Épître aux Galates
Par Mr le Pasteur Michel Pelletier
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur et tirée du journal "Pentecôte" Assemblée de Dieu de france)


L’importance des révélations

Galates : 2 / 2

 
« … et ce fut d’après une révélation que j’y montai. Je leur exposai l’Évangile que je prêche parmi les païens, je l’exposai en particulier à ceux qui sont les plus considérés, afin de ne pas courir ou avoir couru en vain. »

Paul insiste sur le fait que c’est sur une direction divine qu’il est ainsi monté à Jérusalem pour défendre sa doctrine. Cette circonstance n’est pas rapportée dans les Actes, mais ce que l’apôtre affirme ici confirme le bon choix de la résolution de l’Église d’Antioche, quel que soit l’ordre dans lequel les événements se sont déroulés.

Dans le premier chapitre, au verset : 12, Paul parle déjà des révélations qu’il a eues, comme Pierre, du reste (Actes : 10 / 9-20 ; 12 / 6-11), conformément à la promesse de l’effusion du Saint-Esprit : »Après cela, je répandrai de mon Esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes et vos jeunes gens des visions » (Joël : 2 / 28).

C’est donc un privilège qui favorise les apôtres. Ils sont ainsi conduits dans leurs mouvements, et nous devons aussi nous rappeler que rien ne peut remplacer la vie de l’Esprit. C’est en effet notre avantage, comme celui de tout enfant de Dieu, de pouvoir connaître la volonté de Dieu au travers du renouvellement de l’intelligence (Romains : 12 / 2).

Pour connaître cette volonté, il y a les moyens habituels comme la prière, la méditation de la Parole, la réflexion… Mais dans les temps d’hésitation et de crainte, il est merveilleux de recevoir par l’Esprit, la lumière qui dissipe tous les doutes. « Il vous conduira dans toute la vérité », nous dit Jésus.

Ceci nous enseigne à rechercher autant que nous le pouvons, dans la prière, les directions divines, nous permettant d’avoir ces convictions intimes qui vont glorifier le Seigneur dans notre vie. C’est un besoin inhérent à tous ceux qui veulent vivre dans la justice. Déjà le psalmiste pouvait dire : « Eternel, conduis-moi dans ta justice à cause de mes ennemis, aplanis ta voie sous mes pas » (Psaume : 5 / 9). Suit la promesse de Dieu au Psaume : 32 / 8 : « Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre, je te conseillerai, j’aurai le regard sur toi ».

Mais la prière de l’enfant de Dieu est toujours cette aspiration à marcher dans la voie de Dieu par la foi (Psaume : 143 / 8-10). C’est un apprentissage que nous avons à perfectionner tout au long de notre vie. Et Jésus met en évidence la primauté de cette vie de l’Esprit lorsqu’il enseigne ses disciples et leur annonce l’accomplissement de la promesse de Joël : « Mais le Consolateur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit ».

Paul, bien conscient de cette nécessité, fait remarquer aux Corinthiens que « l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu » (1 Corinthiens : 2 / 10-13), et qu’il est d’autant plus nécessaire d’être dirigés de cette manière ! Et l’apôtre Jean de surenchérir dans sa première lettre en faisant remarquer que l’onction que nous avons reçue nous entraîne dans la vérité (1 Jean : 2 / 20-27). C’est donc, en même temps, un garde-fou contre le mensonge et l’erreur que cette onction de l’Esprit sur laquelle nous avons à veiller.

Quoi qu’il en soit, comme Paul et les autres apôtres, soyons assurés que dans les difficultés, Dieu répond toujours… si nous savons lui faire confiance.
L’importance des entretiens particuliers

Galates : 2 / 2-3

 
« … et ce fut d’après une révélation que j’y montai. Je leur exposai l’Évangile que je prêche parmi les païens, je l’exposai en particulier à ceux qui sont les plus considérés, afin de ne pas courir ou avoir couru en vain. Mais Tite, qui était avec moi, et qui était Grec, ne fut pas même contraint de se faire circoncire. »

L’apôtre Paul est donc reconnu par les notables de l’Église de Jérusalem. Cet Évangile qu’il prêche, il l’expose aussi aux Romains dans son épître d’une manière très claire (Romains : 3 / 21-30). C’est la « justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient ».
Si Paul fait cette démarche, ce n’est certes pas pour demander leur approbation aux autres apôtres, c’eût été remettre en cause l’indépendance de son ministère, ce qu’il veut précisément démontrer ici. Il agit ainsi dans l’humble amour de la paix et dans l’intérêt de l’Évangile. Il cherche aussi à établir un parfait accord avec eux et veut éviter tout malentendu sur l’affranchissement de la loi avec, en contrepartie, une pleine justification par la foi.

« Je l’exposai en privé aux plus considérés ».

Les questions qui doivent être tranchées dans les réunions plénières sont d’abord étudiées dans des réunions privées. C’est ainsi qu’on y approfondit mieux les problèmes, chacun étant plus libre pour exposer son sentiment et faire valoir ses objections.

« De peur de courir ou d’avoir couru en vain ».

Les termes de ce verset sont ceux d’un familier du stade. Paul sait ce qu’il en coûte de courir pour la couronne ! Alors, loin de lui l’idée de voir ses efforts rendus vains par une décision qui ne lui appartiendrait pas !

«  Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez de manière à le remporter. Tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible ; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible ! Moi donc, je cours, non pas comme à l’aventure ; je frappe, non pas comme battant l’air » (1 Corinthiens/ 9 : 24-26).

Et il confirme en écrivant aux Philippiens qu’il pourra, au jour de Christ, se glorifier de n’avoir ni couru ni travaillé en vain (Philippiens : 2 / 16). C’est donc une préoccupation  majeure pour lui, comme elle doit l’être pour nous, de mener le bon combat, loin des disputes stériles, afin de tout faire pour la gloire de Dieu.

Paul se préoccupe de son efficacité pour la vie éternelle. Il a toujours eu cette vision même lorsqu’il était dans l’ignorance et qu’il combattait l’Église, alors maintenant qu’il connaît la vérité, à plus forte raison désire-t-il déployer son zèle pour son Sauveur et Seigneur…

Devant un tel exemple, prenons-nous la mesure des enjeux qui sont devant nous ? Le monde, notre moisson, est-il notre préoccupation ou en sommes-nous encore aux rudiments* de notre bien-être spirituel, avec une vision centrée exclusivement sur l’Église locale ou notre famille ?

Il est temps de lever les yeux, la moisson est blanche…

 
(*) Notions élémentaires
 
L’importance de l’unité

Galates : 2 / 2-3

 
« Ce fut d’après une révélation que j’y montai. Je leur exposai l’Évangile que je prêche parmi les païens, je l’exposai en particulier à ceux qui sont les plus considérés, afin de ne pas courir ou avoir couru en vain. Mais Tite, qui était avec moi, et qui était Grec, ne fut pas même contraint de se faire circoncire. »

La conduite de Paul est faite de fidélité et de prudence.

Nous avons ici un sérieux enseignement sur l’importance de maintenir l’unité et l’harmonie entre les serviteurs de Dieu qui travaillent dans les différentes parties de son règne. Avec la doctrine des judaïsants, il y a une controverse importante et il est nécessaire d’élucider la question, de faire une pleine lumière sur ce point qui risque de troubler l’Église. C’est d’ailleurs le cas dans ces Églises de Galatie auxquelles Paul adresse cette lettre… Ainsi même quand les questions paraissent résolues, elles peuvent remonter à la surface en d’autres lieux et d’autres temps.

« Mais Tite, qui était avec moi, et qui était Grec, ne fut pas même contraint de se faire circoncire » (V : 3).

C’est donc que les discussions avec les responsables de l’Église de Jérusalem ont été suffisamment claires pour que la notion du salut par grâce soit nettement posée. La conférence au sommet a donné le résultat escompté. Si l’on se représente les préjugés judaïques qui régnaient encore parmi les chrétiens de Jérusalem, il devait paraître fort étrange de voir un incirconcis être le compagnon d’œuvre de l’apôtre Paul. En effet, lors de la conversion de Corneille déjà, à quel remue-ménage la démarche de Pierre dans la demeure de ce païen n’avait-elle pas donné lieu ! (Actes : 11 / 1-18). Si les notables s’étaient trouvés en contradiction avec Paul, ils auraient certainement exigé que ce compagnon soit circoncis, ce qu’en l’occurrence Paul n’aurait pas accepté, bien que lui-même ait fait peu après circoncire Timothée (Actes : 16 / 1-5).

La vérité, c’est que Paul n’attachait aucune importance à ces cérémonies de la loi pourvu que l’on s’en serve pas pour affaiblir ou ruiner la doctrine du salut par grâce. Il se sent libre à l’égard de tous comme il l’écrit dans la première épître aux Corinthiens (9 / 19-23), mais il fait tout à cause de l’Évangile afin d’y avoir part. Mais bien qu’étant « comme Juif afin de gagner les Juifs », il s’opposait à eux avec la plus grande énergie quand ceux-ci mettaient en avant leurs prérogatives et leur doctrine pour ramener les nouveaux convertis à l’ancienne alliance.

C’est donc la raison majeure de la venue de Paul à Jérusalem : non seulement il désire être crédible devant les chrétiens d’Antioche qui l’ont envoyé, mais encore il veut combattre pour que cette doctrine soit la même dans toutes les Églises locales, que l’universalité de l’Évangile soit portée partout avec la même pureté et que les choses soient clairement établies pour éviter l’émergence des divisions et les sectes, ce qui hélas, ne manquera pas d’arriver.

En ce qui nous concerne, ne nous laissons pas « emporter à tout vent de doctrine » (Éphésiens : 4 / 14), mais marchons dans l’unité de la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu.

C’est là notre base sûre.

Résister aux faux frères

Galates : 2 / 4-10

 
« Et cela, à cause des faux frères qui s’étaient furtivement introduits et glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l’intention de nous asservir… »

Le triomphe de la vérité n’est pas allé tout seul. De vives réactions se sont fait sentir. Paul a rencontré sur son chemin des adversaires sournois nommés dans Actes : 15 / 5 : « Alors quelques-uns du parti des pharisiens qui avaient cru, se levèrent en disant qu’il fallait circoncire les païens et exiger l’observation de la loi de Moïse. »

Sans mâcher ses mots, Paul les nomme « faux frères », des intrus qui, imbus de préjugés pharisaïques, s’attaquent à la glorieuse liberté évangélique que donne la justification par la foi. « Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes à leurs exigences, afin que la vérité de l’Évangile soit maintenue parmi vous » (v : 5).

Leur céder n’eût pas été supporté par des frères faibles, comme de renoncer volontairement et par charité à une liberté légitime, comme il le recommande aux Romains, (chapitre : 14), lorsqu’il marque clairement les principes de tolérance que doit rechercher l’enfant de Dieu. Dans la première lettre aux Corinthiens : (9 / 19-23), il marque bien comment lui-même se fait tout à tous et respecte le contexte dans lequel il se trouve. Leur céder, encore, c’eût été renier la vérité, doctrine fondamentale de l’Évangile et surtout, remettre les païens convertis sous le joug de la loi. Admirable distinction ! Quand il s’agit de chrétiens faibles, peu éclairés, timorés, dans l’observance de la loi, mais sans en faire une condition de salut, l’apôtre commande le support et se fait lui-même tout à tous.

Mais quand des hommes s’érigent orgueilleusement en docteurs et enseignent la nécessité d’observer la loi pour être sauvé, alors ni Paul ni les autres apôtres ne cèdent un seul instant ; sans quoi la vérité évangélique aurait certainement péri ! Paul argumente contre les Galates, priés de céder eux aussi, aux injonctions des pharisiens. Il rappelle ainsi comment il a tenu tête à Antioche comme à Jérusalem. Les Galates n’ont qu’à prendre exemple sur lui pour se dégager de ce joug : il leur sert de modèle.

« Soyez mes imitateurs, frères, et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous » (Philippiens : 3 / 17). « Mais j’ai obtenu miséricorde, afin que Jésus-Christ fasse voir en moi le premier toute sa patience pour que je serve d’exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle » (1 Timothée : 1 / 16). « Retiens dans la foi et dans l’amour le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi » (2 Timothée : 1 / 13). «  Ce qu’ils avaient été autrefois m’importe peu » (Galates : 2 / 6).

En parlant ainsi, l’apôtre Paul ne manifeste pas à l’égard des autres apôtres un quelconque dédain : ce n’est pas quand il se couvre de leur autorité qu’il affiche le peu de cas qu’on pourrait croire qu’il en fait… Par ces paroles un peu rudes, il vise, en fait, les faux docteurs qui usent et abusent de leur titre pour s’opposer à lui.

Pierre et Paul sont égaux, celui-ci n’étant inférieur en rien au premier. Bien qu’ayant tous deux leur zone principale d’apostolat, les deux champs de travail désignés ici ne le sont pas de manière absolue (v : 7-9).

Les premiers païens en effet sont amenés au salut par Pierre au travers de Corneille (Actes : 10). Et Paul, dans tous ses voyages, prêche d’abord dans les synagogues ! Mais il reste vrai que depuis sa conversion (Actes : 9 / 15 et suivants, Actes : 22 / 17-21 ; 28 / 16-29) il a reçu comme mission spéciale l’évangélisation des païens, ce qui est l’œuvre de sa vie.

Les apôtres, à Jérusalem, durent donc mettre le sceau de Dieu sur le ministère de Paul, celui-ci étant confirmé par des signes des miracles et des prodiges.

« Toute l’assemblée garda le silence et l’on écouta Barnabas et Saul qui racontèrent tous les miracles et les prodiges que Dieu avait faits par eux au milieu des païens » (Actes : 15 / 12).

Enfin, les « notables » sont nommés avec respect comme lui donnant une main d’association dans leurs sphères respectives.

 
La preuve de la justification par la foi

Galates : 3 / 1

 
« Ô Galates dépourvus de sens ! qui vous a fascinés, vous, aux yeux de qui Jésus-Christ a été peint comme crucifié ? »

Entre les chapitres : 2 et 3, il y a une pause et non une coupure. C’est le temps d’arrêt d’un prédicateur qui essaie de se contenir avant d’exploser. A la pensée que Jésus-Christ serait mort en vain (2 / 21), ce qui anéantirait la grâce, l’apôtre n’y tient plus ; il laisse les préliminaires de l’incident d’Antioche et revient aux Galates : il les interpelle ! Le drame se joue entre la loi et la foi !

« Ô Galates dépourvus de sens ! qui vous a fascinés ? » (Darby : ensorcelés). C’est par cette douloureuse et sévère apostrophe que l’apôtre attaque l’erreur dans laquelle les habitants de cette région se sont laissé entraîner. Il voudrait en faire sentir l’absurdité et la déraison !

Il ne faut cependant pas donner à l’épithète « insensé » un sens de mépris ou d’indignation, mais simplement celui d’un reproche. Elle est du même ordre que celle que le Seigneur adressa aux disciples d’Emmaüs : « Hommes sans intelligence(…) » (Luc : 24 / 25). Elle exprime la même surprise, la même pénible émotion. Elle va dans le sens du Proverbe : 27 / 6 : « Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité. »

L’apôtre les appelle « insensés », non parce qu’ils sont stupides, mais parce qu’ils se sont laissé fasciner, ensorceler par un enseignement corrupteur et, qu’ainsi, ils ont été détournés de la foi. « …Vous devant les yeux de qui Jésus-Christ a été dépeint, crucifié au milieu de vous » (Darby).

Par la prédication puissante de Jésus-Christ, de ses souffrances et de sa mort expiatoire (1 Corinthiens : 1 / 22-25), Paul a ainsi dépeint l’œuvre de Jésus aux yeux des Galates, comme si le drame du Calvaire avait eu lieu au milieu d’eux !

« Dépeint », littéralement « écrit d’avance », comme l’Ancien Testament (Romains : 15 / 4 ; 1 Corinthiens : 10 / 11 ; Jude : 4). Le mot a ici le sens de placarder, à la manière d’un magistrat qui annoncerait une exécution par une affiche dans un lieu public.

Si les Galates avaient fidèlement eu sous les yeux le tableau de la mort de Jésus, ils auraient été préservés de cette fascination étrangère. Ceci est illustré dans Nombres : 21 / 9 : » Moïse fit un serpent d’airain et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent et regardait le serpent d’airain conservait la vie. »

Jésus le rappelle à Nicodème dans Jean : 3 / 14-15.

Pour s’être laissé « ensorceler » dans des conditions défavorables, il faut être « insensé », en détournant les regards de la croix pour se livrer ainsi sans défense à cette fascination de la loi.

L’apôtre veut tirer au clair cette énormité spirituelle.

La loi et la foi

Galates : 3 / 2

 
« Voici seulement ce que je veux apprendre de vous : Est-ce par les œuvres de la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou par la prédication de la foi ? »

Paul fait appel à l’expérience des Galates : « Voici seulement ce que je veux entendre de vous. »

Sous la plume de l’apôtre Paul, c’est sans doute une question un peu ironique, mais elle doit cependant décider de toute l’affaire.

S’ils ont été quelque peu perspicaces pour recevoir l’Évangile par lequel ils ont été sauvés, la pertinence de la question ne peut leur échapper : « Est-ce en pratiquant la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou en écoutant avec foi ? »

Paul fait appel à leur expérience (v : 4-5) de l’action du Saint-Esprit sur leur âme et à des manifestations miraculeuses comme preuves de la vérité. Il appuie sur cela spécialement pour montrer que la justification peut être obtenue par la foi en Jésus-Christ seulement et non par les œuvres de la loi.

Nous avons ici une première mention du Saint-Esprit dans cette lettre, et désormais sa part active dans le salut des croyants y est fréquemment évoquée, ainsi que ses diverses manifestations surnaturelles. Cette question est la même que celle qu’il a posée aux disciples de Jean-Baptiste dans Actes : 19 / 1-2 : « Paul se rendit à Éphèse. Il y rencontra quelques disciples et leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru ? Ils répondirent : Nous n’avons pas entendu dire qu’il y ait un Saint-Esprit. »

Cette question porte sur un acte précis de leur vie, sur des expériences qu’ils ont dû faire au quotidien et que connaissent les croyants charismatiques.

Rappelons-en les traits principaux :

- En réponse à l’annonce du plein Évangile, le cœur est touché (Actes : 2 / 37-38). Dieu accorde le pardon à la repentance et à la foi, puis donne le Saint-Esprit à ceux qui obéissent à la foi (Actes : 5 / 30-32). « En lui, vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui vous avait été promis » (Éphésiens : 1 / 13).

- Ce sceau du Saint-Esprit, c’est le signe de la nouvelle naissance dont parle le Seigneur dans Jean : 3 / 5-6 : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »

- C’est également celui de la régénération rappelé dans Tite : 3 / 3-7. Cela nous parle aussi de l’habitation du Saint-Esprit dans le croyant selon 1 Corinthiens : 3 / 16 : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? »

Ce texte est confirmé dans Éphésiens : 2 / 22. Le Saint-Esprit est donc un élément essentiel de la vie du croyant puisque « si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas » (Romains : 8 / 9).

Or le Saint-Esprit, qui s’accompagne de la grâce sanctifiante, est étroitement lié aux dons divers mentionnés dans 1 Corinthiens : 1 / 4-7 et 12 / 1-11.

Avec ses manifestations variées, il avait scellé la prédication de l’Évangile d’un témoignage divin (Romains : 8 / 15-17).

C’est donc dans ce sens que Paul repose la question :

A quoi les Galates devaient-ils ce témoignage de l’Esprit ?

Aux œuvres de la loi ou à leur adhésion à la foi ?

On sait, parce que c’est un fait d’expérience universelle, que jamais personne n’a « reçu l’Esprit » par l’obéissance à une loi. La réponse ne devrait pas être douteuse, elle devrait être au contraire particulièrement concluante. Aussi l’apôtre insiste au verset : 5 : « Celui qui vous accorde l’Esprit et qui opère des miracles parmi vous, le fait-il donc parce que vous pratiquez la loi, ou parce que vous écoutez avec foi ? »

Ce raisonnement de l’apôtre conserve toute sa force aujourd’hui et s’applique à tous ceux qui, après avoir éprouvé la puissance de l’Évangile, tombent dans quelque erreur. L’Esprit d’adoption, la vie de l’Esprit, sont des grâces qui résultent de l’adhésion à la foi.

 
Question de bon sens

Galates : 3 / 3-5

 
« Êtes-vous tellement dépourvus de sens ? Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair ? Avez-vous tant souffert en vain ? si toutefois c’est en vain. Celui qui vous accorde l’Esprit, et qui opère des miracles parmi vous, le fait-il donc par les œuvres de la loi, ou par la prédication de la foi ? »

Verset : 3 :

« Êtes-vous tellement dépourvus de sens ? Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair ? »

« Êtes-vous tellement insensés ? »

L’épithète « insensés » du verset : 1 n’a pas été prononcée par hasard par l’apôtre Paul, et il la reprend ici. Ces chers enfants de Dieu sont-ils « insensés » au point de ne pas discerner leurs inconséquences ?

« Après avoir commencé par l’Esprit… », l’apôtre se réfère ici au moment de leur adhésion au message de l’Évangile, donc à une vie totalement nouvelle. Dans sa lettre aux Philippiens, Paul affirme : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour du Christ Jésus » (Philippiens : 1 / 6). Le même mot « commencé » se rapporte aux opérations divines dans l’âme, par l’action du Saint-Esprit. « Allez-vous maintenant finir par la chair ? » Autrement dit : « Allez-vous retomber dans les ordonnances charnelles », dans le sens du chapitre : 4 / 9-11.

Verset : 4 :

« Avez-vous tant souffert en vain ? si toutefois c’est en vain. »

Ceux qui après avoir été éclairés retournent à ces principes, cherchent en vain l’Esprit et la vie : « Mais maintenant, après avoir connu Dieu, comment retournez-vous à de si faibles et pauvres principes élémentaires auxquels vous voulez à nouveau vous asservir ? Vous observez les jeûnes, les mois, les temps et les années ! Je crains d’avoir inutilement  pris de la peine pour vous » (Galates : 4 / 9 ; cf : Colossiens : 2 / 16-19).

Dans la pensée de Paul, une œuvre commencé doit s’achever nécessairement et logiquement. Elle doit même s’achever parfaitement. Il est inutile de rappeler ici aux nouveaux convertis que l’entrée dans la vie chrétienne n’est pas une fin, mais un début !

« Avez-vous fait tant d’expériences en vain ? » Darby traduit : « Avez-vous tant souffert en vain, » Il faut admettre que l’évocation des souffrances des nouveaux convertis est familière à Paul. Il a personnellement beaucoup souffert et il enseigne à tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ qu’ils seront persécutés (2 Timothée : 3 / 12).

Si cette traduction est exacte, Paul évoquerait ici les souffrances endurées pour l’Évangile et dont ils  avaient été avertis (Actes : 14 / 19-20).

Or, les Galates pouvaient y voir un témoignage de la réalité de leur foi, comme ce fut le cas des chrétiens de Thessalonique (2 Thessaloniciens : 1 / 3-4).

Dans ce cas, était-ce en vain qu’ils avaient tant souffert pour la cause de la croix ? Les persécutions subies de la part des Juifs n’avaient pas réussi à les éloigner de la foi ; allaient-ils maintenant succomber devant les méthodes plus subtiles des judaïsants qui prétendaient les affranchir de l’opprobre de la croix ?

« Tous ceux qui veulent se faire bien voir selon la chair vous contraignent à vous faire circoncire uniquement afin de ne pas être persécutés pour la croix du Christ » (Galates : 6 / 12).

Les Galates n’allaient-ils pas aussi être privés des bénédictions que Dieu rattache à ces épreuves ? (Philippiens : 1 / 27-30 ; 3 / 13-14).

« Si du moins c’est en vain… » : dans toute son argumentation et dans tous ses reproches, l’apôtre supposes la réalité de leur foi. Il ne peut croire que les Galates aient pu s’en détourner et il espère qu’ils se libèreront de ce faux enseignement.

C’est ce qu’il confirme au verset suivant.

Verset : 5 :

« Celui qui vous accorde l’Esprit, et qui opère des miracles parmi vous, le fait-il donc par les œuvres de la loi, ou par la prédication de la foi ? »

« Celui qui opère des miracles parmi vous le fait-il donc parce que vous pratiquez la loi ou parce que vous écoutez avec foi ? » La tournure dubitative dont Paul se sert lui laisse entrevoir l’espérance d’un retour à la vérité. La question de ce verset précise celle du verset : 2, en nommant les dons miraculeux du Saint-Esprit. On sent que l’argumentation de Paul est victorieuse et que les Galates consultent effectivement leurs expériences personnelles de la vie de l’Esprit. La réponse, alors, ne saurait être douteuse. Rien de la manifestation de la vie de l’Esprit ne se fait par la loi, mais tout se produit par la foi !

Le Saint-Esprit, avec tous ses dons, avait été accordé aux Galates par Dieu dès leur adhésion à la foi. Il ne pouvait donc venir à la pensée de personne de se soumettre ni au préalable ni plus tard aux prescriptions rituelles de la loi.

 
Abraham, père des croyants…

Galates : 3 / 6-7


 
« Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. »

Quel excellent témoignage de l’Écriture dans cet exemple d’Abraham ! Paul en tire les conclusions qu’il reproduit dans Romains : 4 / 1-5 : « Que dirons-nous donc d’Abraham notre ancêtre selon la chair ? Qu’a-t-il obtenu ? Si en effet Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier. Mais devant Dieu il n’en est pas ainsi ; en effet, que dit l’Écriture ? Abraham crut à Dieu et cela lui fut compté comme justice. Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire est compté, non comme une grâce, mais comme un dû. Quant à celui qui ne fait pas d’œuvre, mais croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée comme justice. »

Dans Romains : 4 / 6-12 et 16, Paul développe d’une manière plus complète l’expérience d’Abraham et les rapports réels des vrais croyants avec lui. Il y fait notamment référence à la circoncision qui a été donnée comme sceau de cette justification, après que la foi a été imputée à justice au patriarche. Cette justification ne doit donc rien à la circoncision, ni aux œuvres de la loi qui ne sont intervenues que plus tard (Genèse : 17 / 9-14 ; Exode : 20).

Il est bon de se rappeler ici l’erreur des judaïsants : « Quelques hommes, venus de Judée, enseignaient les frères et disaient : Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Actes : 15 / 1).

Cette intervention est donc en complet désaccord avec l’Écriture, même si ces Juifs voulaient s’appuyer sur leurs traditions, données pour un temps, dans le cadre de la première alliance avec le peuple d’Israël.

En Christ, Abraham devient le père de « la postérité ».


 
 
 



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