La Cure d'Âme
Par Mr le Pasteur Édouard Kowalski

2°- Vue d'ensemble :
 
Les paroissiens (entendons par là, ceux qui librement relèvent de notre ministère) se plaignent fort souvent que le serviteur de Dieu ne fait pas assez souvent de visites.

C'est une façon de nous dire qu'ils aiment qu'on s'intéresse à eux. Il faut donc faire la part des choses, en toute conscience et essayer de découvrir ce qu'il peut y avoir de fondé dans leurs réclamations afin d'y remédier. Mais le temps n'est plus où le serviteur de Dieu pouvait partir chaque après-midi vers 14 heures et rentrer le soir après avoir fait 6 ou 7 visites.

Aujourd'hui, la tâche du serviteur de Dieu est devenue beaucoup plus compliquée que jadis, plus lourde aussi, plus affairée, plus morcelée. Aux trois ou quatre prédications du dimanche, à celles de la semaine qu'il s'agisse de culte, de réunions d'évangélisation, de prière ou d'études bibliques s'ajoutent les écoles du dimanche et du jeudi, les réunions d'affaires, les conventions, le travail de bureau, les comités, les démarches nombreuses et de toutes sortes. Le pasteur Henri Eberhard écrit : "Il est probable qu'autrefois la vie plus calme des gens permettait des visites qui en soient vraiment.

A présent, faisons le bilan d'une journée : on frappe à la porte des maisons, et surtout en ville, on ne trouve personne. Les paroissiens sont au travail, dans les bureaux, dans les magasins, en tout cas loin de chez eux, personne ne répond au coup de sonnette ; on glisse sa carte dans le trou de la serrure, ou un prospectus avec quelques versets bibliques, on dépose un billet dans la boîte aux lettres et l'on s'en va. A combien de pasteurs est-il arrivé de faire ce mauvais travail durant tout un après-midi. Le soir, il se demande à quoi il a passé son temps".

 
Il nous arrive aussi de visiter des malades sur la demande d'un ami, ou d'un parent converti et voici que ce malade, lui, n'a pas été consulté auparavant et nous considère parfois comme indésirable, en tout cas n'attend de nous que le silence sur les questions spirituelles.

Que de temps perdu dans le ministère quand nous oublions de prendre la précaution de nous informer pour savoir si notre visite est annoncée et désirée.

D'autre part, la visite à domicile ne doit pas dispenser le paroissien d'assister aux réunions de son église, quand il peut le faire. Nous ne sommes pas des porteurs de religion à domicile. L'église est une communauté spirituelle à la vie de laquelle tous doivent participer, mais il n'en souligne pas moins l'utilité de certaines visites aux malades que l'on trouvera toujours chez eux puisqu'ils sont couchés, aux vieillards, aux isolés, à ceux que les circonstances obligent à rester à la maison.

C'est un devoir essentiel de soutenir dans leur vie et leur foi ceux qui souffrent. Visite aux foyers qui traversent une circonstance particulière, à ceux dont on pressent qu'un avertissement est nécessaire, foyers dans le désordre en proie au malheur.
Dans tous les cas, la présence de l'homme de Dieu est indispensable.

Mais, dira-t-on, comment un seul homme pourra-t-il faire face à une telle tâche ? C'est là, où il nous apparait que de vraies personnalités chrétiennes, consacrées à Christ, instruites bibliquement, sanctifiées, pleines d'amour pour les âmes et affamées de la sagesse de Christ doivent s'offrir pour aider dans cette tâche spirituelle ou doivent être sollicitées si une certaine timidité les retient encore.
Elles peuvent encadrer certaines familles spirituellement faibles, prendre en charge la responsabilité d'un groupe de foyers, plus ou moins large, selon l'ampleur de leur rayonnement spirituel. De même, les groupes de jeunes quand ils sont composés de convertis authentiques peuvent visiter le dimanche ou les jours de fête les vieillards, les isolés, parfois les malades dans les hôpitaux à condition que le groupe soit assez restreint pour ne pas troubler le service hospitalier.

Ces groupes laïques sont un véritable bienfait quand ils travaillent ainsi en collaboration étroite avec le, ou les serviteurs de Dieu, avec sérieux et discrétion, ils associent ainsi l'église locale au ministère du serviteur parfois surchargé à l'excès.
Il y a aussi des visites collectives qu'on appelle encore veillées, ou réunions de cuisine.

Un chrétien de bonne volonté et de bonne qualité est chargé par le pasteur de réunir chez lui plusieurs familles, ou plusieurs isolés, les vieillards en particulier. Le pasteur peut alors voir en une seule fois plusieurs paroissiens qui ont besoin de son ministère.

 
Ces veillées ont donné en général d'excellents résultats, spécialement dans les villes ; elles sont souvent l'embryon d'une nouvelle église; voici comment procéder.

Quelques personnes, parfois jusqu'à 20 se réunissent autour du pasteur ou d'un de ses aides qualifiés, il peut avoir un entretien particulier avec telle ou telle d'entre elles, en fait ensuite un service simple et familial, les personnes intéressées peuvent y être invitées et s'y convertissent souvent. Celles qui ont des questions à poser sur des sujets bibliques concernant la vie spirituelle peuvent le faire.

L'important est que l'hôte qui reçoit soit assez désintéressé pour supporter patiemment et avec joie les différents inconvénients et les tâches matérielles que cette veillée comporte, qu'il ne tire aucune gloire de son hospitalité, ne cherche à s'imposer à personne, se mette humblement au service de Christ, soit heureux s'il y a lieu de souffrir pour Lui, en portant son opprobre auprès des gens de l'extérieur, ou en acceptant des tâches matérielles supplémentaires ; que les invités aussi fassent de leur mieux pour être le plus discret et le moins à charge possible. Le mot d'ordre doit être: "Pour l'édification du corps de Christ", et à aucun prix pour mon avantage personnel.

LES ETAPES DE LA VISITE À DOMICILE.

a) Chez le visiteur :

 
La visite doit être d'abord préparée dans l'intercession, le visiteur doit savoir qui il va visiter, prier le Seigneur de disposer dès cet instant le cœur du visité afin que la visite porte le maximum de fruits, il doit aussi demander au Seigneur qu'il le garde lui-même de toute parole maladroite, blessante, de tout jugement capable de compromettre l'œuvre qu'il se propose de poursuivre, d'avoir aussi le courage de dire, s'il y a lieu, la vérité et de la dire surtout dans la charité.

b) A la porte même du visité :
 
Avant même de frapper ou d'entrer, il est essentiel que le visiteur renouvelle mentalement la prière qu'il a adressée à Dieu quand il était à son propre foyer. Qu'il ne manque pas aussi de se mettre sous la protection du sang de Christ, qu'il s'agisse d'une visite à un malade ou à un possédé, ou à une personne liée par une passion, en particulier celle de l'impureté.
Qu'il prie aussi pour être rempli de la foi vivante, afin que la porte des cœurs s'ouvre tout naturellement au message apporté et que le visiteur soit dans cette maison un vrai témoin de la lumière, de la grâce et de la puissance de Christ.

c) L’entrée en matière :
 
Dès son arrivée chez le visité, le serviteur de Christ engage la conversation, celle-ci portera sur l'état de la famille, la santé de chacun, parents et enfants, le travail, etc.. Cette entrée en matière est indispensable. Elle ne doit pas être trop longue, sous peine d'absorber le temps réservé à la visite, mais elle exprime bien le sentiment de l'apôtre Paul quand il écrivait aux Romains ; "Par honneur, usez de prévenances réciproques". (Romains : 12/10).
Celles-ci sont comme une goutte d'huile qui favorise la bonne marche de l'entretien à venir. La politesse française est plus inspirée de l'Evangile qu'on ne le pense. L'entrée en matière ne doit jamais paraître une formalité faite par devoir ; le visiteur sera naturel, vrai, jamais formaliste ni raide. L'entrée en matière nous mènera insensiblement dans le vif du sujet pour lequel nous sommes venus, c'est-à-dire d'abord la prise de contact, ensuite la mise à jour des obstacles intérieurs et personnels. Notre but est d'en arriver vite à une conversation profonde.

d) La prise de contact:
 
Au moment où l'entrée en matière nous a engagés dans le partage des joies et des peines, des déboires, des difficultés ou des motifs d'espérer encore, nous réalisons la prise de contact.
La chose doit être facilitée par notre préparation intérieure, si notre vie spirituelle est excellente, l'Esprit de Dieu nous conduira vite à découvrir la circonstance, la chose ou la phrase qui amorcera la prise de contact, c'est alors sur ce point qu'il faudra insister et prolonger la conversation.
Parce que Jésus s'était spécialement préparé, dès le matin, pour sa rencontre au puits de Jacob, il a pu faire coïncider l'entrée en matière et la prise de contact en parlant à la Samaritaine de l'eau naturelle du puits et à partir de là, il a pu facilement lui parler de l'eau spirituelle et la conduire enfin jusqu'à la révélation profonde de la présence du Messie à ses côtés.

e) L’entretien :
 
Si la visite à domicile que nous voulons féconde a été convenablement préparée au foyer du visiteur par une prière fervente et persévérante, jusqu'à ce que nous nous sentions le droit d'aborder cette âme, alors rempli de la sainteté et de l'amour de Christ, nous voyons l'âme s'ouvrir et nous découvrir sa vie intérieure, ses joies et ses peines, ses défaites et ses victoires, ses soucis ou son espoir.
Ne consentez jamais à laisser la visite de cure d'âme se transformer en visite plus ou moins mondaine, quitte à essayer de se rattraper en terminant par une prière. Une pieuserie de ce genre en contradiction avec la vanité de la conversation précédente déshonorerait la visite et la prière, le visiteur et le visité.

Si donc nous sommes reçus comme témoins et serviteurs de Jésus-Christ, comme ambassadeurs du Roi des rois, ne cachons jamais notre but, ne laissons jamais qui que ce soit ou quoi que ce soit nous faire dévier de la voie vitale et royale ; abordons le plus vite possible le sujet de notre visite : fardeaux, peines, joies, questions spirituelles et morales restées incomprises et non vécues. Devant une prise de position aussi nette, les indifférents présents à l'entretien se retireront, s'estimeront incompétents et indésirables, nous laisseront le champ libre pour dissiper les erreurs pratiques et tracer la voie spirituelle.

f) Prière finale :

Elle est le complément indispensable de la visite, à condition que celle-ci ait été spirituelle. Que cette prière soit vraie et sincère, qu'elle plaide la cause de ces amis, expose leurs détresses, qu'elle demande à Dieu la lumière et la force nécessaires pour réaliser désormais le programme tracé au cours de la visite, que le serviteur ne se serve jamais de la prière finale pour dire au visité du foyer ce qu'il n'aurait pas eu le courage de lui dire de vive voix au cours de la conversation, point d'hypocrisie, la prière s'adresse à Dieu et non aux hommes.
Si nous avons quelques conseils à donner, faisons-le après la prière il est encore temps, mais ne déshonorons pas notre ministère.
 
 



Créer un site
Créer un site