteur Michel Pelletier
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur et tirée du journal "Pentecôte" Assemblée de Dieu de france)


De même, le mont Sinaï, où le peuple d’Israël reçut la loi, enfanta « un fils » c’est-à-dire un peuple, qui étant bien la descendance d’Abraham, ne l’était que selon la chair, assujetti à des rites charnels, et donc n’était pas l’héritier spirituel de Dieu.

Nous avons là l’explication de l’allégorie historique : « Elle correspond à la Jérusalem actuelle qui est dans la servitude avec ses enfants. »

La Jérusalem actuelle est bien le type de l’alliance légale. Ainsi les Juifs de nos jours, encore, s’obstinent à vouloir rester attachés à la loi, dans la servitude de la loi du Sinaï.

Comme ils repoussent la grâce et sa liberté, ils restent naturellement dans l’esclavage spirituel.

Et c’est bien là tout le thème de l’intervention de Paul auprès de cette Église de Galatie.

 
Les deux Jérusalem

Galates : 4 / 26


 
«Mais la Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère »  

Du conflit qui a donné lieu à cette épître, il ressort une belle pensée consolante pour tous les chrétiens.

Nous avons vu, dans les versets précédents comment Abraham a eu :

- un fils de l’esclave (Agar), né selon la chair en la personne d’Ismaël ;

- un fils de la femme libre (Sara), né selon la promesse en la personne d’Isaac.

L’apôtre, au verset : 24, présente tout cela comme une allégorie des vérités spirituelles concernant les deux alliances, la loi et la grâce.

La première alliance, personnifiée par Agar, est celle du Sinaï qui enfante pour la servitude, et elle correspond à la Jérusalem actuelle, encore en esclavage avec ses enfants.

Le verset : 26 nous présente Sara, de qui descendent les enfants de la promesse, figure de l’alliance de la grâce, la vraie Église de Dieu, la Jérusalem d’en haut.

« C’est notre mère ! » s’exclame Paul, parce que nous sommes nés de son sein, par le moyen de la grâce : elle est notre « mère » comme Abraham est notre « père ».

« C’est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui a la foi d’Abraham, notre père à tous, selon qu’il est écrit : Je t’ai établi père d’un grand nombre de nations. Il est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts et qui appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient » (Romains : 4 / 16-17).

« La Jérusalem d’en haut est libre » :

Au verset : 31, l’apôtre réaffirmera : « Nous ne sommes pas enfant de l’esclave, mais de la femme libre. »

C’est donc la liberté des croyants de la nouvelle alliance qui est présentée ici, ceux qui sont affranchis par Christ (Jean : 8 / 30-36).

« La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Romains : 8 / 2).

En conséquence, pour différencier les deux alliances par des types bibliques, Paul marque encore cette opposition entre Agar et Sara, la chair et la promesse, l’esclavage et la liberté.

Développant cette allégorie, il enchaîne sur une autre pour mieux rendre cette même pensée : le Sinaï et la Jérusalem terrestre face à la vraie gloire de Dieu et à la Jérusalem d’en haut.

La différence est flagrante !

Dans Hébreux : 12 / 22-24, les croyants en Christ se sont approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste… Etant venus spirituellement à cette cité comme leur père Abraham, ils cherchent la cité à venir, dont Dieu est l’architecte et le constructeur (Hébreux : 11 / 9-10 ; 13 / 16).

Au moment voulu, selon la vision de Jean (Apocalypse : 21 / 2), cette cité descendra du ciel, d’auprès de Dieu, prête comme une épouse parée pour son époux.

Au même chapitre, dans le verset : 9 et suivants, sous la direction de l’ange, l’apôtre Jean est invité à la contempler en détails. Le langage qu’il emploie est aussi une allégorie et dans la ville vivent les rachetés dans leur condition nouvelle, dans des corps à l’image de Jésus, quand le dessein de Dieu aura été accompli et que toutes choses seront « devenues nouvelles ».

 
Les mêmes choses se reproduisent

Galates : 4 / 28-29

 
« Pour vous frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse ; et de même qu’alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’Esprit, ainsi en est-il encore maintenant. » 

Verset : 28 :

« Pour vous frères… »

Il faut traduire dans le contexte : « Pour vous, chrétiens, Juifs ou païens qui croyez au Christ pour votre justification et votre salut. »

« Comme Isaac, vous êtes les enfants de la promesse ». Cela nous ramène à l’intervention divine qui a permis la naissance du fils d’Abraham, comme la nôtre.

Bien que n’étant pas la postérité naturelle d’Abraham, les rachetés en Christ sont sa postérité spirituelle, les héritiers de la promesse et de la bénédiction qui en découle (Galates : 3 / 16 et 29). « Bien qu’ils soient de la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : « En Isaac, tu auras une postérité appelée de ton nom, c’est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont appelés enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme postérité » (Romains : 9 / 7-8).

Verset : 29 :

« …et de même qu’alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’Esprit... »

Paul fait remonter ici la mésintelligence entre les deux fils d’Abraham et la solution du conflit par l’expulsion hors du camp de l’esclave et de sa mère (verset : 30).

Ismaël avait environ quatorze ans quand Isaac est né (Genèse : 16 / 16 ; 21 / 5). C’est précisément à ce moment que le conflit commença (Genèse : 21 / 5-13).

Aux versets : 8 et 9 de ce dernier texte, il n’est pas dit qu’Ismaël persécutait Isaac, mais seulement qu’il riait et se moquait, qu’il ridiculisait la mère âgée et son enfant nouvellement sevré. Paul semble interpréter cette moquerie comme l’indication d’un esprit hostile. L’histoire de la descendance de ces deux fils révèle un antagonisme invétéré.

Verset : 29 :

« …ainsi en est-il encore maintenant. » 

On sait par le témoignage de tout le Nouveau Testament que les Juifs ont été les premiers ennemis des chrétiens. Nul ne le sait d’ailleurs mieux que Paul, l’ancien Saul de Tarse, persécuteur de l’Église, rencontré par le Seigneur sur le chemin de Damas, qui devint l’apôtre rédacteur de ces lignes. Lui-même est passé du camp des persécuteurs à celui des persécutés : « Pour moi frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? » (Galates : 5 / 11).

« Tous ceux qui veulent se rendre agréables selon la chair vous contraignent à vous faire circoncire, uniquement afin de n’être pas persécutés pour la croix de Christ » (Galates : 6 / 12).

« Car vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises de Dieu qui sont en Jésus-Christ dans la Judée, parce que vous avez souffert de la part de vos compatriotes les mêmes maux qu’elles ont soufferts de la part des Juifs. Ils ont fait mourir le Seigneur Jésus-Christ et les prophètes, nous ont persécutés, et ne plaisent point à Dieu ; et ils sont ennemis de tous les hommes, nous empêchant de parler aux païens pour qu’ils soient sauvés, en sorte qu’ils ne cessent de mettre le comble à leurs péchés. Mais la colère a fini par les atteindre » (1 Thessaloniciens : 2 / 14-16).

« (…) moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Mais il m’a été fait miséricorde parce que j’agissais par ignorance, dans l’incrédulité » (1 Timothée : 1 / 13).

Dans ces textes apparaît le contraste saisissant entre les hommes attachés à leurs traditions et ceux qui acceptent de se laisser interpeller par Dieu.

C’est ce qui ressort de cette expression « persécutés pour la croix du Christ ».

Jésus le disait : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean : 15 / 20).

 
La liberté chrétienne

Galates : 5 / 1

 
«C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. »  

L’Évangile nous affranchit et nous libère du joug de la loi, en sorte que nous ne sommes ni liés par des exigences désapprouvées ni par la malédiction qui doit atteindre les transgresseurs.

Nous devons cette liberté à l’acte expiatoire du Seigneur. Notre devoir consiste donc à tenir ferme et à ne plus retourner à aucun esclavage, sans aucune exception. Telle est l’exhortation générale que l’apôtre appuie de différents arguments.

1. C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis :

Tous les arguments scripturaires ont été produits ! Que fallait-il ajouter ? Le suprême argument qui emporte toutes les résistances !

« Maintenant donc, pourquoi tentez-vous donc Dieu en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères, ni nous n’avons pu porter ? (Actes : 15 / 10).

« Mais Tite, qui était avec moi, et qui était Grec, ne fut pas même contraint de se faire circoncire. Et cela, à cause des faux frères qui s’étaient secrètement introduits et glissés parmi nous pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l’intention de nous asservir. Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes à leurs exigences, afin que la vérité de l’Évangile soit maintenue parmi vous » (Galates : 2 / 3-5).

2. Demeurez donc fermes :

Voyez combien souvent l’apôtre recommande cette position vraie ! (1 Corinthiens : 15 / 33 ; 16 / 13 ; Philippiens : 4 / 1 ; 1 Thessaloniciens : 3 / 8 ; 2 Thessaloniciens : 2 / 15 ; 2 Timothée : 3 / 14).

Ne pas tenir compte de cette recommandation serait nous exposer à des ruses renouvelées de l’adversaire.

3. Et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude :

Il est question ici du joug des rites et des cérémonies de la loi qui ne donne ni liberté pour le présent ni espérance pour l’avenir.

« Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure à cause de son impuissance et de son inutilité, car la loi n’a rien amené à la perfection, et introduction d’une meilleure espérance par laquelle nous nous approchons de Dieu » (Hébreux : 7 / 18-19).

La liberté chrétienne est nommée, dans 1 Corinthiens : 9 / 21, « la loi de Christ », c’est-à-dire la loi de la liberté en Christ qui est faite toute d’amour et de support d’après le contexte des versets : 19 à 23.

Dans Galates : 6 / 2, cette liberté est définie dans les mêmes termes de « loi de Christ », et elle consiste à nous aimer les uns les autres comme Christ nous a aimés (Jean : 13 / 34-35 ; 2 Jean : 5).

Cela implique que l’amour de Christ doit avoir force de loi pour nous avec toutes les exigences de cette notion juridique. Cet amour doit être le principe intime de tous nos actes, parce que le résumé de la loi, c’est aimer.

Enfin, dans Jacques : 1 / 25 et 2 / 12, cette loi de Christ est appelée « la loi parfaite, la loi de la liberté » parce qu’elle est la loi royale qui nous apprend à faire avec joie et sans contrainte la volonté du Seigneur.

Elle est donc libre et parfaite !

Voir aussi : 1 Jean : 2 / 7-11 ; 3 / 11, 23 ; 4 / 20-21 ; 2 Jean : 5-6.

 
La circoncision

Galates : 5 / 2

 
«Voici, moi Paul, je vous dis que, si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. »  

« Moi Paul, je vous le dis… »

Lorsque Paul précise, en termes énergiques et formels, l’aboutissement inévitable du chemin dans lequel s’engagent les Galates, il devient plus personnel, plus vigoureux encore, comme il se montre parfois dans d’autres circonstances (2 Corinthiens : 10 / 1-6 ; 13 / 1-4).

Ici, il se nomme avec emphase, sans doute pour rappeler son autorité apostolique déjà affirmée dans son introduction : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père » et aussi dans Galates : 1 / 11-12 : « Je vous déclare, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme, car je ne l’ai pas reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. »

« …si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. »  

Paul place donc les Galates, avec cette autorité spirituelle, devant cette évidence : il faut choisir, la circoncision ou Christ !

Se soumettre au rituel de la circoncision, dans le sens des judaïsants, c’est le faire pour être sauvé. Ceux-ci avaient fait de ce rite un point de doctrine qu’ils partageaient autour d’eux avec une grande conviction. Ainsi à Antioche, il nous est relaté un épisode qui motiva le grand concile de Jérusalem où ce point fut traité : «  Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères en disant : Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Actes : 15 / 1). Cette déclaration impliquait une contradiction avec la foi chrétienne et une déchéance de tous les avantages de la foi en Jésus-Christ. Dans 1 Corinthiens : 7 / 17-19, l’apôtre demande aux gentils* convertis de ne pas se faire circoncire ! De même, dans Actes : 15 / 22-29, après un débat sur ce sujet, est relatée la décision du concile de Jérusalem de ne pas imposer la circoncision.

On a quelquefois accusé Paul d’inconséquence et de contradiction avec ses propres principes lors de ce dernier concile ! Mais pour l’accuser ainsi, il faut ne rien avoir compris à ses vrais principes : c’est par égard pour les chrétiens faibles et pour avoir un plein accès auprès des Juifs qu’il fit circoncire Timothée (Actes : 16 / 1-3). Ce geste de Paul était bien plus un acte de sagesse et de charité à leur égard alors que lui-même n’y attachait aucune importance.

 C’est en fait un geste de conciliation pour ne pas scandaliser les Juifs qu’il n’aurait pu évangéliser sans cela. Il fait ainsi une concession aux traditions des pères et selon la grande maxime de 1 Corinthiens : 9 / 19-21 : « Car bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis rendu le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre. Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme sous la loi (quoique je ne sois pas moi-même sous la loi), afin de gagner ceux qui sont sous la loi ; avec ceux qui sont sans loi comme sans loi (quoique je ne sois point sans la loi de Dieu, étant sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi. »
Mais jamais Paul, ni aucun autre apôtre d’ailleurs, n’a admis qu’on parle de la circoncision comme d’une condition au salut. La preuve, au concile de Jérusalem, évoqué plus haut, il était accompagné de Tite, un gentil*, et a refusé de le circoncire (Galates : 2 / 1-5).

« Car c’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ephésiens : 2 / 8).

Ainsi est affirmée, une fois encore, la vanité de tous les efforts humains, quels qu’ils soient, pour s’attirer les faveurs de Dieu.

 
* Gentil = Non-juif
 

L’unité de la foi

Galates : 5 / 3

 
«Et je proteste encore une fois à tout homme qui se fait circoncire, qu’il est tenu de pratiquer la loi tout entière. »  

Accomplir la loi tout entière :

En effet, dans Jacques : 2 / 10-11, l’unité de la loi est catégoriquement affirmée. Elle est également implicite dans la déclaration de Matthieu : 5 / 18 où le Seigneur lui-même notifie la nécessité de l’accomplir jusqu’au dernier trait de lettre.

« Car tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi et ne le met pas en pratique » (Galates : 3 / 10).

Une fois engagé par la circoncision dans la voie légale, il n’y a plus à choisir : la loi ne fait aucune concession… Elle exige d’être accomplie tout entière. Les Galates circoncis se devaient de suivre les rites des judaïsants dans les moindres détails et plus encore d’appliquer tous les commandements dans toute leur rigueur.

Paul applique ici le principe suivant : celui qui se place sous un article de la loi se replace de fait sous la loi tout entière, et il est considéré comme tel par Dieu, en fonction de son engagement. La loi ne fait qu’un tout indivisible et on ne peut choisir les commandements à son gré. Elle est l’expression de la justice et de la sainteté de Dieu qui demande à son peuple « d’être saint comme lui est saint » (Lévitique : 19 / 2). Au travers de la loi sont exprimés tous les désirs que l’homme appartenant au peuple de Dieu doit avoir pour plaire à Dieu, mais aussi tous ceux que la nature humaine doit réprimer pour atteindre le niveau demandé par le Seigneur afin de lui être agréable. C’est dans ce sens que l’Écriture peut nous affirmer : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ! » (Romains : 3 / 23).

C’est par grâce :

En fait, c’est un choix personnel et il faut l’assumer : c’est la loi du tout ou rien ! Rompez un anneau et la chaîne est rompue… Attachez un bateau à un anneau de la chaîne, et toute la chaîne le tient fermement !

A la lumière de cette démonstration, nous comprenons mieux l’explosion indignée de l’apôtre au chapitre : 1, et aux versets : 6 à 10.

Echanger la puissance de la grâce de Dieu en Christ pour embrasser les exigences de la loi mosaïque était une si incroyable folie que l’ancien pharisien ne peut que s’écrier : « O Galates dépourvus de sens ! » (3 / 1). Ils étaient comme des gens « ensorcelés », et c’est la raison de l’apostrophe de l’apôtre…mais que dirait-il de la chrétienté d’aujourd’hui ?

Retourner à la loi alors que seul le Fils de Dieu a pu l’accomplir, c’est aussi l’expression d’un orgueil démesuré… Mais n’est-ce pas aussi l’origine de la chute qui s’est en partie fondée sur cette affirmation du serpent : « Vous serez comme Dieu connaissant le bien et le mal ? »

Et n’est-ce pas aussi l’apanage de tous ceux qui veulent « gagner leur ciel » en faisant des œuvres dignes de Dieu ? Du moins, c’est ce qu’ils disent, en contradiction avec ce que l’Évangile nous affirme puisque « c’est par grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu » (Ephésiens : 2 / 8). La recherche de la propre justice, que ce soit au travers des œuvres de la loi ou au travers de quelque autre moyen est ainsi le déni même du don de Dieu aux hommes, la non-reconnaissance de son amour et le mépris du sacrifice de Jésus à la croix.

La loi est une entité. On ne peut rien enlever à la perfection divine et le fait de violer un seul commandement entache la sainteté que Dieu attend de ceux qui lui appartiennent. Le seul moyen d’échapper au châtiment est donc le refuge que nous avons en nous confiant en l’œuvre rédemptrice de Jésus à la croix.

 
Les fruits de la loi et de la grâce

Galates : 5 / 4-5

 
«Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce. Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance de la justice. »  

«Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi… »

Littéralement, l’apôtre utilise l’expression forte : « coupés de Christ », similitude avec l’acte de la circoncision. En fait, il exprime ici la séparation avec tout le bénéfice qu’il y a dans la foi en Jésus-Christ. Dès que l’on accepte la doctrine des judaïsants, on se sépare de Christ, comme une branche qui serait coupée de l’arbre (Jean : 15 / 4-6). « Vous êtes déchus de la grâce » : le terme « déchus » s’emploie à l’exemple des fleurs qui se fanent et tombent. « Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée et la beauté de son éclat a disparu » (Jacques : 1 / 11).

Au concile de Jérusalem, de la même manière, l’apôtre Pierre déclare explicitement que c’est « par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés » (Actes : 15 / 11). Comment pourraient donc être sauvés ceux pour qui Christ ne sert de rien, qui sont séparés de la grâce et qui sont déchus de celle-ci ?

Tous ceux qui se tournent vers la loi ne peuvent atteindre que la malédiction (Galates : 3 / 10) outre la condamnation et la mort : « Or si le ministère de la mort, gravé avec des lettres sur des pierres, a été glorieux, au point que les fils d’Israël ne pouvaient fixer les regards sur le visage de Moïse, à cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire fut passagère (…) Si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère de la justice est de beaucoup supérieur » (2 Corinthiens : 3 / 7 et 9).

La loi produit la colère (Romains : 4 / 15), mais la grâce de Dieu apporte le salut.

« La grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée » (Tite : 2 / 11).

« Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance de la justice. »

Pour lui, comme pour tous les autres Juifs qui ont embrassé la foi chrétienne, Paul fait une déclaration solennelle, incompatible avec la position légaliste des pharisiens.

Il affirme que c’est par la foi seule (Galates : 2 / 16) et par la vertu régénératrice du Saint-Esprit qu’ils attendent l’espérance de la justice.

Autrement dit, il y voit la justification devant Dieu et toutes les espérances qui s’y rattachent ! Bien plus que la loi, la foi est riche en promesse puisque « le juste vivra par la foi. » L’apôtre rentre ainsi de plain-pied dans les héritages promis au père des croyants.

* La première chose, c’est la justice, c’est-à-dire la possession actuelle du croyant :dès ici-bas, le chrétien est justifié, avec la paix et tous les biens qui en découlent (Romains : 5 / 1-5), et cela parce que Dieu tient pour juste celui qui croit en Christ : « Ainsi s’accomplit ce que dit l’Écriture : Abraham crut à Dieu, et cela lui fut compté comme justice ; et il fut appelé ami de Dieu » (Jacques : 2 / 23).

* La seconde chose qui en découle, c’est que la plénitude de cette justice et de des fruits sont encore l’objet de son espérance et de son attente (Romains : 8 / 3-25). Tout comme Abraham n’a pas vu l’accomplissement total de la promesse qui s’est pourtant réalisée, de même Paul place les croyants sur le roc de cette promesse éternelle et entre dans une vision spirituelle et céleste. « L’espérance de la justice », cette expression embrasse la complète conformité du croyant à l’image du Christ : « Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils » (Romains : 8 / 29).

« Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous le verrons tel qu’il est » (1 Jean : 3 / 2).

Ce serait par conséquent la plus grande folie pour ceux qui n’ont jamais été sous la loi, de se mettre sous un joug et d’en attendre le salut…

Un salut qui ne viendra jamais !

La valeur de la foi

Galates : 5 / 6

 
«Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l’incirconcision n’a de valeur, mais la foi qui est agissante par la charité. »  

Depuis la mort de Christ, la nationalité ne confère aucun privilège religieux aux hommes qui, devant Dieu, sont tous au même niveau de faiblesse, d’impiété, et d’iniquité.

« Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste ; quelqu’un peut-être mourrait-il pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous en e que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains : 5 / 6-8).

En conséquence, toute distinction de nationalité tombe. Rien d’extérieur n’assure le salut : ni les privilèges des Juifs ni la moralité de quelques païens !

« Non, le vrai Juif, ce n’est pas celui qui se conduit extérieurement comme un Juif, et la vraie circoncision, ce n’est pas la marque faite sur le corps. Le vrai Juif, c’est celui qui est Juif au-dedans, et la vraie circoncision, c’est celle du cœur. Elle vient de l’Esprit de Dieu et non de la loi écrite. Le vrai Juif ne reçoit pas sa louange des gens, il la reçoit de Dieu » (Romains : 2 / 28-29).

Par conséquent, tout sujet de se glorifier est exclu.

« Alors, est-ce qu’il y a encore des raisons de se vanter ? Non, pas du tout ! Pourquoi donc ? Parce que, ce qui compte, ce n’est pas d’obéir à la loi, c’est de croire » (Romains : 3 / 27-29).

Ce ne sont donc pas les signes extérieurs qui ont de la valeur, c’est ce que le Saint-Esprit dit par Paul : « La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de Dieu est tout » (1 Corinthiens : 7 / 19).

« Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature » (Galates : 6 / 15).

En nous régénérant, opérant ainsi une nouvelle création, Dieu produit en nous la caractéristique essentielle de sa nature : l’amour, car Dieu est amour (1 Jean : 4 / 7-8). C’est pourquoi Paul ajoute : » Mais la foi est agissante par l’amour. »


 
 
 



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