En remontant aux origines
Que celui qui voudra se rendre compte par lui-même des enseignements de la Bible, en parcoure rapidement, mais soigneusement, toutes ses pages et note les allusions concernant l'Ennemi qu'il y découvrira. Muni de feuilles blanches, il y transcrira chaque texte dans un ordre établi, recopiant simplement les seules paroles nécessaires et suffisantes pour que tout le contenu du passage lui revienne facilement à la mémoire. Il aura soin de laisser une bonne marge à droite, au cas où il lui semblerait bon d'adjoindre des notes.
Une bonne concordance (1) sera également d'un appréciable secours dans ce travail.
Toutefois, l'habitude de lire la Bible page après page, régulièrement et sur une large échelle, est à la base de recherches de ce genre. Elle les facilite et les agrémente. Plus encore : les conclusions que vous en tirerez seront plus exactes, plus dignes de confiance, puisque chaque passage aura été pris dans son contexte. Or, ce contexte apporte aux paroles mêmes du passage le sens vrai qu'il faut leur prêter. Relevez les endroits où se trouveront les noms, les titres qualifiant Satan, les démons, le diable, et écrivez-les. Au fond, cette étude n'est pas aussi laborieuse qu'on se le figure. Elle devient même très prenante.
(1) Sorte de dictionnaire des textes sacrés.
Ce simple travail qui consiste à rassembler et grouper les affirmations de la Parole de Dieu que nous bénissons, non seulement changera votre manière de voir en ce qui concerne notre Ennemi mais il fera davantage. Il aura une répercussion sur vos vies, sur votre consécration et votre soumission si vous êtes déterminés à être fidèles à notre Seigneur. Votre manière de prier en sera modifiée. Votre prière deviendra plus hardie, plus exigeante. Elle s'appropriera des promesses précises ; que dis-je ! d'autres avantages encore et bien plus grands seront votre partage. Vous acquerrez le sentiment intime et profond de l'existence de Quelqu'un, d'une Réalité qui vous résiste, qui essaie de vous détourner ou de vous faire trébucher.
Et si le courage ne vous abandonne pas et que vous persévériez sans faiblir, le sens d'un verset, tel que celui-ci, ne vous échappera pas : " Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. " (1 Jean : 4 / 4)
L'expérience vécue sera pour vous le meilleur des commentaires et inondera cette parole d'une clarté qu'aucun livre ne saurait apporter. Toutes les fibres de votre être seront saisies par cette vérité : Celui qui est dans le monde est grand, immensément grand, bien trop grand pour que vous l'attaquiez seul. Mais plus grand, oui, plus grand est l'Autre. De ce comparatif, aucun livre ne saurait donner une explication suffisante. " Grand " se rapporte à l'Ennemi. Celui-là seul qui résiste peut comprendre l'étendue de ce qualificatif. Mais, - ah ! voilà un mais que nous accueillerons de nos bénédictions ! Tout Évangile est là, dans ce mais. Toute la puissance d'une vie d'obéissance parfaite à Nazareth, le sacrifice d'une vie sur le Calvaire, et un matin de Résurrection triomphante sont dans ce mais. - Mais, Lui, le Vainqueur est plus grand. L'intensité du combat que vous livrez vous donne la mesure de la puissance du comparatif « plus grand »
Revenons maintenant à la biographie de Satan. Elle contient sept chapitres. Mais chacun peut être abrégé et réduit de manière à ce que l'ensemble puisse être facilement gardé par nos mémoires.
I. Le premier traitera de ce qu'était Satan à l'origine, avant qu'il devînt Satan. Il fut appelé ainsi plus tard, après que son caractère se fût transformé. Au premier abord, quand il était tel que Dieu le créa dans son grand Amour, ce " Prince " était une créature dont la personne était d'une rare beauté et possédait la sagesse remarquable, la puissance immense et l'élévation d'un haut dignitaire.
Ces paroles de Jésus si pleines de clarté : " Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair " (Luc : 10 / 18), permettent de faire des déductions sur cette première phase de la carrière de Satan. Weymouth, dans une note, donne cette autre traduction plus longue, mais plus exacte : " Je contemplais (1) et voilà, Satan fut précipité avec la rapidité de l'éclair traversant le ciel. "
Rapprochons cette parole d'autres passages analogues que contiennent les différents livres des Écritures, et l'on se rendra compte qu'elle se rapporte clairement au début glorieux de la carrière de Satan.
(1) Autrefois, dans le passé. Le tableau d'Ézéchiel
Dans le livre de ce prophète, notre attention est attirée par un passage remarquable concernant Satan. Trois chapitres s'étendent sur le royaume de Tyr. L'une de ces villes-royaumes des temps antiques située en Phénicie, sur la côte méditerranéenne, au nord-ouest du territoire occupé par Israël, Tyr, était l'un des plus prospères, des plus puissants, des plus arrogants royaumes de ce temps-là. Sur ce point, il n'y a pas l'ombre d'un doute. L'on pourrait même renforcer de beaucoup les qualificatifs sans dépasser les limites du vrai. Ézéchiel commence par prophétiser sur toutes les grandes nations qui entouraient alors Israël. Puis, les chapitres : 26, 27 et une bonne partie du 28 contiennent un message qui est le jugement de Tyr et qui se termine par une péricope remarquable entre toutes : chapitre : 28, versets : 1 à 19. Les 10 premiers versets s'adressent au " Prince de Tyr ". Les neuf derniers concernent le " Roi de Tyr ". Les premiers renferment un appel pour le " Prince. Les autres sont des lamentations sur le Roi ". Nous remarquerons que le titre de " Prince " est inférieur à celui de " Roi ". Un prince est sous l'autorité du roi. Un roi règne sur ses princes qui, à leur tour, peuvent gouverner ceux qui sont au-dessous d'eux.
Le langage employé ici en s'adressant au prince, pourrait fort bien convenir à un homme quelconque. On va même jusqu'à le désigner sous le nom d' " homme ". Tandis que le langage qui s'adresse au roi diffère totalement de celui dont on se servirait pour un homme. Il ne peut convenir que pour un roi. Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est ce même esprit qui anime le prince et le roi. Le même trait essentiel les rapproche. Le prince paraît être la réplique du roi. Une même beauté, une même sagesse, une même puissance et une même insubordination envers Dieu les caractérisent tous deux.
Gardons toujours présent à l'esprit que le Livre de Dieu est écrit du point de vue de Dieu. Les choses terrestres sont vues comme Dieu les voit. Il faudrait ne jamais l'oublier. Le Saint-Esprit semble nous peindre ici le tableau des choses humaines telles qu'Il les voit du haut des cieux.
Un homme parmi les humains est reconnu souverain du Royaume de Tyr. Un autre souverain, que les hommes ne peuvent voir, règne sur le souverain de Tyr et le domine si entièrement que ce lieutenant accomplit parfaitement les desseins de son chef. Et pourtant ce prince de Tyr est un des plus puissants rois de la terre de ce temps-là. Ainsi, tous les rois de la terre seraient des " princes " et Celui qui est Esprit, Celui qui est invisible et d'un rang supérieur serait leur souverain.
C'est là l'exemple parfait d'une organisation impeccable. Celui qui est le plus grand, invisible aux yeux de ceux qui sont dans l'action sur la terre, accomplit ses desseins par l'intermédiaire d'un subordonné.
Le second passage (versets : 11-19) se rapporte au " Roi ". Il semble simplement décrire à grands traits cet Esprit dominateur, invisible, dont l'emprise sur ce puissant roi de Tyr, son lieutenant, est absolue. L'image qui le dépeint au début de sa carrière est magistrale, d'une richesse et d'une précision remarquables. Non seulement sa beauté physique et sa sagesse étaient prodigieuses, mais son langage était aussi ineffable que s'il venait de Dieu Lui-même. Ses qualités avaient atteint les limites extrêmes de la plénitude.
Ses rapports avec Dieu étaient des plus étroits. Écoutez : " Tu étais un chérubin protecteur, aux ailes déployées ; tu étais sur la sainte Montagne de Dieu ! tu marchais au milieu des pierres étincelantes. Sans aller chercher pour l'instant l'exacte signification de ces paroles, disons qu'elles évoquent clairement l'étroite intimité et l'entente qui régnaient entre Dieu et cette exceptionnelle créature " (Ézéchiel : 28 / 14-15)
La rupture avec Dieu
II. Après le premier chapitre de cette étrange biographie, voici le suivant : " Ton coeur s'est élevé à cause de ta beauté ; tu as corrompu ta sagesse par ton éclat. " " l'iniquité a été trouvée chez toi, tu as péché ". (Ézéchiel : 28 / 15-16)
C'est là le simple exposé de la cause initiale (de la racine) de son péché et vous reconnaîtrez sans difficulté que c'est là l'origine commune à tout péché. Son péché et le nôtre sont cousins germains. Il s'est préféré à Dieu. Il considérait sa beauté et sa sagesse comme des biens personnels, qu'il possédait en propre. Plus encore : il voulut les faire servir à sa cause au lieu de les consacrer à Dieu et de les employer pour sa gloire. Ils venaient de Dieu, la source de tous dons parfaits ; ils dépendaient de Dieu, leur aliment ; ils étaient pour Dieu, leur raison d'être. Satan ramena tout à lui. L'essence du péché est là tout entier : se préférer soi-même à notre Dieu d'amour.
Les paroles que prononce le lieutenant de Satan sur la terre, ce dernier le dominant si pleinement, dévoilent plus clairement encore les desseins les plus intimes de son coeur. Tu as dit : " Je suis Dieu ; je suis assis sur le siège de Dieu. Tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu. Rediras-tu encore : « Je suis Dieu ? " (Ézéchiel : 28 / 2 et 9)
Nous mettons ainsi le doigt sur le péché lui-même. Il est une rébellion contre Dieu, une usurpation de son trône. L'étonnant est qu'il en soit toujours ainsi entre l'homme et Dieu. Il est rare, sans doute, que l'homme exprime des pensées aussi nettes, aussi précises et aussi hardies que celles rapportées plus haut. Il les fait pourtant passer dans sa vie avec non moins d'audace. Et le résultat fatal, conséquence logique d'une telle attitude, ne se fait pas longtemps attendre. " Je t'ai précipité de la montagne de Dieu, et je t'ai fait disparaître, chérubin protecteur, du milieu des pierres étincelantes. " (Ézéchiel : 28 / 16). Tel est le passage impressionnant où Ézéchiel parle de la part de Dieu Lui-même. Il décrit simplement, avec concision et clarté, les deux premières phases de la carrière de ce prince. D'abord, la grande beauté, la rare sagesse et l'étroite amitié avec Dieu. Puis, la triste rupture.
L'expression par trois fois répétée par notre Seigneur (Jean : 12 / 31 ; Jean : 14 / 30 ; Jean : 16 / 11) " Le Prince de ce monde " autorise à conclure, en ce qui nous concerne, que la terre lui fut assignée comme royaume à administrer. Il paraît en avoir été le Prince légitime, mais il s'est montré traître à son maître en devenant infidèle à la charge qui lui avait été confiée. L'Usurpateur tenta de s'approprier le contrôle de ce monde comme s'il lui appartenait en propre et trompa l'homme (à qui le pouvoir sur la terre avait été donné) et le persuada de lui obéir à lui, Satan, en s'opposant à Dieu de toutes ses forces.
III. Le troisième chapitre concernant Satan correspond aux temps présents. Il est extrêmement long. Il commence à sa rupture avec Dieu pour s'étendre, à travers les siècles, dans l'histoire de notre terre et se continuer jusqu'à la fin du présent état de choses. Le but de Satan est d'arracher complètement l'homme et la terre à Dieu pour se les attacher entièrement à lui. Aux deux tiers de ce chapitre, la grande crise qui bouleverse sa carrière survient : c'est le prodigieux événement du Calvaire où son compte est réglé définitivement, tout au moins en ce qui concerne notre terre et notre race.
IV. Le quatrième chapitre se rapporte aux temps qui suivront la période actuelle, quand notre Seigneur reviendra établir son Royaume sur la terre et quand Satan sera " lié ", selon le simple langage du Livre (Apocalypse : 20 / 1-3) et mis dans l'impossibilité de séduire les hommes pendant une longue période de mille ans.
V. Le cinquième chapitre nous révèle qu'il faut qu'il soit " délié " (Apocalypse : 20 / 7 à 9) pour un peu de temps. Ceci peut surprendre. Il aurait semblé qu'après avoir été saisi et enchaîné une fois, il ne dût jamais lui être possible de recouvrer la liberté. Mais notre Dieu est un incomparable Souverain. C'est un Dieu d'amour. Il veut que notre amour, pur, joyeux lui soit voué librement. Ce Royaume du Millénium se composera de beaucoup d'hommes dont le serment de fidélité sera entaché de fausseté. Ils iront avec la foule et suivront le courant de leur époque. Mais au fond, ce ne seront pas les voies de Dieu qu'ils préféreront.
VI. Viendra ensuite un temps de crible final où chacun sera mis à l'épreuve. Ceux qui, au fond du coeur, préféreront le règne du Prince-Usurpateur qui rentrera en lice — et leur nombre surprendra, même parmi les gens Église — pourront en toute liberté se décider pour lui et suivre leur secret désir. Car Dieu veut un amour capable de Le suivre et des coeurs attachés à sort service. C'est pour cela qu'il permettra ce temps d'épreuve — moment terrible où chacun passera par le crible (Apocalypse : 20 / 7-8)
Puis le dernier chapitre s'accomplira, (Apocalypse : 20 / 10) quand la crise finale sera terminée et Satan jugé. Il sera anéanti aux siècles des siècles. Telle est l'histoire de la triste carrière passée, présente et future de cette créature céleste.
Une vie humaine à sa ressemblance
Il est à la fois curieux et surprenant de trouver dans l'histoire humaine une image de Satan. Un homme, en effet, en a été le type et l'a incarné, pour ainsi dire, dans sa personne et dans sa vie. Pour notre profit, le Saint-Esprit a transmis cette ressemblance avec une minutieuse fidélité. Il s'agit du caractère et de la carrière d'un roi d'Israël qui sont la réplique même du caractère et de la carrière de Satan : Saül. Avec ce souci de vérité qui est le propre du Livre de Dieu, la destinée de cet homme nous est décrite pour servir à notre instruction. Tout lecteur attentif ne peut qu'être frappé par la portée pratique de ce récit.
Faites-en la lecture rapide. Quatorze pages environ du premier livre de Samuel (1 Samuel : 9 à 31), suffisent à contenir la vie de Saül. Cet homme était d'une beauté remarquable et ses dispositions excellentes. Dieu le choisit pour être prince de Son peuple et pour accomplir cette mission. Il lui fit un don spécial de Son Esprit. Pendant un temps, Saül régna avec une sagesse rare. Il se montra fidèle et obéissant dans l'exécution des desseins de Dieu. Puis, il voulut s'affranchir de Dieu et agir selon sa volonté propre. Il s'obstina dans cette voie et s'y maintint. Dieu rejeta son élu et s'en choisit un autre pour le remplacer dans ses fonctions. Celui-ci devint le prince de Dieu sur son peuple. Mais Saül refusa de céder le royaume à celui que Dieu désigna pour être son successeur bien qu'il sût pertinemment que ce successeur était l'élu de Dieu et qu'il reconnût que Dieu l'avait choisi pour régner à sa place. Non seulement, il s'y refusa, mais, jusqu'à la fin de ses jours, il le combattit sans cesse avec une ténacité et une persistance sataniques. Il fut défait. A la fin de sa vie, ne sachant plus vers qui se tourner dans son inconcevable désarroi, il alla jusqu'à rechercher l'aide des démons et des esprits malins et finalement se donna lui-même la mort.
A la fin du récit une chose étonne. C'est le grand chagrin de David et les lamentations qu'il fait entendre en apprenant sa mort.
Quand on songe à la méchanceté et à l'endurcissement de ce Saül, il y a bien là sujet d'être surpris.
Et pourtant celui qui connaît le cœur de Dieu, ainsi que le décrit le " Livre ", un coeur si plein de tendresse, si compréhensif, celui-là sait aussi que sa sainteté ne peut que s'irriter contre le péché, le dénoncer, le condamner, le consumer et le détruire. Toutefois le grand coeur de Dieu souffre pour Ses enfants, les folies des hommes, comme pour les esprits des sphères plus élevées qui sont si tristement tombés.
Ce parallèle entre les deux princes Saül et Satan n'est-il pas extraordinaire ? Le premier prince d'Israël et le premier des chefs des Princes de l'autre monde ! Mais, à mon avis, il y a quelque chose de plus. Il y a quelque chose qui intéresse chacun de nous en particulier. Saül incarne parfaitement la vie de Satan à partir du jour où il rompit avec Dieu. La vie d'un homme peut très bien revêtir tous les traits distinctifs du caractère de Satan, le Prince-traître, et les refléter avec la fidélité d'un miroir.
Que ceci retienne votre attention et fasse l'objet de votre méditation. Et vous reconnaîtrez ensuite que l'origine, la cause de la rébellion de Satan, c'est de s'être préféré à Dieu. Il voulait faire sa volonté propre. C'était tout. Mais quelle faute terrible ! Il fut entêté et s'obstina dans cette voie. Voilà le germe, la fatale semence qui donna naissance à cette vie, à ce caractère, dont le développement atteignit de si tragiques proportions. Je me permets, très doucement, de vous poser une question : Ne se trouverait-il pas en vous une graine de ce genre ? Répondez à vous-même, dans le silence de votre sanctuaire, comme en la présence de Dieu, ayant devant vos yeux sa Sainte Parole qui sonde si profondément. Alors seulement, le Saint-Esprit toujours prompt à secourir vous aidera à mettre à nu vos mobiles les plus secrets.
Et maintenant, en terminant, ne serait-il pas bon de présenter cette requête qui s'élève de nos coeurs et de répéter cette magnifique prière de David (Psaume : 139 / 23-24.) " Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur I Eprouve-moi et connais mes pensées ", c'est-à-dire, mes plus secrets désirs, mes desseins les plus intimes, mes ambitions les mieux cachées - ce ferment qui travaille sous tout le reste et qui est vraiment le mobile des actes de ma vie ! Eprouve-moi !
" Eprouve " éveille l'image du feu. Dans un creuset chauffé à blanc, un métal se réduit à l'état liquide par la chaleur, les scories se détachent et montent à la surface, en pleine lumière, pour être laborieusement enlevées. " Eprouve-moi. " Prière difficile à formuler, et pourtant, la seule acceptable maintenant. " Eprouve-moi ", découvre et détruit. Que le feu m'épure ! Pouvez-vous faire cette prière ? En vérité, cela vous est possible, mais le voulez-vous ? Il y a toute une vie magnifique de pureté et de puissance au terme de cet effort. Abaisse-toi jusqu'à moi et me révèle si dans mes voies quelque chose t'attriste. Aide-moi à voir ce que tu vois ; aide-moi à m'en attrister comme toi tu t'en attristes, et conduis-moi.
Et c'est ici que la volonté inébranlable de l'homme intervient : conduis-moi. Me voici, disposé à être conduit.
Dans le passé, je ne demandais point : Toi, conduis-moi !
Je voulais voir s'ouvrir la route au loin. Toi, conduis-moi !
Mais maintenant, Jésus, j'ai fait mon choix : Il me suffit d'un seul pas à la fois.
Me voici prêt à me laisser conduire là où tu veux me mener.
Détourne-moi de mes voies et me mène dans tes sentiers, dans la voie royale de l'Éternité.
Son but et son ambition
« Trois acteurs »
Il existe une autre Trinité que tout homme sincère devrait connaître. Je dis une autre Trinité ». Par cela il faut entendre que celle-ci est moins connue que l'Autre, parce qu'on en parle peu. C'est une Trinité d'acteurs. Trois personnes entrent en contact dans l'action de la vie. Trois personnes dans une même action. L'homme sincère qui, à tout prix, veut remporter la victoire dans le combat de la vie doit apprendre à connaître cette Trinité d'acteurs.
L'homme qui aspire à la pureté, qui veut être victorieux, qui refuse toute compromission clandestine ou autre avec le péché, devra être fort. Qu'il veuille écarter de lui ce sentiment rusé, sournois, subtil et tenace qui s'appelle l'égoïsme, ou qu'il cherche à le chasser et à l'anéantir complètement, sans en oublier quelque part un reste quelconque ; ou bien qu'il veuille se maintenir dans l'humilité, une humilité capable d'oubli de soi-même et de désintéressement complet, cet homme-là devra lutter. S'il veut se libérer de cet esclavage particulier qu'est l'argent par exemple, dont les entraves sont constamment à portée de vue et dont les bruits de chaînes l'assourdissent perpétuellement, où qu'il aille ; ou, s'il veut connaître la rare douceur de la possession de soi-même, il lui faudra affronter de rudes et opiniâtres combats.
L'homme sincère sait que la vie est un combat. C'est la présence du Tentateur qui la rend telle. Celui qui aura résolu en son coeur d'être fidèle à lui-même et à son Maître, aura une guerre à déclarer, des batailles à livrer, qui deviendront pour lui de véritables corps à corps.
Or cet homme, qui est ainsi aux prises avec l'Ennemi, a besoin de connaître cette Trinité. Sinon, la défaite l'attend.
Vous savez que la lutte de la vie peut avoir trois issues : l'homme peut être vaincu. Il peut avoir combattu vaillamment et pourtant être vaincu. Le cas est fréquent. Ou bien, il peut s'accorder une sorte de trêve, de compromis, et battre en retraite. Il peut décider de ne pas lutter, c'est-à-dire, de ne pas opposer de résistance à la puissance du Malin, de s'esquiver du théâtre de la lutte et jouer un rôle neutre.
Cette manière d'agir équivaut à une défaite - mais c'est une défaite déshonorante. C'est une lâcheté. Il n'y a pas de neutralité à observer là où le bien et le mal sont aux prises. L'homme que la lutte a meurtri a le réconfort de se dire qu'il a combattu. Il n'est pas un lâche. Mais notre ami " neutre " n'a pas eu le cœur de livrer un vrai combat. C'est un trop bon diplomate. Les lâches sont d'excellents diplomates. Et c'est surprenant de constater le nombre de ceux qui reculent devant la lutte à soutenir et l'abandonnent sans coup férir.
La lutte peut en troisième lieu se terminer par la victoire. L'homme résolu luttera et pourra triompher - que dis-je ? - il triomphera, s'il confie sa vie Celui que nous bénissons, notre bien-aimé Seigneur.
Il y a donc Trinité d'Acteurs. Le premier en, tête de cette Trinité sera le Tentateur, le Prince-esprit de ce monde. Je commence par lui parce c'est lui l'agresseur. C'est lui qui attaque. C'est lui qui attire et qui perpétue la lutte à jamais. Je le nomme en premier aussi parce que nous sommes sur la terre et qu'il est le " Prince de ce monde ". Le champ de bataille est ici-bas et le Prince de ce monde s'y sent chez lui. Il en connaît les moindres recoins. Il se bat sur un terrain qui est le sien, ce qui est pour lui un grand avantage. Le lutteur doit désirer posséder des renseignements clairs et précis sur le terrain ; ils l'aideront dans son effort.
Le champ de bataille humain
Dans cette Trinité, la seconde place revient à l'homme. Il est le lieu du conflit. J'ai dit que la terre est un champ de bataille et j'ai dit vrai. L'homme est sur la terre. C'est à cause de notre présence ici-bas qu'elle devient champ de bataille. Cette terre est à nous. Elle est notre présente demeure. La domination nous a été donnée sur toutes ses richesses et sur toutes ses forces. C'est donc notre présence ici-bas qui déclenche le combat. C'est nous, les hommes, qui sommes en réalité le champ de bataille. Le Tentateur opère sur nous et en nous. Il ne peut rien sans nous. Ce n'est que par le concours de l'homme qu'il peut mener à bien ses ambitions terrestres. Tout homme est donc un champ de bataille spirituel. Il a un siège à soutenir. Si le Malin réussissait à être maître en nous - et malheureusement peu nombreux sont ceux qui savent l'écarter de leurs sentiers, même sachant que c'est lui qui est à l'oeuvre - s'il était notre maître, ce serait alors le Seigneur Jésus qui ferait le siège et chercherait par son tact, son amour, sa patience, à gagner l'accès de notre coeur. Mais nous sommes chrétiens, c'est alors Satan qui nous attaque. Et quel que soit le coeur où Jésus règne, l'Ennemi, par tous les artifices que peuvent imaginer la tromperie et la ruse, essaie avec une malicieuse perversité d'y pénétrer par quelque coin obscur ou quelque fissure. Mais - redisons-le, - mais c'est l'homme à l'intérieur qui décide. L'homme décide qui entrera et qui règnera sur sa vie. Le coeur de l'homme est un château fort. Là, il est maître-souverain. Nul ne peut entrer sans son autorisation. Il n'y a qu'un bouton à la porte du cœur de l'homme et il se trouve à l'intérieur. Le tentateur ne peut y pénétrer à moins que, de l'intérieur, ne soit tourné le bouton et qu'il ne lui soit permis d'entrer. Selon la décision de l'homme, le plateau de la balance penchera du côté de l'échec ou du côté de la victoire. Nul ne peut être meurtri par la lutte sans y avoir consenti. Et chacun peut goûter les délices de la victoire complète s'il la désire. L'homme vient donc en second dans cette Trinité, c'est lui qui est entre les deux autres. Il est au centre, au fort du combat qui fait rage autour de lui.
Un sûr allié
Et en troisième lieu vient le Saint-Esprit. La terre est aussi pour lui, momentanément, son champ d'action. Il est le représentant de notre Seigneur Jésus, et, à ce titre, revêt toute Sa puissance. Quand Jésus était sur la terre, Il se soumettait à l'autorité du Saint-Esprit et se laissait conduire par Lui. Quand Il eut achevé son oeuvre ici-bas et qu'Il eût regagné sa demeure céleste, le Saint-Esprit se soumit à son tour à Son autorité et la puissance de Jésus se manifesta en Lui. Et Il est maintenant sur la terre, le messager et le représentant de notre Seigneur Jésus, revêtu de Sa force victorieuse. C'est le Remplaçant du Seigneur Jésus Lui-même qui a été envoyé auprès de nous pour exécuter Ses plans et pour que la Victoire remportée par le Christ ici-bas, soit réalisée et vécue dans votre vie et la mienne.
C'est ici la troisième et grande personne de cette Trinité d'acteurs. C'est Lui qui, avec cet amour indicible et cette infinie patience qui le caractérise, fait le siège du coeur des hommes. Il opère entièrement par le moyen de notre volonté. Il veut entrer dans nos vies. Il désire surveiller nos tentations. Il veut être le général à la tête des forces luttant pour nous dans tous les combats. Il veut nous rendre bénéficiaires de la plénitude de la victoire de Jésus sur Satan. Cette victoire remportée il y a des siècles, Il veut la rendre présente dans votre vie et la mienne.
Il met à notre disposition toute cette science, cette habileté, cette puissance et l'énorme prestige d'une victoire déjà gagnée. Notre certitude de vaincre devient aussi réelle que la réalité même du triomphe de Jésus, le Vainqueur. Ce Saint-Esprit est notre ami personnel. Il est toujours à nos côtés et au-dedans de nous pour nous aider. Il se consacre à nous. Et par Sa présence, nous avons à notre disposition dans la lutte de la vie, toute la puissance de Dieu et toute la victoire de Jésus.
Voici donc la Trinité d'acteurs : un démon auquel il faut non seulement résister, mais qui doit être combattu ; un Esprit-Saint, dévoué à notre cause ; et l'homme, entre les deux, qui décide de la bataille par son choix. Nous savons, nous, les hommes, que notre existence est réelle. Ceci ne soulève aucun doute. Nous savons que les combats de la vie ne sont pas une illusion. L'homme qui réfléchit en convient. Eh bien ! l'existence des deux autres personnes qui animent tout le drame : Satan et le Saint-Esprit, est aussi réelle, bien que leur présence soit invisible. Il faut fixer nos regards non pas tant sur les réalités et sur les personnes visibles que sur les invisibles, car celles-ci, dans la lutte, sont de toute importance.
Le Malin doit être combattu. Et quel tenace et rude adversaire ! Mais il a contre Lui l'énorme désavantage d'avoir connu une écrasante défaite. Le Saint-Esprit lui aussi est là. Il est prêt à prendre le combat en mains, à lutter avec nous, par notre moyen. Il n'a jamais encore connu la défaite. En lui souffle l'Esprit de Jésus, le Vainqueur du Malin. Il demeure avec nous. Grâce à Lui, la victoire de Jésus se réalisera en nous. Par sa présence, la victoire nous est assurée. Combat et victoire marcheront ensemble. Mais ne l'oublions jamais, entre Satan et le Saint-Esprit se trouve l'homme qui, par son choix, décide de l'issue.
De la Puissance
Une connaissance plus parfaite du Malin nous aiderait certainement à mieux le reconnaître et à mieux lui résister. Cette connaissance nous conduirait à la Puissance spirituelle. J'aimerais donc maintenant vous entretenir sur le but et les ambitions du Malin. Savoir ce qu'il veut, connaître le motif qui le fait agir, cela nous aiderait à le démasquer quand il rôde autour de nous, quel que soit le déguisement qu'il puisse emprunter.
Dans cette recherche, il peut être utile de nous arrêter sur le sens des mots " but " et " ambition ". Le but, c'est l'orientation d'une vie. L'ambition, c'est la passion qui l'anime. Le but est ce vers quoi l'on tend. L'ambition est l'aliment de l'action qui entraîne vers le but. Le but est le terme. L'ambition est l'énergie. Le but est le point de mire. L'ambition est l'agent de propulsion.
Quel est le but de Satan ? Quelle est son ambition ? Quels sont ses desseins ? Quelle est la passion qui le dévore ? Il me semble qu'en nous arrêtant un instant pour étudier les conséquences de la possession de la puissance chez un homme, nous trouverions plus rapidement une réponse claire et précise à ces questions.
Le mot de puissance étant entendu dans son sens général : forte capacité d'action, cette puissance exerce toujours une influence déterminée sur ceux qui la possèdent. Cette influence peut être salutaire ou néfaste. La puissance, ou bien remplit de crainte et de respect celui qui la détient, ou bien elle le " démange ". Ou bien les responsabilités qu'elle entraîne peuvent lui inspirer de l'inquiétude, ou bien elle peut susciter en lui une sorte de " démangeaison ". Ce mot peut paraître déplacé, mais il est, à mon avis, si adéquat et si expressif que son emploi s'impose pour nous aider à comprendre.
Chacun possède, sous une forme ou sous une autre, de la puissance. Les uns plus, les autres moins. La beauté peut être une puissance. Elle exerce une domination sur les autres. La puissance peut encore provenir d'une intelligence supérieure, de la culture de l'esprit, d'une personnalité qui s'impose, de la sagesse. Il y a la puissance du meneur, du chef. Celle qui procède de l'expérience de ce que l'on a déjà accompli. Il y a aussi la puissance donnée par la richesse et celle-là n'est pas des moindres, la puissance due à une haute position, officielle ou autre. Or, quels que soient notre puissance et le degré auquel nous la possédons, elle produit toujours sur nous un effet.
La possession de la puissance devrait remplir de crainte et de prudence. C'est là l'effet vrai, le bon. Car la puissance procède entièrement de Dieu. C'est Lui qui nous la donne. Elle ne s'acquiert pas. C'est un don. La pensée que Dieu nous l'a confié devrait nous remplir d'humilité et de timidité.
Et c'est aussi un dépôt de Dieu. Nous en sommes les administrateurs. Lorsque nous l'avons compris, notre humilité ne peut que grandir. Nous serons portés à prier davantage afin d'être dignes de ce dépôt et de l'utiliser de notre mieux.
Alors seulement nous pourrons le mettre au service des autres. C'est pour cette fin qu'il nous a été légué : pour les autres. Pour le bien des hommes, au nom de Dieu et pour Sa gloire ! Voilà le dessein de Dieu. Voilà la triple vérité qui se rapporte à toute la puissance que vous et moi pouvons posséder. Et cette simple constatation est suffisante pour nous faire réfléchir et nous amener à prier davantage pour que nous apprenions à nous en servir comme Dieu le désire. La possession de la puissance doit nous remplir de modestie ; c'est là l'effet désirable et salutaire.
La démangeaison de la puissance
Puis il y a l'action néfaste, par où le péché s'infiltre. C'est la " démangeaison " de tourner ses regards vers le don que l'on possède. Cela conduit à la satisfaction de soi. Le fait d'avoir de la puissance séduit. - Quelle beauté ! quelle vive intelligence ! Rien ne résiste à ma volonté, ni homme, ni chose ! Quelle habileté dans l'accomplissement de certains projets ! Je n'ai qu'à lever le petit doigt et comme tout marche ! Un seul regard, une seule parole et cela suffit ! - Il se peut que ces sentiments soient exprimés en moins de paroles et soient dissimulés sous des apparences d'humilité, mais chacun les ressent au-dedans de soi-même ; nous savons bien qu'il en est ainsi. Ils forment le fond de nos pensées. C'est un commencement de " démangeaison ". A cela s'ajoute la supposition ou même le sentiment très net que cette puissance vient de soi. On s'en attribue le mérite. C'est sa production à soi. De là cet orgueil prodigieux qui nous gonfle. Le moi prend tant d'importance que tout le reste pâlit devant lui ; on en oublie que c'est un don de Dieu. Celui qui nous a donné cette puissance est méconnu. Les regards ne s'élèvent plus vers Lui ; ils convergent sur soi-même. Au lieu de regarder à Lui, on a vite oublié que l'on n'est qu'un simple dépositaire, un administrateur.
Ce premier pas glissant entraîne vers cet autre : utiliser pour soi cette puissance. La seule passion qui nous anime alors est de rechercher par tous les moyens à faire servir notre puissance à nos fins particulières. Il se peut que de temps à autre, on enregistre des gestes pour autrui ; mais ce sont là des manifestations accidentelles que l'on est porté - et pour cause - à grossir le plus possible. Au fond, que ce soit le geste de donner ou de faire quelque chose pour les autres, le principal mobile est un sentiment d'orgueil et l'espoir d'en retirer quelque gloire.
Toute possession de puissance produit donc l'un de ces deux effets, bon ou mauvais, naturel ou pas : ou un sentiment qui porte à la crainte de Dieu, ou un sentiment grandissant de sa propre valeur.
Le grand Prince-Esprit, devenu Satan, possédait une puissance considérable par sa beauté, ses dons spirituels et intellectuels et sa haute dignité. Elle lui avait été confiée en dépôt pour la gloire de Dieu. Le véritable but de sa vie était de glorifier Dieu. C'était là le dessein de Dieu en le dotant si princièrement. Il devait administrer ce monde au nom de Dieu. Son rôle ici-bas consistait à faire ce que le Seigneur Jésus fera quand il reviendra pour établir son Royaume sur la terre. Son caractère propre était - je dis ceci très respectueusement - d'être ici-bas ce qu'a été le Seigneur Jésus. Voilà sa véritable vocation.
L'exceptionnelle puissance qu'il possédait aurait dû le remplir de crainte, d'amour respectueux pour le Donateur et d'un ardent désir de fidélité dans l'administration du dépôt reçu.