Dans ce cas, la moitié déjà du remède est de mettre le doigt sur la plaie ; c'est-à-dire d'admettre là une oeuvre satanique. Immédiatement, l'on réagit, l'on résiste au nom de Jésus et le soulagement complet arrive définitivement.
Je me rappelle une conversation que me tenait, il y a quelque temps, une grande chrétienne venue d'Europe. C'était une dame de haute naissance, l'esprit fort cultivé. Dieu avait abondamment béni son travail. Elle souffrait alors d'une dépression générale aiguë, fort pénible. Quand elle se rendit compte qu'il s'agissait de l'oeuvre d'un esprit malin qui travaillait en elle, elle se ressaisit, résista au nom du Vainqueur ; promptement, l'horizon s'éclaircit pour elle et le grand soleil de Dieu brilla de nouveau sur sa vie.
Obsession
D'autres fois, l'attaque se manifeste sous la forme d'une indolence intellectuelle qui frise la stupidité quand il s'agit de comprendre la Bible, de prier ou de se livrer à tout autre occupation spirituelle. Tel fut le cas d'une chrétienne sincère, à l'intelligence vive, bien au-dessus de la moyenne, qui souffrit longtemps de cet état. Lorsqu'elle lisait d'autres livres que la Bible, ses facultés étaient aussi libres que toujours, mais dès que le Livre de Dieu se trouvait entre ses mains, une sorte d'hébètement la saisissait qui la rendait incapable de tirer un profit quelconque de sa lecture. Voulait-elle se mettre à prier, le soir, qu’immédiatement un immense besoin de dormir paralysait son cerveau ; et, lorsque, se relevant, elle se mettait au lit, le sommeil fuyait ses paupières. Cela dura ainsi jusqu'à ce que la lumière se fit en elle. Elle comprit que c'étaient là menées du Malin ou d'un esprit malin. Aussitôt, au nom de Jésus, elle se mit sur la défensive, résista, et la délivrance s'ensuivit, rapide et définitive.
Je connais un autre chrétien, intègre et droit, dont la consécration était complète et la vie abondamment bénie. Il fut assailli par un sentiment anormal de lassitude qui l'empêchait d'accomplir son travail habituel et qui l'entravait dans tout ce qu'il entreprenait. Ni repos, ni sommeil supplémentaire ne lui apportèrent de soulagement. Mais dès qu'il fut amené à comprendre qu'il était l'objet de l'attaque de forces malignes, il résista énergiquement. Il s'arma et se tourna contre son Agresseur au nom de Jésus et bientôt une nouvelle vie recommença pour lui, vie de paix et d'amour, de vigueur spirituelle et d'activité féconde.
Il me semble bon d'ajouter un mot sur ce qu'on est convenu d'appeler l'obsession. Le terme " possession démoniaque " nous est plus familier que cet autre qui lui ressemble beaucoup, " obsession démoniaque ". Etre possédé du démon signifie qu'un démon ou esprit malin est entré dans un corps et a pris possession de la personnalité. Le cas était fort commun au temps des Évangiles, et, de nos jours, il se rencontre avec fréquence dans les pays non évangélisés, et, plus souvent qu'on ne le suppose, en terre chrétienne. L'obsession démoniaque est aussi fort répandue. Lorsque des esprits malins ont entrepris un homme, ils s'acharnent après lui, le taquinent, l'ennuient et n'ont de cesse qu'ils ne l'aient laissé désemparé, anéanti. La possession de son être par le démon a été généralement consentie par celui qui en souffre, tandis que l'obsession est, dans une certaine mesure, un mal qui vous atteint sans qu'on y soit pour quelque chose, car c'est une attaque qui vient de l'extérieur.
Il est curieux de constater que ce sont les gens pieux ou même les plus grands saints qui ont eu à subir cette obsession des démons et que, rarement, ils en ont connu l'origine. A vrai dire, il semblerait même que ce soient les plus consacrés, les plus fidèles parmi les saints qui sont en butte à ce genre d'attaques. Quels que soient les ennuis, les troubles qui proviennent de ces assauts d'esprits malins, tous peuvent être groupés sous cette dénomination générale : l'obsession. D'elle proviennent la dépression mentale, la mélancolie, l'hébètement, la lassitude dont je viens de parler.
Quelques faits vécus
J'apporte ici le témoignage d'un homme d'âge mûr, au jugement rassis. Il avait été amené à prendre telle décision hardie qui marquait un pas en avant dans sa vie chrétienne et lui imposait de lourds sacrifices. Son ardeur et son zèle en furent renouvelés et atteignirent même un degré extraordinaire. Une nuit, cet homme fut réveillé par le sentiment d'une présence malsaine dans sa chambre, ou plutôt, il eut l'impression que sa chambre était envahie par des esprits malins. Un malaise particulier s'empara de tout son être, en même temps qu'un étrange effroi. L'atmosphère de la pièce lui parut irrespirable. Il comprit bien vite qu'il était l'objet d'une attaque de forces démoniaques. Il sortit de son lit et voulut entonner une strophe de cantique où apparaissait le nom de Jésus. Au premier abord, il lui sembla impossible de remuer les lèvres et d'en faire sortir le moindre son. Il persista dans son effort et bientôt sa voix limpide et claire vibra. Aussitôt, l'atmosphère se purifia. Le coeur plein de reconnaissance, il se recoucha et tomba dans un sommeil doux et profond qui dura jusqu'au matin. Nous sommes en présence du témoignage digne de foi d'un homme pondéré, dont l'esprit critique le porte à ne rien accepter qui n'ait été passé au crible du contrôle le plus sévère. Son témoignage n'est donc pas sujet à caution.
Un ami me racontait récemment une expérience personnelle du même genre. C'est un homme de Dieu, un croyant sincère, d'une grande maturité d'esprit, au jugement sain, bien supérieur à la moyenne. Il venait de se retirer dans ses appartements pour se coucher et avant que le sommeil vînt, une étrange sensation l'envahit. Il lui sembla qu'il était subitement plongé dans des ténèbres épaisses et réalisa fort bien, grâce à une faculté spéciale qui accompagne souvent de tels phénomènes, que son esprit était sous l'empire d'une puissance étrangère et qu'il n'en était plus le maître. Il ne pouvait plus se rappeler qui il était.
Même son nom lui échappait. Une profonde obscurité le hantait, comme si de lourdes ténèbres pesaient sur son cerveau. Il n'avait conscience, disait-il, que d'une chose, du nom de Jésus. Il s'accrocha à ce nom, le répétant encore et encore. C'était comme si toute possibilité de penser, de parler, s'était éteinte en lui et qu'il en fût réduit à ne plus pouvoir autre chose que prononcer le nom de Jésus. Le soulagement survint et avec un sentiment de reconnaissance inexprimable, ajouta-t-il, il pria et s'endormit.
D'autres faits semblables m'ont été rapportés que je pourrais citer encore. Mais ces expériences suffisent à faire comprendre ce qu'il faut entendre par obsession. Des esprits malins ont attaqué ainsi, en d'autres circonstances et sous d'autres formes, des hommes et des femmes parmi les meilleurs. Et toutes les fois qu'ils n'ont pas su reconnaître la nature et la provenance de l'attaque, il en est résulté des conséquences fort regrettables.
Je pense, en particulier, â ce prédicateur de l’Évangile, de grand renom, remarquable au point de vue de l'intelligence, de la piété, et dont la personnalité avait un charme extraordinaire. Un jour, de ses propres mains, il mit fin à sa vie. Le docteur diagnostiqua : neurasthénie aiguë. En étudiant le cas de plus près, on fut obligé de reconnaître que c'était là plutôt de l'obsession démoniaque mal connue.
Je vous ai apporté des exemples de la tactique du Tentateur. Je les ai mis devant vos yeux afin qu'ils vous servent d'avertissement. Qu'ils vous aident à mieux reconnaître Satan ou l'un des siens. Avertis, vous lui résisterez sans hésitation au nom de Jésus, son Vainqueur.
« Par le sang de l'Agneau »
Et maintenant, parlons de notre attitude à nous, de notre tactique à nous, dans la lutte. Quelle est celle que notre Ennemi craint le plus et à laquelle il ne saurait résister ? Pour répondre à cette question, je suis obligé de revenir sur ce que j'ai déjà dit. Mais pour faire une impression vive et durable, il faut souvent se répéter.
En première ligne, je citerai cette puissante affirmation qui est la conclusion de la lutte victorieuse de l'Armée de Michel, l'archange : "Ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau. " (Apocalypse : 12 / 11). Il ne faut pas chercher plus de complication que cela. L'Ennemi est le même, la lutte est identique et les moyens de remporter la victoire n'ont pas changé. Notre Seigneur Lui-même ne vainquit l'Ennemi qu'en répandant son propre sang. Ce n'est aussi que par ce sang précieux que nous pouvons obtenir la victoire.
Quel étrange combat ! Ni lance, ni épée, ni fusil, ni mitraille - un nom, le nom de Jésus. Un fait, celui du sang qu'Il répandit pour nous. Ils vainquirent au nom du sang de l'Agneau. Qui nous en empêchera ? Par ce sang seul, nous vaincrons. Il nous suffit de faire chaque jour appel à l'efficace du sang de l'Agneau et de nous réclamer de sa puissance rédemptrice pour mettre en fuite toutes les forces de l'Ennemi. Au fort de la lutte la plus acharnée, si nous tenons ferme et haut cette bannière, notre Ennemi s'enfuira, en déroute.
En second lieu, notre tactique doit être une soumission constante, habituelle, à la domination de notre Seigneur Jésus. Dans cette attitude seule, on peut s'attendre à gagner la bataille. Et cette soumission doit être complète, saine et consciente. Il faut qu'elle soit aussi naturelle que la respiration même. Nos habitudes, notre vie intellectuelle ou sociale, nos amitiés, nos méthodes, nos relations commerciales et même... l'argent, doivent être revêtus de cet esprit de soumission.
Puis, il y a la prière quotidienne que notre Vainqueur nous a Lui-même enseignée : " Délivre-nous du Malin. " Il faut la répéter journellement. La pensée du Maître a été aussi interprétée par : " Délivre-nous du mal, mais il semble qu'elle se traduit plus exactement en personnifiant le mal et en l'appelant le Malin ". Et le terme " délivre " a toute la force du mot " secourir, venir au secours ". Notre Maître nous enseigne à nous prosterner chaque jour et à prier : " Viens à notre secours et délivre-nous du Malin. " Ce sens est le vrai, croyons-nous.
L'épée de l'Esprit
Notre force est dans la connaissance de la Parole de Dieu. Arrangez votre vie de manière à ce qu'il y soit ménagé un temps de tête à tête avec le Livre, afin que vous arriviez à une parfaite connaissance de son contenu. Et quand vous y serez parvenu, travaillez à le connaître mieux encore. Que cette lecture ait la première place dans vos moments de recueillement. Aucun livre, si bon soit-il, aucun recueil de vers, même des plus beaux, ne devraient le supplanter. Lisez-le page après page ou lisez-le par longs traits ; lisez-le jour après jour, lisez-le tout le long de l'année ; lisez-en toujours plus, mais jamais moins. Lisez-le avec le recueillement d'un coeur ouvert aux directives de l'Esprit de Dieu. C'est ainsi que cette Parole vous deviendra familière et que vous acquerrez la clairvoyance spirituelle qui est essentielle. C'est en suivant cette méthode que notre Seigneur se prépara à la rencontre avec le Tentateur au Désert.
Ceci nous amène à parler d'un cinquième élément. Elément dont on ne saurait trop souligner l'importance : acquérir un jugement sain et un esprit équilibré. Nous devrions prier journellement pour que Dieu nous fasse la grâce d'un esprit sain, qui ne se jette pas dans toutes les exagérations. Il n'est rien de tel pour nous garder de l'erreur que la lecture de la Parole de Dieu, interprétée par le Saint-Esprit. Évitons les exagérations. Ne soyons ni prudents à l'excès, ni outranciers.
La rue de la foi est au sommet d’une colline. Elle est voisine de deux autres rues qui descendent de chacune de ses extrémités vers la plaine. L'une se dénomme " Rue des Excentricités ", l'autre " Rue de l'Hésitation ". Les deux sont à éviter. Vivons au sommet de la colline dans une invariable quiétude d'esprit, avec un jugement sain. Ce seront là nos armes les plus précieuses et les plus puissantes dans le combat. Satan n'aime pas l'équilibre, il préfère l'agitation du pendule.
Il existe un sixième point auquel nous avons constamment fait allusion et que l'on ne saurait passer sous silence dans cette énumération. Je veux parler de l'habileté que nous devons déployer à dépister l'Ennemi ; soit qu'il s'approche lui-même de nous ou qu'il se serve de l'un de ses nombreux serviteurs. Affinez vos oreilles afin de reconnaître sa voix et ses pas. Que vos yeux démasquent sa main, même lorsqu'elle s'est prudemment gantée. Que votre esprit soit en éveil et prompt à réaliser sa présence, son attouchement. Il nous faudra consacrer quelques lignes, un peu plus loin, à étudier les différents déguisements empruntés par le Tentateur, pour que nous sachions comment le dévoiler. Il est évident que l'habileté et la promptitude avec lesquelles notre Seigneur dépista Satan à la tentation du Désert lui furent d'un grand secours pour remporter la victoire. Nous pouvons acquérir les mêmes dons par les mêmes moyens.
Le nom merveilleux
Encore un mot qui pourra vous être utile dans une heure de détresse. Quand la tentation survient brusquement et nous accable, souvenons-nous que la victoire a été remportée. Faisons-la nôtre, cette victoire. Marchons avec la force que nous a value le Maître. Étendons la main et saisissons ce qui nous appartient, ce qui nous a été donné.
Cette victoire se trouve comme enchâssée dans un nom : le Nom de Jésus. Il nous est impossible de concevoir la puissance de ce Nom et de réaliser tous les bienfaits que nous pouvons en tirer. Ils sont certainement bien plus grands que nous n'avons osé le croire. Le nom de Jésus est le plus précieux des biens dans le trésor de la vie chrétienne.
Je me souviens du cas d'un jeune homme qui s'approcha de moi à l'issue d'un service que j'avais présidé à Londres. Il me raconta avec quelle violence le doute l'avait assailli et laissé abattu et consterné en présence du peu de progrès qu'il faisait dans la vie chrétienne. Un jour il eut l'idée de mettre pratiquement le nom de Jésus à l'épreuve, ce nom qui est au-dessus de tout autre nom. Immédiatement, il s'en servit avec respect, dans un esprit de prière, avec zèle, et un soulagement immédiat en résulta, suivi de la victoire. Et son regard, comme l'expression de son visage, affirmaient la réalité de cette victoire et de cette paix dont il était désormais possesseur.
Une dame, missionnaire, au sud de l'Afrique, me raconta un jour une histoire tirée de son expérience, qui montre une fois de plus, avec une simplicité convaincante, ce qu'il nous serait possible d'obtenir si nous nous servions de ce Nom sublime. Elle voyageait au Lessouto, dans le Bechuana et avait été arrêtée dans sa marche par une rivière que des pluies diluviennes avaient grossie et rendue impraticable. Elle fut obligée de séjourner là et de camper sur ses bords. Les ennuis occasionnés par cette pluie battante, par ces chemins transformés en fondrières, par la mauvaise nourriture ; le bourdonnement incessant et la piqûre continuelle d'insectes rendaient l'attente fort pénible. Mais plus douloureuse encore était la souffrance morale que lui occasionnait le spectacle d'une cantine à portée de sa vue, installée au bord de la route, où venaient boire sans discontinuer des centaines de pauvres noirs. Ce lieu lui devenait insupportable. Dans la profondeur de sa souffrance, elle fut amenée à crier sa détresse à Dieu. Bientôt apaisée et fortifiée, elle s'avança résolument vers la cantine.
Elle appréhenda un pauvre nègre âgé et vêtu de quelques haillons répugnants. Son visage bouffi, ses yeux chassieux, ses plaies hideuses, témoignaient de l'abus qu'il faisait des boissons falsifiées vendues à bas prix dans cet estaminet. Il se dirigeait justement vers la cantine, lorsqu'elle l'appela. Il s'arrêta. Elle lui demanda pourquoi il buvait tant, alors qu'il portait sur son corps même la trace du mal que lui faisait ce poison.
" Pourquoi ! répéta-t-il, avec un rire sauvage, tout bonnement parce que je ne peux pas m'en empêcher. Je suis l'esclave de cette abominable boisson que me verse l'homme blanc. Volontiers, j'y renoncerais, mais je ne peux pas ! " Elle lui expliqua alors qu'il y avait une possibilité de se débarrasser de cet esclavage et de devenir un homme libre. Il suffisait d'invoquer un Nom. " Un nom ", fit-il, visiblement terrifié. " Oui, un nom ", répéta-t-elle. Voudrait-elle le lui indiquer ?
Après s'être recueillie pour demander à Dieu de l'inspirer, elle lui raconta, aussi simplement que possible, l'histoire de Jésus et la puissance qui émanait de son Nom. Et cette pauvre loque humaine le prononça, ce nom, Jésus. Puis, ils s'agenouillèrent là, en plein champ, et se séparèrent.
Notre missionnaire continua son voyage interrompu et quitta l'endroit. Mais à plusieurs semaines de là, à son retour, elle rencontra la femme du vieux noir et apprit qu'il était mort. L'ayant interrogée, elle sut l'heureux résultat de ses efforts. Toutes les fois que la fièvre de la boisson le reprenait, il avait prononcé de tout son coeur le nom de Jésus et l'avait répété sans trêve jusqu'à ce que cette soif l'eût quitté. Et dans la simplicité de son langage, il expliquait que la fièvre s'en allait et le besoin impérieux de boire disparaissait faisant place à un sentiment de bien-être comme celui qu'il éprouvait avant d'avoir goûté à la maudite boisson. Il racontait que sa bouche devenait aussi pure que celle d'un petit enfant et que son corps reprenait vigueur.
Un jour, l'un de ses anciens compagnons réussit à l'entraîner dans la direction du bar. Tout en s'en approchant, la fièvre de boire le reprenait. Il la sentait monter dans ses artères. Il essaya de quitter son ami, mais le vieil esclavage le dominait à nouveau et le tenait enserré dans ses chaînes. Il se souvint alors, et avec toute l'ardeur dont son âme était capable, il invoqua le nom de Jésus. Et il ajoutait : " Une douce fraîcheur envahit mon cerveau et mon corps. J'étais de nouveau libre. Je pus m'en détourner et immédiatement je fis volte-face. "
Vu le peu de connaissance des vérités évangéliques de cet homme, cette histoire peut paraître étonnante. Mais il est certain que la sincérité de son désir et la simplicité de sa foi compensèrent largement l'étendue de son ignorance de païen et créèrent le lien qui devait l'unir simplement au Seigneur Jésus. Et de ce lien surgit cette puissance qui agissait aux heures de détresse.
S'il était possible de voir les esprits, sans aucun doute, quiconque se serait tenu près de ce vieux noir, aurait pu les distinguer, alors qu'ils s'acharnaient sur lui, le taquinant, l'excitant, jusqu'à lui donner cet insatiable désir de boire. Mais au seul nom du Vainqueur, le même spectateur les aurait vu fuir, terrifiés, tandis que le vieillard le répétait encore et encore dans toute l'ardeur de sa sincérité.
Bon courage
Le nom qui apporta un si prompt soulagement aux appétits charnels du vieux païen, peut avoir la même action en toutes circonstances et pour tous nos besoins. C'est la forteresse dans laquelle nous pouvons chercher un refuge et trouver la sécurité. Satan hait ce nom. Il le craint. Et maintenant, c'est à nous d'en faire notre profit. Le maître nous a légué le droit de nous en servir avec la jouissance pleine et entière de la victoire qu'Il a remportée par sa mort.
Un dernier mot de notre Maître, qui sera comme la frange d'argent de tout ce qui a été dit et de tout ce qui peut être dit encore. Ce mot donnera un nouvel élan, une nouvelle vigueur à nos vies. C'est un mot recueilli sur les lèvres mêmes du Maître, un mot prononcé au moment le plus sombre de la nuit la plus ténébreuse qu'Il connut. De cette voix si douce, si aimante qui lui est propre, Il nous dit : "Prenez courage, j'ai vaincu. " C'est un rayon lumineux dans l'obscurité de cette nuit où Il fut trahi. La laideur du geste de Judas, défi à la confiance qui scellait leur amitié sacrée, en est illuminée comme l'est un noir nuage d'orage par un rayon du grand soleil de Dieu.
" Prenez bon courage ! " Que ces paroles sont douces à nos oreilles ! Comme elles sont entraînantes ! La mélodie qui s'en dégage embrase nos coeurs et, jusqu'à la fin, nos vies en seront imprégnées de joie ! " Prenez courage. " Soyez joyeux ! Chantez en combattant. Ne vous laissez pas abattre ; mais, pleins d'enthousiasme, allez de l'avant. L'ennemi existe ; oui, mais il est vaincu. Il peut encore se redresser et reprendre le combat ; oui, mais chaque fois qu'il reprend les armes, nous savons qu'une nouvelle défaite l'attend. Nous vivons sur l'emplacement même du champ de bataille ; oui, mais c'est un lieu de victoire, grâce à notre Chef. Le tentateur est rusé, inlassable ; oui, mais c'est un ennemi démoralisé. Il est plus fort que nous ; oui, certes, mais notre Seigneur s'est mesuré avec lui et c'est Lui, Jésus, qui a remporté la victoire. Haut les coeurs ! Hissez le pavillon jusqu'au faîte du mât ! Clouez-le, rivez les clous, coupez les cordages ! Le pavillon, le drapeau du Vainqueur flottera là-haut pour toujours !
Réjouissez-vous, " prenez courage, j'ai vaincu ". A ce cri joyeux, évoquez Celui à qui nous devons de pouvoir le lancer. " Prenez courage, J'ai vaincu. " C'est grâce à Lui que nous pouvons nous réjouir. C'est en Lui que notre courage se fonde. Que ce soit là notre cri de guerre : " Prenez courage, Il a vaincu."
Les déguisements du Tentateur et comment les démasquer
Il travaille dans l'ombre
Tout déguisement est un mensonge. Son but est de tromper. Le mal se cache. Il n'aurait aucun succès s'il se montrait sous son jour véritable. Immédiatement, on lui fermerait toutes les portes. Et s'il insistait pour se faire admettre à l'intérieur, on aurait tôt fait de le bouter dehors. Pour arriver à ses fins, il emprunte donc les apparences du bien. Il prétend être aussi bon que le meilleur. Que s'ouvre la porte sur les instances du bien, et le mal s'introduit sournoisement pour mettre ses desseins à exécution.
Un déguisement est une contrefaçon. Il a pour but de donner aux choses un aspect autre que le leur véritable, un aspect plus attrayant. Ce sont là les moyens qu'exploitent ceux qui ont un rôle à jouer au théâtre pour faire croire ce qui n'est pas.
Le but du déguisement est donc de tromper. Or, la feinte est une des caractéristiques les plus frappantes du Tentateur. C'est le contraire de la manière de Dieu, qui, Lui, est toujours en pleine lumière. S'il lui arrive de nous voiler sa gloire, ce n'est pas pour nous enlever quelque chose, mais, au contraire, pour nous faire mieux saisir ce qui nous a été révélé de Lui. Trop de lumière aveugle ; ébloui, l'on ne peut rien distinguer. Sagement ménagée, la lumière permet de voir plus et mieux, et ce que l'on voit, fait pressentir tout ce qui reste encore à voir. Mais Dieu lui-même est sans cesse au grand jour. Jésus, notre Seigneur, a dit à ses accusateurs : " Voici, je vous ai parlé ouvertement. " Il soulignait le contraste entre sa manière d'agir et leurs machinations tramées dans l'obscurité : son arrestation opérée de nuit, son jugement qui eut lieu avant le matin.
Satan travaille dans l'ombre. C'est l'indice qui met en relief son caractère et ses desseins. Au jardin d'Eden, c'est sous l'apparence du plus intelligent et du plus fin des animaux de la création inférieure qu'il se montre. Son nom figure rarement dans l'Ancien Testament. Sa personnalité échappe, mais ses déguisements peuvent se retrouver tout au long du Livre, aussi bien que dans le cours de notre vie. Partout on peut relever ses pas.
Job, par exemple, accuse Dieu de lui avoir envoyé tous les fléaux qui se sont abattus sur lui. S'il est vrai que Dieu les a permis dans un but de Lui connu, ce n'est pourtant pas Lui qui les a envoyés. Satan, l'instigateur de tous ces maux, a amené Job, par ses manœuvres, à croire que Dieu en était l'auteur.
Le Tentateur est méchant ; il est plein de malice. Tout en lui est mauvais. Il n'a pas de bons mouvements, pas une lueur de bonté et, qui plus est, il a toutes les hardiesses. Audacieux autant que méchant, il se cache derrière Dieu. Le pire se cache derrière le meilleur. Satan, n'inventant jamais rien, mais effrayant d'astuce, emprunte les voies de Dieu.
Aussi, est-il passé maître dans l'art du maquillage. Même les élus de Dieu peuvent tomber dans ses pièges. Une de ses tromperies vient-elle à être démasquée, il n'est pas embarrassé pour en forger une autre.
Satan se cache derrière les désirs naturels
Le Tentateur se cache derrière les appétits et les désirs naturels. Il existe, nous l'avons dit, des fonctions, des appétits et des désirs qui dépendent du corps, de l'esprit et de la société qui nous ont été donnés par Dieu. Nous connaissons, par exemple, l'appétit qui incite à boire et à manger ; le sens du goût, qui apprécie et savoure ; la joie de vivre en société et même celle de s'attacher à un compagnon personnel ; le désir de jouer un rôle dans la vie et de s'y faire une place ; le goût pour tout ce qui est beau, la jouissance que procure la vue d'un paysage ou d'une oeuvre artistique. Ce sont là des goûts, des besoins, des désirs parfaitement légitimes.
Le Tentateur s'est empressé de s'emparer de toutes ces choses. Ce sont ses sentiers préférés, qui lui facilitent la tâche. Il s'efforce de nous pousser à quelque excès. Pour Eve, il fit appel à l'amour du beau, au goût, à la curiosité. S'il lui avait dit ouvertement la raison qui l'amenait et ce qui résulterait de son acquiescement, elle se serait certainement détournée de lui sans hésiter. Mais, trompée par ses propos, elle tomba dans le piège.
Pour Job, le Tentateur s'arma de malice. Voulant l'amener à douter de la bonté de Dieu, il s'attaqua à l'amour que cet homme de Dieu portait à son foyer, à ses enfants et à son désir de paix et de prospérité. Amour et désir parfaitement légitimes et que Dieu Lui-même lui avait mis au coeur. Job eut d'abord le sentiment que Dieu lui demandait le sacrifice de ses enfants, détruisait son foyer et lui enlevait paix et prospérité. Du point de vue de Satan, le coup devait infailliblement ébranler la confiance que le grand croyant avait en son Dieu.
De même, au Désert, ce fut d'abord par le moyen d'un besoin charnel qu'il s'approcha de Jésus. Par le besoin bien naturel de s'alimenter, Satan essaya d'induire notre Seigneur à faire ce qu'Il ne devait pas.
En second lieu, il employa un moyen de degré supérieur. Jésus voulait laisser à Son Père le soin de pourvoir à ses besoins. En lui faisant sa seconde proposition, Satan, pour le faire trébucher, se servit de la confiance qu'avait le Maître en la tendresse de Son Père.
Et en troisième lieu, Satan se dissimula derrière un devoir. Régner sur l'Univers était pour Jésus un désir doublement légitime. En tant qu'homme, il avait droit à cette domination dont Adam s'était rendu indigne. En tant que nouveau Chef de lignée, " toutes choses lui avaient été données ". (Matthieu : 11 / 27). Mais Il ne voulait prendre possession de cette domination sur l'Univers que de la manière dont Son Père en avait décidé et au temps arrêté par Lui. (Éphésiens : 1 / 20-21). Satan se servait donc de ce qui était normal chez Jésus : la recherche de la toute puissance sur le monde entier.
Ainsi agit encore de nos jours le Tentateur. C'est de cette même manière qu'il s'attaque à nous. Sur la voie du bien, il chemine avec nous et, à la première occasion, nous pousse dans quelque exagération et cherche à nous faire dévier du chemin étroit de l'obéissance à la volonté du Père. Nous ne serons en sécurité que lorsque nos désirs, même les mieux fondés, seront pour la gloire de Dieu et qu'Il les aura Lui-même dictés.
Il se cache derrière les hommes
Remarquons ensuite, que le Tentateur s'approche de nous en se dissimulant derrière les hommes. Il ne s'agit pas nécessairement d'hommes mauvais. Tout homme, même parmi les meilleurs, peut devenir inconsciemment l'instrument dont Satan a besoin. Quatre cas de ce genre se sont présentés dans la vie de Jésus.
I. L'intervention de la mère et des frères de Jésus cherchant à avoir une entrevue avec Lui alors qu'Il enseignait la foule. L'incident est curieux. II se produisit au moment même où les chefs de Jérusalem se faisaient de plus en plus agressifs. Ils l'avaient suivi jusqu'en Galilée comme des chiens sur une piste, voulant, par tous les moyens, lui dresser des embûches, pour faire obstacle à son oeuvre. Leur opposition, à son point culminant, devenait un réel danger pour Jésus. Pour la seconde fois, il est dit qu'Il " se retira " de ce lieu-là, c'est-à-dire de leurs attaques. Cette expression " se retira " est significative. Elle fait comprendre le sérieux du danger qui le menaçait. Ils avaient porté contre Lui la terrible accusation d'être un lieutenant de Satan.C'est dans ces circonstances, tandis que le Maître parlait à cette grande multitude, qu'Il fut interrompu. On vint lui dire, fait étrange, que sa mère et ses frères étaient là, non loin de la foule et qu'ils désiraient le voir (Matthieu : 12 / 46-50 ; Marc : 3 / 31-35 ; Luc : 8 / 19-21). Il est plus que probable, - les Écritures nous permettent de le penser, - qu'ils avaient toute liberté de s'entretenir avec Lui lorsqu'ils se trouvaient près de Lui. Pourquoi cette soudaine intervention tandis qu'Il est en plein travail ? N'y eut-il pas là complot des chefs juifs, qui, usant de ruse, réussirent à faire pression sur Marie ? Persuadés qu'un homme au coeur si grand n'hésiterait pas à se rendre aux supplications de sa mère, ils cherchèrent à exploiter son influence maternelle pour entraver l'oeuvre de son Fils. C'était là faire appel à un amour naturel et toucher aux liens terrestres les plus sacrés et les plus tendres.
On peut discerner ici une tentative de Satan se servant de l'amour de Jésus pour sa mère, qui, sans se douter de rien, intervint consciemment auprès de Lui. C'est la seule explication plausible de la réponse de Jésus : " Qui est ma mère ? " Pour Lui, cette interruption avait une signification ignorée de tous. Sa réponse revient en effet à celle-ci : " Ma mission ne peut être entravée par aucun lien humain, même pas par celui qui m'attache à ma mère. La seule passion, le seul but de ma vie, c'est de faire l'oeuvre que mon Père m'a confiée. " L'accomplissement de la volonté de Dieu surpasse toute autre considération, toute amitié humaine, tout lien de parenté. Ce n'est ici ni le premier ni le dernier effort de Satan pour mettre au service de ses ambitions les plus légitimes sentiments de tendresse humaine.
II. L'enthousiasme de la multitude envers cet Homme qui avait pu lui procurer assez de nourriture pour assouvir sa faim (Jean : 6 / 1-15 ; Matthieu : 14 / 13-22 ; Marc : 6 / 30-45). La mort violente de son Précurseur Jean-Baptiste avait fait éprouver à Jésus le besoin de se retirer dans un lieu écarté et solitaire pour prier. La foule l'y ayant suivi, Il l'enseigna avec patience. Puis, Il la nourrit de cinq pains et de deux poissons. Tous, rassasiés, furent transportés d'enthousiasme devant tant de bonté et de puissance. Il semble qu'alors, entre les chefs et les disciples, une entente se soit établie pour faire Jésus roi, car le Maître dut obliger les Douze " à entrer dans la barque et à passer avant Lui de l'autre côté " (Matthieu : 14 / 22)
Amener le peuple à proclamer Jésus roi, tel était leur dessein. Projet prématuré sans doute ; et pourtant, si Jésus avait accepté d'en profiter, quelles proportions extraordinaires ce mouvement n'aurait-il pas pu prendre ?
Il y a ici, sans contredit, un renouvellement de la tentation qui avait échoué au Désert : celle d'acquérir la domination sur l'univers sans passer par la souffrance et la mort, tentation dans laquelle bien des conducteurs chrétiens se sont laissés entraîner...
Dissimulé derrière tous ces affamés, que les besoins de leurs coeurs pressaient autour du Maître, Satan renouvelait à leur insu l'ancienne tentation sous un nouveau masque.
La plus subtile encore de toutes ses tentatives
III. Nouveau déguisement de Satan, lorsque Jésus annonce, au cercle intime de ses apôtres, les souffrances qui l'attendent et auxquelles Il veut consentir (Matthieu : 16 / 21-27). Alarmé, Pierre s'y oppose avec énergie. Il a la hardiesse, ou plutôt la témérité, de " reprendre " le Seigneur. Dans un langage impétueux qui fait frémir, il laisse échapper ces paroles inconsidérées : " A Dieu ne plaise ! Cela ne t'arrivera pas. " Son intervention énergique pose de nouveau la question d'un royaume acquis sans sacrifice et sans souffrance. La route n'en sera que plus pénible à parcourir. Les sombres lendemains que le Maître prévoit et qu'Il lui faudra vivre apparaissent plus douloureux encore. Pour Jésus, il est dur de sentir la désapprobation de l'un des membres du cercle restreint des amis qu'Il s'est choisis ! L'incompréhension, il est vrai, vient de la part de Pierre, l'impulsif ! Il lui est néanmoins bien cher et le Seigneur souffre de le voir se mettre en travers de la route que Dieu a tracée. La rudesse de sa réponse, dont la signification ne laisse aucun doute : " Retire-toi de moi, Satan ! " marque la lutte qui se livre en son âme et la décision inflexible qu'Il prend d'aller de l'avant. II est évident que le Tentateur s'était faufilé derrière le coeur ardent et spontané de Pierre sans que celui-ci en ait eu la moindre conscience. Satan s'était juré d'accumuler tous les obstacles et toutes les difficultés possibles sur le chemin du Sauveur à la Croix. Il n'y a donc là rien qui puisse nous étonner.
IV. Le dernier exemple que je vais citer est peut-être le plus subtil et le plus concluant de tous. C'est pendant la dernière semaine. Des Grecs viennent présenter une requête : " Nous voudrions voir Jésus. " Que ce soient des Grecs d'origine, des gens d'une autre nationalité parlant le grec ou simplement des représentants d'un 'peuple non juif, peu importe. Ce sont des gens qui viennent de l'extérieur et qui mettent un empressement touchant à connaître le Seigneur (Jean : 12 / 21)
Pour Jésus, peu s'en faut que la porte juive ne Lui soit irrémédiablement fermée. Et voici qu'une porte s'ouvre d'un autre côté, vers les vastes horizons du monde extérieur. Et c'est pour le monde que le Seigneur est venu. Son oeuvre ne doit pas être enserrée dans les simples limites de la Palestine, qui ne représente que la porte d'accès. Ces hommes à la recherche de la vérité lui ouvrent l'issue vers d'autres peuples. Jésus pourrait aller à Athènes et à Corinthe. Quel chaud accueil peut-être ces villes Lui réserveraient ! Mais Il sait bien que seule la route ensanglantée vers le tombeau du Jardin d'Arimathée peut préparer le chemin vers les Grecs, vers le monde entier, puisque Dieu en a ainsi décidé.
Les paroles qu'Il prononce en cette occasion font toucher du doigt l'intensité, le pathétique de la lutte qui se livre dans l'âme de cet Homme, à quelques jours de la Croix. Écoutez plutôt : " Maintenant, mon âme est troublée ; et que dirais-je ? " Dirai-je : " Père, délivre-moi de cette heure ? Non, je ne saurais." " Car c'est pour cette heure que je suis venu. " Voilà ce que je dirai : " Père, glorifie ton Nom ", même si cela implique une Croix pour moi.
L'heure est poignante, la tentation bien grande. Dire " non " à ces Grecs avides de le connaître. C'est là un des devoirs les plus pénibles de Sa vie. Ce sera peut-être aussi le plus pénible à accepter pour ceux qui se disent ses disciples.
Ce fut donc un des assauts les plus subtils, les plus puissants que Satan lança encore contre Jésus en se dissimulant derrière la démarche de ces hommes à la recherche de la lumière. Mais comment auraient-ils pu soupçonner qu'ils étaient un instrument entre ses mains ?