Simples entretiens sur le Tentateur 

Par Mr Samuel Dickey Gordon

Que la lutte est pénible dans cet air vicié ! Il nous faut une chambre à air intérieure, remplie d'un air qui soit celui qui nous convient, notre air natal. Et il faudra que cette chambre à air soit, non seulement remplie de cet air pur, mais que des conduites nous relient à la source d'air pur du Dieu du ciel. Voulez-vous la formule de cet air que devra contenir votre chambre à air intérieure ? Elle est simple. Elle se compose de cinq éléments qui ont chacun une importance égale. Voici le premier: " Le sang de Jésus purifie de tout péché " et le second : " Que votre vie tout entière et vos activités soient soumises à l'action du Saint-Esprit ". Et le troisième : " Obéissance ininterrompue à sa voix. " Le quatrième : Étude quotidienne du Livre sacré dans le calme et la solitude, afin que nos oreilles soient attentives à Sa parole et nos esprits portés à la connaissance de Sa volonté. Enfin, le cinquième " reconnaître l'Ennemi, lui résister énergiquement au nom de Jésus ".

Veillez, mais priez aussi
 
" Étudiez l'ennemi " est l'une des maximes établies par l'Art militaire. Les gouvernements d'Europe, d'Amérique et, en ces derniers temps, ceux d'Orient, dépensent annuellement des millions dans ce seul but. Ils dépensent même de l'argent pour l'étude des forces militaires et la tactique des nations qui leur sont alliées, mais qui pourraient éventuellement devenir leurs ennemies.

Tout général qui s'engagerait dans un conflit sans avoir, au préalable, une connaissance approfondie de son ennemi serait considéré comme manquant de sagesse, s'il n'était carrément traité d'imbécile.

Notre Ennemi n'est pas un ennemi possible, c'est un Ennemi réel. La guerre est déclarée et il la mène. Il est évident que Dieu désire que nous le connaissions, puisque, dans Sa Parole, il nous a donné tant de renseignements sur lui et sur ses forces.

Notre Seigneur nous a dit : « Veillez et priez afin que vous ne tombiez pas dans la tentation. »

La tentation est là. Elle révèle le Tentateur et ses embuscades. " Prier " ne suffit pas. " Veiller " ne suffit pas. Il faut accomplir les deux. Les yeux et les genoux doivent accomplir ensemble leur labeur. " Veiller ", c'est l'attitude devant l'Ennemi, " prier ", l'attitude devant Dieu. Nous devons avoir, non seulement l'œil aux aguets, mais aussi les regards fixés En Haut. On n'a pas trop prié, mais on a trop négligé d'épier l'Ennemi. Tandis que certains d'entre nous, à genoux, se confinaient dans la prière, l'Ennemi s'est glissé en eux et les a fait trébucher. Nous devons apprendre à prier les yeux aux aguets et les oreilles aux écoutes, car notre Ennemi rôde autour de nous, avec ses ruses. La prière de celui qui ne veille pas est affaiblie. Les genoux ont besoin des yeux.

Plus nous veillerons, plus nous prierons. Nous réaliserons toujours mieux le danger qui nous menace et notre propre impuissance. En veillant davantage, en exerçant nos yeux à percer l'obscurité, notre prière s'élèvera plus fervente et plus assidue.

Cette surveillance harcèlera l''Ennemi. Il redoublera d'ardeur peut-être, mais notre prière sera plus précise et plus énergique. « Veiller » permet à la prière de nous révéler notre faiblesse. Nous nous sentons alors poussés à rendre les armes à notre Vainqueur, nous reposant entièrement sur Lui pour nous délivrer. Nous ne saurions mieux faire devant notre adversaire. Nous apprenons ainsi à nous appuyer sur Lui, dans nos difficultés les plus grandes. Et cet abandon complet de tout entre Ses mains assure et active les résultats.

L'importance de certains « pas »
 
Maintenant que nos yeux se sont exercés à veiller avec plus d'ardeur, je voudrais que nos entretiens recherchent mieux encore les traits distinctifs de la personne de notre Ennemi, le Tentateur. Nous voudrions le connaître davantage afin de mieux le dépister et de lui résister plus efficacement.

C'est un être doué d'une grande beauté physique. Il possède donc un charme incontestable. Et pourtant, remarquons-le, sa beauté est bien diminuée. Rien ne défigure comme l'égoïsme. Le visage le plus charmant devient le plus laid. Le péché rend laid. La beauté de Satan s'est dégradée, jusqu'à devenir la fausse beauté de poudre et de peinture, des vêtements somptueux et des vives couleurs. Il vient sous un déguisement de beauté et de fard.

Il possède une immense puissance et une grande dignité. Il nous est raconté que l'archange Michel, alors qu'il contestait avec le diable en une certaine circonstance, lui parla respectueusement, ainsi que l'on parle à quelqu'un qui occupe une très haute position (Jude : 9)

Il est à la tête d'une forte organisation d'esprits. La description de cette organisation par saint Paul nous révèle combien les forces dont il dispose sont parfaitement organisées et disciplinées (Éphésiens : 6 /  12). Et quoique, dans les rangs de son armée, souffle un fort vent d'indépendance et de mépris de toute autorité, elle jouit d'une discipline dans le mal qui l'emporte pour mieux aboutir au succès.

Paul dit que nous avons à lutter " contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. " Ces mondes si bien organisés, issus du cerveau de Satan, nous révèlent l'étendue de son génie.

Mais contre lui s'élèvent certaines négations que nous devons inscrire en grosses lettres et en encre indélébile. Nous serons immédiatement fixés sur ses limites. Il n'est pas omnipotent, bien que l'autorité qu'il détient soit plus grande que nous le réalisions. Il n'est pas omniprésent, bien que la superbe organisation dont il dispose puisse le laisser supposer. Il ne possède pas la prescience, bien qu'il devine avec sagacité. Et il n'est pas omniscient, c'est-à-dire qu'il n'a pas la connaissance de toutes choses, bien qu'à travers les siècles il ait accumulé un grand savoir. Ces traits sont le propre de Dieu seul.

Satan, lui, au contraire, rappelons-le, ne peut agir que si nous le lui permettons. Ceci est en partie la raison de sa faiblesse inhérente. Et une bonne partie de la puissance qu'il possède parmi les hommes, il la détient de leur ignorance de son existence ou de leur volonté de l'ignorer - ou enfin de leur active coopération avec lui.

 
Ses facultés mentales
 
On attribue à Satan une grande et puissante intelligence. Il passe pour un géant intellectuel. Il y a là certainement un fond de vérité. Le récit de sa création, son amitié avec Dieu, au début de son histoire, et l'oeuvre qui lui fut confiée portent à conclure que ses ressources mentales devaient être immenses.

Et pourtant, en regardant les choses de plus près, on en tirera de toutes autres conclusions. Bien des traits de son intelligence nous forcent en effet à admettre qu'elle est nettement d'ordre secondaire. Il ne possède pas des facultés de premier plan. Souvenons-nous en lorsque nous aurons affaire à lui.

Remarquons que c'est la ruse et l'astuce qui dominent chez lui. Il a le don de s'acharner, d'insister sans se laisser abattre. Sa puissance de séduction est considérable. Ce sont là, en fait, ses remarquables facultés. Mais les animaux ne sont-ils pas malins, eux aussi, rusés, doués de pénétration et d'énergie ? Ce ne sont donc pas là des facultés de premier ordre. Et ce sont les traits dominants chez Satan !

Il ne possède certainement pas la sagesse. On ne peut, avec la meilleure volonté du monde, lui décerner cette qualité. Il est même curieux de découvrir combien son jugement est court. Il s'abuse fréquemment lui-même et va souvent à l'encontre de son but. Et cela nous laisse entendre que sa perspicacité n'est, au fond, que le résultat d'une longue et ancienne habitude de deviner. Il est passé maître dans cet art. Une grande partie de ce qui est attribué à sa clairvoyance, à ses connaissances étendues, voire même à sa prescience, n'est de sa part que ruse et finesse de sorcier !

Et puis, c'est par-dessus tout un plagiaire. On l'a dénommé le " singe de Dieu ". Relisez l'Apocalypse et vous remarquerez que, dans tout ce qu'il fait, il cherche tout simplement à copier Dieu. C'est ainsi que l'un de ses agents principaux se présente sous la forme d'un agneau (Apocalypse : 13 / 11)

Imiter est, à vrai dire, une des lois fondamentales de la vie. C'est la loi commune qui régit toute action depuis l'enfance jusqu'à la blanche vieillesse. L'originalité n'implique pas l'absence d'imitation. Elle consiste dans le goût, l'art et l'habileté d'arrangement des découvertes d'autrui. Le Prince-traître, lui, a plagié.

On ne découvre, en ses oeuvres, aucune trace d'originalité. Là encore, ses facultés sont d'ordre secondaire.

Ce n'est pas étonnant, somme toute. Il s'est séparé de Dieu, source de vie et de sagesse. Toute vie physique, morale et spirituelle est en Dieu. Satan existe, mais par sa rupture avec Dieu, il ne peut user que de ce qu'il a reçu et ne produit plus rien de nouveau.

Considérable puissance de l'expérience
 
Et pourtant, tel qu'il est, nous ne sommes pas de taille à nous mesurer avec lui. C'est là peut-être une confession humiliante. Mais elle est aussi vraie qu'humiliante.

Voulez-vous savoir pourquoi ? C'est, tout d'abord, à cause de sa longue expérience. Dans la vie pratique, l'expérience a plus de valeur que tout autre chose. Un homme d'intelligence moyenne ou plus que moyenne, par exemple, mais qui a acquis une longue expérience, surpassera de beaucoup un autre dont l'intelligence sera de premier ordre, mais sans expérience.

Aucun talent, quelle qu'en soit l'exceptionnelle valeur, ni les avantages incalculables de la plus solide instruction, s'ils sont dépourvus d'expérience, ne peuvent résister un seul instant dans la vie à une expérience mûrie et utilisée avec savoir-faire.
L'expérience surpasse tout autre capacité inexpérimentée. Pour avoir traversé une fois des circonstances difficiles, nous acquerrons à l'instant plus de confiance en nous et de maîtrise lorsqu'une situation analogue se représentera. Toute situation nouvelle nous effraie. L'ignorance engendre la crainte mais nous prenons confiance en nous-mêmes après avoir fait la même chose cent fois, mille fois. L'expérience est créatrice de hardiesse. L'expérience, c'est déjà la science.

Satan a une longue expérience. Il y a des milliers d'années qu'il est à l'oeuvre. Il nous connaît parfaitement. Nous ne sommes devant lui que des enfants, des débutants, des maladroits.

Voici une deuxième raison qui explique notre incapacité à lui résister ici-bas. Cette raison est humiliante, mais, une fois de plus, aussi vraie qu'humiliante : notre intelligence spirituelle n'est pas de premier plan non plus ; elle ne l'est, du moins, que lorsque l'Esprit de Dieu s'est emparé de nous. Le cerveau le mieux organisé, tant qu'il pense sans Dieu, est privé de son meilleur aliment.

Nous aussi, nous sommes séparés de Dieu par le péché. Et même, lorsque nous sommes revenus à Lui par la rédemption, tant que nous Lui refusons la suprématie sur notre intelligence, nous sommes au-dessous de notre vrai niveau. Nous ne possédons pas la plénitude des facultés qui nous étaient échues.

Aussi, sommes-nous tous d'accord pour reconnaître avec tristesse que ce compromis avec le mal et l'égoïsme a pris force de loi parmi nous, même si nous sommes considérés comme chrétiens. Et devant notre Ennemi, nous en sommes diminués.

Intelligence non livrée
 
On peut aller encore plus loin. Il existe des gens sincères et vraiment pieux qui se sont livrés au Seigneur Jésus, mais qui ne Lui ont pas consacré leur intelligence. C'est une faute. Non qu'il s'agisse d'annihiler sa raison et de suivre aveuglément un magister quelconque, ce que certains cependant considèrent comme une grâce. Mais quand le Saint-Esprit a saisi une âme, il se produit un renouvellement de l'intelligence aussi bien que du coeur. Il crée en nous une compréhension nouvelle des choses comme une nouvelle ardeur et une nouvelle force. Il faut une « nouvelle intelligence » pour comprendre les vérités révélées. Si nous ne la possédons pas, le Saint-Esprit ne peut entièrement régner sur nous. Cette défaillance est encore pour nous une cause de moindre résistance à Satan.

On pourrait faire ressortir d'autres traits encore. Satan est un menteur. On ne peut ajouter foi à ce qu'il dit. Il est d'une rare habileté à dissimuler. Il sait mélanger la vérité et le mensonge, le vrai et le faux avec tant d'adresse, tant de sagacité que même les élus s'y laissent prendre.

Seule la prière constante peut jeter de la lumière dans ces zones troubles. Seuls les yeux exercés par la lecture assidue de la Parole savent discerner le vrai du faux et ce qui est la réalité de l'invention.

Toutes sortes de mensonges viennent de Satan, grands et petits ; mensonges... noirs et blancs, de ce blanc sale, de ce blanc gris de fumée qui parait être sa couleur favorite, mensonges mondains, mensonges d'affaires, mensonges personnels, mensonges Église, mensonges pieux, mensonges de la vie et des actes, mensonges habillés. Tout vient de lui. Il se plait dans les déguisements et s'en sert avec délices. Il est l'ennemi irréductible de la vérité.

L'arme d'un lâche
 
Et puis, il aime à employer la force. La violence est son arme favorite ; soit qu'il menace, soit qu'il se mette en action par l'intermédiaire d'une personne ou utilise des combinaisons de force.

Si un homme en tue un autre, cet acte s'appelle communément un meurtre. Si une masse considérable d'hommes savamment organisés accomplissent le même acte avec plus ou moins de science et de courage, cela s'appelle la guerre ! A cet égard, avant de pouvoir tirer de justes conclusions, il faudrait étudier cette question sous deux aspects. La plupart des grandes armées ne sont que de simples et vastes forces de police qui ont pour mission de maintenir l'ordre dans les rues où la masse de la nation défile et se bouscule dans ses allées et venues.

Mais l'emploi de la violence, de la force brutale pour régler les conflits internationaux, c'est la manière d'agir de Satan. Elle dépeint tout son caractère. Chercher une solution dans la simple force animale, c'est naturellement rabaisser toute affaire à son niveau le plus bas. C'est croire à la loi du plus fort qui, bien souvent, ramène le bien au niveau du mal, si même elle ne met le mal à la place du bien. Toutes les foi que l'on a recours à la violence pour arriver à ses fins, que ce soit entre individus ou entre peuples, c'est le Malin, le Prince usurpateur qui est l'inspirateur.

Dans la vie sociale, certaines classes se servent de leurs privilèges pour nuire aux autres et les écraser. Dans le monde des affaires, c'est la loi générale. Chacun se sert de tous les avantages dont il peut disposer pour écraser un rival et l'obliger à accepter ses conditions. En politique - et même dans Église ! - cette mentalité prévaut. Cela nous fait toucher du doigt l'étendue de la maligne influence de notre Ennemi sur tous nos milieux. Ainsi se précise le caractère du Malin. Il n'est rien de plus méprisable et de plus lâche que d'employer la force seule pour arriver à ses fins. Satan est donc un lâche, un misérable, un méprisable lâche. Lâche comme la plupart des violents. C'est un fanfaron et un vantard.

Il s'attaque aux plus faibles. Il s'approchera sournoisement, par exemple, du lit de maladie où est étendu, faible de corps et las d'esprit, quelque saint enfant de Dieu, cher à son Sauveur et lui insufflera ses misérables doutes ; il l'agacera, l'exaspérera, le tourmentera jusqu'à le jeter dans le désespoir. Quelle lâcheté ! Lâche, il a peur. Il redoute le Seigneur Jésus.

Il n'a pas le courage de se mesurer avec Lui dans une lutte équitable et honnête, d'égal à égal. S'il y était contraint, il s'esquiverait rapidement. Il nous craint nous aussi, lorsque, nous cramponnant à Jésus, nous ne formons plus qu'un seul corps avec Lui. Résistez-lui, il s'en ira tête baissée et cherchera ailleurs quelqu'un de moins averti ou qui ne sera pas sur ses  gardes. Attachez-vous donc au Maître. Ne vous écartez pas de Sa Présence. Résistez à ce grand lâche par le nom puissant de Jésus et vous serez en sécurité.

Mais souvenez-vous qu'il est pourtant tenace. Tenace, parce qu'il revient toujours à la charge. Il a la ténacité du bull-dogue. Il est crampon. Seule notre obstination à nous accrocher à Jésus peut en venir à bout. Il ne peut la supporter. Plus il s'obstinera, plus il faudra nous cramponner et tenir bon. Alors, il est battu d'avance et il le sait. La persistance de notre Tentateur n'est que fanfaronnade. Il rétrogradera devant notre ferme volonté.

Lorsqu'il est le plus fort, il n'est que faiblesse
 
Une amie me racontait qu'elle s'était chargée d'un neveu, pendant l'absence de ses parents, en séjour aux Indes. Or, la portion des Écritures à lire au culte de famille se trouvait dans l'Apocalypse. Elle avait longtemps hésité à entreprendre cette lecture de crainte que les enfants ne pussent comprendre. Finalement, elle résolut de faire un essai, estimant que les enfants, souvent, saisissent plus qu'on ne le pense.

Un jour, le jeune garçon, lui dit tout à coup : " Satan sera bien puni, n'est-ce pas ? " La tante, fort étonnée de la remarque, le questionna pour découvrir le fond de sa pensée. " Puisqu'il sera jeté dans l'abîme et ensuite dans l'étang de feu ", poursuivit l'enfant. Il avait donc bien mieux compris la lecture biblique faite en famille qu'on n'aurait pu le supposer. Sa tante se mit en demeure de l'éclairer et de l'instruire sur ce point. La remarque que lui fit l'enfant, un soir qu'elle le couchait, prouve à quel point elle y réussit. Comme se parlant à lui-même, il dit : " Satan est très fort ; il nous est impossible de le vaincre ", d'un ton qui révélait la détresse de son esprit. Puis son visage se rasséréna et c'est la voix complètement transformée qu'il reprit : " Mais avec Jésus, nous sommes cent fois plus forts que lui. " Et tandis que sa tante le bordait dans son lit, il se reprit et corrigea : " J'ai dit cent fois, mais c'est mille et mille fois plus fort que j'aurais dû dire ! "

La lecture biblique avait porté ses fruits chez cet enfant. Pour nous, les deux impressions qui doivent en ressortir : la grandeur de l'Ennemi et la puissance plus grande encore de notre Seigneur, puissance à notre disposition, nous seront d'un grand secours tandis que nous grandirons dans la vie chrétienne. " Avec Jésus, nous sommes mille fois plus forts " et combien plus encore ! Souvenons-nous-en. Cette certitude redoublera notre énergie dans la résistance et mettra notre ennemi en fuite.

Et maintenant, résumons-nous !
 
Satan vit sur un fond, toujours le même, et qui ne se renouvelle plus : ses richesses d'avant sa chute. Il garde le génie de l'organisation et de l'obstination. Il est très fort et a à sa disposition des armées bien disciplinées et innombrables. Il est menteur. Il est violent. Il est un puissant imitateur. Mais c'est tout. Dans cette grandeur même percent les marques de sa petitesse. La vérité prévaut toujours sur le mensonge. La violence est bestiale. Elle est sans intelligence. Elle engendre la lâcheté. L'imitation restreint les moyens d'action. Satan n'invente rien.

Ainsi, de notre côté, si nous sommes livrés au Seigneur, si notre intelligence elle-même est renouvelée par le Saint-Esprit, si nous nous cramponnons à la puissance d'En-Haut, nous obtenons une victoire facile. C'est la puissance de notre Dieu qui la remporte.

IV. TENTATIONS-TYPES

Eden : le Tentateur et ses agissements

Trois attaques

 
Le Tentateur livra trois grands combats, à trois reprises différentes, dans l'intention arrêtée de détourner l'homme des sentiers de Dieu : en Eden, au Désert et au Calvaire. Chaque fois, le but poursuivi fut le même : éloigner l'homme des voies de Dieu et faire échouer le plan divin. C'était là son dessein dans ces trois tentations comme dans toutes les autres.

En Eden, l'homme se laissa prendre dans les pièges que le diable lui avait tendus. Il désobéit. Il fit la volonté d'un autre que Dieu et devint l'esclave de celui à qui il céda. Il perdit son droit à la domination de la terre.

Notre Seigneur est venu ensuite comme le fondateur d'une nouvelle race. Il est venu racheter ce qui avait été perdu. Son entrée dans le monde fut comme un défi personnel lancé au Prince-traître. Il releva le gant et le corps à corps eut lieu au Désert. Ce fut la deuxième grande attaque livrée à notre race, incarnée en Jésus-Christ.

 Notre Seigneur subit d'autres tentations avant celle du Désert. La vie à Nazareth fut une continuelle tentation, nous l'avons vu, ainsi que son ministère. Mais le Désert fut une bataille rangée où les deux Ennemis mesurèrent leur force face à face.

Une troisième grande attaque s'ensuivit : le Calvaire. Après l'échec du Désert, Satan voulut s'essayer à nouveau dans un effort plus décisif. Et ce fut la Croix. Là, Jésus concentra toute Sa puissance. Quelle reconnaissance ne devons-nous pas à notre Sauveur pour sa fermeté dans l'obéissance qui lui valut cette nouvelle victoire ! Car tout ce qui était le plus cher à l'homme était en jeu. Il agissait à sa place. Il était là notre représentant et notre substitut.

Au Calvaire, Satan essaya de rendre l'obéissance aussi pénible, aussi difficile, aussi impossible même qu'il le pût. Les pires indignités, les hontes les plus dégradantes, les épines, les fouets, les coups de marteau et la croix ; les souffrances morales, physiques et spirituelles, en un mot, tout fut mis en oeuvre pour essayer d'entraver la marche en avant de Jésus et le faire rétrograder. Vraiment là, Satan fut Satan.

Mais - que le nom de Jésus soit à jamais béni -ble Maître triompha. Il endura tout. Nul ne réalisera jamais autant que Lui tout le poids du fardeau dont on le chargea. Un abîme insondable est ouvert dans ces paroles de saint Paul : " Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix ! " (Philippiens : 2 / 8). Toute l'horreur de l'enfer, toute l'abomination, toute la haine du Tentateur, toute la simple et ferme obéissance de Jésus, notre Seigneur, envers son Père, tout l'amour incomparable de Dieu sont exprimés dans ce mot de quelques lettres " même ".

Dieu nous a décrit ces grandes tentations avec force pour nous instruire des machinations dont est capable le Tentateur et de la sagesse de notre Vainqueur. Nous examinerons donc ces deux exemples.

Eden nous révèle la manière d'agir du Tentateur. Nous devrions nous en imprégner pour mieux « veiller ». Le Désert et le Calvaire nous montrent comment notre Seigneur lui résista. Cela devrait nous courber plus intensément dans la prière.

La trace du serpent en Eden

Et d'abord, un simple coup d'œil sur Eden.

 
Eden, c'était ce que Dieu nous destinait. Eden, un jardin. Qu'y a-t-il de plus attrayant qu'un jardin ? Tout y était perfection. Pas de point d'interrogation, aucun doute, aucune incompréhension, aucun soupçon, mais l'entière et douce confiance de l'amour parfait entre Dieu et sa créature. L'amour était l'atmosphère qui baignait tout ce jardin. Tout y était pureté et innocence. L'amour vrai est toujours pur. Le péché n'existait pas : ni flétrissure, ni souillure, ni mal, mais partout sainteté de coeur et de vie, d'imagination, de pensée et d'acte.

Dieu et l'homme vivaient en parfait accord. Chacun jouissait de la présence de l'autre. Cette amitié découlait de toutes les perfections du lieu et de ses habitants.

Eden ! tel était donc le don de Dieu.
 
Alors, vint le Tentateur. Pourquoi vint-il ? Parce qu'il désirait la souveraineté sur la terre. Cet empire avait été donné à l'homme.

Le Tentateur intervint pour le dérober. Parviendrait-il à détourner l'homme de son obéissance (ne serait-ce que de la moitié de l'épaisseur d'un cheveu) que la domination de la terre ne lui appartiendrait plus. Le Tentateur aurait le pouvoir, non seulement sur la terre, mais aussi sur l'homme dont il recherchait l'adoration.

Remarquez comment il vint et vous saisirez mieux comment il vient encore. Il nous faut profiter de la leçon donnée en étudiant les traces laissées en Eden.

Ses procédés
 
Il se présenta à l'homme sous trois aspects. Il vint en vêtements l'emprunt : il était déguisé. Ceci nous donne à réfléchir. Craignait-il de se montrer à découvert ? J'en ai la conviction. Avait-il peur ? Je n'en ai aucun doute. Si Satan se présentait tel qu'il est, avec ce que nous savons de lui, il serait, la plupart du temps, malmené et refoulé à coups de pied. Et c'est pour cette raison qu'il se travestit. Il vint donc sous la forme d'un animal, le serpent. Et remarquez qu'il choisit, comme toujours, celui qui lui offrait le plu de chances de réussite. Car le serpent est lui-même plein de ruse.

Le mot « rusé » ne doit pas être compris simplement dans le sens de « malin », ainsi qu'il l'est généralement, mais nous devons entendre par là, une finesse, une pénétration, une subtilité d'esprit prononcée, si je puis me permettre l'emploi du mot " esprit " en parlant d'un animal. Il exploita ce qui, dans le serpent, avait le plus de rapport avec ce qu'il voulait faire. Il se servit de ses allures rampantes, sournoises, tortueuses. Il est venu et il vient encore de cette manière. Celui-là est un homme intelligent et clairvoyant qui saura dévoiler tous les déguisements de Satan !

Puis, c'est au corps humain qu'il s'attaqua pour mener à bien son entreprise. Que ceci nous fasse à nouveau réfléchir. Eve agit sous l'instigation d'un désir charnel parfaitement légitime : celui de manger quelque chose de bon. Ce fut par cette envie qu'il entra en elle. Et si vous voulez bien y réfléchir, vous vous rendrez compte que c'est bien là une de ses manières favorites de procéder : agir sur nos besoins, sur nos fonctions naturelles.

Il est aisé de se rendre compte de l'étendue du mal que cela comporte. Toute fonction n'est justifiable que lorsqu'elle répond à l'intention pour laquelle elle a été créée. S'étant ainsi introduit dans le corps, il précise son attaque au point faible, là où il sait que nous sommes vulnérables. En excitant le corps, il parvient à s'en rendre maître et il s'y installe. J'ai le sentiment que c'est, de nos jours, sa tactique la plus puissante et celle qui lui réussit le mieux. Sa domination sur la chair est grande et, bien plus que nous ne le supposons, il y a, dans nos corps même, une délivrance possible des serres de Satan par Jésus-Christ, notre Vainqueur.

A vrai dire, il commença par l'esprit pour atteindre le corps. Car, c'est par un discours que le Malin séduisit Eve. Il ne pouvait faire autrement. Toutefois, c'est la chair qu'il visa en premier lieu. Mais pour convaincre, il troubla l'esprit. Il embrouilla les idées, il y jeta la confusion, l'erreur, les grisailles et tout ce qui fait qu'on n'y voit plus clair. Il trompa sa certitude, l'ébranla et fit captive sa volonté au point de la plier absolument à la sienne. Il ne sera pas superflu de répéter une fois de plus ici que la seule chose qu'il cherche à obtenir, c'est la soumission de notre volonté à la sienne. Mais il ne peut y arriver sans notre consentement. Tout homme est le souverain de sa volonté. Tout homme se trouve comme dans une solitude impériale dans le royaume de sa volonté. Et Satan fait tous ses efforts pour l'ébranler et s'en rendre maître.

Il commence donc par notre esprit. Il peut obscurcir notre intelligence par des pensées malsaines, troublantes et démoralisantes. Il ne néglige rien. Ayant obtenu ce premier résultat, il lui est facile d'atteindre toute notre vie mentale avec plus de succès que nous ne nous l'imaginons.

Ceci est plus qu'une simple allusion à ceux qu'il a fallu enfermer dans des Asiles de fous. C'est une affirmation que j'apporte. C'est lui qui est responsable, dans une large mesure, de leur état ; il n'y a pas â en douter. Ils sont des victimes. Mais le Malin ne peut plus rien tirer de ces vaincus. Aussi préfère-t-il influencer nos facultés à nous, qui possédons un soi-disant esprit sain. Il s'acharne contre nous dans le but de semer en nous la confusion, l'erreur et de nous entraîner à sa suite.

En conséquence, nous obtiendrons plus de clarté, de sérénité d'esprit et de force dans notre vie en restant fidèles au Christ, plutôt qu'en écoutant notre Ennemi.

Voici donc, en résumé, comment il s'est présenté : sous des habits d'emprunts, il a séduit le corps en embrouillant l'esprit.

La généalogie du doute
 
J'attire votre attention sur ce qu'il fit ; n'oubliez pas que ce sont les traces du serpent d'Eden que nous suivons. Et si jamais vous découvrez, où que ce soit, des traces semblables à celles-ci, soyez persuadés que c'est la même traînée visqueuse du serpent.
Son premier acte fut de mettre en doute l'Amour de Dieu. "  Dieu a-t-il vraiment dit que vous ne mangiez pas du fruit de tous les arbres ? Qu'Il est dur votre Dieu ! De si beaux arbres ! et un fruit si délicieux ! Mais n'est-il pas placé là pour que vous en mangiez ? Votre corps en sera restauré. Qu'Il est cruel votre Dieu ! Vous a-t-il vraiment défendu de manger ce fruit ? Quel abominable Dieu que le vôtre ! " Voilà des insinuations qui conduisent au doute sur l'Amour de Dieu. En suivant les récits du livre de la Genèse, j'aimerais vous exposer la généalogie de ce qui s'appelle " le doute ". Aux dix généalogies du livre de la Genèse, j'en ajouterai donc une onzième pour nous faciliter les choses.

C'est Satan qui engendra le doute. Le premier de tous fut un doute sur l'Amour de Dieu. Ce doute engendra celui sur Dieu Lui-même. Le doute sur Dieu engendra tous les doutes. Ils se répandirent partout dans le monde entier. Nous vivons dans un monde où le doute règne. Nous nous méfions de tous les hommes. Nous observons les autres avec défiance, un œil inquiet constamment tourné vers eux.

Voici maintenant la seconde génération. Le doute engendra la mésintelligence. C'est ici une vaste génération. La mésintelligence engendra des fils et des filles : l'esprit critique duquel naquit une très grande famille dont plusieurs membres, dont tous les membres, devrais-je dire, sont demeurés au milieu de nous jusqu'à ce jour. L'esprit critique engendra la haine et ses multiples formes. Et les fils et les filles de la haine sont la violence. Les enfants de la violence sont : le meurtre (quand il s'agit d'un seul individu) et la guerre (quand il s'agit des masses)

Telles sont les générations du Doute que Satan engendra en ce jour-là, au Jardin d'Eden. Et ce que ces générations ont de particulier, c'est leur vitalité. En comparaison, Mathusalem mourut tout jeune.

En second lieu Satan mentit. Peut-être ferais-je mieux de ne pas trop m'arrêter là-dessus. On l'a fort bien appelé le Père du mensonge, du mensonge sous toutes ses formes. Et nous voilà de nouveau en présence d'une nouvelle grande famille ! Il ne m'est assurément pas nécessaire de les étiqueter tous. Il y a des mensonges  blancs et des mensonges noirs ; Il y a de petits mensonges, d'après l'évaluation des hommes, et de gros mensonges. Il y a les mensonges de politesse et les mensonges mondains ; ceux des affaires, ceux que l'on dit et ceux que l'on vit. Le monde entier est envahi par des mensonges issus du premier que prononça Satan. Tous viennent de lui. Tout mensonge du regard et des lèvres, quel qu'en soit le but, social, personnel ou religieux - car, sachez-le, il y a tout une lignée de mensonges religieux - toute cette engeance remonte en droite ligne au Père du mensonge.
En troisième lieu, il alluma les feux d'une ambition sacrilège. Il dit à la femme : " Vous serez comme des dieux. " Oui, toute l'ambition de Satan est là : être l'égal de Dieu ! être adoré comme Dieu ! Il dit à Eve : t'est possible, par un acte très simple, de t'élever au-dessus du niveau que Dieu t'a assigné et d'atteindre le niveau même de Dieu. Et toute notre ambition sacrilège, ai-je dit, naquit en cet instant. Je ne sais comment assez abréger et simplifier ce que j'ai à vous dire. S'élever au-dessus de l'état que Dieu nous a assigné, c'est la démangeaison universelle. On la retrouve dans la vie commerciale, dans la vie sociale, dans la vie politique, dans le monde des affaires, dans la vie religieuse, dans toutes les formes de la vie. 

 
 
 



Créer un site
Créer un site