La Seconde Venue du Christ
Par Mr le Pasteur Georges Müller

D'excellentes personnes dont on ne peut, certes, contester la piété, s'imaginent que du fait de la prédication de l'Évangile le monde se convertira pendant l'économie présente, et qu'ainsi le Millénium ou l'Age d'or, finira par s'établir sur la terre !
 
Ce n'est point l'enseignement des Saintes Écritures.

Ce que l'on y trouve, c'est que l'Évangile doit être universellement prêché « pour servir de témoignage à toutes les nations » mais non pas comme moyen de la conversion du monde (Matthieu : 24 / 14)

Le passage du chapitre : 15 du livre des Actes au verset : 14, définit bien le caractère de la dispensation actuelle, à savoir que Dieu « a visité les nations païennes pour en tirer un peuple consacré à son nom »

 
Il ne dit pas : pour les convertir toutes !

C'est, d'ailleurs, ce que confirme la parabole de l'ivraie ; car si le monde entier devait se convertir avant le retour du Seigneur, l'explication de cette parabole, donnée par Jésus lui-même ne serait pas juste.

Il nous dit : l'ivraie. (Les enfants du Malin) et le froment. (Les enfants du Royaume) croîtront l'un et l’autre jusqu'à la moisson - l'achèvement du siècle - c'est-à-dire jusqu'au temps de son retour.

Ainsi, cette parole de Jésus contredit absolument l'idée généralement admise que le monde sera converti avant le retour du Seigneur.

Au surplus, de très nombreuses déclarations du Nouveau Testament, venant soit de Jésus Lui-même, soit des Apôtres, affirment qu'à la fin de l'économie présente le mal aura été en augmentant, aussi bien parmi les chrétiens de nom que parmi les mondains avérés.

 
A l'appui de ceci, un seul passage de l'Écriture suffira.

Dans la seconde épître à Timothée au chapitre : 3, verset : 1 et suivants, nous lisons : « Sache bien que, dans les derniers jours, il y aura des moments très difficiles. Les hommes seront égoïstes, attachés à l'argent, prétentieux, arrogants médisants, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, impitoyables, indifférents, traîtres, emportés, vaniteux, aimant moins Dieu que leurs plaisirs, se donnant des airs de piété et reniant tout ce qui fait la force de la piété »

Il faut bien remarquer que ce tableau ne concerne pas les païens ou les Mahométans, mais la chrétienté !

C'est son état qui est décrit ici, et celui de l'Église des chrétiens de nom, à la fin de cette économie.

 
Notons soigneusement qu'Il est dit de ces hommes qu'Ils ont l'apparence de la piété.

Ils tiennent à être pris pour des chrétiens.

Ils ne sont point des incrédules ou des athées déclarés, mais des « soi-disant croyants ! »

Pouvons-nous, dans ces conditions, nous attendre à voir se produire une amélioration graduelle du monde ?

N'est-ce pas plutôt vers un épaississement des ténèbres que nous allons, à mesure que nous approchons de la fin ?

Assurément il est écrit qu'un jour : « la terre sera remplie de la connaissance de l'Eternel, comme le fond des mers est rempli par les eaux qui le couvrent » mais ceci ne se produira pas tant que Jésus ne sera pas de retour.

En attendant, c'est l'anarchie qui ira se développant, le socialisme, le communisme, le nihilisme, etc …, dont on parle tant, et à la tête desquels s’établira l'Antichrist en personne, l'homme de péché.

Et ceci nous amène à parler d'autres évènements devant coïncider avec le retour du Seigneur à savoir :

5° - La destruction de l'Antichrist

Nous lisons (2 Thessaloniciens : 2 / 1-4)

 
«Pour ce qui regarde l'apparition de Notre Seigneur Jésus-Christ, et notre réunion avec Lui, nous vous en prions, frères, n'allez pas vite vous monter l’imagination, ne vous laissez pas troubler par de fausses inspirations, ou par des paroles, ou par une prétendue lettre de nous, vous annonçant que nous sommes arrivés au jour du Seigneur. Ne vous laissez tromper par rien, ni par personne : car (Il ne viendra pas) que l'apostasie ne soit venue auparavant, et que se soit révélé l'homme de l'iniquité, le fils de la perdition, l'adversaire s'élevant au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu, et qu'on adore, jusqu'à s'asseoir comme Dieu dans le temple de Dieu, et se présentant, lui, comme étant Dieu lui-même ! »

« Ne vous souvient-il pas que je vous disais ces choses, lorsque j'étais encore auprès de vous ? Et maintenant, vous savez ce qui fait obstacle pour qu'il ne soit manifesté qu'en son temps. Car, déjà le mystère de l'iniquité est à l'œuvre ; il éclatera quand celui qui fait obstacle maintenant aura disparu. Et alors, sera manifesté l'impie (ou le sans loi) que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu'II anéantira par l'éclat de son avènement » (2 Thessaloniciens : 2 / 5-8)

Ainsi, il nous est dit que le Seigneur ne viendra pas avant que se soit manifestée l'apostasie ; si effrayantes qu'aient été les infidélités et les erreurs dans les siècles passés, l'apostasie dont il est fait mention ici, en dépasse l'horreur.

Car ce ne sera pas moins qu'un reniement total de tout ce qui est divin, le remplacement de Dieu par l'Impie lui-même.

« Il ira jusqu'à s'asseoir, comme Dieu dans le temple de Dieu, et se présentant comme étant Dieu lui-même »
Voilà les évènements vers lesquels nous courons rapidement, au lieu de nous acheminer vers la conversion du monde.

Nous avons à examiner maintenant s'il est conforme à la volonté du Seigneur que nous, ses disciples, nous attendions son retour.

Nous pourrions citer, pour le prouver, un très grand nombre de passages du Nouveau Testament.

Mais, pour ne pas fatiguer l'attention, nous n'en mentionnerons que quelques-uns.

Dans Tite : 2 / 11-13, nous lisons : « La grâce de Dieu qui sauve tous les hommes a été révélée : elle nous apprend à renoncer à l'impiété et aux plaisirs du monde, à vivre sagement, justement et pieusement dans le présent siècle, et à attendre la réalisation de notre bienheureuse espérance, l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ »

Dans Matthieu : 24 / 36-41, notre Seigneur lui-même nous enjoint instamment d'attendre son retour et de veiller.

Dans Matthieu : 25 / 13, encore, le Seigneur dit à ses disciples : « Donc, veillez, car vous ne savez ni le jour ni l'heure où viendra le Fils de l'homme »

De même, dans Marc : 13 / 35-37, Jésus dit : « Veillez donc, puisque vous ne savez pas quand viendra le maitre de la maison, si ce sera le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin, de peur qu'arrivant à l'improviste, il ne vous trouve endormis. Or, ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : Veillez ! »

Et encore, dans l’Apocalypse : 16 / 15, le Seigneur dit : « Heureux celui qui veille (en grec : « o gregorôn », le veillant) et qui garde ses vêtements, de peur qu'il ne soit réduit à courir nu et qu'on ne voie sa honte »

Et maintenant, nous, les croyants, sommes-nous vigilants ?

Attendons-nous le retour de notre Maitre béni ?

Nos cœurs languissent-ils véritablement après lui ?

Après son apparition glorieuse ?

Faisons-nous, aussi, toute notre part afin de hâter sa venue ?

 
Notre prière, habituelle est-elle que le Seigneur veuille hâter l'accomplissement de tout ce qui doit se produire avant que ce jour ne vienne ? (Esaïe : 60 / 22)

Considérons enfin la dernière partie de notre sujet, c'est-à-dire les conséquences pratiques résultant de l'application de cette vérité à nos cœurs.

Si l'enfant de Dieu reçoit réellement celle-ci et s'en pénètre, il dira : « Que puis-je faire pour mon Sauveur avant qu'Il ne revienne ? Comment pourrais-je mieux le glorifier ? Sa volonté, en ce qui me concerne, est que je sois au travail « jusqu'à ce qu'il vienne »

Comment puis-je donc utiliser au mieux les talents qui m'ont été confiés, mes forces physiques, intellectuelles ?

Mes yeux, ma langue, toutes les facultés de mon esprit et de mon corps, comment puis-je mieux les consacrer à sa louange ?

Mon temps, mon argent, tout ce que je suis, tout ce que j'ai, comment puis-je les employer au mieux de ses intérêts ?

Moi-même, tout entier, corps, âme et esprit, comment puis-je être le mieux consacré à son service ?

Ce sont là des questions pratiques de la plus haute importance, que devraient se poser tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, tous ceux qui comprennent que nous ne nous appartenons pas, mais que nous avons été achetés à un grand prix, celui de son précieux sang.

Au lieu de nous laisser aller à ne rien faire, de tomber dans l'indifférence, découragés devant le détestable état de choses qui nous entoure, nous travaillerions et nous prierions, nous prierions et nous travaillerions, comme s'il était en notre pouvoir d'endiguer le courant de l'universelle iniquité.

Car, qui peut dire tout le bien dont est capable un seul enfant de Dieu que dévore le zèle de la maison de son Père ?

Et quelle gloire il rendra à Dieu en se séparant rigoureusement de tout ce qu’il a en abomination ?

D'autre part, nous avons aussi, nous avons surtout, à prendre garde à ne pas nous relâcher de nos efforts pour la conversion des pécheurs sous prétexte que le monde ne sera pas converti avant le retour de Jésus.

Bien au contraire : Le temps de sa venue approche, devrions-nous dire.

Que puis-je donc faire pour avertir les pécheurs, pour gagner des âmes à Jésus ?

Lorsqu'il plut à Dieu, en juillet 1829, de révéler à mon cœur la vérité du retour personnel du Seigneur Jésus, et de me montrer quelle avait été, jusque-là mon erreur en escomptant la conversion du monde, l'effet produit sur moi fut celui-ci : Emu de compassion au plus profond de mon âme pour les pécheurs perdus et pour un monde qui allait s'enfonçant dans l'abime enlacé par le Malin, je pensai : Ne dois-je pas faire tout ce qui est en mon pouvoir pour gagner des âmes au Seigneur Jésus et pour faire sortir l'Église de sa torpeur ?

Je pris donc la détermination de m'en aller de lieu en lieu pour annoncer l'Évangile, pour réveiller l'Église et la presser d'attendre le retour du Seigneur.

Je me mis aussitôt à l'œuvre.

Et quelque temps après, je fus conduit par le Seigneur à me fixer à Teignmouth, dans le Devonshire, pour y remplir un ministère pastoral, m'occupant en même temps de Bristol.

Malgré cela, et bien que je compte maintenant plus de cinquante et un ans de ministère, j'ai toujours tenu fidèlement et de tout cœur ce double engagement ; et par le moyen de « l'Institut pour la propagation de la connaissance des Écritures, dans la Métropole et à l'Etranger », que le Seigneur me permit de fonder, j'ai pu, pendant quarante-sept ans, travailler à la conversion des pécheurs et contribuer à rendre attentive l'Église du Christ, aux vérités qui touchent à sa grande espérance.

En outre, durant les six dernières années, de mars 1875 à mars 1881, j'ai été constamment en voyage (visitant onze pays différents et tenant environ 1.800 réunions) pour annoncer l'Évangile, réveiller les chrétiens et les instruire sur le caractère de l'économie présente et la fin qui en sera le terme (1)

(1) Ce que l'auteur ne dit pas, dans son humilité, c'est l'œuvre sociale admirable qu'il a été conduit à faire, recueillant dans les orphelinats fondés par lui à Bristol (pour l'entretien desquels il s'attendait uniquement à Dieu, et qui continuent à se développer) sur les mêmes principes, des dizaines de milliers d'orphelins, arrachés au vice et à la misère, et armés pour la vie. Georges Müller était tout le contraire d'un songe-creux et d'un illuminé. Magnifique témoin de Jésus-Christ, il fut, au cours de sa longue carrière, aussi passionné d'amour pour les hommes qu'il l'était pour Dieu ; et l'Écriture avait pour lui, dans toutes ses parties et ses pages, une autorité absolue qu'il ne discuta jamais.

Je voudrais pour conclure, attirer l'attention sur 2 Pierre : 3 / 9-13 : « Le Seigneur n'est pas en retard pour l'exécution de sa promesse : certaines personnes croient qu'iI y a du retard ; mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent à la repentance. Le jour du Seigneur viendra comme un voleur : alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés se fondront, et la terre et tout ce qu'elle renferme, sera consumée. Puisque tout va donc se dissoudre, quelle sainte conduite, quelle piété ne devez-vous pas montrer, attendant et hâtant la venue du jour de Dieu, ce jour dans lequel les cieux enflammés seront dissous et les éléments embrasés se fondront. Quant à nous nous attendons, selon sa promesse, des cieux nouveaux et une terre nouvelle où la justice habitera ! »

2 Pierre : 3 / 14 : « C'est pourquoi bien-aimés, pleins de cette attente, faites tous vos efforts pour qu’Il vous trouve en paix, sans tache, sans reproche »

Aucun doute n'est possible.
 
Au moment même où le cœur saisit réellement, dans toute sa puissance, le caractère pratique de la seconde venue du Seigneur, il résulte de cette connaissance les effets les plus bénis sur la vie et sur la conduite des chrétiens.

Nous comprenons alors ce qui attend un « monde soumis au Malin », et quelle sera la fin de tout son orgueil, de toutes ses pompes, de toute sa gloire.

La destinée future des enfants de Dieu nous est également dévoilée, et nous savons que nous serons rendus, corps et âme, parfaitement semblables à notre Seigneur ressuscité, lorsque nous le verrons tel qu'Il est (1 Jean : 3 / 2 ; Philippiens : 3 / 20- 21)

Alors, nous entrerons en possession de notre héritage qui ne peut ni se corrompre, ni être souillé, et qui ne passera jamais ; et nous serons assis avec Jésus, sur son Trône (Apocalypse : 3 / 21) et, unis à Lui, nous jugerons le monde, partageant éternellement la gloire de notre Seigneur.

« Voici je viens bientôt : et j'apporte avec moi ma rétribution. Je la décernerai à chacun selon ses œuvres » (Apocalypse : 22 / 12)

Publié à Bristol en 1811
 
 



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