Nous avons pu saisir clairement, par ces quatre exemples, toute la subtilité, toute la hardiesse du Tentateur dans les déguisements qu'il emprunte pour se dissimuler. Il se sert de la tendresse d'une mère, de l'affection d'un ami, de l'enthousiaste admiration d'une foule en délire, de la soif de vérité de chercheurs sincères. Qu'il est difficile de rester maître de son coeur dans de tels moments !
Notre Seigneur, Lui, décela la présence du Tentateur dans chaque cas. Malgré sa tendresse pour sa mère, son amour pour le disciple qui lui était cher, sa compassion envers les multitudes, son empressement à répondre à tous les coeurs assoiffés de lumière, Il sut pourtant suivre, sans dévier, l'étroit sentier où Le conduisait le Père.
Déguisé en « Ange de Lumière »
Le Tentateur a en réserve une autre manière de dissimuler sa présence. Elle est si invraisemblablement osée que le seul fait de la divulguer semble presque un blasphème. Il se cache derrière Dieu l C'est-à-dire qu'il cherche à se faire passer pour le messager de Dieu. Paul exprime la même pensée en disant « qu'il se déguise en ange de lumière ». La hardiesse et la ruse de cet acte montrent l'acharnement désespéré du Tentateur. Elles révèlent aussi la réalité et la fureur du combat qui se livre. C'est une vraie lutte ! Ça n'en est pas une contrefaçon !
Le Tentateur s'approchera de nous, comme s'il venait de la part de Dieu ou se fera passer pour Dieu Lui-même. Il citera, par exemple, quelque texte tiré de la Parole de Dieu, cherchant à nous faire croire que c'est Dieu qui parle. Il est vrai qu'il s'efforcera de nous en voiler le sens, ou qu'il se gardera de donner ce texte dans son contexte, afin qu'on puisse se méprendre sur sa réelle et véritable signification. Mais il faut ajouter que ceux qui acceptent ainsi une fausse interprétation de la Parole de Dieu, sont ceux qui, pour la plupart, ne croient pas à la personnalité de Satan.
Une autre des méthodes sataniques est de revêtir ses suggestions de phraséologie religieuse. Dans sa présentation des choses, il pratique un tel mélange de ce qui est vrai et bien avec ce qui est mauvais et mensonger, qu'on ne sait plus où est l'exacte vérité et qu'on accepte globalement le tout. Il cherche à donner l'impression que c'est Dieu qui parle et, en conséquence, il nous convainc qu'en agissant selon son instigation, nous faisons ce que Dieu veut.
Ceci peut s'appeler vraiment une tentation religieuse. C'est sa manière favorite d'agir pour faire tomber les enfants de Dieu, ceux dont la sincérité et la sainteté l'offensent.
Il est intéressant de remarquer qu'il usa de ce stratagème pour Jésus. Au Désert, il prêcha Évangile de la confiance en Dieu. Il lui dit : " Jette-toi en bas. Aie confiance en ton Père ! Car il est écrit : Il ordonnera à Ses anges d'avoir soin de Toi, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre. " Peut-on concevoir prédication en apparence plus sincère ? Est-il possible de faire dévier un texte de sa réelle signification avec plus de savoir-faire ?
Et pourtant, il n'est point difficile de le démasquer. Ici encore, le Tentateur va trop loin. Sa méthode consiste, en réalité, à mettre à l'épreuve les promesses de la Parole, mais en leur donnant un sens exagéré. C'est là la pierre de touche qui nous aidera à discerner la tentation.
L'Écriture nous enseigne à nous confier en Dieu, à accepter, avec une joyeuse soumission, la volonté d'En-Haut en tout ce qui concerne notre vie. On a beaucoup prêché, en ces dernières années, sur cette vérité bénie. Mais le Tentateur est venu la déformer. Il en a perverti la signification. Il fait croire que tout ce qui arrive vient de Dieu, que telle est Sa volonté. Et dans cette pensée, nous sommes amenés à accepter souvent comme des dispensations de Dieu ce qui en fait vient de l'Ennemi. Le véritable esprit de soumission est un esprit de discernement. Il nous faut avoir la vision claire de ce que Dieu veut pour nous. Alors, et alors seulement, nous devons obéir.
C'est ainsi qu'on accepte bien des misères, bien des maladies, bien des dépressions mentales. Tandis qu'avec le discernement obtenu par la prière, l'origine de nombre de maux serait mieux définie. A la source, on découvrirait Satan. On résisterait au nom de Jésus et la délivrance surviendrait promptement. Si l'on comprenait avec plus d'intelligence et plus de fidélité l'injonction de notre Seigneur: " veillez et priez ", elle serait pour nous d'un grand secours. Elle nous délivrerait de bien des misères qui sont acceptées à faux comme venant de Dieu.
Bien faire est une chose et faire la volonté de Dieu en est une autre
Une seconde erreur du même genre et qui provient de la même source concerne le service chrétien. Très souvent, ce service a tout simplement pour mobile de faire ce qui est bien. Mais il ne s'agit pas de faire le bien ! C'est la volonté de Dieu que nous devons accomplir. Faire la volonté de Dieu, voilà ce qui est toujours bien. Mais faire quelque chose de bien n'est pas toujours faire ce que Dieu avait l'intention que nous fassions. Ce n'est pas nous qui devons prendre l'initiative et commencer par ce que nous jugeons une bonne action à faire. Il nous faut d'abord travailler à comprendre le plan du Seigneur et nous y adapter ensuite. Bien des déboires seraient évités, bien des forces mieux employées, si ce faux principe « bien faire » pouvait être détruit. On pourrait soutenir cette thèse que Jésus aurait pu faire du bien, s'Il s'était rendu aux instances des Grecs et s'Il les avait accompagnés jusque dans leur pays pour leur enseigner le vrai Dieu, guérir leurs malades ... Mais nous savons parfaitement que ce n'était pas la volonté de Dieu à son égard.
On raconte que Spurgeon fut, un jour, appelé à prêcher dans une certaine Église. Pour rendre l'invitation plus pressante, on fit valoir à ses yeux l'occasion qui lui serait donnée de parler à plusieurs milliers de personnes parmi lesquelles se trouveraient des personnages influents. En déclinant l'invitation, il répondit sagement qu'il ne recherchait nullement les grands auditoires, mais que la plus grande de ses ambitions était de faire la volonté de Dieu.
Dieu guide l'homme de prière et l'aide à discerner ce qu'Il veut de lui. Faire simplement le bien sans chercher à comprendre, à discerner si ce bien entre dans le plan que Dieu a formé pour nous, voilà la pierre d'achoppement que Satan a posée sur le chemin de bien des chrétiens. C'est là un de ses pièges favoris pour les faire trébucher. Nous devrions toujours avoir présents à la mémoire les vers suivants :
Que mon seul désir
Soit, non de te servir
Mais de faire ta volonté
Satan se déguise encore en " Ange de lumière " en ce qui regarde l'argent, ce thermomètre sensible déjà nommé ! On demandait aux Juifs de verser le dixième de ce qu'ils possédaient dans le trésor de Dieu. Et la dîme a été souvent acceptée par les chrétiens comme base de leurs dons. Beaucoup de ceux qui ont décidé de consacrer à Dieu cette proportion de leurs biens en ont sans doute reçu de grandes bénédictions. Par ce moyen, sans doute, l'oeuvre de Dieu a progressé. Si tous les membres de nos Églises pouvaient être amenés à faire de la dîme un devoir, l'oeuvre de Dieu connaîtrait un élan irrésistible. Ce serait une bénédiction pour Église.
Tout ceci est très vrai. Mais il y a un autre point de vue qui, lui aussi, est vrai et qui ouvre de nouveaux horizons. En donnant la dîme, nous croyons avoir satisfait à une obligation imposée par notre amour, qui se trouve ainsi enserré dans la prison d'un dixième. Pour les Juifs, cette dîme était quasiment un impôt. Le don n'était pas volontaire, il était obligatoire. Le chrétien, lui, n'est sous aucune loi de ce genre. Il est libre d'agir selon l'impulsion de son coeur. Mais aussi le chrétien possède bien plus de lumières et jouit de bien plus grands privilèges et de plus nombreuses bénédictions que le juif.
Soyons animés de la passion de Jésus
La dîme est une conception de l'Ancien Testament. Mais nous, nous vivons dans les torrents de lumière du Nouveau Testament. Et, d'après celui-ci, tout ce que nous faisons, y compris la gérance de nos biens, doit être influencé par un seul désir, un seul mobile : annoncer au monde la Bonne Nouvelle du Salut. Cette passion qui anima le coeur de notre Seigneur doit aussi guider toutes nos actions, si nous voulons vraiment Le suivre. A la lumière de cette vérité, retenons l'argent qu'il nous semble bon de garder pour nos besoins personnels, mais pour l'emploi de tout le reste, laissons-nous dominer par la passion qui fut celle de notre Maître !
Ce que je vais ajouter choquera peut-être : j'ai la conviction que le vœu de Satan d'accumuler des millions dans les ténèbres a été exaucé par ce genre de chrétiens qui croient avoir fait tout ce que le Seigneur exigeait d'eux, en donnant leur dîme. Je considère que c'est là une de ses ruses où, dans nos temps modernes, il montre le plus de perspicacité pour entraver l'extension de l'Évangile.
Ces quelques indications peuvent donner un aperçu du sens caché dans cette expression, " un ange de lumière ".
Que faire ?
Apprenons maintenant comment on démasque l'Ennemi rapidement et sans hésitation. Ce qui nous console, c'est de savoir que, malgré son habileté à se déguiser, il est facilement reconnaissable. Il n'est pas nécessaire de posséder une grande sagesse ni une grande intelligence. C'est une science qui s'acquiert aisément, en s'inspirant de la Parole pour guider notre jugement et en soumettant notre intelligence à l'action du Saint-Esprit.
Nous y parviendrons de deux manières dont l'une dépend de nous et dont l'autre a trait à Satan. La première consiste à éduquer nos yeux, nos oreilles et notre sensibilité. La deuxième consiste à nous familiariser avec les agissements de Satan.
D'abord, l'éducation de nos sens. Nous avons besoin d'acquérir une extrême sensibilité pour découvrir sa présence et déceler le moindre contact avec lui. Pour cela, gardons le bon sens et l'équilibre. Nous nous refuserons à quitter la " Rue de la Foi ", au sommet de la colline, pour descendre la pente de la " Rue des Excentricités " ou celle des " Hésitations ".
La grande chose est de discerner la voix du Maître de celle du Tentateur. Le Seigneur a dit : " Mes brebis entendent ma voix. " Ici "entendre " a le sens de reconnaître. Le contact entre les brebis et leur Maître est si parfait qu'elles ont appris à reconnaître sa voix et à dépister celle de celui qui veut les dérober. Nous aussi exerçons-nous à reconnaître la voix de notre Maître et à dépister celle qui l'imite pour nous tromper.
Flairer le Malin ? Mais comment ? Trois points sont essentiels. D'abord, faire acte de soumission à l'autorité du Maître. On arrive à ce résultat en prenant l'habitude de livrer sa vie entre Ses mains. Se soumettre, c'est mettre dehors les derniers restes déchiquetés du Malin. Alors seulement les yeux et les oreilles acquerront la sensibilité nécessaire pour reconnaître son approche. Tout ce qui, en nous, résiste encore et n'est pas à Lui, sera une entrave à une obéissance parfaite et notre entendement en sera comme embrumé.
Le second point est essentiel : mettre à part un moment, seul à seul avec le Maître, penché sur Sa Parole. Mais il faut qu'il soit quotidien et qu'il y soit fait une large place à la méditation de sa Parole. Il faut qu'il soit calme, que ni hâte, ni autres préoccupations ne viennent le troubler. Il faut que nous nous mettions à l'écart, que notre porte soit bien fermée, que les choses extérieures soient bannies de notre esprit et que nous nous enfermions avec le Maître. L'esprit alors s'enrichit. Le jugement s'éclaire et se forme. L'être tout entier s'imprègne de la vérité divine. Et par ce moyen s'acquiert cet équilibre parfait et sain dont nous parlons.
Le troisième point est une obéissance constante à la voix de l'Esprit lorsqu'elle se fait entendre à notre âme par la lecture de la Bible. L'obéissance a une influence directe sur les yeux et les oreilles, ainsi que sur l'esprit. Par l'obéissance, les facultés de l'esprit se développent et s'aiguisent. Un refus d'obéir, une désobéissance entraînent immédiatement l'affaiblissement des sens qui, peu à peu, s'atrophient et perdent de leur finesse.
Comment le dépister ?
Encore quelques remarques sur les agissements du Tentateur : Il mène précipitamment son action. Parfois, il a recours à de lents procédés quand cela entre dans ses vues. Mais son vrai caractère se traduit par des emportements soudains qui, souvent, font chanceler. " En un moment ", il fit voir tous les royaumes du monde à Jésus (Luc : 4 / 5). On conviendra que ce fut là une merveilleuse, une vertigineuse vitesse ! C'est un de ses stratagèmes favoris que ces changements subits, ces visions rapides. Faites la différence avec la manière d'agir de Dieu qui, Lui, ne travaille jamais dans l'agitation. Il peut intervenir promptement, mais non pas précipitamment. Il ne fait rien avec une hâte fébrile. Quand c'est Lui le Guide, on s'achemine paisiblement, progressivement, vers le but.
Dans le même ordre d'idées, donnons cette autre indication. Les suggestions de Satan remplissent d'une fiévreuse excitation. Dès qu'une ardeur inconsidérée, une agitation excessive se manifestent, il est plus que certain que c'est une influence satanique qui est à l'oeuvre. L'influence de Dieu est totalement différente ; elle contraste étrangement avec celle de Satan. Le contact de Dieu rend calme et paisible, lucide et pondéré. La main de notre Maître n'a pas diminué de puissance. Elle possède encore la même vertu que celle qui guérissait la fièvre de la belle-mère de Pierre. Il la toucha et la fièvre tomba.
Le Tentateur cherche toujours à flatter. C'était bien dans l'intention de flatter qu'il proposa à Jésus de changer les pierres du Désert en pain. Certes, le Sauveur aurait pu faire du pain de ces pierres, s'Il l'avait voulu. Satan voulait donc flatter le sentiment que le Maître avait de sa puissance.
Le Saint-Esprit, Lui, ne flatte jamais. Il peut sans doute faire valoir â nos yeux les forces que nous avons et les dons qui nous ont été confiés. Mais Il s'empresse de nous faire comprendre aussi que tout vient de Dieu, que c'est un bien qui n'est pas nôtre et dont nous aurons à rendre compte.
Le Tentateur possède aussi le don d'inspirer la crainte. Nous n'osons pas et nous restons en arrière. Cette peur qui coupe les ailes est un sûr indice de la présence du Tentateur ou de l'un des siens. Au contraire, la voix ou le contact de Dieu crée une atmosphère de confiance et ne terrorise jamais. Sa présence impose un respect qui n'est pas de la peur. A sa voix, nous sommes prêts à être téméraires, à renverser des montagnes, à tout endurer avec une confiance inébranlable dans le succès final.
Signalons une autre trace de la présence du Tentateur : c'est la dépression mentale ou spirituelle. Cette dépression peut provenir d'un surmenage du système nerveux. Dans ce cas, une nourriture simple et saine, l'air pur, une vie où le repos et le sommeil alternent avec une activité mesurée rétabliront l'équilibre. Mais la dépression sans cause précise est un signe certain d'une attaque de Satan, surtout chez les chrétiens et parmi les plus sincères et les meilleurs. Dès que la présence de Dieu a nettoyé la place, aussitôt reviennent la paix et la joie, caractéristiques de la présence de Dieu. " Le fruit de l'esprit, c'est l'amour, la joie, la paix. "(Galates : 5 / 22-23)
Citons enfin un symptôme qui devra arrêter tout spécialement notre attention. Le Tentateur aime les extravagances. Il cherche à détacher les vérités de l'exact rapport qu'elles ont entre elles et, par là, à les faire dévier de leur sens vrai. Une vérité qui est certaine lorsqu'elle fait partie d'un tout, peut être fausse, détachée de ce tout. Satan, qui aime l'oscillation du pendule, fait tomber tantôt dans une exagération, tantôt dans une autre. Considérons toujours la vérité dans un ensemble de vérités qui ont un rapport entre elles. Les grandes controverses qui ont partagé si douloureusement l'Église sont dues, en majeure partie, à l'importance exagérée donnée à un tronçon de vérité arraché d'un ensemble dont il était inséparable. De là, les hérésies, les sectes, les disputes ... , ce dont l'histoire de l'Église fait foi.
La précieuse Croix de Jésus, par laquelle nous sommes sauvés, a pu dégénérer jusqu'à devenir un fétiche, objet de superstition. Le retour de notre Seigneur, dont les Écritures nous parlent, a pu faire tomber certains chrétiens dans une exagération telle qu'ils ont établi un calendrier et en ont fixé la date précise. Vêtus de robes blanches, ils attendaient Sa venue pendant toute une nuit, sur le sommet d'une colline quelconque. Et par cette erreur, ils ont fait tourner en dérision une vérité chère aux enfants de Dieu. L'erreur aime l'apparat, le clinquant, le désordre. La vérité est sobre. Le Saint-Esprit oppose le plus violent contraste par sa sobriété à la mise en scène fastueuse de Satan. Ne l'oublions pas : il n'est pas sur la terre d'homme mieux équilibré, plus sain d'esprit et de jugement que celui chez lequel l'Esprit de Dieu habite.
Tels sont donc les signes grâce auxquels nous pouvons mettre à nu les suggestions de Satan. Toutefois, ne tombons pas dans l'exagération qui pourrait nous conduire à suspecter tout ce que nous rencontrerons sur le chemin de notre vie. Cheminons tranquillement le long du sentier tracé par le Maître, vers le but qu'Il nous désigne, les regards tournés vers Lui, nos coeurs en communion intime avec le sien et les mains tendues vers nos frères qui ont faim et soif de vérité et de vie spirituelle. Le Maître alors nous guidera à travers les pièges du Malin. Nous marcherons à ses côtés sur le chemin qu'Il a suivi.
Autorité qui nous confère le droit de nous prévaloir de la victoire du Fils de Dieu sur l'Ennemi
Un nouveau sens
La défaite de l'Ennemi donne à la prière une nouvelle force. La victoire de Jésus lui donne un nouveau sens. Cette nouveauté de force et de sens se traduit par une nouvelle signification du mot " demander ". " Demander " c'est l'un des mots qui, dans les Écritures, occupe une place de première importance.
Six fois de suite, dans la nuit où Il fut si lâchement trahi, notre Seigneur employa le mot " demandez " en parlant au petit cercle de ses intimes.
" Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai. "
" Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. "
" Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez. "
" Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit soit permanent ; afin aussi que tout ce que vous demanderez à Mon Père en mon nom, Il vous le donne. " " En vérité, en vérité, je vous dis que tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, Il vous le donnera. " (Jean : 14 / 13-14 ; Jean : 15 / 7-16 ; Jean : 16 / 23-26)
Ce " demandez " prend donc un sens nouveau, plus étendu, une force nouvelle. Une force qui nous a été transmise par le Seigneur Jésus et qui ne réside pas dans un mot, mais qui est la conséquence d'un fait : sa victoire sur le Tentateur. Il est d'une grande importance que nos coeurs et nos esprits en réalisent la portée. Car, si nous la comprenons pleinement, notre manière de prier en sera complètement transformée. Nous serons victorieux dans la prière. " Demander " a dorénavant le sens de " prendre ". C'est le Maître lui-même qui lui donne cette extension. C'est le sens que lui ont acquis sa vie, sa mort sur le Calvaire et sa Résurrection.
Toute l'efficacité de la prière est donc transformée par cette éclatante et nouvelle lumière projetée sur elle par la victoire de Jésus. Auparavant, elle revêtait la forme d'une demande. Désirons-nous une faveur, nous la " demandons ". Il se peut qu'on nous l'accorde. Nous en gardons du moins l'espoir. Mais notre requête une fois faite, à tort ou à raison, nous nous imaginons qu'il faudra implorer, la présenter à nouveau sous de nouvelles formes en y mettant de l'insistance et en l'accompagnant de nos désirs les plus ardents. L'incertitude dans laquelle nous sommes quant à son exaucement nous trouble tellement que nous cherchons à nous libérer de cette hantise sans toujours y parvenir.
" Prendre " suggère plutôt l'idée d'une prise de possession. Nous nous emparons de ce qui nous appartient de droit. Nous tendons seulement la main pour saisir.
" Prendre " éveille dans l'esprit le geste qui consiste, par exemple, à présenter au guichet d'une banque où sont déposés nos capitaux, le chèque dont nous désirons réaliser la valeur. Nous venons chercher ce qui est à nous. Si vraiment nos prières peuvent s'élever à cette hauteur, quelle différence dans notre attitude ! Quelle transformation dans la confiance en leur exaucement ! Sachons " prendre " ce qu'autrefois nous " demandions ".
Cinq faits probants
Cinq faits, très simples, nous amèneront, il me semble, à être tout à fait au clair sur cette question. Et lorsque nous aurons bien compris et que nous réaliserons parfaitement la possibilité de nous approprier cette vérité, nous n'hésiterons plus à faire le pas décisif.
Voici le premier chaînon de cette succession : quand Dieu eut créé l'homme à son image, Il lui donna la domination sur toute la terre (Genèse : 1 / 26-28 ; Psaume : 8 / 4-8). Il lui avait donné, en d'autres termes, la sous-intendance de toute la création, l'empire sur toutes les forces de la nature. L'homme était né prince. Il avait été créé pour régner. C'est là le merveilleux plan d'amour que Dieu avait conçu pour sa créature humaine.
Le second chaînon, c'est la désobéissance de l'homme qui causa la perte de son autorité. La loi primordiale qui régit le monde de Dieu, c'est l'obéissance.
Dieu ne maintient ce qu'Il donne qu'à ceux qui Lui obéissent. La désobéissance entraîne la destitution. C'est une loi absolue : nous ne conservons notre titre que par l'obéissance ; la conséquence immédiate de la désobéissance, c'est la dégradation. Amené par une ruse de Satan à désobéir, l'homme perdit la place que Dieu lui avait confiée. Tout droit à exercer la domination lui fut enlevé. Au lieu d'être le maître de la terre, il en devint en quelque sorte l'esclave.
Puis, troisième chaînon, par la faute de l'homme, cet empire fut transféré à celui à qui il avait obéi, au Malin. Lui ayant obéi, l'homme devint son vassal, son esclave. " Vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez. " (Romains. 6 : 16). Notre Seigneur parle du " Prince de ce monde ". Il est bon que nous nous souvenions de ce que cela signifie. Il est le Prince, mais non pas le Prince légitime. Lui-même, infidèle à Dieu, a perdu le titre qui lui avait été donné. Prince-usurpateur, il entraîne l'homme dans la même chute que la sienne. Mais, quoique usurpateur, il est quand même Prince de ce monde. L'obéissance de l'homme lui a valu la domination sur lui, sur la terre, et sur tout ce qui a vie.
Le quatrième chaînon jette sur toutes ses tristesses un rayon brillant de lumière. Le Seigneur Jésus vint. Revêtu par le Père, comme Adam à l'origine, de toute autorité sur les choses d'ici-bas, Il a pu dire : " Toutes choses m'ont été données par mon Père. " (Matthieu : 11 / 27). Cette affirmation se trouve trois fois répétée dans Évangile de Jean (Jean : 3 / 35 ; Jean : 13 / 3 ; Jean : 17 / 2). Nouveau Maître de toutes choses, Il ne pouvait garder cette autorité que par l'obéissance. Détenteur du titre, Il ne pouvait faire exception à la règle.
Toujours fidèle à la volonté de Dieu, Il garda toute son autorité grâce à sa parfaite obéissance.
Puis, lorsqu'Il réintégra sa demeure, le titre lui fut maintenu. Il s'assit à la droite de Dieu, dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de toute dignité, de toute domination, de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans ce siècle, mais dans celui qui est à venir. (Éphésiens : 1 / 20-22 ; Philippiens : 2 / 8-11 ; Colossiens : 2 / 10 ; 1 Pierre : 3 / 22). L'empire sur toutes choses Lui fut donné par le Père. Son obéissance parfaite le Lui mérita.
Enfin le cinquième chaînon : Jésus fit tout cela pour nous. C'est parce que nous avons échoué qu'Il vint. Il fit ce que nous nous sommes montrés incapables de faire. Et en le faisant, Il agissait à notre place. Il nous est doux de nommer le Seigneur, notre Substitut.
Autorité
Il est triplement notre Substitut : par sa vie, par son obéissance parfaite, par sa Résurrection.
A nous d'accepter ce qui a été fait pour nous. A nous de faire le pas décisif pour nous emparer de ce qui nous appartenait à l'origine et nous a été regagné par Lui. Notre Maître nous dit pratiquement : " Prenez possession de ce que J'ai reconquis pour vous, de ce que Je vous ai restitué. "
Vous souvenez-vous de ce merveilleux passage qui nous est rapporté au 10ème chapitre de Luc, versets : 18-19 ? Nous devrions le souligner en traits or, dans nos Bibles, pour qu'il attire nos regards. Écoutons-en le contenu dans un esprit de prière, afin que l'ampleur de sa signification nous frappe et que nous en soyons confondus. " Voici, je vous donne le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toutes les forces de l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire. " Et tandis que nous nous livrons à la joie que ces paroles font naître en nous, Il ajoute que nous devons nous réjouir surtout de ce que " nos noms sont écrits dans les cieux ".
Pourquoi ne mettrions-nous pas à profit cette autorité qui nous est donnée ? Usons-en au nom de notre Grand Vainqueur. Usons-en selon l'inspiration du Saint-Esprit. Usons-en pour les besoins de la vie et contre tout ce qui met des entraves à notre activité. Nous avons toute autorité pour reprendre à l'Ennemi ce qu'il détient encore. C'est par la prière que nous nous en saisirons le mieux et par toute action à laquelle la prière nous conduira. Un cri de triomphe devrait s'élever aujourd'hui : " Prenons, au nom et par les mérites de Jésus. "
Au nom de mon Maître, je répéterais volontiers ce beau message à tout disciple de Christ dans les difficultés ou dans le besoin. Je le crie à ceux qui luttent dans les champs de mission lointaine, sur ce mince front si étendu où l'ennemi fait rage, au sein de la sauvagerie africaine, ou de l'opposition et de l'apathie chinoises, devant les besoins criants des Indes, comme à ceux qui travaillent dans les bas-fonds et dans les rues de Londres ; au milieu de l'agitation du " strife for life " (1) de New-York ; à tous ceux et à chacun de ceux qui se débattent dans le péché et dans les difficultés. Oui, c'est pour vous que je délivre ce message aujourd'hui. Écoutez bien : " Moi, Jésus, je vous donne autorité sur toutes les forces de l'Ennemi. C'est moi qui détiens l'autorité. Je l'ai gagnée par mon sang que j'ai répandu. Je l'ai méritée pour vous. Je vous la donne. Servez-vous-en en mon Nom. Vous ferez de plus grandes choses que moi parce que je suis avec le Père, dans mes fonctions d'autorité, et vous, vous agirez à ma place, ainsi que moi, j'ai agi à votre place. "
(1) La lutte pour la vie.
Saisissez, prenez possession
C'est un appel qui devrait plus souvent se faire entendre aujourd'hui et dans le monde entier. Usez de l'autorité que le Maître vous a donnée ! Prenez tout ce qu'il vous faut pour l'accomplissement de son saint service. " Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne. " (Josué : 1 / 3). Prenez ce que le Maître nous a rendu. Demander, c'est prendre. Il n'est plus question de plaider avec Dieu comme pour le persuader. Il le veut encore plus que nous. Il s'agit simplement de réclamer tout ce dont nous avons besoin comme étant à nous, en propre. Il s'agit de saisir par la foi la conquête de notre grand Capitaine.
Le dernier message qui sortit des lèvres du Maître dans le jardin des Oliviers, trouve ici sa place toute marquée et prend un sens spécial. Écoutez plutôt " Toute puissance m'est donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc. " (Matthieu : 28 / 18-19). C'est par cette puissance qu'Il nous invite à " aller de l'avant ". Nous obéissons, forts de l'autorité qu'Il nous donne. Nous agissons en plénipotentiaires. Cet ordre " allez " est à la base de tout service chrétien et il l'étaye. Dans l'action, nous aurons besoin, non seulement de puissance, mais aussi d'autorité, car chaque pas de notre marche en avant sera contesté. Il nous faut donc aller de l'avant, forts de cette autorité, nous saisissant de ce qui est notre bien légal, au nom de notre Substitut, le Vainqueur.
Lorsque, pour le service du Maître, nous envahirons un territoire appartenant aux puissances du Malin, souvenons-nous que ce terrain est à l'homme et qu'il doit le conquérir pour Dieu. Il a été perdu par la faute de l'homme, par sa désobéissance. Mais il a été reconquis par le Vainqueur. Nous avons donc le droit de nous élancer en disant : " Je prends, au nom du Seigneur Jésus, je reprends ce morceau de terrain pour le Lui rendre ; je prends la vie de cet homme, de cette femme pour qui mon maître donna Son sang. "
Mais ... mais il faut prendre, dans l'action comme dans la prière, avec une conviction aussi profonde que la foi même ; il faut une ardeur aussi intense que celle de l'opposition. Satan est un fier lutteur ; il ne lâche que ce qu'il ne lui est plus possible de conserver. Il faut donc prendre avec détermination et c'est avec détermination aussi que nous devons prier. Satan ne cède que lorsqu'il y est obligé ; il est tenace. Que notre prière aussi soit tenace, persévérante. La prise de possession doit être aussi résolue que l'acharnement de l'ennemi, et même le surpasser. C'est en cela que consiste la lutte. Cet homme que vous essayez d'arracher des mains de Satan pour le gagner à Dieu peut être à Londres, en Afrique du Nord ou en Afrique du Sud, ou même à vos côtés, où qu'il soit, cet homme que vous voudriez amener à Christ, Lui appartient par sa Victoire. Vous le redemandez, vous le prenez au nom du Vainqueur, de Jésus-Christ. Insistez sur cette prise de possession et Dieu en jugera.
An nom de Jésus-Christ. Ceci confirme le droit que notre Seigneur nous a conféré de nous servir de Son nom. Que pouvait-Il nous donner de plus ? Employer son Nom, c'est en effet agir comme Lui, en son lieu et place, revêtus de sa puissance. Mais quelle responsabilité que de se servir de ce Nom ! Tous n'y sont pas autorisés. Ceux-là seuls en sont dignes qui ont accepté son invitation à faire partie du cercle étroit de ses amis. Le 19ème chapitre des Actes parle de ces hommes d'Éphèse qui voulurent se servir de ce Nom pour leurs desseins égoïstes. Mais l'esprit malin se jeta sur eux et, les ayant maîtrisés, il les maltraita, les laissant nus et blessés. Le monde des démons connaît fort bien ce Nom et l'immense puissance qui en découle. Là, Il est craint. Et ils connaissent aussi ceux qui ont le droit de s'en servir.
Consultez le dernier et long entretien (Jean : 14 à 16) dans lequel le Maître nous donna le droit de nous servir de Son Nom, vous y trouverez certains mots qui reviennent sans cesse. Ce sont les mots " amour ", " obéissance ", et " demeurez ". Voilà les conditions de l'emploi de Son Nom. L'amour obéit, il se complait dans l'obéissance. L'amour demeure. La seule manière de manifester son amour, c'est d'obéir, mais d'obéir aussi complètement et joyeusement qu'un enfant obéissant. L'obéissance, l'obéissance de l'amour, donne droit à se servir de ce Nom. Que votre vie soit donc ouverte à l'action du Maître et qu'elle soit animée de Son Esprit. Alors, vous pourrez demander ce que vous voudrez. Vous pourrez demander ce qui vous plaira.
L'Usurpateur desserrera ses liens lentement, avec colère peut-être, mais il y sera contraint. Et vous obtiendrez la réelle possession de ce que vous avez " pris " par la foi.
La foi qui discerne
Reparlons enfin de la foi. Nous touchons ainsi du doigt ses effets pratiques. La foi sait que notre Seigneur Jésus est Vainqueur.
La foi n'est pas un calcul. La foi se confie en Lui. La foi ne se demande pas ce qu'Il fera, mais s'appuie sur ce qu'Il a fait. Elle s'appuie sur le Christ vainqueur, ou mieux encore, sur Lui. Elle ne fait pas pression sur mes sentiments jusqu'à me dire " tu dois croire " ; loin de là. Elle dirige et fixe simplement ma pensée sur Lui, le Vainqueur. Elle Le voit sur le trône. Ce Sauveur couvert de cicatrices, couronné, et dans la gloire éternelle, je crois en Lui, aucun doute ne s'élève en moi. C'est cela la foi — regarder à Lui, s'appuyer sur ce qu'Il est et sur ce qu'il a fait.
Encore un mot. La foi qui " saisit " est une foi qui " discerne ". Ces mots " obéissez " et " demeurez " marquent quel doit être le contact avec le Maître qui nous amènera à connaître Ses plans.
Puissance de ce nom
J'ai récemment rencontré, en Suède, une dame missionnaire du Nord de l'Afrique, résidant à Tunis. Elle me raconta l'histoire suivante qu'elle tenait elle-même d'une amie missionnaire, habitant Alger. Une femme arabe, musulmane, avait été gagnée à Christ par l'intermédiaire de cette sœur. Cette femme avait jusqu'alors pratiqué sa religion avec tout le fanatisme, l'ignorance et la superstition que celle-ci peut produire. Quand elle accepta le christianisme, sa famille fit tout ce qu'elle put pour la détourner de sa nouvelle foi. Elle usa de persuasion, de supplications, d'arguments, de menaces et chercha par tous les moyens à lui rendre la vie insupportable.