Épître aux Galates
Par Mr le Pasteur Michel Pelletier
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur et tirée du journal "Pentecôte" Assemblée de Dieu de france)


Paul présente Abraham comme « père des croyants » (Romains : 4 / 11-12). Les Juifs voyaient la qualité d’enfants d’Abraham dans des rapports tout extérieurs avec lui : « Ils lui répondirent : Notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes enfants d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham » (Jean : 8 / 39). Ils considéraient le patriarche aussi dans la circoncision et la descendance selon la chair.
Paul montre en fait que les vrais fils d’Abraham sont ceux qui lui ressemblent spirituellement. Ce sont ceux qui sont nés d’une foi identique à celle de leur père dans la promesse de Dieu : « Reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham » (v : 7).

« Ainsi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations de la terre seront bénies en toi » (v : 8 ; voir aussi Genèse : 12 / 3).

« Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante et en lui seront bénies toutes les nations de la terre » (Genèse : 18 / 18). Ici l’Écriture est personnifiée, le Saint-Esprit parlant en elle et par elle, remplissant tour à tour les auteurs. Dans sa « prévision » que Dieu justifierait le monde païen par la foi, elle a ainsi annoncé, pour ne pas dire « évangélisé » d’avance cette Bonne Nouvelle (« Évangéliser » signifie en grec : « annoncer la Bonne Nouvelle »), non seulement pour les Juifs, mais aussi pour les gentils.

« Ainsi, ceux qui ont la foi sont bénis avec Abraham le croyant » (v : 9).

En se basant sur la citation de Genèse : 12 / 3, Paul affirme que tous ceux qui croient, de quelque nation que ce soit, sont bénis, justifiés, lavés avec ou en Abraham, parce que les fils bénéficient juridiquement des biens de leur père.

Par la bénédiction d’Abraham, l’apôtre entend toutes les grâces de l’Évangile, de la justification et du salut. Elle se répercute sur celle de Christ dont il est dit : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éphésiens : 1 / 3).

 
La justification par la foi et non par la loi

Galates : 3 / 10-14

 
« Car tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le mets pas en pratique. Et que nul ne soit justifié devant Dieu par la loi, cela est évident, puisqu’il est dit : Le juste vivra par la foi. Or, la loi ne procède pas de la foi ; mais elle dit : Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles. Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, - car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois, - afin que la bénédiction d’Abraham eût pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l’Esprit qui avait été promis. »

Paul entame maintenant une nouvelle démonstration. Il définit la loi comme un régime de malédiction. Seul Christ nous en délivre par les bénédictions qu’il nous a acquises.

La loi en effet, exige la perfection et l’obéissance absolue sous peine de condamnation ! Elle est sainte et nous sommes déchus ! C’est donc en vain que nous nous attendrions à être justifiés par elle.

Livré à ses propres forces, le légaliste est voué à l’échec et à la malédiction d’après la citation qui suit : « Maudit soit celui qui n’accomplit pas les paroles de cette loi pour les mettre en pratique ! Et tout le peuple dira : Amen ! » (Deutéronome : 27 / 26).

C’est la dernière malédiction du mont Ebal qui confirme toutes les autres. Dans un sens, c’est la plus solennelle.

Aussi, tous les hommes de Dieu de l’Ancien Testament ont-ils eu recours au moyen de salut qui avait sauvé Abraham et ont proclamé la réalité de la parole du prophète Habakuk (2 / 4), citée par l’apôtre Paul : « Le juste vivra par sa foi ».

« Que nul ne soit justifié devant Dieu par les œuvres de la loi, cela est évident puisqu’il est dit : Le juste vivra par la foi » (v : 11).

L’apôtre prouve ainsi la justification par la foi et non par la loi. Il allègue le témoignage express de l’Ancien Testament et cite Habakuk qu’il a déjà rappelé aux Romains (1 / 17) : « En effet, la justice de Dieu s’y révèle par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit : le juste vivra par la foi. » (voir aussi Hébreux : 10 / 38).

La justification par la foi n’est donc pas une nouvelle doctrine : elle était déjà établie dans l’Écriture longtemps avant les temps de la Réforme.

« Or la loi ne provient pas de la foi ; mais elle dit : Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles » (verset : 12 ; Lévitique : 18 / 5).

Entre ces deux moyens de salut ainsi mis en évidence, la loi et la foi, le commandement est absolu et il faut choisir : la loi ordonne, elle demande la perfection et celui qui l’accomplira totalement vivra par elle (voir Luc : 10 / 25-28 ; Romains : 10 / 5).

« Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi » (v : 13).

Nous étions sous la malédiction de la loi, mais nous n’y sommes plus grâce au Christ qui nous en a délivrés en payant le prix fort.

 
La justification par la foi promise par l’Écriture et confirmée par l’expérience

Galates : 3 / 1-14

 
Le passage a été écrit en réaction à l’action néfaste des faux docteurs.

« Ô Galates insensés ! qui vous a fascinés (ensorcelés) ? »

C’est par cette douloureuse et sévère apostrophe que l’apôtre intervient contre l’erreur dans laquelle se sont laissé entraîner ces bien-aimés. Il voudrait tellement leur en faire sentir l’absurdité. Il ajoute : «  Vous aux yeux de qui a été dépeint Jésus-Christ crucifié », comme si les scènes de Golgotha avaient eu lieu au milieu d’eux. Paul s’étonne de leur attitude et ne peut parvenir à l’expliquer que parce qu’une sorte de fascination a été exercée sur eux.

Une prédication confirmée de manière expérimentale :

Dans les versets : 2-5, Paul fait l’appel à l’expérience pratique des destinataires de la lettre en ce qui concerne l’action du Saint-Esprit dans leur vie. Avec ses manifestations puissantes, l’Esprit Saint a en effet accompagné la prédication de l’Évangile et l’a scellée d’un témoignage divin dans le cœur même de ses auditeurs. La question se pose donc de savoir si c’est par la loi ou par la foi qu’ils ont été faits participants de ces précieux dons : la réponse ne peut faire aucun doute. Celui qui ne trouve pas dans l’histoire intime de sa vie ce souvenir, ou qui a oublié l’expérience de l’action du Saint-Esprit, est totalement en dehors de la grâce. A-t-il seulement été converti à Christ ?

Les vrais enfants d’Abraham :

Les versets : 6-7 nous apprennent que les Juifs voyaient la qualité d’enfants d’Abraham uniquement dans ce qu’ils avaient de commun avec lui, c’est-à-dire la circoncision, et leur descendance selon la chair.

Paul montre que pour être enfant d’Abraham, il faut surtout lui ressembler spirituellement ! Les vrais enfants d’Abraham en effet, ce sont ceux qui sont animés de la foi, ceux dont la vie est née de la foi, inspirée et dirigée par elle. Jésus lui-même confirme cela aux pharisiens en leur disant que s’ils étaient vraiment les enfants d’Abraham, ils feraient les œuvres de leur père (Jean : 8 / 39)… Et quelle est l’œuvre majeure de ce patriarche sinon qu’il crut Dieu et que cela lui fut imputé à justice ?

Aux versets : 8-9, Paul montre que l’Écriture prévoyait, par l’Esprit qui remplissait ses auteurs, que Dieu justifierait les païens par la foi : puisque toutes les nations seraient bénies en lui, ce ne pouvait être que sous le rapport spirituel créé par l’identité de leur foi. Sans cela, ne descendant pas de lui, nous n’aurions jamais pu prétendre être ses enfants ! C’est la raison pour laquelle Abraham est nommé le « père des croyants » (Romains : 4 / 11-12).

Il a laissé l’héritage de la promesse et de la bénédiction à tous ceux qui croiraient. Ainsi, par cette bénédiction promise à Abraham et héritée par les croyants, nous avons accès à toutes les grâces de l’Évangile (le salut, la justification par la foi…).

Pour être sous la bénédiction et non sous la malédiction :

Dans les versets : 10-13, Paul ajoute à la preuve positive qu’il vient de donner à sa « thèse », une confirmation négative : celui qui cherche un moyen de justification et de salut dans les œuvres de la loi se trouve, non sous la bénédiction, mais sous la malédiction, puisque « nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi parce que c’est par la loi que vient la connaissance du péché » (Romains : 3 / 20) et que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains : 3 / 23).

Le verset : 14 en effet, nous rappelle que nous avons part à la bénédiction d’Abraham par la foi et le sacrifice de Christ. Nous avons donc été appelés à en recevoir la promesse et à sa réalisation.

« J’enverrai sur vous ce que mon Père a promis, mais vous, restez en ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut » (Luc : 24 / 49).

« Il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père dont, leur dit-il, vous m’avez entendu parler » (Actes : 1 / 4).

Le bien immense qui était promis, c’était l’effusion du Saint-Esprit après que la rédemption a été accomplie.

« Car je répandrai des eaux sur le sol altéré, et des ruisseaux sur la terre desséchée, je répandrai mon Esprit sur ta race et ma bénédiction sur tes rejetons » (Esaïe : 44 / 3 ; lire également Ezéchiel : 36 / 24-27).

A nous donc de puiser dans cet héritage spirituel et cette grâce promise.

La promesse et la loi

Galates : 3 / 15-16

 
« Frères (je parle à la manière des hommes), une disposition en bonne forme, bien que faite par un homme, n’est annulée par personne, et personne n’y ajoute. Or, les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n’est pas dit : et aux postérités, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais en tant qu’il s’agit d’une seule : et à ta postérité, c’est-à-dire, à Christ. »

Verset : 15 :

« Frères (je parle à la manière des hommes), une disposition en bonne forme, bien que faite par un homme, n’est annulée par personne, et personne n’y ajoute. »

« Frères. »

Ici l’apôtre appelle les Galates par le terme affectueux de frères et non plus de « Galates insensés » !

Toutes les expressions douloureuses, indignées, des versets : 1-3, se sont calmées, adoucies. La tension dans laquelle l’apôtre avait écrit jusqu’ici se relâche et le premier mouvement passé, la tendresse reprend ses droits.
C’est donc dans cette disposition qu’il va essayer de les persuader en leur exposant le plan de Dieu selon l’alliance de la grâce, et cela, au travers d’un raisonnement qui a sa source dans la loyauté à l’égard du Seigneur, de sa vérité et de l’amour de son peuple.

Les dispositions testamentaires ne peuvent être modifiées :

« Je parle d’après les usages des hommes » (Darby), à leur manière, d’après les principes en usage chez eux dans leurs rapports mutuels. D’ailleurs, on trouve pareille phrase dans les écrits de Paul (1 Corinthiens : 9 / 8). Ce qu’il veut, c’est amener les Galates à faire la comparaison avec un testament rédigé par un homme : personne ne peut l’annuler ni le modifier en quoi que ce soit, s’il est rédigé par quelqu’un jouissant de toutes ses facultés.

S’il en est ainsi pour les humains, il en est de même pour les dispositions testamentaires de Dieu à l’égard d’Abraham et de sa postérité : elles ne peuvent être modifiées. Elles sont à l’abri de toutes transformations ultérieures, et particulièrement de celles qui prétendraient revenir à la loi.

Souvenons-nous que le Seigneur lui-même a enseigné à ses disciples qu’il faut parfois raisonner à la manière des hommes dans l’œuvre de Dieu.

« Demandez et l’on vous donnera, cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. Lequel d’entre vous donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent » (Matthieu : 7 / 7-11).

Héritiers selon la promesse :

Verset : 16 :

« Or, les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. »

« Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa descendance. »

Les promesses sont au pluriel comme dans Romains : 9/ 4, parce que « la promesse » de Genèse : 12 / 1-3 contient le germe de toutes les autres et qu’elle est répétée plusieurs fois à Abraham sous des formes variées. «  L’Éternel apparut à Abraham et dit : Je donnerai ce pays à ta postérité » (Genèse : 12 / 7 ; voir aussi : 13 / 14-17 ; 15 : 18-20 ; 17 / 1-8 ; 18 / 18 ; 22 / 16-18). Il est utile de noter encore que ces promesses ont été confirmées à Isaac (Genèse :26 / 4) et à Jacob (Genèse : 28 / 4).

Parmi ces engagements généraux accordés au patriarche, Paul fait ici allusion à ceux que nous lisons dans Genèse : 13 / 14-18 ; 15 / 1-21 ; 17 / 7-8 où Dieu promet, entre autres, la possession de la terre de Canaan qu’il appelle « l’héritage » dans Galates : 3 / 8, puis spirituellement « le monde » dans Romains : 4 / 13, et enfin la promesse de l’Esprit : « Afin que la bénédiction d’Abraham eût pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l’Esprit qui avait été promis » (Galates : 3 / 14).

Le pays de Canaan n’était pas le dernier but de la promesse, il n’était qu’un symbole. C’est pourquoi, longtemps après qu’Israël en a pris possession, David prophétisa le vrai repos : « Ainsi je jurais dans ma colère : Ils n’entreront pas dans mon repos » (Psaume : 95 / 11 ; Hébreux : 4 / 3). De même, « la postérité » à laquelle s’adresse la promesse de posséder Canaan n’était pas exclusivement  ce peuple d’Israël qui y fut conduit par Josué, mais le vrai peuple de Dieu, les rachetés de Jésus-Christ entrant par lui dans le repos éternel qu’il leur a acquis : « Et si vous êtes en Christ, alors vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse » (Galates : 3 / 29).   
                        
La descendance et l’héritage

Toutes les promesses faites au peuple de Dieu reposent sur Christ en qui elles s’accomplissent

Galates : 3 / 16b-18

 
« Il n’est pas dit : et aux postérités, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais en tant qu’il s’agit d’une seule : et à ta postérité, c’est-à-dire, à Christ. »

Cela nous ramène aux promesses de Genèse : 13 / 15 : « Tout le pays que tu vois, je te le donnerai à toi et ta postérité pour toujours », et 17 / 7-8 : « J’établirai mon alliance entre moi et toi, et tes descendances après toi, selon leurs générations ; ce sera une alliance perpétuelle. » Le mot « promesse » est exprimé au singulier, ce qui permet au Saint-Esprit de faire comprendre qu’elle n’appartenait pas à toute la descendance d’Abraham. Par exemple, les enfants nés d’Agar (Genèse : 25 / 12-18) ou de Ketura (Genèse : 25 / 1-6) en sont exclus. Ils n’ont rien de commun dans l’histoire du règne de Dieu, puisque la seule descendance élue est celle d’Isaac et de Jacob dont devait sortir le Christ (Matthieu : 1 / 1-2 ; Luc : 1 / 54-55).

L’Église, corps de Christ et postérité d’Abraham :

L’emploi du singulier n’est donc pas un accident, mais il est intentionnel puisque la postérité en vue était Christ, le Messie, le Sauveur, le rejeton principal d’Abraham ! La preuve que Christ, le Messie, est le vrai Israël, ressort avec évidences dans ces passages : « Il m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël en qui je me glorifierai » (Esaïe : 49 / 3) ; « Quand Israël était jeune, je l’aimais, et j’appelai mon fils hors d’Egypte » (Osée : 11 / 1).

Pour être exact, il faut également souligner que dans la lignée de Jacob, tous ceux qui sont de la postérité d’Abraham, ne sont pas tous ses enfants (Romains : 9 / 6-8), mais la seule vraie postérité, c’est Christ. Il s’agit là du Christ mystique, c’est-à-dire de Jésus-Christ et de ses rachetés, l’Église qui est son corps. Il ne faut, en effet, pas restreindre la personne de Jésus au Christ historique. Le contexte étend largement sa signification au Christ idéal, mystique qui permet de comprendre que la bénédiction passe par le Fils de Dieu à ses rachetés, ou mieux encore, que les enfants de Dieu en bénéficient « en Christ ». D’ailleurs, toutes les promesses faites au peuple de Dieu reposent sur Christ en qui elles s’accomplissent : « Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui a été prêché par nous au milieu de vous (…), car en ce qui concerne toutes les promesses de Dieu, c’est en lui qu’est le oui ; c’est pourquoi l’Amen par lui est prononcé par nous à la gloire de Dieu. Et celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu, lequel nous a aussi marqués d’un sceau et a mis en nos cœurs les arrhes de l’Esprit » (2 Corinthiens : 1 / 19-22).

Notre héritage selon sa promesse :

Dans les versets : 17-18, les termes « héritage », « promesses », et même « bénédiction » (v : 14) sont synonymes, interchangeables ! La promesse divine avait une valeur, la fermeté d’un testament, d’une alliance. La bénédiction nous vient de Christ, comme l’héritage parvient à l’héritier. Le verset : 17 montre bien que la promesse n’est pas abolie par la loi venue quatre cent trente ans plus tard. Il faut donc entendre par là que cette promesse générale inclut toutes les autres, mêmes particulières, et la loi ne saurait l’abroger.

« Car si l’héritage venait de la loi, il ne viendrait plus de la promesse » (v : 18). Il y a donc, à l’évidence, incompatibilité entre la promesse et la loi. Personne ne pourra jamais les associer, et l’apôtre ne transige jamais sur ce point. Il y revient d’ailleurs dans des termes formels : le salaire est dû, mais la grâce est une faveur (Romains : 4 / 4-5). On ne peut donc être à la fois héritier par la loi, puisqu’elle nous ramène à nos seuls mérites qui, nous le savons, sont vains, et par la promesse qui est l’apanage des fils.

« C’est par la promesse que Dieu a accordé sa grâce à Abraham. »

Par sa promesse seule, Dieu a témoigné sa bienveillance au patriarche, puisque la loi n’existait pas encore.

 
Le vrai rôle de la loi

Dans le contexte des Galates, les Juifs et les judaïsants devaient nécessairement adresser à Paul une telle injonction : il se fait donc un devoir de prévenir l’attaque et d’y répondre

Galates : 3 / 19

 
« Pourquoi donc la loi ? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la postérité à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par des anges, au moyen d’un médiateur. »

Pourquoi donc la loi ?

Cette question était centrale pour tous ceux qui étaient aux prises avec les différents partis.

Cette interrogation pose le problème de la nature de la loi, de son but et de son rôle. L’apôtre rempli de la vision céleste, y répond par des formules magnifiques, de forte intensité, d’une logique solidement construite, et qui réclame une véritable attention, mais l’effort qu’elle suscite est vite récompensé.

Reprenons l’objection : si le salut est par grâce, fondé uniquement sur la promesse de Dieu et reçu par la foi, sans les œuvres de la loi, pourquoi donc cette loi sainte, donnée avec tant d’éclat et qui prend une telle place dans la vie d’Israël ? La réponse est donnée, aussi spontanée qu’évidente : « Elle a été donnée ensuite, à cause des transgressions. »

La loi a mis en évidence le péché :

La loi est donc la conséquence du fait qu’il y avait toujours des transgressions, qu’elles augmentaient et que tous les commettaient. La loi est venue pour donner au pécheur la conscience humiliante de son péché et pour le pousser à soupirer après la rédemption, l’amenant ainsi à la promesse. Le péché existait bien quand la loi fut donnée, mais il n’était pas encore mis en évidence, il était simplement inscrit dans la conscience des hommes. Il n’était pas imputé, surtout pas mis en compte !

« Or, jusqu'à la promulgation de la loi, le péché était dans le monde, mais le péché n’est pas mis en compte quand il n’y a pas de loi » (Romains : 5 / 13).

« Or la loi produit la colère et là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression » (Romains : 4 / 15).

C’est donc pour mettre le péché en évidence que la loi est intervenue, comme une flèche destinée à atteindre la conscience du pécheur et pour que la sentence de condamnation et de mort soit rendue sensible au cœur léger et insouciant.

La sainteté de Dieu :

La loi mettait au premier plan cette notion de la sainteté de Dieu et de la démarche de purification nécessaire, indispensable même pour s’approcher de Dieu. La purification ne pouvait avoir lieu qu’au travers du ministère sacerdotal, même si elle restait bien en-deçà des exigences divines puisque mettant en évidence la faiblesse même du souverain sacrificateur, homme parmi les hommes même s’il était l’objet d’un choix divin. C’est dons la promesse qui devait prendre le relais parce que procédant d’une justice plus grande et plus parfaite.

Tous les textes correspondants de l’épître aux Romains ne laissent aucun doute à cet égard.

« Car nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché » (Romains : 3 / 20).

« Or, la loi est intervenue pour que la faute soit amplifiée ; mais là où le péché s’est amplifié, la grâce a surabondé » (Romains : 5 / 20).

En conclusion, la loi visait à produire en chacun l’expérience que Paul décrit dans Romains : 7 / 14-25 et 8 / 14, c’est-à-dire la prise de conscience que l’homme naturel ne saurait en aucune manière accomplir la volonté de Dieu.

Seule la justice acquise par Christ à la croix pour ceux qui croiraient en lui est véritablement efficace.

Il est « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », accomplissement divin de la promesse donnée dès la chute de celui qui écraserait la tête du serpent.

La loi était le pédagogue destinée à faire prendre conscience de cette nécessité divine.

 
Le rôle de l’apparition du Christ

« Jusqu’à ce que vienne la descendance à qui la promesse avait été faite »

Galates : 3 / 19

 
« Pourquoi donc la loi ? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la postérité à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par des anges, au moyen d’un médiateur. »

La descendance promise, nous le savons, c’est Jésus-Christ lui-même, postérité principale à laquelle se réfère la promesse.

Alors, le régime de la loi devait être remplacé définitivement par celui de la foi.

Il convient de noter aussi une autre infériorité de la loi : « Elle fut promulguée par des anges . »

Dans Exode : 20, il n’est pas fait mention d’anges dans cette promulgation, mais l’apôtre met en arrière-plan les circonstances dans lesquelles cette loi a été donnée « par des anges. » Elle est, par conséquent, inférieure à la promesse qui a été faite directement par Dieu.

Le médiateur de la loi était Moïse, selon Lévitique : 26 / 46 : « Telles sont les prescriptions, les ordonnances et les lois que l’Eternel établit entre lui et les Israélites sur le mont Sinaï, par l’intermédiaire de Moise. »

Le peuple lui-même demanda la médiation avec instance quand il fut confronté à la gloire de l’Eternel parce qu’il ne pouvait supporter ni la présence ni la parole directe de Dieu (Exode : 20 / 18-19 ; Deutéronome : 5 / 5).

«  Or, un médiateur suppose toujours deux parties, tandis qu’ici, Dieu est seul » (verset : 20) :

« Or, le médiateur n’est pas médiateur d’un seul, tandis que Dieu est un seul » (v : 20)

La question se pose de savoir ce qu’est un médiateur dans ce contexte : c’est quelqu’un qui sert d’intermédiaire entre deux parties contractantes, chacune d’elles s’engageant à observer loyalement les clauses d’un contrat.

Le texte d’Exode : 19 / 5-8 nous montre ainsi Israël prenant, par l’intermédiaire de Moïse, l’engagement présomptueux d’obéir à Dieu dans tout ce qu’il commanderait. Cet engagement scellait donc l’alliance légale dans laquelle la loi était la règle.

Hélas, l’histoire du peuple dans le désert et dans le pays promis est une longue démonstration de l’incapacité humaine à respecter cette loi et une violation permanente de l’alliance contractée par Dieu avec son peuple.

« Souviens-toi, n’oublie pas de quelle manière tu as excité la colère de l’Eternel ton Dieu dans le désert, depuis le jour où tu es sorti du pays d’Egypte jusqu’à votre arrivée dans ce lieu, vous avez été rebelles contre l’Eternel » (Deutéronome : 9 / 7).

Mais quand une seule personne s’engage, ainsi que le montre Galates : 3 / 20, alors, face à Dieu, aucun médiateur n’intervient. Le Seigneur est le seul à s’engager dans la promesse, en sorte que notre  irrémédiable faiblesse ne trouve pas à s’y manifester. Seule  la perfection divine, son infaillibilité et sa sainteté sont en jeu. Il est la vérité et sa Parole ne peut-être mise en doute.

Et non seulement Dieu est seul à s’engager dans cette promesse, mais il le fait librement, sans médiation, sans condition, sans aucun contrat ni obligation en retour. C’est son amour qui l’engage dans ce don parfait. La promesse reçoit de ce fait un caractère permanent et universel. Elle est immuable et unique comme son auteur.

Pour Paul, cette notion du seul engagement divin est bien la marque indiscutable de la supériorité de la promesse sur la loi.

La loi conduisant à Christ

Galates : 3 / 21-24

 
« La loi est-elle donc contre les promesses de Dieu ? Loin de là ! S’il eût été donné une loi qui pût procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. Mais l’Écriture a tout renfermé sous le péché, afin que ce qui avait été promis fût donné par la foi en Jésus-Christ à ceux qui croient. Avant que la foi vînt, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être révélée. Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. »

Dans ce passage, l’apôtre révèle encore une objection possible, comme s’il voulait lui-même être le magistrat mettant en accusation une proposition inepte.

N’y a-t-il pas en effet une opposition, une contradiction entre la loi et la promesse, issues toutes deux des Saintes Écritures ?

Non certes, car s’il avait été donné une loi qui puisse produire la vie, alors la justice viendrait réellement d’elle. La réponse est sans ambiguïté puisque la loi, loin de procurer la vie, n’engendre que la condamnation et la mort.

« Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Loin de là ! Mais je n’ai connu le péché que par la loi. Car je n’aurais pas connu la convoitise si la loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas. Et le péché, saisissant l’occasion, produit en moi par le commandement toutes sortes de convoitises ; car sans loi, le péché est mort. Pour moi, étant autrefois sans loi, je vivais ; mais quand le commandement vint, le péché reprit vie, et moi je mourus » (Romains : 7 / 7-9).

Le commandement est donc placé entre ces deux ministères de la mort et de la vie (2 Corinthiens : 3 / 7-11).


 
 
 



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