Épître aux Galates
Par Mr le Pasteur Michel Pelletier
(Avec l'aimable autorisation de l'auteur et tirée du journal "Pentecôte" Assemblée de Dieu de france)


Anticipant la suggestion qui arguerait que la vigueur de son langage serait due à un conflit antérieur, il les assure qu’ils ne lui ont fait aucune peine, s’étant toujours comportés avec lui avec une extrême délicatesse : « Vous le savez, ce fut à cause d’une maladie (ou d’une infirmité de la chair), que je vous ai, pour la première fois, annoncé l’Évangile. »

Par ces paroles, et par d’autres semblables (1 Corinthiens : 2 / 3), on voit que Paul devait souffrir de quelque infirmité corporelle qui le rendait désagréable à regarder.

Verset : 14 :

« Et mis à l’épreuve par ma chair, vous n’avez témoigné ni mépris ni dégoût ; vous m’avez, au contraire, reçu comme un ange de Dieu, comme Jésus-Christ.»

On ne sait pas exactement en quoi consistait cette infirmité, mais les Galates le savaient de toute évidence ; il faut sans doute se rapprocher de cette mystérieuse écharde qu’il dit avoir dans la chair (2 Corinthiens : 12 / 7-9). Cette épreuve peut-être celle de l’ophtalmie, qui est une affection inflammatoire des yeux, si répandue en Orient et qui expliquerait les termes du verset : 15 : « Vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner », ainsi que celle de : 6 / 11 : « Voyez avec quels gros caractères je vous écris de ma propre main. »

« Reçu comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus » : malgré son infirmité, les Galates avaient reçu l’apôtre comme l’envoyé de Dieu. C’est la signification du terme « ange », messager de Jésus-Christ (Malachie : 2 / 7 ; 1 Thessaloniciens : 2 / 13). C’était, à la lettre, la réalisation de Matthieu : 10 / 40 : « Celui qui vous reçoit me reçoit et reçoit celui qui m’a envoyé. » (Voir aussi Luc : 10 / 16 ; Jean : 13 / 20).

Les envoyés de Dieu devraient être attentifs au caractère solennel de leur ministère en se souvenant humblement que : « Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous » (2 Corinthiens : 5 / 20 et que : « Celui donc qui rejette ces préceptes ne rejette pas un homme, mais Dieu qui vous a aussi donné son Esprit » (1 Thessaloniciens : 4 / 8).

Amour et vérité

Galates : 4 / 15-16

 
« Où donc est l’expression de votre bonheur ? Car je vous atteste que, si cela eût été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? »

Verset : 15 :

« Où donc est l’expression de votre bonheur ? Car je vous atteste que, si cela eût été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. »

De quelle source en effet pourrait venir le bonheur ? Serait-ce de la servitude de la loi ou au contraire de l’assurance de leur salut par grâce ? (Romains : 4 / 6-9).

« Car je vous atteste que si cela vous avait été possible, vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner. »

L’attachement des Galates était tel qu’ils lui auraient témoigné leur gratitude par les plus douloureux sacrifices. Où était donc leur premier amour ? Après s’être arrêté un instant devant la douceur de tels souvenirs, Paul revient maintenant à la réalité présente.

Verset : 16 :

« Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? »

Cet apôtre qu’ils avaient donc respecté jusqu’alors serait-il, parce qu’il leur parlait selon la vérité, passé dans le camp de ceux qui voulaient leur perte ?

Malheureusement, il arrive parfois que les hommes, à cause de divergences d’opinions, en viennent à considérer comme leurs ennemis ceux qui sont en réalité leurs meilleurs amis ! Et quelquefois, les serviteurs de Dieu, en s’acquittant fidèlement de leur devoir, se suscitent aussi des ennemis. Le Seigneur, en premier lieu, l’a cruellement appris : « Mais maintenant, vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu » (Jean : 8 / 40).

C’est en réaction à son message remettant en question leurs pratiques, que les religieux du temps de Jésus ont été insensibles à la voix de Dieu et ont monté la populace contre celui qui était là comme un berger pour des brebis laissées à l’abandon.

Ce fut aussi le cas d’Elie (1 Rois :18 / 16-18 ; 21 / 17-20) et d’Amos : « Ils haïssent celui qui les reprend à la porte et ils ont en horreur celui qui parle sincèrement » (Amos : 5 / 10).

« Tu m’as séduit, Eternel, et je me suis laissé séduire ; tu m’as saisi et tu m’as vaincu, et je suis chaque jour en dérision. Tout le monde se moque de moi » (Jérémie : 20 / 7).

Paul a fait lui aussi cette malheureuse expérience avec les Galates, mais pour lui, comme pour Jean, le véritable amour est inséparable de la vérité.

« L’ancien à Kyria, l’élue et à ses enfants que j’aime dans la vérité… La grâce, la miséricorde et la paix seront avec nous de la part de Dieu le Père et de la part de Jésus-Christ, le Fils du Père, dans la vérité et l’amour » (2 Jean : 1 et 3).

« L’ancien à Gaïus, le bien-aimé que j’aime dans la vérité » (3 Jean : 1).

« Mais en disant la vérité  avec amour, nous croîtrons à tous égards en celui qui est le chef, Christ » (Ephésiens : 4 / 15).

« Mieux vaut une réprimande ouverte que l’amour tenu caché. Les blessures d’un ami sont dignes de confiance, les baisers d’un ennemi sont trompeurs » (Proverbes : 27 / 5-6).

Parce que les gens sont changeants et arrivent parfois à mépriser ceux qui autrefois avaient leur estime, il faut tout faire pour être approuvé de Dieu, car en définitive, le jugement des hommes est bien peu de chose :

« Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain » (1 Corinthiens : 4 / 3-4).

« Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ » (Galates : 1 / 10).

 
Opposition au zèle des judaïsants

Galates : 4 / 17

 
« Le zèle qu’ils ont pour vous n’est pas pur, mais ils veulent vous détacher de nous, afin que vous soyez zélés pour eux.»

Verset : 17 :

« Le zèle qu’ils ont pour vous n’est pas pur… »

Dans ce verset, comme pour un retour à la source du problème, l’apôtre fait référence aux docteurs de la loi judaïsants, qui cherchaient à détourner du pur Évangile les Galates (1 / 7). Leur démarche ne paraît pas de bon aloi puisque c’est un zèle partisan, reposant sur une connaissance toute intellectuelle, qui la motive : « Car je leur rends ce témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans connaissance » (Romains : 10 / 2).

Ce zèle « religieux » n’est donc pas inspiré par l’amour et le bien-être spirituel de ceux qui en sont l’objet. Il a pour but d’amener les nouveaux convertis à porter le même joug qu’eux. Remarquons ici la différence entre faire du prosélytisme et évangéliser, entre déployer du zèle pour un credo et témoigner pour sauver une personne !

Les judaïsants faisaient une sorte de « cour » aux Galates pour les attacher à leur parti et ainsi infléchir la marche d’un Évangile de liberté dans lequel ils ne trouvaient pas leurs repères traditionnels.

Paul, quant à lui, s’était attaché à les gagner à Christ : « Ministre du Christ Jésus pour les païens, je m’acquitte du service sacré de l’Évangile de Dieu afin que les païens lui soient une offrande agréable, sanctifiée par l’Esprit-Saint » (Romains : 15 / 16).

Le Seigneur lui-même censure les activités de mauvais aloi de ces hommes légalistes : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous » (Matthieu : 23 / 15).

Verset : 17 :

« … ils veulent vous détacher de nous, afin que vous soyez zélés pour eux »

La souffrance de Paul est réelle quand il évoque ces relations, car il entretient avec tous ses néophytes l’attachement d’un père ou d’une mère avec ses enfants : « Mais nous avons été pleins de douceur au milieu de vous. De même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l’Évangile de Dieu, mais encore notre propre vie, tant vous nous étiez devenus chers… Vous savez aussi que nous avons été pour chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants » (1 Thessaloniciens : 2 / 7-8, 11).

L’opposition de Paul aux judaïsants n’était donc pas une indigne jalousie contre d’autres serviteurs de Christ, même s’ils avaient pu détourner l’affection des Galates de ceux qui les avaient amenés à Christ. L’esprit de l’apôtre était heureusement au-dessus d’une telle mesquinerie et libre de tout préjugé : « Qu’est-ce donc qu’Appolos ? Et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun » (1 Corinthiens : 3 / 5).

« Quelques-uns, il est vrai, prêchent Christ par envie et par esprit de dispute ; mais d’autres le prêchent avec des dispositions bienveillantes. Ceux-ci agissent par amour, sachant que je suis établi pour la défense de l’Évangile, tandis que ceux-là, animés d’un esprit de dispute, annoncent Christ avec des intentions qui ne sont pas pures et avec la pensée de me susciter quelque affliction dans mes liens. Qu’importe ! De toute manière, que ce soit pour l’apparence, que ce soit sincèrement, Christ n’est pas moins annoncé : je m’en réjouis, et je m’en réjouirai encore » (Philippiens : 1 / 15-18).

Paul encourage ainsi tout ministère sincère du véritable Évangile, mais il est vigilant et inflexible contre ceux qui veulent en corrompre le message originel.

 
Le vrai zèle

Galates : 4 / 18

 
« Il est beau d’avoir du zèle pour ce qui est bien et en tout temps, et non pas seulement quand je suis présent parmi vous.»

Verset : 18 :

« Il est beau d’avoir du zèle pour ce qui est bien… »

Après avoir dénoncé le faux zèle des judaïsants, qu’il connaît bien puisqu’il est issu du parti des pharisiens, Paul veut redéfinir le bon zèle : « J’étais plus avancé dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge et de ma nation, étant animé d’un zèle excessif pour les traditions de mes pères » (Galates : 1 / 14).

Le zèle exemplaire, pour l’apôtre, se caractérise par une grande activité inspirée par la foi. C’est le dévouement, l’affection, comme ceux de Jésus, ainsi qu’il en parle à ses jeunes collègues : « Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres » (Tite : 2 / 14).

Ce zèle pour Dieu, vu d’en haut, peut engendrer une bénédiction particulière comme ce fut le cas pour Phinées, lors de l’affaire des filles de Moab (Nombres : 25 / 7-13). Cet homme de Dieu, animé de zèle pour combattre le péché qui contaminait le peuple, s’est levé et a agi avec ce que certains pourraient appeler du fanatisme. Mais c’est son geste qui a arrêté la plaie qui commençait à frapper le peuple.

Au verset : 11, Dieu nous dit : « Il a été animé de mon zèle au milieu d’eux », et au verset : 13 : « Il a été zélé pour son Dieu. » Quel témoignage extraordinaire pour cet homme que d’aucuns auraient pu accuser d’être un meurtrier… Mais quelle bénédiction pour lui que de savoir que Dieu traitait avec lui une alliance de paix. En fait, il a réagi comme Dieu lui-même le faisait en envoyant cette plaie mortelle ; mais le fait que la réaction vienne d’un homme a calmé la colère divine.

Balaam, lui, a eu le tort de faire aller les filles de Moab vers Israël pour le corrompre (Nombres : 31 / 16), tant par l’idolâtrie que par l’impudicité. Cela a eu pour effet de mettre le peuple sous l’interdit et d’éloigner de lui la bénédiction.

Béni soit Dieu pour le zèle de Phinées qui est intervenu pour faire cesser cet état de fait !

« Ils s’attachèrent à Baal-Peor, et mangèrent des victimes sacrifiées aux morts, ils irritèrent l’Eternel par leurs actions, et une plaie fit irruption parmi eux. Phinées se leva pour intervenir et la plaie s’arrêta ; cela lui fut imputé à justice, de génération en génération pour toujours » (Psaume : 106 / 28-31).

Verset : 18 :

« …en tout temps, et non pas seulement quand je suis présent parmi vous.»

Comme l’Église serait bénie, prospère et heureuse si les chrétiens observaient cette règle de garder le zèle pour la maison de Dieu, tel que celui qui animait Jésus : « Le zèle de ta maison me dévore ! » (Jean : 2 / 17).

Ce zèle ne s’en est pas tenu à des paroles religieuses, il s’est mis en action en nettoyant le temple des impuretés qui s’y trouvaient. Et Jésus n’a pas hésité à bousculer les traditions, ni même les personnes, renversant les tables des changeurs de monnaies, chassant les animaux et ceux qui trafiquaient, ceux qui « avaient changé la maison de prière en caverne de voleurs ».

Dieu recherche de tels hommes, capables de défendre son honneur devant tous, et d’aller à contresens de la pensée communément admise, et cela même dans l’Église.

A ceux qui prennent de telles positions, qui sont capables de confesser son nom devant les hommes , Jésus promet qu’il confessera leur nom devant son Père.

 
Mes enfants !

Galates : 4 / 19

 
« Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous… »

Cette affectueuse expression est souvent employée lorsque des circonstances douloureuses taraudent l’affection.

Parlant une dernière fois avec ses disciples avant de mourir, Jésus le fait avec la même tendresse : « Mes petits enfants » (Jean : 13 / 33).

Le disciple Jean, très âgé et envahi par l’émotion, fait de même à la pensée des dangers qui menacent la foi de ses frères : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez point(…). Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons de l’assurance et qu’à son avènement nous ne soyons pas confus » (1 Jean : 2 : 1, 12, 28). « Petits enfants, n’aimons pas en parole et avec la langue, mais en actions et avec vérité » (1 Jean : 3 / 18 ; aussi 1 Jean : 4 / 4 ; 5 / 21).

Paul est profondément ému par les attaques sans scrupule dont ses enfants spirituels sont les objets. Il parle d’eux avec la tendre sollicitude d’un parent : « Il est juste que je pense ainsi de vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur, soit dans mes liens, soit dans la défense et la confirmation de l’Évangile, vous tous qui participez à la même grâce que moi. Car Dieu m’est témoin que je vous chéris tous de la tendresse de Christ » (Philippiens : 1 / 7-8 ; voir aussi 1 Corinthiens : 4 / 14-15 ; 2 Timothée : 1 / 2).

Avec un tel amour des âmes, on comprend tous les prodiges de l’Évangile aux temps apostoliques !

Si parfois, nous nous demandons pourquoi la prédication de l’Évangile ne produit pas aujourd’hui les mêmes effets, peut-être serait-il utile que nous nous posions la question de savoir si nous manifestons ce même amour.

Les « recettes » de Dieu ne changent pas parce qu’il sait parfaitement de quoi l’homme est fait et il sait que le besoin le plus important dans la vie de tout homme est l’amour.

Lorsqu’il nous demande de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés, n’est-ce pas pour que le monde reconnaisse que nous sommes vraiment ses disciples ? (Jean : 13 / 35).

Ce qui devrait être le vrai thème de l’Église partout où elle est affermie, c’est l’amour fraternel ; c’est la pierre de touche de tout véritable enfant de Dieu. Lorsque l’amour de Dieu est ainsi inscrit dans nos cœurs, il prend tellement le pas sur toutes nos petites dissensions que tout s’efface pour permettre à l’Esprit de Dieu d’agir dans notre témoignage et au sein de l’Église, convainquant le pécheur et l’attirant inexorablement vers le lieu où l’amour de Dieu a été manifesté à sa plus grande échelle : la croix.

 
Christ formé en vous

Galates : 4 / 19-20

 
« Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous, je voudrais être maintenant auprès de vous, et changer de langage, car je suis dans l’inquiétude à votre sujet.»

Verset : 19 :

« Mes enfants, pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous… »

Authentique cri de tendresse et de profonde douleur qui s’échappe sous la plume de l’apôtre. La première fois, celui-ci les avait enfantés par la puissance de l’Évangile… Ce travail devrait-il être recommencé dans la douleur ?

« Christ formé en vous » est le grand but, non uniquement du salut, mais aussi de la régénération. Nous devons tendre à être conformes à l’image du Fils de Dieu : «  Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être conforme à l’image de son Fils » (Romains : 8 / 29).

Il nous est également demandé de grandir jusqu‘à la stature parfaite de Christ : « Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Ephésiens : 4 / 13).

Dans quelle mesure ressemblons-nous à Christ ?

Lui ressembler : on s’arrête devant cette pensée, inquiet, humilié, confus !

Cette réflexion ne se limite pas au domaine moral, mais lorsque le moment sera venu de la résurrection, elle s’étendra au domaine physique. Notre corps d’humiliation sera rendu conforme au corps de sa gloire ! « Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ qui transformera le corps de notre humiliation en le rendant conforme au corps de sa gloire, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses » (Philippiens : 3 / 20-21).

« Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère parmi les païens, savoir : Christ en nous, l’espérance de la gloire » (Colossiens : 1 / 27).

La métamorphose que nous connaîtrons peut-être comparée à l’expérience de la « transfiguration » (Matthieu : 17 / 2).

Verset : 20 :

« …je voudrais être maintenant auprès de vous, et changer de langage… »

Encore un vœu du cœur de Paul, tendrement exprimé ; il dévoile la force de son amour des âmes. Alors qu’ils passent par ce passage critique de leur vécu spirituel, il émet le souhait d’être auprès d’eux afin qu’au travers de leur conversation, son ton puisse passer de la sévérité à la douceur selon les dispositions qu’il observerait en eux : « Que voulez-vous ? Que j’aille chez vous avec un bâton, ou avec amour et dans un esprit de douceur ? » (1 Corinthiens : 4 / 21).

Verset : 20 :

« …car je suis dans l’inquiétude à votre sujet.»

Cela nous rappelle le verset : 11 : « Je crains d’avoir inutilement travaillé pour vous. »

De loin, Paul ne sait que penser. Il est rempli de crainte et c’est la raison de son écrit. Il serait tellement heureux d’apprendre que les choses vont mieux que ce qu’il pense et de pouvoir louer les Galates au lieu de les reprendre.

Sa perplexité a quelque chose d’analogue avec celle qu’il éprouvait pour les Corinthiens (2 Corinthiens : 1 / 23-24 ; 2 / 1-4).

L’apôtre voudrait pouvoir écrire aux Galates la même chose qu’à l’Église précédemment citée :

« Je me réjouis de pouvoir en toutes choses me confier en vous » (2 Corinthiens : 7 / 16).

 
Agar et Sara

Galates : 4 / 21-23

 
« Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’entendez-vous point la loi ? Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre. Mais celui de l’esclave naquit selon la chair et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse.»

Nous avons ici un nouvel argument en faveur de la liberté. Agar et Sara sont les symboles de deux alliances.

L’arrêt de Paul, dû à l’émotion, n’est pas de longue durée. Ce nouvel exemple scripturaire se présente et la typologie de ces femmes citées dans la Genèse, dont sont sortis deux peuples différents, évoque les deux alliances, ou les deux testaments.

L’interpellation du verset : 21 prend la suite de la supplication du verset : 12, interrompue par l’aparté de Paul concernant les relations particulières avec les Galates, et l’argumentation reprend, serrée, mais sereine.

Verset : 21 :

« Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’entendez-vous point la loi ? »

Ici, la loi est prise au sens le plus général du terme, non pas du point de vue de la violation d’un texte juridique, mais dans le sens de l’Écriture sacrée.

Les judaïsants se vantaient d’être les descendants d’Abraham, à l’exemple des pharisiens (Matthieu : 3 / 7-12 ; Jean : 8 / 30-59). Paul, qui est aussi un descendant d’Abraham, va leur montrer la supériorité de la promesse sur la loi, et la supériorité de la foi sur la descendance naturelle.

Verset : 22 :

« Car il est écrit qu’Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre. » (voir aussi Genèse : 16 / 15 ; 21 / 1-3)

Dans la comparaison de Paul, les deux femmes ne sont pas nommées par leur nom mais par leur condition sociale, elles sont le symbole des deux alliances. L’apôtre marque bien ici que ce qui importe, ce n’est pas tant la famille dans laquelle les deux enfants sont accueillis, mais la manière dont ils entrent dans la vie en tant que types d’un peuple soumis à la loi d’une part, et d’un peuple libre d’autre part.

Verset : 23 :

« Mais celui de l’esclave naquit selon la chair et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse. »

C’est-à-dire qu’il est venu au monde dans les conditions ordinaires, accomplissement d’une promesse particulière (voir Genèse : 17 / 15-19 ; 18 / 9-15), ce qui suppose l’intervention divine nécessitée par l’état physique des parents d’Isaac, « usés de corps ».

Ce fils est donc né par un acte de la puissance de Dieu qui accomplit sa promesse, alors que les parents n’avaient plus d’espoir de la voir se réaliser du point de vue humain et naturel. Une opposition majeure est mise en évidence par l’apôtre qui éclaire l’histoire sainte de la lumière du Saint-Esprit.

Agar, femme esclave, donne naissance à Ismaël, fils selon la chair. Abraham est alors âgé de 86 ans (Genèse : 16 / 15-16).

Sara, femme libre, donne naissance à Isaac, fils selon la promesse. Abraham est âgée de 100 ans (Genèse : 21 / 1-5).

« Pourquoi donc la loi ? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la postérité à qui la promesse avait été faite ; elle a été promulguée par des anges, au moyen d’un médiateur (…). Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse » (Galates : 3 / 19 et 29).

 
La valeur des allégories

Galates : 4 / 24-25

 
« Ces choses sont allégoriques ; car ces femmes sont deux alliances. L’une du mont Sina, enfantant pour la servitude, c’est Agar - car Agar c’est le mont Sina en Arabie, - et  elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est dans la servitude avec ses enfants.»  (Sina : Sinaï)

Verset : 24 :

« Ces choses sont allégoriques »

L’apôtre fait ainsi ressortir qu’un sens profond est ainsi enfermé dans les faits historiques. Autrement dit, cette histoire en apparence anecdotique du patriarche a une valeur symbolique qui nous concerne tous ; elle a une portée universelle. Elle prend donc une valeur d’enseignement comme celui de 1 Corinthiens : 10 / 2-4 : « Ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer, ils ont tous mangé le même aliment spirituel, et ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ. »

Les termes « aliments », « breuvage » ou « rocher » sont qualifiés de spirituels parce que typiques de vérités spirituelles.

Le rocher était Christ. Il prend là une figure dans laquelle le symbole est personnalisé et acquiert une dimension tout autre que ce que le lecteur néophyte, s’arrêtant au seul terme brut du rocher, pourrait croire.

Christ est aussi qualifié de nourriture ou de breuvage et il se présente lui-même ainsi après la multiplication des pains (Jean : 6 / 41, 58).

La persistance de Paul sur ce thème résulte du fait qu’il a reçu de Dieu ces révélations (Galates : 1 / 11-12). Et cette allégorie ne fait qu’éclairer, confirmer et rendre plus intelligible encore une thèse déjà bien étayée. C’est une démonstration supplémentaire que nous ne sommes pas sauvés par les œuvres mais par la foi.

Verset : 25 :

« car Agar c’est le mont Sina en Arabie »

Agar est le type de l’alliance légale : « Ces femmes sont deux alliances, l’une du mont Sinaï, enfantant pour la servitude, c’est Agar… »

L’histoire de ces deux femmes a donc un sens allégorique par lequel l’Esprit de Dieu souligne qu’elles sont les images de deux dispensations différentes. L’esclave Agar ne peut enfanter que des esclaves comme la loi du Sinaï. Agar, en effet, a enfanté à Abraham un fils qui, bien qu’étant issu du patriarche, n’était pas son héritier légitime, mais son esclave.


 
 
 



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