LE JEÛNE


 

LES POTS DE VIANDES DE L’ÉGYPTE
 
« Toute l’assemblée des enfants d’Israël partit d’Élim et ils arrivèrent au désert de Sin, qui est entre Élim et Sinaï, le quinzième jour du second mois après leur sortie du pays d’Égypte. Et toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d’Israël leur dirent : Que ne sommes-nous morts par la main de l’Éternel dans le pays d’Égypte, quand nous étions assis près des pots de viande, quand nous mangions du pain à satiété ? Car vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim cette multitude. » (Exode : 16 / 1-3)

On dit que le chemin le plus rapide pour aller au cœur de l’homme passe par son estomac. Manifestement, Satan a agi comme cela avec Eve, en la tentant avec le fruit défendu. « La femme vit que l’arbre était bon à manger … elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea » (Genèse : 3 / 6)

Ainsi, nous pouvons dire que c’était aussi la tentation de manger qui a amené la ruine de l’humanité. Et nous verrons qu’elle peut aussi amener la ruine de l’enfant de Dieu. Le cri de l’estomac a aidé à étouffer la voix de Dieu dans le jardin d’Éden. 
 
Satan a trouvé qu’il pouvait adresse un puissant appel à l’estomac de l’homme, et dans les millénaires qui ont suivis, il a poursuivi cette ligne avec un succès apparent. Même Noé, un homme qui marchait avec Dieu, est tombé dans ce piège : « Noé commença à cultiver la terre, et planta de la vigne. Il but du vin, s’enivra, et se découvrit au milieu de sa tente » (Genèse : 9 / 20-21)

Nous trouvons Isaac, le patriarche, qui malgré tout ce que Dieu lui avait révélé, préférait Ésaü à Jacob. Et pour quelle noble raison ? Par le fait que ce fils aîné apportait le mets préféré de son père sur sa table (Genèse : 25 / 28 ; Genèse : 27 / 1-5)

Ésaü lui-même a vendu son droit d’aînesse pour un aliment, et plus tard, lorsqu’il voulait obtenir la bénédiction, il fut rejeté (Hébreux : 12 / 16-17)

Dans quelle mesure l’attitude charnelle d’Ésaü n’est-elle pas à mettre sur le dos de son père Isaac, qui ne disciplinait pas son appétit ? Une question importante pour des parents chrétiens ! 
 
La triste histoire du peuple de Dieu pendant la traversée du désert révèle, une faillite continuelle sur ce point. A cause de la nourriture, ils murmuraient, pleuraient et convoitaient. Nous l’avons déjà vu dans (Exode : 16 / 3)

Cela se répétera plus tard : « Le ramassis de gens qui se trouvait au milieu d’Israël fut saisi de convoitise ; et même les enfants d’Israël recommencèrent à pleurer et dirent : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte, et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. Maintenant, notre âme est déssèchée : plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne » (Nombres : 11 / 4-6)

Et plus tard encore : « Ils partirent de la montagne de Hor par le chemin de la mer rouge, pour tourner le pays d’Édom. Le peuple s’impatienta en route, et parla contre Dieu et contre Moïse : Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour que nous mourions dans le désert ? Car il n’y a point de pain, et il n’y a point d’eau, et notre âme est dégoûtée de cette misérable nourriture » (Nombres : 21 / 4-5)

L’action de Dieu dans tout ceci est vivement exprimée par le psalmiste : « Ils mangèrent et se rassasièrent abondamment : Dieu leur donna ce qu’ils avaient désiré. Ils n’avaient pas satisfait leur désir, ils avaient encore leur nourriture dans la bouche, lorsque la colère de Dieu s’éleva contre eux ; il frappa de mort les plus vigoureux, il abattit les jeunes hommes d’Israël » (Psaume : 78 / 29-31)

« Ils furent saisis de convoitise dans le désert, et ils tentèrent Dieu dans la solitude. Il leur accorda ce qu’ils demandaient ; puis il envoya le dépérissement dans leur corps » (Psaume : 106 / 14-15)

Cette convoitise de l’appétit s’est même montrée dans le sanctuaire de Dieu et a amené la malédiction sur la maison d’Éli. Dieu a demandé le vieux sacrificateur avec indignation : « Pourquoi foulez-vous aux pieds mes sacrifices et mes offrandes, que j’ai ordonné de faire dans ma demeure ? Et d’où vient que tu honores mes fils plus que moi, afin de vous engraisser des prémices de toutes les offrandes d’Israël, mon peuple ? » (1 Samuel : 2 / 29)

Bien que Dieu nous ait donné un corps et y ait implanté certains instincts de base y compris les besoins physiques, il nous demande néanmoins que le domaine corporel soit soumis au spirituel. Le corps doit donc toujours être notre serviteur, jamais notre Seigneur. Cette convoitise de l’appétit que le peuple d’Israël a laissé apparaître dans le désert, existe encore aujourd’hui. Si autrefois, comme nous dit Paul, Dieu n’a pas trouvé de plaisir à son peuple rempli de cette convoitise et s’il les a fait périr dans le désert, pourquoi devons-nous croire qu’il trouverait aujourd’hui plus de plaisir si son peuple est dans la même situation ?

Il est clair que nous pouvons être liés par la nourriture, quand manger est pour nous une tentation à laquelle nous succombons continuellement. «  Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit. Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments. Et  Dieu détruira l’un comme les autres » (1 Corinthiens : 6 / 12-13)

Et Pierre dit : « Chacun est esclave de ce qui à triomphé de lui » (2 Pierre : 2 / 19)

Paul avait certaines choses graves à dire aux chrétiens indisciplinés de Corinthe. On a remarqué dans leurs agapes des choses si fâcheuses comme l’ivresse et la gloutonnerie qu’il était devenu impossible de célébrer le repas du Seigneur : « Lors donc que vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger le repas du Seigneur ; car, quand on se met à table, chacun commence par prendre son repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre. N’avez-vous pas de maisons pour y manger et boire ? Ou méprisez-vous l’Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien » (1 Corinthiens : 11 / 20-22)

Il leur rappela l’histoire d’Israël dans le désert : « Or, ces choses sont arrivées pour nous servir d’exemples, afin que nous n’ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu. Ne devenez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux, selon qu’il est écrit : Le peuple s’assit pour manger et pour boire ; puis ils se levèrent pour se divertir » (1 Corinthiens : 10 / 6-7)

On s’est assis pour manger et pour boire, et le Saint-Esprit appelle cela de l’idolâtrie. Paul, voyait chez les Corinthiens les dangereux commencements des mêmes chemins qui ont conduits les pères à la perdition. Nous n’affirmons pas que Dieu qui nous donne toutes choses en abondance pour que nous en jouissions, ne puisse pas bénir notre repas de fête comme notre jeûne. Mais, néanmoins, le fait demeure que le Saint-Esprit nous avertit : s’asseoir pour manger et pour boire peut devenir une idolâtrie, de même que cela peut contribuer à la gloire de Dieu. Ne manquons pas de disciplines dans ce domaine ! 
 
Les péchés et les soucis, les maladies et la mort proviennent avant tout de la tentation du fruit défendu. Mais Dieu soit loué, un autre homme est entré dans l’arène de ce monde, quand le temps fut accompli, le « dernier Adam ». Il a été attaqué par le même tentateur, non pas dans l’environnement parfait du paradis, mais dans un désert solitaire ; il n’était pas bien nourri de la riche provision du jardin d’Eden, mais son corps était affaibli par un long jeûne et saisi d’une grande faim : « Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable.

Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’étant approché, lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pains seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu : 4 / 1-4)

Ne trouvez-vous pas étonnant que le premier Adam a été tenté par le fruit défendu et que la première tentation du dernier Adam a aussi commencé par la nourriture ? Ce la est significatif. Et la tactique de l’adversaire n’a pas changé. Là où le premier Adam a failli, le dernier Adam a triomphé. Par sa mort et par sa résurrection, il a regagné le paradis aux hommes qui l’avaient perdu à cause de leurs péchés. A la fin de l’Apocalypse, l’apôtre Jean voit l’arbre de vie, duquel l’homme a été chassé par sa désobéissance, un arbre de vie sur les bords du fleuve de cristal, dans la ville de Dieu. Il nous parle de cette bénédiction éternelle qui repose sur ceux qui lavent leurs vêtements et qui entrent par les portes de la ville (Apocalypse : 22)
 
En attendant, nous devons vivre dans un corps sujet à la tentation. Christ nous avertit lorsqu’il nous dit que « le manger et le boire » caractériserait les jours avant son retour, comme ils ont caractérisé les jours de Noé et de Lot. Il nous ordonne de veiller pour que nos cœurs ne s’appesantissent pas par la gourmandise et l’ivrognerie (version Darby) et par les soucis et que ce jour ne nous surprenne comme un piège. « Mais, si ce serviteur dit en lui-même : Mon maître tarde à venir ; s’il se met à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, le maître de ce serviteur viendra au jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les infidèles » (Luc : 12 / 45-46)

Lire aussi (Luc : 17 / 26-30) et (Luc : 21 / 34)

Les disciples doivent renoncer à eux-mêmes, se charger de la croix et suivre Jésus. Quel rôle le jeûne joue-t-il dans la discipline du corps ? Nous devons maintenant examiner cette question. 
 
JEÛNER POUR LA DISCIPLINE DU CORPS

« Mais je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté, après avoir prêché aux autres » (1 Corinthiens : 9 / 27)

Nous avons parlé de l’esclavage de l’estomac, dont nous devons être libéré. Notre conscience doit être imprégnée de ce fait qu’il nous faut de l’auto-discipline dans ce domaine, sinon nous pouvons perdre la puissance spirituelle. Beaucoup de ceux qui jeûnent peuvent confirmer qu’ils ont commencé de reconnaître qu’ils sont esclaves de l’estomac qu’à partir du moment où ils ont entendu l’appel de Dieu leur demandant de renoncer à la nourriture. C’est là que la chair commence à murmurer, et que nous nous énervons.

C’est là que nous remarquons qu’il y a en nous un désir puissant qui nous tient. Si on ne prend pas la victoire sur ce désir de manger, on ouvre sa vie à des attaques dans d’autres domaines. Il est reconnu qu’il y a une relation entre trop manger et l’excitation des désirs sexuels. Nous avons déjà vu que le péché de Sodome était lié à l’abondance « de nourriture » dans laquelle il vivait. Dieu disait d’Israël : « Je les ai rassasié et ils ont commis adultère » (Jérémie : 5 / 7  version Darby)

Dieu avait averti Israël par Moïse qu’après la traversée du désert, la possession du pays où coulent le lait et le miel, entraînerait de nouvelles tentations, tentation de se rebeller contre Dieu, de l’abandonner et de pratiquer l’idolâtrie : « Israël est devenu gras, et il a regimbé ; tu es devenu gras, épais et replet ! Et il a abandonné Dieu, son créateur, il a méprisé le rocher de son salut, ils ont excité sa jalousie par des dieux étrangers, ils l’ont irrité par des abominations » (Deutéronome : 32 / 15-16)

« Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Romains : 13 / 14)

Ne soyez pas au service de votre corps, vous risquez d’en réveiller les passions ; à force de penser aux appétits de votre nature, vous en exciterez les convoitises. Ne vous préoccupez donc pas des instincts de la chair, ne cédez pas à ses désirs, cela ne ferait que les attiser. Pour ce qui est des relations conjugales, Paul demande des temps de continence (1 Corinthiens : 7 / 5)

L’apôtre Paul nous révèle quelque chose de sa discipline intérieure : « Tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences … Je traite durement mon corps … (1 Corinthiens : 9 / 25-27)

Pour l’apôtre, il n’est pas seulement question du danger des tentations d’un corps qui n’est pas dompté, mais du danger de perdre la puissance dans ce grand combat de la vie. Comme l’athlète qui est entravé le jour de l’épreuve et ne remporte pas le prix, faute de ne pas s’être entraîné sérieusement. C’est pourquoi son objectif est d’entreprendre toutes les démarches nécessaires pour vaincre les convoitises et les désirs du corps, pour que la vie spirituelle garde la suprématie. Comment pourrait-il s’attendre à gagner la couronne de la victoire, s’il était lui-même constamment vaincu par ses convoitises insatiables ? Paul réduisait son corps à sa merci, le maîtrisait, le maintenait asservi. Dans le texte original, le langage de Paul est dur : Je me tape des bleus dans la figure, et je le traite comme un esclave. Il se faisait violence. Par le péché, l’homme est devenu un esclave de son corps, maintenant, le corps doit devenir un esclave de l’homme.

Dans les jours de sa chair, notre Seigneur et Sauveur savait ce que voulait dire fatigué, avoir faim et soif ; mais il a toujours manifesté une parfaite maîtrise de soi, qui est un fruit de l’Esprit. Quand il était assis au puits de Sychar, pendant la chaleur du jour, il a donné à une femme pécheresse de l’eau vive, pendant que ses disciples étaient à la recherche de nourriture. Quand ils furent revenus avec leurs vivres, ils l’ont pressé de manger. Il répondit : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ». Quelqu’un serait-il venu pendant leur absence et lui aurait apporté à manger ? « Ma nourriture, déclare-t-il, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean : 4 / 8, 31, 34). Quelle maîtrise parfaite du corps par l’Esprit ! N’a-t-il pas jeûné quarante jours et nuits ? N’a-t-il pas rejeté l’attaque de l’adversaire qui le contraignait à changer les pierres en pains ? L’homme ne doit pas vivre de pain seulement, mais il devra parfois vivre uniquement de la Parole de Dieu. La vie de celui qui ne s’est point complu en lui-même, n’était-elle pas une vie de discipline personnelle constante ? Ne nous appelle-t-il pas encore toujours à le suivre sur le chemin du renoncement à soi et à porter la croix ? Mais comment cela peut-il se faire ?

C’est une chose très simple, répondra quelqu’un. Le fruit de l’Esprit, c’est la maîtrise de soi. Laisse Jésus vivre en toi, et ce fruit en sera le résultat certain ! En effet, cela est vrai, mais ce n’est pas toute la vérité, que beaucoup ont appris à connaître par la défaillance. Avant que ce fruit ne puisse apparaître, Dieu nous demande souvent de faire un pas pratique. Nous devons vraiment revêtir le Seigneur Jésus-Christ par la foi, mais en même temps, nous ne devons pas avoir soin de la chair pour en satisfaire les convoitises (Romains : 13 / 14)

Il est important de savoir que notre vieil homme a été crucifié avec lui (Romains : 6 / 6), voilà presque deux mille ans, mais les clous de la croix ne nous libère pas de la nécessité de discipliner notre appétit. Les épîtres du Nouveau Testament soulignent ces deux points de vue : « Fuis les passions de la jeunesse » (2 Timothée : 2 / 22), nous devons « renoncer aux convoitises mondaines » (2 Timothée : 2 / 12), nous devons « nous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme » (1 Pierre : 2 / 11), « de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence » (1 Corinthiens : 7 / 5)

La pensée de s’imposer à soi-même une discipline est fondamentale dans la conception biblique du jeûne. La valeur du jeûne comme aide pour la maîtrise du corps a toujours été reconnue. Le code de l’Église d’Angleterre (1562) dit que le premier but du jeûne est « de discipliner la chair, pour qu’elle soit domptée et soumise à l’Esprit ». Ce principe est bien illustré dans la vie du prédicateur William Bramwell (1759 – 1818) : Il voyait la possibilité d’être lui-même rejeté après avoir prêché à d’autres. Par un jeûne établi, par une vigilance continuelle, par une tempérance habituelle en toutes choses, il a tenu son corps dans la discipline et par là, a gagné en Esprit et en force.

« La raison pour laquelle les méthodistes ne vivent pas dans cette délivrance est la suivante : Trop de sommeil, trop de viandes et de boissons, pas assez de jeûne et d’abnégation, trop de distractions avec le monde, mais pas assez d’examens personnels et de prières »

Ce qu’il dit là est-il dépassé pour l’Église de la fin des temps ? Des hommes comme Bramwell sont comme un index pointé contre notre monde frivole et aisé. Qu’il est important pour nous de veiller, de prier et de jeûner, si nous ne voulons pas rester des esclaves de notre corps, si nous voulons conserver notre force spirituelle et gagner la couronne de vie ! La nourriture maintient la vie physique, mais le jeûne maintient la vie spirituelle.


 
 
 



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